Transcript de la conférence de presse à Bukavu du Secrétaire Général adjoint des Nations Unies

12 fév 2009

Transcript de la conférence de presse à Bukavu du Secrétaire Général adjoint des Nations Unies

Transcript de la conférence de presse à Bukavu du Secrétaire Général adjoint des Nations Unies chargé des Opérations de Maintien de la Paix, M. Jean-Marie Guéhenno

Je suis heureux d?être ici. J'essaie de venir au Congo tous les 10 mois, car cette mission est importante pour nous, pour le peuple congolais bien sûr, mais aussi pour l?Afrique entière. Avant de venir ici, j?étais à Kinshasa, en Ituri, en Ouganda, demain je rencontre le président Kagame à Kigali. Ce qui m?a frappé le plus, c?est le changement très important en une année avec le gouvernement maintenant formé avec toutes les composantes qui mettaient des milliers de kilomètres entre elles autrefois. Le changement est plus visible qu?en mai dernier. La vie est presque normale là où la MONUC est déployée. Ici au Kivu, j?ai discuté avec le Chef de la Brigade et le Chef de Bureau de la MONUC ici. Il y?a des défis d?abord pour les Congolais (armée- police- élections?). Nous examinons comment la MONUC peut contribuer à ce processus. Nous avons une force militaire qui devient plus conséquente sur le terrain. Elle est plus équipée et plus mobile. Il y a beaucoup d?options et pour l?instant nous examinons les différentes options. La manière dont les choses vont s?organiser nécessite toujours de la réflexion. Dans les mois à venir, nous allons voir une évolution. Il faut que les populations retrouvent une vie normale. Il faut régler ces questions qui empoissonnent la vie des Congolais et les relations avec les voisins du Congo. J?en ai parlé avec le Président Museveni en Ouganda, j?en parlerai avec Président Kagame à Kigali. Nous sommes arrivés à un moment de basculement où il faut faire les derniers kilomètres. Il ne faut pas lâcher. Nous le ferons avec une armée nationale intégrée.

Q- En ce qui concerne le problème des Interhamwe et des FDD, nous avons remarqué que la MONUC a des limites pour le rapatriement des Interhamwe malgré que les exactions continuent. Y-a-t-il un autre processus prévu par la communauté internationale?

R- Il faut que la RDC accélère ses efforts d?intégration de l?armée nationale. C?est avant tout la responsabilité des Congolais. Notre présence militaire dans les Kivus est un élément de l?équation stratégique. Si les groupes étrangers commettent des exactions ou s?en prennent à nos troupes, nous pourrons réagir avec vigueur. Parmi ces groupes, il y a un noyau dur qui a envie de continuer ses actions négatives. Aussi certains combattants sont sous l?emprise de ces dirigeants, il faudra donc desserrer cette emprise. Notre effort, c?est donc aussi de faire passer le message aux FDLR et aux combattants de base: s?ils rendent leurs armes, ils seront traités convenablement et possiblement rapatriés au Rwanda où ils seront aussi traités convenablement.

Q- Qu?en est-il du déploiement à partir de Bujumbura? Comment évaluez-vous les progrès réalisés? Qu?est-ce qui est prévu pour les FDLR?

R- L?avantage que j?ai en venant tous les 10 mois ici c?est que je vois les tendances et ne me laisse pas impressionner par les frustrations que peuvent avoir certains. Quand on prend ses distances, l?amélioration est incontestable : départ des troupes étrangères, construction d?un gouvernement de transition et graduellement même si imparfaitement une amélioration visible sur le terrain. Je suis persuadé que la RDC est sur la bonne voie. En même temps, je vois nombre de problèmes à régler. Il faut donc pour les Congolais fassent un effort de mobilisation exceptionnel car les tâches à accomplir sont considérables.

Bien entendu, pour les FDLR, c?est une responsabilité nationale. Nous verrons comment y contribuer. Le fait que nos capacités se renforcent nous donne des options nouvelles. Nos moyens se renforcent et les options de ceux qui résistent au processus se rétrécissent. Nous lançons donc un message fort aux groupes armés et aux FDLR, ils ont la possibilité de désarmer et ce désarmement sera pacifique, s?il se fait selon les règles mises en place. C?est une occasion que tous les éléments FDLR doivent saisir. Si les combattants FDLR ne désarment pas, leurs options seront réduites.

Pour Bujumbura, c?est une question logistique. Par ailleurs, dès le 1er juin, une mission de maintien de la paix commence au Burundi.

Q- Est-ce que la communauté internationale peut se mobiliser pour prendre des mesures contre le Rwanda et l?Ouganda pour empêcher de fragiliser le processus en cours au Congo?

Il y a des groupes armés dont le Président Museveni souhaite le désarmement et le rapatriement en Ouganda. Il a reconduit une période de grâce pour ces groupes. Il y a aussi des Burundais ici. La communauté internationale est engagée dans un processus de réinsertion. Elle peut donc et doit faire pression pour que les combattants étrangers renoncent à la lutte armée et s?engagent dans un processus de réconciliation nationale. Il y a pas mal d?argent de côté pour faciliter ce processus. Maintenant, la page est tournée, il est essentiel que ces combattants retournent à une vie pacifique.

Q- Quelle est l?ampleur du problème des enfants soldats? Quelles sont les solutions?

C?est un grand problème. En Ituri, il y aurait 15.000 combattants dont au moins 6.000 sont des enfants. A Bunia, j?ai vu des enfants porter des armes plus grandes qu?eux. Le problème est important en Ituri et dans les Kivus. Avec le déploiement de la MONUC en Ituri, ce problème a commencé à être traité. Il faut aussi le traiter comme priorité au Kivu. Ces enfants sont victimes et engendrent des victimes. Leur intégration sera difficile et nécessitera beaucoup d?efforts des ONG et des agences comme l?UNICEF. C?est un effort à long terme, nous avons déjà eu l?expérience en Sierra Leone.

Q- Comment appréciez-vous le DDRRR? Est-ce que des actions plus fortes sont envisagées?

R- Cette question doit être examinée avec beaucoup de précisions, je ne veux pas m?engager dans des déclarations non préparées par une analyse militaire précise. A ce stade, la MONUC a plus de capacités, plus la MONUC se renforce, plus les options de ceux qui veulent utiliser la force se réduisent. La MONUC a maintenant une force qui n?est pas négligeable. Mais ce n?est pas un désarmement forcé. Mais ceux qui pensent faire des victimes civiles où la MONUC est déployée, notre engagement est clair. Mais pour le désarmement forcé, il faut examiner les choses. Il y a aujourd?hui une fenêtre pour les combattants des FDLR, il faut qu?ils la saisissent, c?est le moment où jamais