Conférence de presse MONUC du mercredi 24 septembre 2008

13 fév 2009

Conférence de presse MONUC du mercredi 24 septembre 2008

Déclarations liminaires

Sylvie van den Wildenberg, porte-parole ad interim - Bonjour à toutes et à tous et merci de votre fidélité à ce rendez-vous hebdomadaire de l'information avec la MONUC. Bonjour également aux auditeurs de Radio Okapi. Avant de commencer cette conférence de presse, je voudrais vous informer que la semaine prochaine, la conférence de presse aura exceptionnellement lieu jeudi et non mercredi, et ce dans la mesure où le 1er octobre est un congé officiel des Nations Unies, afin de laisser nos collègues musulmans congolais et d'autres nationalités célébrer la fin du Ramadan.

SITUATION A L'EST

Les combats de la semaine écoulée entre les troupes rebelles du Congrès National pour la défense du peuple (CNDP) et les Forces armées de la République démocratique du Congo ont très malheureusement provoqué de nouveaux déplacements de populations importants, dans le Masisi, en fin de semaine dernière, et dans la région de Sake. La Force de la MONUC a redoublé d'efforts pour leur apporter protection, et renforcer sa présence dans les zones de concentration de ces déplacés. Comme vous le savez, elle a également du utiliser la force de manière robuste, appuyée par ses hélicoptères de combat, pour protéger les civils sous la menace imminente d'une tentative de prise de la ville de Masisi par les forces du CNDP.

Selon OCHA on estime maintenant à au moins 100.000 le nombre de personnes déplacées par les combats qui ont débuté le 28 août dernier. La communauté humanitaire, est à pied d'œuvre pour évaluer les besoins urgents de tous ces nouveaux déplacés, afin de pouvoir leur porter assistance le plus rapidement possible.

Si une trêve avait été observée hier, sur le terrain, la MONUC a appris avec consternation, au lendemain de l'annonce de la réaffirmation du cessez le feu par le Ministre de la Défense, que de nouveaux accrochages sont malheureusement à nouveau signalés, ce matin entre les FARDC et le CNDP, au Nord Kivu. Les Casques bleus sont en train de vérifier cette situation sur le terrain, le Colonel Dietrich vous en parlera plus en détail dans son exposé.

La MONUC réitère son appel urgent aux parties pour une cessation immédiate des hostilités et un respect inconditionnel du cessez le feu. Comme le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC, Alan Doss, l'a souligné à maintes reprises, la consolidation du cessez le feu est maintenant capitale afin de procéder au plus vite à la séparation effective des forces en présence sur le terrain et en la création de véritables espaces humanitaires, par la Force de la MONUC.

REDYNAMISATION DU PROGRAMME AMANI

Hier, mardi 23 septembre, le Comité de pilotage du Programme Amani, s'est réuni, à Bukavu, capitale du Sud Kivu sous la Présidence du Ministre de l'Intérieur M. Denis Kalume Numbi, en la présence des autorités civils et militaires congolaises, du Coordonnateur du Programme Amani, l'Abbé Apollinaire Malu Malu, de la MONUC, représentée par le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC, Alan Doss, ainsi que d'autres membres de la facilitation internationale.

A l'ordre du jour de cette quatrième réunion du Comité de pilotage, qui ne s'était plus réuni depuis le 7 août dernier, figuraient en particulier les modalités pour la consolidation du cessez le feu et la mise en œuvre du plan de désengagement. Une conférence de presse vient d'avoir, ce matin, à Bukavu, pour rendre compte des travaux de cette réunion. Dans une déclaration à la presse, le Comité de pilotage s'est en particulier félicité de la déclaration lue par les Groupes armés signataires de l'Acte d'engagement pour le Sud Kivu, par laquelle ces derniers se sont solennellement engagés à passer rapidement au désengagement, à la restauration de l'autorité de l'Etat et aux actions visant à faciliter le retour des déplaces de guerre internes et des réfugiés.

Le Comité de pilotage s'est en outre félicité des avancées importantes accomplies dans la préparation pour le désengagement et le regroupement. En ce qui concerne le Sud Kivu, il a salué la finalisation du plan de désengagement pour cette province, ainsi que les mesures prises par les autorités locales, pour lever les barrières et faciliter la libre circulation des personnes et des biens dans la province.

En ce qui concerne le Nord-Kivu, le Comité de pilotage a déploré la reprise des hostilités depuis le 28 août, ainsi que l'absence continue du CNDP des travaux de la Commission technique mixte sur la paix et la sécurité et de ses sous-commissions. Le Comité a pris acte du Plan Global de Désengagement pour le Nord-Kivu élaboré par la MONUC, qui a été accepté par le Gouvernement et les groupes armés, sauf par le CNDP dont on attend encore la réponse. Enfin, le Comité de pilotage a salué les allocations budgétaires du Gouvernement ainsi que les contributions des bailleurs de fonds pour appuyer le processus.

En outre, le Comité de pilotage a en particulier décidé ce qui suit : la stricte observation du cessez-le-feu par tous les protagonistes et la création rapide des zones de séparation ; la constitution d'une équipe mixte de pilotage du processus de regroupement et l'accélération de la mise en place des centres de regroupement ; la démilitarisation rapide de la zone définie dans le Sud-Kivu ; l'accélération du déploiement de la Police Nationale Congolaise, de la Justice et de l'Administration civile ; la saisine du Ministre de la Justice et l'Auditeur général pour faire aboutir rapidement les procédures judiciaires en cours ; le renforcement des effectifs des magistrats militaires, et de l'examen des listes des personnes détenues soumises par les groupes armés. La MONUC se félicite de ces avancées et continuera de redoubler d'efforts pour appuyer le processus en cours.

SITUATION MILITAIRE (Lt Colonel Dietrich, porte-parole militaire):

La semaine passée, la situation sécuritaire dans la Province Orientale a été marquée par la reddition de quatre éléments de la Lord Resistance Army (LRA) à Dungu mais aussi par les atrocités commises par la LRA dans trois villages situées au Nord de Dungu.

Au Nord-Kivu, après un calme relatif observé en fin de semaine, les hostilités ont repris le 16 septembre 2008 entre le Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP) et les Forces Armées de la République démocratique du Congo à Kirotse. La MONUC a officiellement présenté son plan de désengagement des Forces au gouvernement de la RDC. Vers la fin de la semaine, les combats entre les FARDC et le CNDP se sont poursuivis dans la région de Sake-Masisi.

Au Sud-Kivu, les autorités sont toujours confrontées aux actes de criminalité répréhensibles perpétrés par des groupes armés et des bandits contre la population civile. C'est ainsi que dans les dernières semaines, plusieurs civils ont été tués par les éléments des groupes armés.

En Province Orientale, durant la nuit du 15 septembre 2008, les éléments du Front de résistance patriotique en Ituri (FRPI) ont attaqué les positions des FARDC à Apinzi, situé à 20 kilomètres à l'Est de Komanda, à Hero, situé à 40 kilomètres au Sud-est de Komanda, à Jite, un village proche de Hero et à Bulanzabo, situé à 12 kilomètres à l'Ouest de Marabo.

Le 16 septembre 2008, ces mêmes éléments ont de nouveau attaqué les positions des FARDC à Bulanzabo et à Kodheza, situé à 16 kilomètres au Sud-ouest de Marabo.

Le 17 septembre 2008, environ 30 éléments de la LRA sont entrés dans la cité de Kiliwa, située à 45 kilomètres au Nord-ouest de Dungu, dans la chefferie de Wando. Le chef de la cité aurait été tué, une femme grièvement blessée par balle et plus que 40 filles et garçons (selon les estimations de l'Unicef 90) et le chef du groupement enlevés. D'autres pillages, meurtres et enlèvements perpétrés par ces mêmes éléments criminels ont été signalés dans la localité de Nambia, située à 75 kilomètres au Nord de Dungu et approximativement 30 kilomètres de Kiliwa, et dans la localité de Nawenangwa, située à 90 kilomètres de Dungu. Dans un même contexte, une douzaine d'enfants, auraient encore été enlevé par la LRA le 21 septembre dernier à Nambia.

Au Nord-Kivu, après une fin de semaine relativement calme, les accrochages ont repris dans la matinée du 16 septembre 2008 entre les FARDC et les éléments du CNDP dans la localité de Bweremana, située à 10 kilomètres au Sud de Kirotse, dans l'axe Sake-Minova. Les FARDC ont déployé des renforts de Goma vers Sake, comprenant des véhicules blindés et une lance roquettes multiples, d'où des attaques contre les positions du CNDP dans la zone de Kirotse ont été lancées. Au cours des accrochages, les militaires de la MONUC se sont retrouvés sous les feux croisés du CNDP et de des FARDC.

Le 17 septembre 2008, le Plan de désengagement de la MONUC a été approuvé par le gouvernement de la République démocratique du Congo lors d'une réunion à Goma, devant Président Kabila et le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU Alan Doss. Il prévoit le retour de tous les groupes armés à leurs positions respectives avant la reprise des combats et le déploiement de la MONUC et de la Police nationale Congolaise (PNC) lors de sa mise en vigueur.

Dans la matinée du 18 septembre 2008, des éléments Mayi-Mayi PARECO se sont opposés aux combattants du (CNDP) dans les localités de Muheto et Nyamitiba au Nord Ouest de Goma. Les combats ont provoqué un déplacement des populations vers Masisi centre.

Le lendemain, suite à plusieurs mouvements offensifs des troupes du CNDP vers Masisi centre, et plusieurs appels au retrait immédiat du CNDP de la localité de Kahungole, située à 5 kilomètres au nord de cette ville, la Force de la MONUC a lancé ses hélicoptères de combat sur cette zone. Apres plusieurs tirs de sommation, la MONUC a du tiré sur les nouvelles positions occupées par le CNDP à Kahungole Au terme de cette intervention les troupes du CNDP se sont retirés.

Tôt le matin du 20 septembre 2008, les FARDC ont lancé une offensive dans la zone de Sake-Kimoka pour contrer la menace du CNDP. Les bases de la MONUC situées à Celtel et à Kimoka ont été touchées par les tirs de feux croisés et deux militaires de la MONUC ont été légèrement blessés.

La proximité des forces sur le terrain a fortement réduit la capacité d'intervention militaire directe de la Force de la MONUC pour faire cesser les combats. Tout au long de la journée, la MONUC a redoublé d'efforts, pour obtenir un cessez le feu immédiat entre les parties.

Après un dimanche relativement calme et en dépit des appels répétés à la cessation immédiate des hostilités et au respect inconditionnel du cessez-le-feu par les signataires des Actes d'engagement de Goma, d'importants combats ont à nouveau eu lieu le 22 septembre 2008, dans les environs de Sake. Ces affrontements ont commencé, vers 4 heures le matin, à l'initiative des FARDC déployés à Sake, en direction des troupes du CNDP occupant toujours certaines positions conquises ces derniers jours sur les collines surplombant la ville.

Plus tard dans la matinée, les FARDC se sont déplacés vers Kimoka, petite localité située dans la vallée, à 2 kilomètres à l'Est de Sake centre, et ont installé une position à une centaine de mètres derrière la base des Casques bleus de la MONUC, dans la zone tampon, et ce, pour viser les positions du CNDP dans les collines.

Malgré les appels répétés lancés aux deux parties à un cessez le feu, ces combats se sont poursuivis pendant plusieurs heures.

Un calme précaire est revenu hier, 23 septembre 2008. A noter également que les Casques bleus de Rusthusu redoublent d'efforts pour tenter de réparer les infrastructures d'approvisionnement en eau potable sabotée par des éléments du CNDP.

La nuit dernière et ce matin, des accrochages entre les FARDC et le CNDP ont été signalés en territoire de Rutshuru, dans plusieurs localités situés entre de Nyanzale et Bambo, à une trentaine de kilomètres de Rutshuru.

Enfin, pour terminer la partie militaire, quelques propos plus plaisants au sujet des unités du génie de la Force de la MONUC, qui se sont aussi impliquées dans la construction ou dans la réhabilitation des infrastructures routières ou aéroportuaires et des ouvrages d'art indispensables à la libre circulation des personnes et au développement économique.

Malgré des conditions météorologiques souvent difficiles, avec des pluies torrentielles qui provoquent régulièrement d'importants ravinements et des éboulements, les sapeurs se sont investis sans relâche en recommençant parfois plusieurs fois les mêmes travaux que les intempéries avaient détruits.

Les réalisations récentes pour les deux premières semaines du mois de septembre 2008 comprennent la fin des travaux du pont Kasindi par la compagnie du génie Indonésienne, la réhabilitation totale de la route Fataki-Kwandroma-Mahagi par la compagnie du génie Népalaise, la réhabilitation complète de la route menant au Centre de formation de la Police de Bukavu par la compagnie du génie Chinoise.

Par ailleurs, la compagnie du génie Chinoise vient d'amorcer les travaux de la réhabilitation de la route Uvira-Baraka et de la route de Minova. Cette même compagnie va bientôt terminer les travaux consistant à niveler et à compacter le parc des conteneurs de l'aéroport de Kavumu, pendant que la compagnie de génie Sud-africaine est sur le point de terminer également les mêmes travaux sur l'aéroport de Goma et la réhabilitation de la route Sake-Masisi-Nyabiondo. Enfin, la compagnie du génie Népalaise s'apprête à terminer les travaux de la réhabilitation de la route Ikka-Barrière-Bunia.

Dans les six mois à venir, d'autres chantiers seront confiés aux unités du génie de la Force de la MONUC qui sont donc pleinement impliquées sur le terrain au profit de la population et participent activement, à leur niveau, à la stabilisation et à la relance du pays.

DDRRR

Depuis la signature du Communiqué de Nairobi, en novembre 2007, un total de 1107 combattants rwandais et leurs dépendants ont été rapatriés sur base volontaire dans leur pays d'origine via le programme de démobilisation, désarmement, rapatriement, réinsertion et réintégration (DDRRR) de la MONUC. Parmi eux figurent 662 combattants, dont 42 enfants.

A noter que cela porte le nombre de combattants rwandais et leurs dépendants rapatriés via le programme DDRRR de la MONUC depuis 2002 à 11906 personnes, dont 6219 combattants et 5687 dépendants. Si l'on compare ces chiffres à ceux de 2007, on observe une augmentation de quelque 30% de combattants et de dépendants rejoignant le programme DDRRR, et ce, en grande partie grâce aux efforts conjoints du Gouvernement congolais et de la MONUC dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d'action de Nairobi, tant en matière de sensibilisation des combattants que s'agissant des mesures de pression militaires exercées par les FARDC avec l'appui de la MONUC dans les zones sous influence de ces combattants dans les Kivu.