MONUC : l’autorité de l’état doit être rétablie à Dongo

11 déc 2009

MONUC : l’autorité de l’état doit être rétablie à Dongo

Kinshasa, 11 décembre 2009- Le Représentant spécial du Secrétaire général en RDC, Alan Doss, a participé à la conférence de presse hebdomadaire de la mission, le 9 décembre dernier. Il a profité pour faire le point sur l'actualité notamment le renouvellement du mandat de la MONUC, la situation à Dongo, la lutte contre la corruption, l'embargo sur les armes, entre autres. M. Doss se rendra à New York dans les jours à venir pour assister aux délibérations du Conseil de sécurité sur la RDC. Transcript

Nous avons suivi un peu les grandes lignes, les réactions du Secrétaire général, Ban Ki-moon sur le rapport qu'il a présenté au Conseil de sécurité. Il a déclaré que dans l'ensemble, la situation a bien évolué, mais que la MONUC va entreprendre une tournée pour faire une évaluation de la situation avant de reconsidérer ou reconfigurer son mandat. Avez-vous quelque chose à dire au sujet de la conférence de presse de Ban Ki-moon?

Alan Doss : Effectivement, le 30ème rapport du Secrétaire général a été envoyé au Conseil de sécurité, et moi-même je serai à New York la semaine prochaine pour assister à la délibération au niveau du Conseil de sécurité. Le rapport fait état des choses mais aussi donne quelques idées sur la manière de faire, puisque notre mandat actuel tire à sa fin. Une des propositions est qu'on accorde un certain temps de plus en faisant un renouvellement technique du mandat afin qu'on puisse avoir le temps de rentrer dans les détails des discussions avec le gouvernement sur la future configuration de la Mission y compris sur la réduction progressive de notre présence. Je pense que ces discussions ont déjà commencé, puisque le président Kabila s'est déjà prononcé lui-même sur certains aspects.

Quel est l'état des pourparlers entre la MONUC, les Nations unies et le gouvernement sur la requalification du prochain mandat de la MONUC?

Je pense, nous voulons voir dans quelles mesures nous pouvons refocaliser nos efforts. Nous avons un mandat assez complexe. Il y a 41 voire 42 tâches différentes à réaliser. Il faut aussi voir l'évolution générale de la situation en RDC depuis 10 ans. Notre Mission a été créée il y a 10 ans, pas dans la configuration actuelle, mais quand même c'est le moment, à notre sens, de faire effectivement le point, de décider de où on veut aller, où on veut concentrer nos ressources à l'avenir. Et certaines discussions ont été déjà abordées avec le gouvernement, et nous continuerons si le Conseil de sécurité est d'accord, avec cette approche.

Quelle est la situation réelle qui prévaut à Dongo et quelles sont les préoccupations de la MONUC?

D'abord je voudrais au nom des Nations unies et de la MONUC dire que nous déplorons la violence et surtout les pertes en vies humaines parmi la Police et les autorités de l'ordre et de sécurité. Je pense que s'il y a des doléances, il y a des procédures qu'il faut suivre pour présenter ces doléances au lieu d'attaquer et de créer encore des déplacements des Congolais. Je pense que nous déplorons vraiment ce qui s'est passé. En même temps je pense que l'autorité de l'Etat doit être restaurée. Mais même s'il y a des doléances, nous sommes en train de clarifier les choses avec le gouvernement. Quels étaient les éléments impliqués dans cette situation ? Aujourd'hui, même, le Commandant de la Force, le général Gaye s'est rendu à Gemena. Nous renforçons notre présence à Gemena pour décourager toute aventure. Il est très important qu'on ne laisse pas cette situation se détériorer. Mais encore, nous cherchons nous même à mieux comprendre ce qui s'est passé.

J'ai rencontré hier le conseil de sécurité présidé par le Vice-premier ministre chargé de la sécurité ainsi que les ministres de la Défense et de l'Intérieur. Donc, nous sommes tous du même avis qu'il faut absolument être ferme. Mais en même temps, nous ne voulons pas que cette situation se détériore, et nous devons surtout nous préoccuper de la population, parce qu'il y a déjà pas mal de populations déplacées. S'il y a des besoins matériels, nous avons parmi les équipes parties à Gemena, quelqu'un qui représente le Bureau des Nations unies chargé des affaires humanitaires. Si par la suite il faut ajouter quelque chose, je suis certain qu'on va faire le nécessaire. L'essentiel maintenant est de faire le point et de stabiliser la situation sécuritaire, et il faut aussi que ceux qui sont impliqués rendent compte, car cette situation n'est pas acceptable. Nous ne pouvons que déplorer et condamner la violence infligée jusqu'ici, qui n'est pas dans l'intérêt du peuple de l'Equateur.

Le Président de la République a fait un discours sur l'état de la Nation et n'a pas fait allusion aux efforts faits par la MONUC concernant la sécurité à l'Est. Vous sentez-vous frustré?

Le Président Kabila a largement dressé un bilan plutôt positif à l'Est. Tout en reconnaissant qu'il reste des choses à faire, que ce soit au niveau de suivi des accords du 23 mars, ou sur le plan de la sécurité a proprement dit.
Donc, il a remercié la Communauté internationale, et la MONUC fait partie de la Communauté internationale. Je ne m'attendais pas que la MONUC soit saluée en particulier. Parce que quand même nous avons fait un ensemble d'efforts ou qui sont en cours, aussi bien sur le plan humanitaire que sur le plan politique, diplomatique et sécuritaire. Je pense que le Président a dressé le bilan de cette situation là.

Il y a un rapport des Nations unies sur les droits de l'Homme concernant la RDC, que dit concrètement ce Rapport en relation à l'évolution ou l'observation des droits de l'Homme dans notre pays?

Je pense que vous faites allusion à la réunion du Conseil des Nations unies aux Droits de l'Homme qui a eu lieu à Genève et qui vient de terminer ses travaux. Je n'ai pas encore vu le rapport, mais je pense qu'il y a deux rapports, dont un envoyé par le gouvernement qui est une pratique habituelle de chaque membre qui est appelé à faire un rapport, et il y a ensuite le rapport du Conseil avec plusieurs recommandations. Je ne sais pas si ce rapport a déjà été publié. Mais à mon avis, il doit y avoir au moins les grandes lignes pour les médias. Il faut voir sur le site du Conseil.
Le Conseil vient de terminer sa discussion sur la RDC, donc je n'ai pas d'éléments, et ce n'est pas à moi de commenter le travail du Conseil, parce que le Conseil doit avoir son propre porte-parole qui peut répondre aux questions des journalistes.

Pouvez-vous nous donner des éclaircissements sur ce qui s'est passé à Sake et Masisi dans la nuit de samedi à dimanche, quel est le climat qui y règne actuellement?

S'agit-il du territoire ou de la ville de Masisi ? A ma connaissance, il n'y a pas eu d'incidents ce weekend à Saké et à Masisi. Mais encore, parfois ce n'est pas tous les éléments qui m'arrivent. Sinon rien de particulier... Il y a eu, je sais, qu'une réunion de certains éléments du CNDP, me semble t il, au niveau politique, à Mushake. Mais encore, je n'ai pas plus d'éléments que cela. Et quels sont les résultats de cette rencontre ? Pour l'instant, je l'ignore.

Ce week-end, il y a eut 230 éléments ex-CNDP qui ont quitté les rangs de l'armée et qui ont pillé un entrepôt à Kibati. Vous êtes au courant de cela?

Je dirais, à Kibati, oui effectivement il y a eu cette désertion. Nous estimons, d'après les chiffres que j'ai eus, que c'était environ 120 à 140 hommes qui étaient impliqués dans cette affaire. Ils ont pillé la base FARDC à Kibati. Mais jusqu'à ce qu'on puisse les arrêter et les questionner, je ne peux pas encore dire - et c'est d'ailleurs aux autorités nationales de parler en premier lieu- quelle était la motivation de ces personnes. Mais on voit qu'ils ont surtout pillé les biens matériels avant de partir. Donc, voilà ce qu'on sait de cette situation à Kibati. C'est regrettable, c'est clair, parce que ça a quand même stoppé d'autres opérations qui étaient en cours, et j'espère que le Gouvernement, ou les FARDC seront en mesure de rapidement contrôler ces éléments et les sanctionner.

Le rapport des Droits de l'homme appelle à l'arrestation de Bosco Ntaganda, le commandant adjoint des opérations Kimia II qui a été cité dans le rapport des Experts, et de plusieurs organisations des droits de l'Homme qui jouent le même rôle, et qui ont déjà appelé à son arrestation. Qu'est ce que vous pensez de cet appel à son arrestation. Deuxièmement, est-ce que vous tenez à votre point de vue qui est de dire qu'il n'est pas impliqué dans les opérations ? Et si oui, quel rôle exactement est-ce qu'il joue?

Je répète ce que j'ai toujours dit à ce sujet. En premier lieu, c'est une décision qui relève du Gouvernement, lequel doit décider de quand et comment ils veulent traiter cette situation. Je pense même que le Chef de l'Etat en a parlé, mais c'est une responsabilité qui, en premier lieu, relève directement du Gouvernement. Donc, je n'ai pas grande chose à ajouter. Oui, il était impliqué. Là, ce n'est un secret pour personne. Depuis la conférence de presse qui a eu lieu à l'Hôtel Ihusi, il était impliqué dans le processus d'intégration. Pour ce qui concerne l'affaire de Kibati, je n'ai pas de confirmation qu'il y était impliqué. Mais c'était plutôt pour essayer de remettre cette situation sur les rails, parce que, quand même, les éléments qui sont partis, en grande partie, étaient un des groupes nouvellement intégrés, à savoir des ex-éléments du CNDP. Et nous voulons évidemment que cette situation ne se reproduise plus.
M. le Représentant Spécial, aujourd'hui c'est la Journée Mondiale de lutte contre la corruption. Quelles sont les stratégies que la MONUC a mises en place pour lutter contre la corruption au Congo ? Parce que ça détourne même la démocratie sur tous les plans, même l'éducation.

Tout le monde, même le Président de la République a parlé de ce problème qui je dirais, mine les efforts de reconstruction du pays. Je pense que la MONUC ne peut pas être partout. Il y a déjà plusieurs agences qui travaillent dans ce domaine. Quand je parle de la Communauté internationale qui agit déjà avec le gouvernement sur ces questions, je pense à la Banque Mondiale, au FMI, au PNUD, parmi d'autres, et aussi aux bilatérales, notamment aux Etats-Unis, par exemple, qui suivent cette question de très près. Et d'ailleurs, lors de la visite de la Secrétaire d'Etat américaine, Mme Clinton, ça a été évoqué avec les autorités ; et encore, je ne peux pas parler au nom du gouvernement américain, mais je pense qu'ils ont accepté de faire monter quelques activités ensemble dont l'objectif est, justement, d'aider dans la lutte contre la corruption.

Nous avons, au courant de l'année, appris l'arrivée des troupes supplémentaires qui devaient renforcer la MONUC, et avec une mission bien précise. Est-ce que ces troupes sont déjà à pied d'œuvre ? Où sont-elles localisées ? Est-ce qu'elles sont déjà opérationnelle?

Oui, je peux dire que les troupes supplémentaires et une unité policière sont arrivées. La plupart sont basées dans le Kivu, mais ils vont opérer en quelque sorte - surtout le contingent égyptien- comme réserve pour la Force en général. Pas simplement là-bas, même s'ils sont basés dans le Kivu, on peut leur faire appel pour d'autres missions dans le pays, si nécessaire. Nous avons aussi mis un nouveau bataillon de police en Ituri, ce qui nous a permis de réaffecter le dernier bataillon pakistanais qui était basé en Ituri vers le Sud-Kivu pour qu'ils puissent aider leurs compatriotes dans la brigade du Sud-Kivu qui est largement pakistanaise. Donc, ces forces sont là pour la plupart. Nous avons encore quelques matériels qui ne sont pas fournis, notamment tous les hélicoptères supplémentaires qui nous ont été autorisés par le Conseil de sécurité ; et ça reste toujours une grande préoccupation pour nous. Parce que, maintenant, avec la dimensions du pays, c'est toujours un problème d'assurer la couverture complète qu'on souhaiterait faire si on n'a pas ce renfort du point de vue mobilité aérienne. D'autant plus qu'on a ouvert pas mal de bases à travers les Kivus, dans le Haut et Bas Uélé. Et tout ça doit être servi par des moyens aériens. Donc les hélicoptères, il nous en faut le plus rapidement possible.

Je me permets de revenir sur la situation de Dongo. Plus d'un mois, depuis le début de je ne sais même pas comment le qualifier, parce que, jusque-là, on n'a pas encore une qualification exacte de ce qui se passe là-bas. L'identité des assaillants n'est pas encore connue. On parle des agresseurs. Au début, on parlait d'un conflit de terres. Et aujourd'hui, on nous parle d'un mouvement insurrectionnel. La MONUC peut-elle nous situer, nous préciser exactement sur l'identité des assaillants en question?

Ce n'est pas à moi de caractériser ce qui s'est passé; c'est surtout au Gouvernement de fournir des précisions, des éclaircissements là-dessus. Mais ce que je peux dire, c'est que ces éléments sont armés, ils disposent des armes de guerre. Ce n'est pas une question de coupe-coupe. Il y a vraiment des armes assez mortelles qui ont été utilisées, y compris contre un hélicoptère civil qui atterrissait à Dongo il y a une dizaine de jours maintenant. On a eu plusieurs rapports sur des armes lourdes qui sont dans le coin et qu'il y a des gens qui savent manipuler ces armes. Mais, pour l'instant, en attendant le retour du Commandant de la Force, je ne vais pas me prononcer d'une façon définitive. Mais, il faut en tenir compte ; il faut être prêt. Il faut se préparer, pour que ça ne soit pas vu simplement comme un incident. Je pense que c'est beaucoup plus que ça maintenant. Et nous devons être prêts pour toute éventualité.

Est ce qu'on peut en savoir sur la situation des réfugiés qui viennent du Rwanda ? Maintenant, est-ce que vous avez parlé avec le gouvernement du Rwanda ? Quelle a été leur réponse?

Alors là, c'est en premier lieu la responsabilité du Haut Commissariat des Réfugiés. Et je pense qu'ils ont prévu une réunion tripartie - je pense que ce sera peut-être au début de l'année prochaine - justement entre les deux gouvernements, le Rwanda et la RDC, avec le HCR, pour définir le cadre et l'organisation de ces retours. D'ailleurs, c'est quelque chose qui est en cours actuellement pour le Burundi, je pense. Il y a un collègue du HCR là qui peut vous fournir davantage d'information. Je pense que le HCR est en contact permanent avec le Ministère de l'Intérieur pour voir la situation, parce qu'il y a beaucoup de rumeurs, beaucoup d'allégations disant qu'il y a des mouvements incontrôlés à travers la frontière. Et bien sûr, ça crée une certaine inquiétude dans certains milieux, surtout dans certaines parties de la province. Mais je pense que c'est le HCR qui organise ou bien qui a cette responsabilité de voir, avec les deux gouvernements, le cadre et l'organisation des retours qui, j'espère, en principe, se feront dans un cadre bien organisé, pour éviter des rumeurs créant des méfiances et des antagonismes

M. le Représentant Spécial, qu'est-ce que vous répondez à ceux qui pensent que, en proposant l'intégration des ex-rebelles au sein des FARDC, c'était une façon d'induire les FARDC en erreur ? Parce que ces ex-rebelles continuent à se comporter en miliciens.

Concernant l'intégration des ex-rebelles de toutes sortes, vous savez que ce processus a été d'ailleurs décidé, si je ne me trompe pas, par l'Accord de Sun City, qui avait préconisé une approche inclusive, disant que tous les groupes armés devraient être progressivement, dans la mesure du possible, intégrés dans l'armée. Et on voit les résultats aujourd'hui. Oui, effectivement, dans les FARDC, il y a beaucoup de problèmes. Mais c'était en partie le prix de la paix. Parce que nous avons compté, depuis 1998, à peu près 50 différents groupes armés qui ont été absorbés par les FARDC. Et vous voyez, c'est très difficile. Je pense que c'est pour cela que nous devons de plus en plus aller vers une professionnalisation des FARDC. L'absorption était nécessaire - ça a été discuté par cet accord - mais bien sûr, par la suite, il y a eu beaucoup de difficultés, y compris le problème d'indiscipline, parce que certains de ces éléments n'ont pas vraiment de formation professionnelle. Ils sont là mais, pour eux, l'armée était presqu'un emploi mais pas vraiment une vocation. Donc, je pense que ça reste toujours un énorme problème pour les autorités. Maintenant comment créer une armée moderne, républicaine et efficace qui peut atteindre, si vous voulez, les ambitions de l'Etat et du peuple congolais ? Et ça ne va pas se faire rapidement en quelques mois, parce qu'il faut reconnaître qu'il y a à peu près 150 000 personnes dans les FARDC. La plupart sont entrés sans aucune validation et vérification du fait qu'on a décidé que ce processus de paix exigeait cette approche. J'espère que, au fur et à mesure que la situation se stabilise, nous pouvons vraiment passer à ce qui pour moi est le vrai avenir, à savoir la modernisation des FARDC avec l'appui des partenaires, si le Gouvernement le souhaite.

Nous savons que l'embargo sur les armes dans les pays de la Sous-région a été reconduit jusqu'au 30 novembre 2010. Mais ça nous laisse perplexe de voir que les armes continuent à circuler dans la Sous-région. Pouvons-nous conclure hâtivement que cet embargo est inefficace?

C'est un embargo sur l'importation ou la prise des armes par les groupes non-étatiques, les rebelles. Il n'y a pas d'embargo sur l'importation des armes par le gouvernement. Tout ce qu'il y a, c'est qu'il y a une obligation des pays qui envoient des armes ou des munitions d'informer le Conseil de sécurité. Mais il n'y a pas un embargo, il n'y aucun embargo imposé par les Nations unies sur l'importation des armes par le Gouvernement, par les autorités légitimes de ce pays.

Pour ce qui concerne l'importation des armes par les groupes armés, ce que le groupe d'experts a mis en évidence dans son rapport, nous sommes aussi du même avis, que ces réseaux doivent être vraiment démantelés. Mais ça nous dépasse de loin, nous la MONUC. Parce que nous n'avons aucune autorité dans d'autres pays – notamment sur des pays exportateurs, des marchands d'armes- ça c'est un élément aussi très important dans le rapport des Experts, il y a des réseaux qui facilitent l'exploitation et l'exportation illégales des mines qui, par la suite, servent à financer en partie les importations clandestines de ces armes. Donc, la MONUC ne peut pas tout faire, sur ce point, toute seule. Parce qu'on a aucune responsabilité ou mandat pour ce qui concerne les lieux ou les endroits où ces exploitations ont lieu. Donc, nous devons - et je pense que c'est ça un peu l'approche du Groupe d'Experts - préconiser une approche globale. Ce n'est pas au Kivu qu'on va toujours résoudre ce problème, vu les tentacules de ces groupes à travers parfois des réseaux criminels. C'est là où il faut travailler aussi bien ici aux Kivu que dans la sous région ou ailleurs. Parce que, pour autant qu'on n'arrive pas à mettre fin à ces réseaux, je pense que ça va être difficile, ça serait toujours difficile de contrôler la violence dans les Kivu. Ce sont ces réseaux qui, en partie, alimentent cette criminalité et cette violence. Donc la MONUC ne peut pas tout faire sur ce point, parce qu'on n'a aucune responsabilité ou un mandat pour ce qui concerne les lieux ou les endroits où ces exportations illégales arrivent. Nous devons utiliser l'approche du Groupe d'Experts, nous devons préconiser une approche globale.

J'aimerai savoir quelle lecture faites-vous sur l'opération Kimia II depuis son début jusqu'à ce jour, parce qu'il y en a qui disent que Kimia II est un échec et d'autres estiment que Kimia II est une réussite totale du fait que la capacité de nuisance des FDLR a été réduite, votre lecture s'il vous plaît?

Nous n'avons jamais prétendu que Kimia II va démanteler les FDLR, parce que les FDLR sont là depuis presque 15 ans, ils sont enracinés, ils ont des réseaux. Et plus loin dans le rapport du Groupe d'Experts, on parle de ces réseaux qui sont assez répandus.
Donc, démanteler entièrement les FDLR par des moyens militaires exclusivement, on n'a jamais dit ça. Au contraire, on a dit qu'il faut une approche multiforme, y compris à l'extérieur du pays. Je voudrai profiter de cette occasion pour saluer l'initiative du gouvernement allemand, qui finalement commence à prendre des mesures. Et j'espère que d'autres gouvernements vont suivre leur initiative. Parce que c'est un effort d'ensemble, ce n'est pas simplement l'affaire de la MONUC au Kivu. Mais aussi des pays voisins, de la communauté internationale, du monde commercial, chacun a ses responsabilités. Ce que nous avons dit, c'est que nous sommes en train de disperser les FDLR, et d'ailleurs le rapport d'experts parlait de cet aspect positif. Mais il faut continuer, peut être pas dans la forme actuelle, parce que les FDLR ont été chassés de leurs bastions, mais ils ont toujours la capacité de punir la population, si on ne fait pas attention. C'est pour cela, qu'on doit absolument rester sur le terrain, travailler avec les FARDC. Mais effectivement, les FARDC doivent absolument être partis et bien sur les actes d'indiscipline et d'extorsion constituent des risques.

La MONUC a plus de 9 ans en RDC, vous avez le rôle de maintenir la paix dans ce pays. Quand nous sommes en dehors de la RDC, c'est toujours des informations sur la guerre, les massacres, les viols, les pillages et les violences en RDC. Quel est votre rôle exact ? Vous demandez qu'on vous rajoute encore 6 mois, qu'allez-vous faire?

Ce que nous avons fait : Le rapport du Secrétaire général et aussi les résolutions y compris la résolution 1856 expliquent parfaitement notre mandat, c'est le maintien de la paix. Mais nous ne le faisons pas seule. La MONUC travaille avec les partenaires dont la communauté internationale, mais surtout avec les autorités nationales. Nous sommes là pour appuyer leurs efforts et ne pas se substituer à leurs efforts.

Ce que je dis toujours à ceux qui disent la MONUC est la depuis dix ans, qu'est ce qu'elle a fait ? Rappelez-vous où était le pays il y a 10 ans. Oui on n'a pas résolu tous les problèmes, il y a encore des zones touchées par des conflits, mais par rapport à il y a 5 ans, il y a quand même un progrès énorme, principalement dus aux Congolais. Je pense que maintenant le rapprochement avec les voisins aussi est une partie très importante de ce travail. Nous avons appuyé ce processus, et je pense qu'il y a eu quand même des résultats. Si on est aujourd'hui à Kinshasa, et dans pas mal d'autres endroits du pays, qui auparavant étaient en pleine guerre, je pense que le bilan est largement positif.