Un rapport préliminaire de la MONUC exclut la possibilité d'un génocide à Bukavu

12 fév 2009

Un rapport préliminaire de la MONUC exclut la possibilité d'un génocide à Bukavu

Une équipe du Bureau des Droits de l?Homme de la MONUC dépêchée à Bukavu pour enquêter sur les allégations de violations de droits de l?homme dans la région, a conclu, dans son rapport préliminaire, qu?il n?y a pas eu de génocide à Bukavu comme l?a déclaré le général dissident des Forces armées de la République Démocratique du Congo, Laurent Nkunda.
Selon M. Roberto Ricci, le chef de la section humanitaire de la MONUC, les éléments préliminaires de l?enquête indiquent que toutes les communautés de Bukavu, notamment des civils, ont été touchées par les affrontements de ces derniers jours. Toutes les factions belligérantes ont commis des exactions dans la ville, a t-il ajouté. C?est ainsi que du 26 mai au 1er juin, lorsque la ville était contrôlée par les éléments de la 10ème région militaire, certains éléments des Forces armées de la RDC (FARDC) ont commis des attaques ciblées contre des civils. La MONUC a dénombré quatre personnes tuées et 12 blessées lors de ces exactions. M. Ricci a souligné qu?il n?y avait aucune indication pour affirmer que ces attaques ont été commanditées par le commandement militaire des FARDC. Il a cependant évoqué la volonté du Commandant de la région militaire, le général Mbuza Mabe, de maintenir l?ordre et de protéger tous les civils. C?est ainsi que le 29 mai dernier, il avait remis à la MONUC 51 familles Banyamulenge, pour leur protection. La MONUC a toutefois recensé des cas de pillages et de viols commis par les militaires des FARDC.

Du 2 au 10 juin, la ville de Bukavu était sous contrôle du général Laurent Nkunda et du colonel Jules Mutebutsi. Pendant cette période, a indiqué M. Ricci, les troupes des militaires dissidents des FARDC ont commis des tueries ciblées et des pillages systématiques, accompagnés de viol et d?humiliation. "Ceux qui s?opposaient aux pillages étaient tués", a indiqué M. Ricci ajoutant que quelque 147 maisons avaient été pillées.

Au total, les affrontements à Bukavu ont fait 143 victimes, dont 66 morts ainsi que 31 cas de viols, selon le rapport préliminaire de la MONUC. L?enquête sera poursuivie à Cyangungu après l?accord du gouvernement rwandais pour que la MONUC puisse accéder à son territoire malgré la fermeture de la frontière avec la RDC.

Faisant le point de la situation militaire à l?Est, le Porte-parole militaire de la MONUC, le Commandant Abou Thiam, a déclaré que la situation était calme, notamment à Kamanyola où l?on avait signalé des affrontements entre les forces loyalistes et les dissidents. Il a souligné que la MONUC avait participé à la protection des communautés et à limiter les pillages. C?est ainsi que
1 300 personnes ont été recueillies et abritées dans un camp de la MONUC. La Mission avait également apporté son assistance aux Forces armées congolaises, notamment en leur assurant le transport pour les visites des troupes. Cela s?inscrit dans les mesures de coordination entre le commandant des Forces de la MONUC, le Général Iliya Samaïlia et l?amiral Mata Liwanga, chef d?Etat-major des Forces armées congolaises, a révélé le Commandant Thiam.

Les trois semaines de violence à Bukavu ont eu des conséquences graves sur les populations vulnérables assistées par les agences humanitaires à l?Est du pays, a souligné Mme Patricia Tome, Directrice du Département de l?Information Publique de la MONUC. Il en est de même pour l?avenir des enfants congolais menacé par la fragilité du processus de paix, a indiqué Mme Tome, qui a rappelé que nous célébrons ce 16 juin 2004, la journée de l?Enfant africain.

Mme Tome a saisi cette opportunité pour inviter tous les Congolais à réfléchir sur l?avenir de la Transition en République Démocratique du Congo, se demandant, à la lumière des derniers évènements, si les acteurs de la transition seraient capables d?aller jusqu?au bout. Cette transition a, t-elle indiqué n?a pas d?alternative. Elle fustige l?attitude de ceux qui auraient intérêt à ce que "le bateau de la transition coule, corps et biens, pour en ramasser frauduleusement les miettes", à savoir "ceux qui se trouveraient au sein du processus de transition, ceux en dehors de la transition, ceux qui manipulent de près ou de loin la situation, tous ceux qui ne croient pas au Congo et qui n?ont aucune foi dans les Congolais et dans leur capacité à se mobiliser pour quoi que ce soit, y compris la paix".

Pour Mme Tome, les crises accélérées de ces derniers temps, n?ont qu?un objectif clair, déstabiliser cette transition, la mettre en péril, la mener à l?échec. "Alors, on utilise tous les moyens, l?ethnisme, les coups de force, le mensonge, la rumeur, on entretient la peur, on attise la haine, tous les moyens sont bons".

Evoquant les critiques dirigées contre la MONUC selon lesquelles la Mission ne remplit pas les attentes de la population, Mme Tome a admis que la MONUC n?est pas exempte de reproches. "Nul n?est exempt de critiques, nous les assumons, quand elles sont fondées, pas quand elles visent à déstabiliser tout un processus, celui de la transition, qui lui doit encore démontrer toute sa crédibilité, par l?action de ses acteurs au parlement, au gouvernement, dans l?armée et la police".

Mme Tome a prévenu que "si la MONUC s?en va, tout le reste s?en va, l?aide internationale, en premier, et les élections avec".