Déclarations du Représentant spécial, William Swing, et du Secrétaire Général adjoint

10 fév 2009

Déclarations du Représentant spécial, William Swing, et du Secrétaire Général adjoint

Déclarations du Représentant spécial, William Swing, et du Secrétaire Général adjoint, Jean-Marie Guéhenno, aux membres du Gouvernement et du corps diplomatique

Mot introductif du Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies,
M. William Swing

Excellences, Mesdames et Messieurs, membres du corps et des missions diplomatiques et chers collègues,

Monsieur le Président du Sénat,

Amiral Liwanga, Général Mbuki,

Mesdames et Messieurs chefs des agences des Nations Unies,

Distingués invités,

Laissez-moi vous exprimer l?honneur que vous nous avez fait en répondant si nombreux à notre invitation ce soir. C?est un honneur pour nous, au sein de la MONUC et de la famille onusienne et une joie de pouvoir vous présenter quelqu?un que vous connaissez déjà, pour la plupart d?entre vous, le Secrétaire Général adjoint des Nations Unies pour les Opérations de Maintien de la Paix, M. Jean-Marie Guéhenno.

Dans son cas, on peut vraiment dire que M. Guéhenno n?a pas besoin d?être présenté à vous parce qu?il est un ami du pays et parce que vous le connaissez presque tous. Ce n?est pas par hasard qu?il est chez nous ce soir, au début d?un périple de huit jours dans la région, qui va l?emmener en Ituri, plus précisément à Bunia, Mahagi, Tshomia, Kasenyi, à Bukavu, à Uvira, à Kampala, à Kigali et encore une fois ici, mercredi soir à Kinshasa, avant de quitter une fois de plus jeudi et se rendre en Afrique du Sud avant de regagner New York le week-end.

Si je ne me trompe pas, c?est la cinquième visite de M. Guéhenno en RDC. Depuis sa nomination en octobre 2000, il est devenu, comme on dit ici dans la langue locale, « mwana ya mboka », c?est-à-dire, un fils du pays. Sa visite survient à un moment propice pour plusieurs raisons. Premièrement, elle intervient deux mois avant le prochain rapport du Secrétaire Général au Conseil de Sécurité sur la situation en RDC. Deuxièmement, elle a lieu trois mois avant l?expiration de notre mandat, le 30 juillet. Le plus important est qu?il arrive à mi-parcours de la transition historique en RDC, c?est-à-dire un an après l?installation du Gouvernement de Transition et un an avant les élections prévues en juin 2005, conformément à l?article 196 de la Constitution de Transition.

L?itinéraire de notre Secrétaire Général adjoint englobe la sous-région des Grands Lacs, comme je vous l?ai dit tout à l?heure. Cela est aussi opportun pour plusieurs raisons : premièrement, juste après les événements frontaliers, au moment où l?attention de toutes les parties est focalisée à nouveau sur la question des groupes armés étrangers ; et ensuite une semaine aujourd?hui après la signature, vendredi dernier, d?un Acte d?Engagement par sept groupes armés de l?Ituri.

Avant de donner la parole à M. Guéhenno, laissez-moi le citer sur ce qu?il a dit hier soir à son arrivée : « Je crois, enfin, je suis certain qu?il n?y a aucune mission de maintien de paix où je me suis rendu plus souvent. Si je le fais, c?est parce que pour les Nations Unies, le processus de paix en République Démocratique du Congo demeure une priorité fondamentale ».

Allocution du Secrétaire général adjoint chargé des Opérations de Maintien de la Paix,
M. Jean-Marie Guéhenno

Excellence, Mesdames et Messieurs et, si vous le permettez, chers amis,

Je suis heureux de me retrouver ici parmi vous ce soir. Je reconnais un certain nombre de visages qui me sont familiers - parce que c?est la cinquième fois que je viens ici ? aussi bien parmi les personnalités congolaises que parmi les membres du corps diplomatique, je retrouve beaucoup d?amis. C?est pour moi l?occasion à la fois peut-être de faire, non pas un bilan parce que je suis au commencement de ma visite, mais de donner mes premières impressions ; mais aussi de vous remercier de vos actions communes pour la paix en République Démocratique du Congo.

Premières impressions : en discutant avec vous, en écoutant les personnalités, j?ai eu l?honneur de discuter avec le Président Kabila, le Vice-président Ruberwa, le Vice-président Zahidi Ngoma aujourd?hui et avec beaucoup d?entre vous au cours de la réception. La question qui est toujours sur les lèvres, c?est : où en est-on ? Etes-vous optimiste ou plutôt pessimiste ? C?est une question à laquelle il est difficile de répondre en quelques mots.

L?avantage de ne venir qu?une fois par an, c?est qu?on est obligé de regarder les tendances de long terme plutôt que de court terme. Lorsque je compare la situation que je trouve aujourd?hui en RDC à celle qui prévalait il y a un an, il n?y a pas de doute qu?il s?agit d?une évolution positive. Je me souviens que l?an dernier, lorsque je comparais la situation à celle d?une année avant, c?était aussi une tendance positive. Et sur la durée, je pense que l?on peut avoir une réponse à la question de savoir si l?on est optimiste ou pessimiste. On ne peut qu?être optimiste sur la tendance de fond qui est une tendance de consolidation d?un processus de paix. En même temps, quand on pense à la souffrance qui continue d?exister, aux malheurs des populations encore très affectées par le conflit, à la lourde tâche qui reste à accomplir, comme la création d?une armée totalement intégrée, la reconstruction d?une police nationale congolaise, le règlement définitif de la question des groupes armés dans l?Est qui empoisonne le climat régional, on voit bien qu?il y a des questions et pas des moindres, à régler, surtout quand on se situe dans cette échéance fondamentale qui est celle des élections dans un peu plus d?une année, qui est celle de l?élaboration d?une constitution et de l?organisation d?un référendum qui l?approuvera?

Donc, on voit que la RDC est face à elle-même, devant définir son avenir. C?est une tâche immense, après des années de guerre et de souffrance. Tout en étant optimiste, on est en même temps presque intimidé par l?immensité des tâches qui restent à accomplir. Ceci conduit parfois certains au pessimisme.

Mais je crois qu?il faut se tourner vers vous, c?est-à-dire, à la fois tous les Congolais qui ont la responsabilité fondamentale dans ce processus ? car ce n?est pas la Communauté internationale qui fera la réconciliation nationale des Congolais pour les Congolais ; ce n?est pas elle qui fera la réconciliation nationale entre la RDC et le Rwanda, mais plutôt les Congolais et les Rwandais - la Communauté internationale ne peut qu?agir en appui du rôle central qui sera joué par les citoyens et les citoyennes de la RDC. Je suis encouragé par les paroles que j?entends et les actes que j?ai constatés ces dernières semaines. On peut faire référence à l?Acte d?engagement de l?Ituri, la nomination des gouverneurs, etc. Ce sont des choses concrètes qui se produisent dans le bon sens.

Je suis encouragé aussi par l?engagement de la Communauté internationale. Je veux saisir l?occasion de cette réception ce soir pour remercier les membres de cette communauté pour l?appui qu?ils donnent au processus de paix. Cet appui prend bien des formes. Il y a les contributions en troupes qui sont essentielles. Nous avons besoin de troupes aguerries et déterminées pour mettre en ?uvre le mandat qui nous a été confié. Nous avons besoin de troupes qui sont bien soutenues avec des unités médicales de premier rang, avec les capacités de soutien, de logistique, de génie nécessaire et je ne vais pas commencer à citer des pays parce que j?en oublierais si je me lançais dans cet exercice parce que les énumérations sont toujours dangereuses. Mais je reconnais dans la salle des ambassadeurs de pays qui nous apportent des contributions décisives à cet égard. Ils se reconnaîtront et je les remercie. C?est peut-être une contribution en formation et nous savons là aussi le rôle que certains pays et à la fois des organisations comme l?Union Européenne jouent pour appuyer ce processus ; une contribution économique ? je pense aux pays qui contribuent financièrement de façon très importante au budget des opérations de maintien de la paix. Je pense aussi à tout l?effort réalisé à travers la Banque Mondiale, les institutions internationales en matière de développement parce que nous savons qu?une opération de maintien de la paix peut créer les conditions propices à la paix mais pour que la paix s?établisse et se consolide de façon durable en RDC, il faudra aussi qu?il y ait un appui donné à l?Etat pour qu?il apporte aux citoyens les services qu?ils attendent et cet appui suppose un effort en matière d?aide au développement important et je sais que beaucoup de pays sont prêts à faire cet effort.

Ce soir donc, mes mots seront des mots de remerciement et d?engagement : engagement des Nations Unies aux côtés du peuple congolais, remerciement à la Communauté internationale pour ce qu?elle fait pour la RDC ; remerciement au peuple congolais et appel au peuple congolais pour que cette entreprise commune que nous menons, entreprise difficile, nous soyons les uns à côté des autres, préparés à relever des défis pour que le peuple congolais puisse enfin jouir de la paix qu?il attend, qu?il espère, qu?il commence à saisir mais qui n?est pas encore totalement là. Je crois qu?avec notre effort conjoint à tous, cette paix, demain, sera là et j?espère que quand je reviendrai l?année prochaine ? je reviendrai l?année prochaine parce que les choses ne se termineront pas dans les douze mois qui viennent car c?est un effort qui doit être fait dans la durée ? je formule le v?u très fort de constater des informations aussi importantes dans les douze mois qui viennent que celles que l?on a constatées dans les douze mois qui viennent de s?écouler.

Je vous remercie.