CONFERENCE DE PRESSE MONUC MERCREDI 11 NOVEMBRE 2009

13 nov 2009

CONFERENCE DE PRESSE MONUC MERCREDI 11 NOVEMBRE 2009

Madnodje Mounoubai, porte-parole: Bonjour, mesdemoiselles. Bonjour, messieurs. Bonjour à nos auditeurs de Radio Okapi qui nous suivent en direct et merci beaucoup pour leur fidélité. La conférence de presse de ce jour sera animée par moi-même et par le Général Gaye, le commandant de la Force de la MONUC.

Mesdames et Messieurs,

Vu les développements récents qui ont provoqué encore un débat sur le rôle et l'action de la MONUC en matière de protection des civils, le soutien aux FARDC et les efforts qui visent à éliminer la menace des groupes armés, nous allons consacrer cette conférence de presse à une mise au point sur le déploiement et l'action de la MONUC en général. Nous avons donc demandé au Commandant de la Force de la MONUC, le Général Babacar Gaye, de faire le point sur le déploiement et les actions de la force afin d'aider les media à mieux comprendre et de les aider dans leur tâche.

Le commandant de la Force de la MONUC :

Bonjour, mesdames. Bonjour, messieurs et bonjour à toutes nos auditrices et à tous nos auditeurs.
Je voudrais, ainsi que l'a annoncé M. Mounoubai, vous faire un peu le point sur la situation de la Force et sur les différentes opérations qui sont en cours. Vous savez que nous avons reçu un important renforcement composé notamment de troupes, mais également d'unités de police et, enfin, de formateurs. Nous pensons que, à la fin du mois de novembre, c'est-à-dire dans quelques jours, l'essentiel de ce renforcement sera sur place, parce que nous aurons reçu, ainsi que vous le voyez déjà, un bataillon supplémentaire — le bataillon bangladeshi — ainsi que deux compagnies des forces spéciales —une jordanienne et une égyptienne. Dans le courant du mois de décembre, nous recevrons l'essentiel du bataillon égyptien, et il nous restera plus, au début du mois de janvier, qu'à recevoir une compagnie du génie bangladeshi ainsi que quelques hélicoptères uruguayens. Donc, en somme, ce qu'on peut dire, c'est que, certes, ce déploiement complémentaire aura pris du temps, mais il est là pour l'essentiel.

La physionomie de la Force, à l'issue de la mise en place de ce déploiement, sera, ainsi que vous le voyez, une force majoritairement composée de troupes venant des pays asiatiques, mais composée également de 28 % de troupes venant du continent africain et d'un peu moins de 10 % d'Amérique Latine. Il y aura, au total, 21 pays contributeurs de troupes, mais une cinquantaine de nations seront représentées, puisqu'il y a des pays qui fournissent des observateurs et des officiers d'Etat-Major exclusivement. Et enfin, au top 5, figurent l'Inde, le Pakistan, le Bengladesh, mais également l'Uruguay et la République Sud-Africaine. Ces pays vont mettre en œuvre beaucoup de matériels, principalement une trentaine d'hélicoptères et pas moins de 350 blindés.

Ces troupes seront essentiellement déployées dans l'est de la République Démocratique du Congo où, vous le voyez sur ce [cliché Powerpoint], vous avez environ plus de 90 % de ces forces qui sont déployées dans la partie est, dans ce qui constituait avant la zone de responsabilité de la Division Est. Et ne serait-ce que dans les Kivus, vous avez pas loin de 68 % de la Force déployés dans le Nord-Kivu et dans le Sud-Kivu. Donc, d'une certaine manière, la concentration de nos forces à l'est, qui nous avait été demandée par le Conseil de Sécurité, est réalisée et c'est une prouesse quand on sait que, pour déployer un bataillon, il nous faut pas moins de 3 à 4 mois. Mais cela est fait.

Aujourd'hui, quelle est la situation des opérations majeures dans lesquelles la Force est engagée aux côtés des FARDC ? Avant d'en faire le bilan, opération par opération, ce qu'on peut dire dès à présent, c'est que, paradoxalement, au moment où la suspension de l'aide à un bataillon des FARDC, les différentes violations des droits de l'homme, les accusations qui apparaissent que la MONUC aide au départ de Mudacumura, si paradoxalement au moment où tout cela fait un peu de désordre, au contraire les opérations sur le terrain ont connu vraiment des avancées appréciables. Tenons, par exemple, l'Opération Rudia 2, qui fait suite à l'opération Lightning Thunder, aujourd'hui il est accepté par toutes les parties prenantes qu'environ entre 50 et 100 membres de LRA sont encore sur le territoire congolais. Bien sûr, certains d'entre eux se sont déplacés en République Centrafricaine ; mais, c'est quand même un progrès notable. Et c'est l'occasion de saluer la performance de la Garde Républicaine, qui a été déployée pendant six mois dans le Haut-Uélé, qui maintenant a été repliée, et donc tout le monde a reconnu qu'elle s'était comportée relativement bien.

Aujourd'hui, la MONUC est présente, dans le Haut-Uélé, dans trois positions —Dungu, Duru et Faradje — et dans le Bas-Uélé dans une position, Isiro étant une base logistique, et présente essentiellement à Dingila.

En ce qui concerne la LRA, elle reste présente, bien sûr, sur les frontières entre la République Démocratique du Congo et la République Centrafricaine, mais également dans la zone de Faradje. Pratiquement chaque semaine, il y a soit des redditions des membres de la LRA, dont parfois des commandants, soit des accrochages entre les différents éléments des FARDC et la LRA, et c'est autant de membres de la LRA qui sont neutralisés, et des gens qui arrivent à échapper qui avaient été enlevés par la LRA.

En ce qui concerne l'Ituri, il y a, bien sûr, une violence résiduelle, essentiellement le fait du FRPI. La MONUC, suite à des consultations avec les différents acteurs sur le terrain, a fermé sa base de Kuandruma, est en train de renforcer sa présence dans le territoire d'Irumu. Ce qui permettra d'améliorer la sécurité des populations dans ce territoire où, vous le savez, nous venons d'inaugurer le pont de Mambasa. Ce qui est un développement important pour les populations.

J'en viens maintenant à la situation dans les Kivus. Lorsqu'on observe la situation, que ce soit au Nord et au Sud-Kivu, ce qui est positif, c'est que tous les bastions des FDLR ont été démantelés. Bien sûr, il reste encore des zones où de petits groupes des FDLR se manifestent. Leurs actions actuellement sont de trois types : d'abord, des harcèlements des populations, ou alors des attaques des positions des [FARDC] et, enfin, des enlèvements des populations contre des rançons.

S'agissant de la MONUC, vous voyez sur le [cliché] qui vous est présenté, le chapelet des positions — 37 au total — qui nous permettent d'assurer, au mieux de nos possibilités, la protection des populations, mais également d'apporter notre soutien, notamment logistique, aux FARDC. Il est toutefois à noter que, à côté de cette situation relative aux FDLR, il y a tout de même des groupes armés nationaux qui sont encore dans une situation qui n'est pas définitivement réglée. C'est le cas, par exemple, du groupe Yakutumba, dont le leader s'était rendu aux FARDC, puis ensuite est retourné [en brousse]. C'est le cas de l'APCLS. Donc, il y a là, tout de même, des situations qui relèvent du DDR et qui, progressivement, je le pense, soit par les discussions, soit par une pression militaire accrue, trouveront une solution. Mais, pour autant, la situation dans les Kivus n'est pas définitivement réglée. Il est clair qu'il est difficile de défaire complètement un groupe armé, et qu'il faut aujourd'hui assurer la sécurité des zones d'où le FDLR a été chassé.

Donc, nous sommes dans une situation où il faut une évaluation de la situation, de telle sorte que nous puissions partir sur des bases nouvelles, disons, par exemple, au début de l'année prochaine, pour s'assurer que nous contribuerons, avec les FARDC, à protéger les populations, mais surtout à éradiquer le FDLR. Donc, voici un peu le point de situation que je voulais vous faire avant de me tenir à votre disposition pour vos questions.

Madnodje Mounoubai, porte-parole:

Pour ce qui concerne la logistique fournie par les différents services civils de la Mission, les systèmes de transport et communication de la MONUC soutiennent les troupes de la MONUC en même temps qu'ils apportent un appui aux FARDC. Ces services contribuent au transport et ravitaillement de près de 30.000 hommes dans une zone qui va du nord Katanga à l'extrême nord-est engagés dans trois opérations militaires différentes. La MONUC fournit aux FARDC chaque jour 27.000 rations et chaque semaine environ 37.000 litres de carburant, ainsi que le transport de troupes et de matériels, assure les évacuations médicales quand c'est nécessaire aussi que bien d'autres services.

Comme exemple du travail logistique de la Mission, je voudrais noter que, au-delà de son personnel militaire et civil, la MONUC a transporté sur ses avions 33.497 passagers non-MONUC entre janvier et octobre 2009. Et dans ce nombre, il faut noter les autorités congolaises, les ONGs congolaises comme internationales, des partenaires bilatéraux de la RDC, représentants des agences et j'en passe.

Lancement du Fonds de Stabilisation et de Relèvement pour la RDC

Je voudrais également attirer votre attention sur le lancement, le vendredi 6 novembre dernier par le Premier ministre Muzito, en présence du Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies en RDC, Alan Doss, du Fonds de Stabilisation et de Relèvement pour la RDC. La mise en œuvre du Plan gouvernemental de stabilisation et de reconstruction des zones sortant de conflits armés, STAREC, est donc passée à une phase supérieure.

Les secteurs visés par ce fonds sont : la réhabilitation des centres de formation pour les FARDC, la construction de logements pour les dépendants et familles FARDC, la réinsertion communautaire des ex-combattants, l'appui au déploiement de la PNC dans des zones stratégiques, l'appui aux blessés de guerre, l'établissement des centres de négoces dans les zones minières, enfin l'appui à la structure de coordination du STAREC.

Ces projets s'ajoutent à 15 autres en cours d'exécution pour une valeur de 138 millions de dollars US contribués entièrement par la communauté internationale.

Le montant initial de ce fonds de stabilisation est de 20 millions de dollars US qui proviennent du Fonds des Nations Unies pour la Consolidation de la Paix. Les premières contributions des pays viennent des Pays Bas et de la Belgique, qui ont annoncé respectivement 2,7 USD et 6 millions [d'euros].

La MONUC et le système des Nations Unies tout entier ont joué un rôle central dans l'élaboration de ce Plan et aujourd'hui dans la mise en place de ce fonds qui va permettre sa mise en œuvre.