CONFERENCE DE PRESSE MONUC JEUDI 05 NOVEMBRE 2009

4 mar 2010

CONFERENCE DE PRESSE MONUC JEUDI 05 NOVEMBRE 2009

Sous la modération du porte-parole, M. Madnodje Mounoubai, le point de presse de ce jour était animé par :
- M. Alain Le Roy, Secrétaire Général Adjoint des Nations Unies chargé de maintien de paix
- M. Alan Doss, Représentant Spécial du Secrétaire Général de l'ONU en RDC

Porte-parole: Bonjour, Mesdames. Bonjour, Mesdemoiselles. Bonjour, Messieurs. Bienvenus à notre rencontre cet après-midi.

Nous avons un invité spécial en la personne de M. Alain Le Roy, Secrétaire Général Adjoint des Nations Unies chargé des opérations de maintien de paix, qui est ici en visite en République Démocratique du Congo depuis une semaine.

Malgré son calendrier chargé — et nous nous excusons pour avoir reporté plusieurs fois la rencontre de cet après-midi — M. Le Roy a bien voulu trouver le temps nécessaire dans son calendrier pour être avec vous ce soir. Sans plus tarder, je lui passe la parole. M le Secrétaire Général Adjoint.

Le Secrétaire Général Adjoint : Merci. Bonjour à toutes et à tous. M. Alan Doss, d'abord merci de m'avoir accueilli pendant, au total je crois, six jours effectivement. J'ai souhaité venir ici en RDC parce que la MONUC est, comme vous le savez, la plus importante mission purement Nations Unies. Nous avons l'opération Darfur, qui est une opération hybride, mais la MONUC est une opération strictement Nations Unies. Et c'est la plus importante de celles que nous avons. Et c'est important pour moi de suivre l'évolution de la façon dont la MONUC remplit le mandat qui lui est confié par le Conseil de Sécurité ; et donc elle travaille avec les autorités congolaises.

J'étais venu il y a un an très exactement au cours de ma première visite, et je souhaitais voir les évolutions et les défis auxquels la MONUC est confrontée.

Evidemment, je ne vous apprends rien sur l'énorme changement depuis un an dans les relations diplomatiques entre la République Démocratique du Congo et ses voisins, et principalement le Rwanda. Il est clair que l'échange des ambassadeurs en est un témoin évident ces jours-ci. Evidemment, la situation que j'avais connue l'année dernière à Goma dans laquelle le CNDP était vraiment menaçant, y compris pour la ville de Goma, tout ça est maintenant le passé. Et, évidemment, ce sont des signes très positifs.
En même temps, on sait bien que maintenant, il y a — je vais y revenir bien sûr—l'opération Kimia 2, sur laquelle nous allons parler forcément, qui est une opération très complexe et sur laquelle je vais revenir.

Au préalable, je vais quand même dire aussi que je viens dans l'esprit des consultations avec les autorités locales et, bien sûr les représentants de la MONUC, quant à l'évolution du mandat de la MONUC. Puisque le mandat actuel de la MONUC vient à expiration au mois de décembre de cette année, qui va bien sûr être renouvelé. Je comprends que le Conseil de Sécurité est tout près de donner son accord au renouvellement du mandat de la MONUC, avec sûrement des ajustements qui tiendront compte de l'évolution de la situation sur le terrain et de la situation politique générale — la situation diplomatique, des rapports de la RDC et ses voisins, bien sûr ; et surtout de la situation sur le terrain. Mais, à ce stade, je pense que le renouvellement du mandat devrait être dans les termes assez proches de ceux d'aujourd'hui.

Néanmoins, je sens venir une convergence sur l'idée de la nécessité d'une reconfiguration de la MONUC, qui devra être traduite dans le fait par le futur mandat de la MONUC qui interviendra après celui qui sera renouvelé en décembre. C'est donc notre idée d'utiliser les prochains mois, avec les autorités de Kinshasa bien sûr, pour proposer au Conseil de Sécurité une reconfiguration de la MONUC, qui n'interviendra pas pour décembre, mais qui interviendra à la suite des discussions que nous aurons avec les autorités congolaises, je le répète, pendant les prochains mois.

Donc, c'est dans cet esprit que c'était important pour moi de sentir ce qui était possible ou pas possible ; quelles étaient les tâches qu'il paraissait essentiel que la MONUC remplisse. Aujourd'hui, comme vous le savez, dans le mandat de la MONUC, il y a 41 tâches différentes. Ca fait un volume d'activités très compliqué. Comme vous le savez, la situation est évidemment beaucoup plus apaisée. Et forcément, le rôle de la MONUC devra pouvoir être reconfiguré. Vous savez déjà que l'essentiel de la Force de la MONUC est déjà dans l'est du pays : 94 % de militaires, plus de 80% de civils sont déjà dans l'est du pays. Mais, en même temps, il faudra concentrer la MONUC sur quelques tâches prioritaires. Et ça, nous en avons déjà discuté avec les autorités de Kinshasa, mais ça va faire l'objet d'un dialogue approfondi dans les prochaines semaines et les tout prochains mois.

Un mot de plus sur l'opération Kimia 2, qui est une opération très importante. A la fois, je crois qu'elle a connu militairement des succès importants, puisque je parle sous le contrôle du Représentant Spécial, c'est plus de 1700 combattants qui, depuis le début de l'année, (...) qui ont été rapatriés. Et si on intègre leurs familles, c'est plus de 3500 personnes [des combattants et dépendants] qui ont été rapatriées au Rwanda — parmi les anciens FDLR. Donc, c'est, sur le plan militaire, depuis le début de l'année, il y a évidemment un succès important.

En même temps, nous ne cachons que notre premier mandat de la MONUC, c'est la protection des civils, et que, à l'évidence, dans ce domaine-là, il y a encore beaucoup à faire. Et c'est une tâche évidemment très compliquée, et chacun est au courant de ce qui s'est passé, de ce que nous avons découvert récemment à Lukweti, où il y a eu clairement des tueries des civils visés délibérément. Et ça, pour nous, nous avons toujours dit que, pour soutenir une opération des FARDC dans le cas de Kimia 2, il y avait trois critères très importants. Le premier, c'est que les opérations soient planifiées de façon conjointe. Et à notre sens, (...) nous n'avons évidemment pas participé à la planification de cette opération de Lukweti. Deuxièmement, nous ne pouvons pas soutenir une unité qui ferait des atteintes graves aux droits de l'homme — et ce qui s'est passé à Lukweti est à l'évidence une atteinte grave aux droits de l'homme. Nous avons, de notre Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l'Homme, des preuves selon lesquelles au moins 62 civils auraient été tués et visés délibérément. C'est une atteinte très, très exceptionnellement grave et que, évidemment, nous condamnons. Et donc, compte tenu de ces faits, nous avons décidé un certain nombre de mesures que je reprécise ici, pour que les choses soient parfaitement claires.

La première, c'est la suspension immédiate du soutien de la MONUC à la 213ème brigade. Ce soutien a été suspendu immédiatement. Deuxième élément, avec les autorités congolaises, et les FARDC en particulier, investigation conjointe lancée également immédiatement pour établir l'ampleur des faits et essayer de repérer les auteurs de ces faits.

Troisième point, je peux vous dire que, dès aujourd'hui, la MONUC va établir une base temporaire à Lukweti, justement pour rassurer les populations et pour éviter de nouveaux débordements.
Ces événements de Lukweti sont évidemment très graves. Et il nous a paru indispensable de prendre ces mesures. Evidemment, nous allons maintenant attendre les résultats ensemble de l'enquête conjointe entre les FARDC et l'ONU pour, à nouveau, établir vérité de l'ampleur des faits et, à nouveau, en repérer les auteurs.

Voilà quelques éléments. En même temps, ce que j'ai pu voir —ça, c'est le point positif —c'est que, j'ai été aussi bien à Dungu qu'à Goma, Bukavu et à plusieurs sites dans l'est du pays, et je dois dire que, à chaque instant, l'ensemble des représentants des populations civiles que j'ai pu rencontrer, (...) y compris des représentants élus ou nommés, mais surtout des populations civiles, m'ont fait part de leur attachement à la présence de la MONUC pour les rassurer, pour contribuer à la protection des civils, même si le cas de Lukweti montre qu'il y a des échecs dans cette protection des civils. Des échecs graves, bien sûr.

Je veux dire que tous ceux des civils que j'ai pu rencontrer nous ont dit que la MONUC remplissait un rôle indispensable et que, évidemment, nous allons continuer. Et c'est la raison pour laquelle la MONUC est si dispersée dans l'ensemble des Kivus — du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ca, c'était vraiment un point très important. J'ai pu voir en particulier un cas d'une base temporaire que j'ai pu visiter, par exemple, à Ntoto. Une base qui a été installée par la MONUC au mois d'août. Et, à nouveau, la population civile m'a fait part du changement extraordinaire que la présence de la MONUC a pu faire. Les citoyens sont évidemment rassurés. Ils m'ont expliqué qu'ils revenaient maintenant en nombre très significatif dans les villages qu'ils avaient évacués peu de temps auparavant suite aux menaces des représailles des FDLR.

Nous considérons que c'est toujours important de continuer cette opération pour terminer le travail contre les FDLR et, en même temps, nous devons — et c'est les directives du Conseil de Sécurité — augmenter encore notre méthode, notre façon de protéger les civils, même si chacun sait que les Kivus, c'est 10.000.000 d'habitants, et que la MONUC, tout compris, dans les jours qui viennent, on sera à près de 20.000 soldats et qui ne peuvent évidemment pas protéger chaque individu des Kivus. C'est évidemment une grande difficulté que nous avons.

Voilà, je vais peut-être m'arrêter à ce stade. Je vais demander si Alan Doss veut dire un mot à ce stade, peut-être ? Non ? Voilà un petit peu quelques premières impressions de ce voyage, et, bien sûr, je suis ouvert aux différentes questions que vous avez.

Question 1
LE POTENTIEL
: Merci M. le Secrétaire Général Adjoint. La question la plus importante, est-ce que vous avez rencontré les autorités locales et de quoi est-ce que vous avez parlé concrètement sur l'avenir des relations entre la MONUC et le gouvernement de la RDC ? Ca, c'est la première préoccupation.

La deuxième concerne la reconfiguration du mandat de la MONUC. Quel était le point essentiel sur lequel vous avez insisté avec les autorités locales ?

Question 2
ACP
: M. le Secrétaire Général Adjoint, je voudrais parler de cette affaire de Lukweti. Est-ce que vous n'avez pas l'impression que les Nations Unies ont agi avec précipitation ? Je pense que, quand il y a des bases opérationnelles quelque part, il y a des équipes conjointes de protection, qui sont composées notamment des soldats éventuellement des FARDC et des soldats de la MONUC, et quand il y a des massacres de près de 500 personnes, je m'imagine que la MONUC qui a des équipements appropriés peut être en mesure de réaliser le désastre. Alors, je voudrais vous poser une question qui a été reprise par un confrère de la place, pourquoi la MONUC, qui n'a pas la gestion des FARDC, décide-t-elle de sanctionner les FARDC au lieu de s'adresser au gouvernement, qui pourrait prendre des mesures, si vous voulez, conservatoires ? La MONUC a agi directement et a interrompu l'appui.

Question 3
AFRICA NEWS
: M. le Secrétaire Général Adjoint, (...) vous avez vu les autorités locales, mais il me semble, à moins que je ne me trompe, vous n'avez pas vu la première autorité de ce pays. Et vous pensez que cela est suffisamment ou les entrevues que vous avez eues suffisent pour faire un bilan de ce qui se passe au Congo ?

Le Secrétaire Général Adjoint : Alors, la première question, c'était, dans les rapports avec les autorités locales, de quoi avons-nous discuté ? Je ne peux pas vous dire l'entièreté de la teneur. Par définition, ça relève des entretiens normaux. Mais, évidemment, ce dont nous avons essentiellement parlé, c'était le renouvellement du mandat de la MONUC. Nous avons entamé un dialogue, qui avait déjà été entamé par le Représentant Spécial, M. Alan Doss, sur la vision des autorités locales, des autorités gouvernementales et parlementaires, sur ce qu'elles envisageaient pour le futur mandat de la MONUC, quel rôle futur pour la MONUC. Un rôle sans doute plus restreint, reconcentré sur un certain nombre de domaines. Donc, pour nous, il paraît évident, en particulier, que la protection des civils doit rester dans le cœur du mandat de la MONUC. Ca nous paraît très important. C'était ça l'essentiel des thèmes. C'était des consultations que j'ai souhaitées avoir avec les autorités locales, comme il est de norme avant chaque renouvellement du mandat et surtout si on envisage une reconfiguration significative de la MONUC, un dialogue nourri avec les autorités du pays souverain avec lesquelles nous travaillons. Nous n'intervenons toujours, par définition, qu'avec le plein accord des autorités souveraines des pays et, en l'occurrence, les autorités de Kinshasa.

La deuxième question portait sur Lukweti. Avons-nous agi avec précipitation ? Je veux dire, chacun a sa part de responsabilité. Nous ne pouvons agir qu'en ce qui concerne la MONUC ; nous n'avons pas d'autorité d'aucune sorte sur les FARDC. C'est les forces souveraines d'un gouvernement souverain. Simplement, pour nous, quand nous avons, par notre enquête interne, l'évidence qu'au moins 62 civils ont été tués, il était important pour nous de prendre la décision de suspendre immédiatement — c'est une décision qui relève de la MONUC — mais, bien sûr, cette décision n'a été prise qu'après information et consultations des autorités du pays ; et les autorités militaires du pays, le ministre de la défense, le chef d'état-major bien entendu, ont été informés avant que nous ne prenions cette décision. C'est comme nous le faisons régulièrement ; il n'était pas question de prendre cette décision avant d'en avoir informé les autorités, bien entendu les autorités militaires de ce pays, puisque c'était les militaires qui étaient concernés.

Troisième point. Pour le moment, j'ai rencontré un grand nombre d'autorités du pays. Pas le Président de la République. Il n'était pas à Kinshasa. Je crois qu'il était en déplacement, comme vous le savez. Mais j'ai vu le premier ministre, différents ministres, le président du Sénat, le président de l'Assemblée, et un grand nombre de représentants, y compris des représentants locaux — les gouverneurs au Nord-Kivu et au Sud-Kivu. Je crois que la vision n'est jamais parfaite, jamais suffisante. Mais c'était simplement pour moi, dans les quelques jours où j'étais là, l'occasion de les rencontrer et d'échanger avec eux, sachant que le Représentant Spécial le fait de façon quotidienne. Donc, ça me donne mon éclairage qui, évidemment, sera appuyé par l'éclairage d'Alan Doss qui va continuer à rencontrer toutes les autorités, y compris le Chef de l'Etat dès qu'il sera rentré à Kinshasa.

Question 4
L'EXPRESSION
: Je voulais juste poser la question, si vous avez eu le temps de contacter les anciennes milices de l'est, qui sont en train de passer par le brassage, qui ont donné leurs unités aux FARDC pour le brassage.

La deuxième question. Je voulais revenir sur Kimia 2. Maintenant, les FARDC ont intéressé aussi la MONUC. Vous avez dit que c'est une opération très complexe. Sur quoi la MONUC va essayer d'aider les FARDC avec le deuxième mandat ? Et si on peut avoir un peu l'idée sur le changement du mandat de la MONUC. Est-ce que ça sera une mission à caractère développement ? Ou une mission pour la paix et le développement ? Et surtout que la RDC est en post-conflit.

Le Secrétaire Général Adjoint : Je ne peux pas encore vous dire ce que sera le mandat de la MONUC, parce que ça fait l'objet des discussions avec les autorités du Congo. Je peux vous dire ce qu'il nous semble qu'il devrait en tous cas figurer dans le mandat. Mais, à nouveau, c'est sous réserve de l'accord... Il faut que ça soit l'avis des autorités. Je comprends que l'aspect protection des civils, l'aspect consolidation de la situation à l'est, l'aspect continuer à apporter l'assistance à la professionnalisation de l'armée et du secteur de sécurité, sont évidemment des domaines sur lesquels la MONUC continuera d'appuyer, y compris en matières des élections, par exemple pour les élections locales de 2010. Ce sont quelques-uns des domaines sur lesquels il paraît très important que la MONUC puisse continuer à apporter son assistance. Mais, à nouveau, c'est sous réserve de l'accord des autorités. Pour le moment, mes interlocuteurs que j'ai rencontrés m'ont paru sur cette même ligne. Mais, à nouveau, il faut qu'ils s'expriment officiellement et ensuite que ce soit validé par le Conseil de Sécurité.

Question 5
RTGA
: La première question, je voulais savoir pourquoi cette suspension de l'appui logistique de la MONUC à une brigade des FARDC intervient juste après le rapport de Human Rights Watch. Je voulais savoir si ce rapport n'a pas eu d'implication, n'a pas influencé cette décision. Et le gouvernement fustige le fait que vous avez mis en place une commission qui devait enquêter sur les faits, mais la MONUC suspend cet appui logistique. Pourquoi avoir pris cette décision au lieu d'attendre que la commission puisse donner le rapport ?

Et, en tant que patron de maintien de la paix, je voulais savoir, qu'est-ce que vous envisagez en ce qui concerne la LRA, en Province Orientale ? Puisque vous n'avez parlé que des Kivus aujourd'hui. Il y a aussi des exactions là-bas ; qu'est-ce que vous envisagez ? L'intervention de la MONUC.

Le Secrétaire Général Adjoint : Premier point, je précise, la décision de suspension, comme vous le savez, a été prise avant que le rapport de Human Rights ne soit publié. Donc, ce n'est pas en réaction. C'est avant. Et la décision a été prise. Pourquoi nous l'avons prise, c'est que nous avions un rapport interne, comme je l'ai dit, du Bureau Conjoint des Droits de l'Homme de l'ONU, qui est une enquête interne. Vous avez vu d'ailleurs que nos chiffres ne correspondent pas à ceux de Human Rights Watch. Nous ne validons pas, à ce stade, les chiffres de Human Rights Watch. Nous n'avons pas d'éléments pour les valider. Nous disons, nous, au moins 62 personnes. Ce sont des chiffres, à nouveau, de notre enquête interne. Ce sont des faits découverts par notre enquête interne, dont les résultats nous ont été communiqués il y a quelques jours. Et il y a quelques jours, dès que nous avons eu les résultats de cette enquête interne, nous avons pris immédiatement la décision de suspendre — la décision de la MONUC de suspendre, je rappelle —le soutien à cette brigade.

Deuxième point, la LRA. Effectivement, vous avez raison de le mentionner. J'ai été également, avec le Représentant Spécial et le Commandant de la Force, à Dungu, où j'ai pu me rendre compte que la LRA continue à mener des actions contre la population de Haut-Uélé en particulier. Je peux vous dire que la MONUC, comme vous le savez, a le contingent marocain qui fait un gros travail à Dungu, et nous envisageons de renforcer ce contingent marocain par d'autres forces au sein de la MONUC justement pour renforcer l'action contre la LRA. Je comprends que la LRA est quand même beaucoup diminuée dans le Haut-Uélé, qu'elle a été dispersée en petits groupes ici ou là, que son nombre est beaucoup moins important qu'auparavant. Mais néanmoins, il subsiste des poches — de petites poches — de la LRA qui continuent à harceler les populations. Donc, il est important que les FARDC continuent leur travail, avec le soutien de la MONUC également bien entendu.

Question 6
TROPICANA:
M. le Secrétaire Général Adjoint des Nations Unies, chargé de maintien de la paix, vous venez de faire une tournée en République Démocratique du Congo, et pendant votre tournée, il y a une poche de désordre qui est née au niveau de Dongo au niveau de l'Equateur, où il y a eu mort d'hommes. Est-ce qu'il y a des dispositions particulières que la MONUC a prises à ce sujet pour éclaircir la situation qui est toujours confuse à Dongo ?

Le Secrétaire Général Adjoint : Je vais peut-être laisser, sur ce point, répondre M. le Représentant Spécial.

Le Représentant Spécial : Merci. Nous n'avons pas d'unité dans toute cette zone. Comme vous le savez, c'est une zone très vaste. Mais nous allons faire un appui pour la PNC pour y arriver, mais pour l'instant nous n'avons pris d'action parce qu'on ne nous a pas demandé d'intervenir. Et, comme je le disais, on n'a pas d'unité dans tout ce secteur-là. La plupart de nos forces sont dans la partie Est du pays. Nous avons un petit dispositif à Mbandaka et, je pense, à Gemena. Mais jusqu'ici, à ma connaissance, les autorités ne nous ont pas demandé un appui direct.

Question 7
REUTERS
: Première question, concernant vos remarques sur votre visite, vous faisiez état, allant de l'intervalle de votre dernière visite, d'améliorations par ce que vous constatiez, ce que vous disait la population. Parallèlement, les chiffres qu'on a par exemple sur les crimes, notamment sexuels, contre ces populations, un sondage très sérieux d'OXFAM faisait plutôt état d'une détérioration sur la même période, notamment depuis le début des opérations conjointes. Et je voulais savoir comment vous expliquez cette divergence.
Et puis, d'autre part, vous avez donc expliqué le processus. Il y a eu une enquête interne qui a amené à votre décision concernant la 213ème brigade, est-ce que, à votre connaissance, il y a d'autres enquêtes similaires en cours ou prévues ?

Question 8
ECHOS DES GRANDS LACS
: Monsieur le Roy, je voudrais revenir sur l'opération Kimia 2. Vous avez parlé de Kimia 2 en parlant même des combattants Hutu rwandais qui seraient rentrés au Rwanda, à peu près 1700...

Le Secrétaire Général Adjoint : Depuis le 1er janvier.

ECHOS DES GRANDS LACS : ...Depuis le 1er janvier, mais vous n'avez pas dit combien il en reste. Ca, c'est un premier point.

Deuxième point, c'est que la MONUC n'a pas encore donné le bilan de Kimia 2 depuis qu'il a commencé avec les FARDC, en dehors du rapport du professeur Alston Philips, dont on a parlé et en dehors des rapports des ONG. Mais de la part de la MONUC, on n'a pas encore de rapport de Kimia 2. Qu'est ce qu'il en pense avec tous ces chiffres dont mon confrère vient de parler ? Et quel est le sens d'attendre 5 mois pour prendre les mesures que vous avez prises en ce qui concerne la détérioration des droits de l'homme dans le Nord-Kivu ?

Le Secrétaire Général Adjoint : Première question, ça portait sur l'écart entre mon appréciation et certains sondages. Mon appréciation portait sur une partie de la situation sécuritaire dans la région. Bien sûr Kimia 2 est une opération militaire avec des conséquences. On en a parlé. Le point simplement que je voulais dire, c'est qu'au moment où j'étais là l'année dernière, le CNDP était aux portes de Goma, menaçait la population. Il y avait un très grand nombre de personnes déplacées. Il me semble, je parle sous le contrôle du Représentant Spécial, que depuis les accords du 24 mars en particulier, le processus d'intégration, qui est très largement en cours, la plupart, me semble-t-il, et c'est là que je parle sous le contrôle du Représentant spécial, la plupart des personnes déplacées au moment des opérations du CNDP dans la région de Goma, Rutsuru et ailleurs, la quasi totalité est retournée dans leurs foyers. J'appelle ça une amélioration de la situation. Ca me parait très important ; c'est ce genre des choses qui témoignent évidemment d'une amélioration de la sécurité.

Je sais bien que l'opération Kimia 2 a... qu'une opération militaire a toujours des effets sur la situation sécuritaires y compris des effets parfois non désirés. Mais c'est ce point là que j'avais en tête. C'est l'amélioration par rapport à surtout l'année dernière quand j'étais là, le CNDP était aux portes de Goma. C'est sur ce point là que je disais qu'il y a amélioration.

Deuxième point, c'est sur les enquêtes. Pour nous, l'enquête qu'il y a eu, c'est une enquête, je le rappelle, du Bureau Conjoint des Droits de l'Homme. Sinon, nous lançons maintenant une enquête conjointe FARDC-ONU. Tout ça, bien sûr, dans le cadre de la politique de lutte contre l'impunité lancée par son Excellence Monsieur le Président de la République lui-même sur la politique de Tolérance zéro à l'égard des cas d'indiscipline grave ou d'attentats aux droits de l'homme. Nous nous plaçons évidemment dans ce cadre-là. C'est dans ce cadre là que se place l'enquête conjointe FARDC-ONU. Je n'ai pas connaissance d'une troisième enquête, bien sûr sauf les enquêtes faites par les ONG, celle de Human Rights Watch, bien sûr, mais je n'ai pas connaissance d'autres enquêtes en cours.

Question 7 (précision)
REUTERS
: Je pensais à une procédure similaire sur d'autres cas.

Le Secrétaire Général Adjoint : Ce que je sais, là je parle encore sous le contrôle du Représentant Spécial. Le Bureau Conjoint pour les Droits de l'Homme a pour fonction, dès qu'il est alerté des cas significatifs d'attentats aux droits de l'homme, d'enquêter. Je ne sais pas où il en est exactement aujourd'hui mais c'est sa fonction même d'enquêter dès qu'il est alerté que des faits menacent de se produire ou se produisent.

Pourquoi avoir attendu 5 mois [pour] Lukweti? Un peu pour la même raison. Notre Bureau Conjoint des Droits de l'Homme intervient lorsqu'il est alerté qu'il y a des faits qui se produisent, des faits significatifs, importants qui se produisent notamment en matière d'atteinte aux droits de l'homme.

Il se trouve que la mission finalement a été alertée relativement tard. Et donc, c'est finalement au mois d'octobre que le bureau a pu commencer son enquête sérieusement pour vérifier les faits ; je note d'ailleurs, au passage, pour Human Right Watch, que c'est également au mois d'octobre qu'ils se sont saisi des faits. Dès que les faits sont remontés de façon significative au siège, l'enquête a été lancée des Bureau des Droits de l'Homme, et immédiatement dès que le rapport est sorti, nous avons pris la mesure que vous connaissez.

Sur le bilan de l'opération Kimia 2, je vais peut-être demander à Alan Doss de faire un commentaire.

Le Représentant Spécial : Merci beaucoup. Pour Kimia 2, le bilan... Au fait, on en a parlé plusieurs fois ici. Moi-même je vous ai livré plusieurs évaluations au fur et à mesure que l'opération se d&