Message du Secrétaire général à l'occasion du dixième anniversaire du génocide rwandais

10 fév 2009

Message du Secrétaire général à l'occasion du dixième anniversaire du génocide rwandais

Le génocide rwandais n'aurait jamais dû avoir lieu. Mais il a eu lieu. Ni le Secrétariat de l'ONU, ni le Conseil de sécurité, ni les États Membres en général, ni les médias internationaux n'ont prêté suffisamment d'attention aux signes annonciateurs de la catastrophe. Huit cent mille hommes, femmes et enfants ont été livrés à une mort certaine, infligée avec une brutalité inouïe par leurs propres voisins. Des églises et des hôpitaux, qui auraient dû être des sanctuaires, ont été transformés en abattoirs. La communauté internationale a abandonné le Rwanda à son sort, et cela doit nous laisser pour toujours d'amers regrets et une profonde tristesse.

Dix ans plus tard, nous tentons toujours de recoller les morceaux. Au Rwanda même, l'Organisation des Nations Unies fait tout ce qu'elle peut pour aider la population à se remettre et à se réconcilier. Nous sommes présents partout dans le pays : nous déminons, rapatrions des réfugiés, remettons en état des dispensaires et des écoles, aidons à mettre sur pied un système judiciaire et faisons bien d'autres choses encore. En Tanzanie, un tribunal pénal international institué par les Nations Unies a prononcé des verdicts sans précédent. Pour la première fois en effet, un ancien chef de gouvernement et des journalistes ont été jugés coupables de génocide, et le viol a été reconnu comme acte de génocide. L'ONU fait ce qu'elle peut pour aider les Rwandais, en particulier ceux de la nouvelle génération, qui représente l'avenir du pays, à édifier ensemble une société nouvelle.

Mais sommes-nous certains que, face à une situation analogue, nous pourrions aujourd'hui réagir à temps et efficacement? Nous ne pouvons absolument pas l'affirmer. Le risque de génocide reste malheureusement bien réel. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de saisir l'occasion de cet anniversaire pour annoncer à la Commission des droits de l'homme de l'ONU un Plan d'action pour la prévention des génocides faisant intervenir l'ensemble du système des Nations Unies. Nous ne pouvons nous permettre d'attendre que le pire se soit produit, ou soit en train de se produire, ou nous borner à nous répandre en lamentations futiles, ou encore faire preuve d'une froide indifférence. Le monde doit être mieux équipé pour prévenir les génocides et pour prendre des mesures résolues en vue d'y mettre fin quand la prévention a échoué.

La minute de silence qui doit être observée dans le monde entier à midi le 7 avril, date de la Journée internationale de réflexion sur le génocide rwandais, nous donne l'occasion d'être unis, si nous n'avons pas su l'être il y a 10 ans. Je forme l'espoir que cette minute fera passer un message qui résonnera pendant de longues années – un message témoignant de notre remords et de notre ferme volonté d'éviter qu'une tragédie comme celle-là se reproduise jamais. Que les victimes du génocide rwandais reposent en paix. Que notre existence soit pour longtemps marquée par leur sacrifice. Et que cette tragédie nous porte à essayer, ensemble, de nous traiter les uns les autres comme les membres d'une seule et même famille humaine.