Alan Doss - « Ensemble, nous avons fait un bon bout de chemin »
Kinshasa, 23 juin 2010 - Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, Alan Doss, qui termine son mandat à la tête de la Mission onusienne à la fin du mois, a tenu à échanger une dernière fois avec la presse congolaise. Si l'heure n'est pas aux bilans, le chef de la MONUC a cependant évoqué les acquis de ses deux années et demi passées en RDC, en même temps que les défis auxquels fera face la MONUSCO qui prendra la relève au 1er juillet 2010. "Questions&réponses"
Mesdames et Messieurs de la Presse
Auditeurs de Radio Okapi, Bonjour !
Comme vous le savez, je m'apprête à quitter la RDC après avoir complété mon mandat à la tête de la MONUC. Mais auparavant, j'ai tenu à faire un dernier échange avec vous avant de partir.
Grâce à la confiance que m'a faite le Secrétaire Général, j'ai eu le privilège de participer et d'aider à la quête de la paix durable à laquelle le Gouvernement et le peuple congolais se sont engagés depuis plusieurs années. Certes, cette paix n'est pas encore totale, mais une grande partie du pays en jouit aujourd'hui. Des centaines de milliers de personnes déplacées ont pu rentrer dans leurs foyers. La violence s'est sensiblement réduite dans plusieurs territoires qui sont maintenant plus accessibles aux organisations humanitaires. Des milliers de combattants ont été démobilisés y compris des étrangers notamment les FDLR dont prés de 2300 combattants ont été rapatriés au Rwanda. Nous avons lancé le programme STAREC pour appuyer les efforts de stabilisation dans l'Est. Des centaines d'enfants soldats ont été démobilisés et nombreux sont ceux qui ont retrouvé leur famille.
Ensemble, nous avons fait un bon bout de chemin. Si la communauté internationale a joué un rôle non négligeable durant et toute au long de ce processus, ce qui a été fait n'a été possible que grâce à l'engagement des Congolais et des autorités congolaises. Je salue en particulier la décision courageuse du Président Kabila de promouvoir le rapprochement et le dialogue avec les pays voisins ; ce qui constitue une étape indispensable vers la restauration de la paix dans la région des Grands Lacs.
Ceci dit nous reconnaissons que la violence contre les civils surtout dans les Kivus et certaines zones de la Province Orientale reste toujours préoccupante. C'est pourquoi le Conseil de Sécurité a insisté dans sa résolution 1925 pour que la MONUSCO continue à donner la priorité à la protection des civils, et en particulier des femmes, qui sont en danger.
Cependant la résolution 1925 reconnait explicitement les progrès qui ont été réalisés depuis dix ans et cela doit se traduire par un changement qualitatif mais aussi stratégique dans l'appui des Nations Unies à ce pays ; c'est ce qui s'exprime à travers les tâches de stabilisation et de consolidation de la paix assignées à la MONUSCO. Ces objectifs se traduisent par l'extension et le renforcement de l'Etat, le respect de l'Etat de droit, la réforme du secteur de sécurité et l'appui au développement économique et social.
Evidemment la mort de Floribert Chebeya nous a tous profondément choqués et nous espérons que l'investigation va se terminer le plus rapidement possible et en toute transparence. Ceci est important pour la coopération entre la RDC et toute la communauté internationale.
Je sais que beaucoup d'entre vous s'attendent à ce que je fasse un bilan de mon séjour. Je laisse cela à vous les journalistes et aux historiens. Certes, il y a eu des hauts et des bas mais cela est inhérent à toute œuvre humaine.
Je quitte la RDC avec la satisfaction que nous avons accompli beaucoup, ensemble, mais en sachant aussi qu'il reste encore des choses à faire. Pour avoir sillonné ce pays de long en large et écouté les congolais de tous bords, je peux affirmer, sans prétention, que je comprends leurs aspirations et leurs choix. Ils recherchent la paix, la stabilité et les moyens de gagner leur vie et s'occuper de leurs familles.
Je renouvelle mes remerciements au Gouvernement et au peuple Congolais, aux collègues des Nations Unies, aux amis de la communauté internationale et à la société civile pour tout ce qu'ils ont fait pour faciliter l'accomplissement de ma mission.
Enfin pour nos amis dans les medias je reconnais les difficultés auxquelles vous devez faire face. Malgré ceci je vous encourage à continuer vos efforts puisque la liberté d'expression est un pilier indispensable d'une société démocratique et libre. Mais je vous demande d'utiliser cette liberté avec responsabilité et intégrité.
Dans quelques jours, le peuple congolais va célébrer les 50 ans de son indépendance. Permettez-moi donc de conclure mes propos en vous souhaitant une bonne fête et un bon anniversaire. Je suis convaincu que le grand Congo au carrefour de l'Afrique a un destin mondial ; ce qui se réalisera avec la détermination, le travail, la discipline et surtout la foi.
Que les 50 prochaines années soient pour ce pays une période de paix, de développement et de prospérité.
Merci et bonne chance.