CONFERENCE DE PRESSE MONUC MARDI 03 NOVEMBRE 2009

3 nov 2009

CONFERENCE DE PRESSE MONUC MARDI 03 NOVEMBRE 2009

Madnodje Mounoubai, porte-parole: Bonjour, mesdemoiselles. Bonjour, messieurs. Bonjour à nos auditeurs de Radio Okapi qui nous suivent en direct. Le point de presse de ce mardi sera animé par le Lt. Colonel Jean-Paul Dietrich, et moi-même, Madnodje Mounoubai, porte-parole de la MONUC.

Nous avons aujourd'hui un hôte spécial, le Représentant Spécial Adjoint du Secrétaire Général des Nations Unies en RDCet Coordinateur des Affaires Humanitaire, M. Ross Mountain. Il va de quitter le pays après environ 5 ans de travail en République Démocratique du Congo, mais avant cela, il a tenu à s'adresser à la presse congolaise une dernière fois.

Nous vous parlerons très brièvement des activités de la MONUC et de la situation militaire, avant de lui accorder la parole. Suivront ensuite vos questions, comme d'habitude.

Visite du Sous-secrétaire Général des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la paix

M. Alain Le Roy, Sous-secrétaire Général des Nations Unies chargé des opérations de maintien de la paix, est en visite en RDC depuis le vendredi 30 0ctobre 2009 pour une durée d'une semaine. Durant cette période, il aura à visiter l'Ituri, le Nord et le Sud Kivu, avec des sorties vers le Rwanda et le Burundi.

Arrivé le 1er novembre tôt dans la matinée à Goma, M. Le Roy s'est immédiatement rendu à Ntoto et à Nyabiondo dans le Masisi, deux bases de la MONUC où sont actuellement déployées des équipes conjointes de protection (JPTs). Il a eu ainsi l'occasion de discuter des mécanismes de protection mis en place par les Casques bleus en coordination avec les populations locales, qui ont partagé avec lui leur appréciation des efforts déployés par la MONUC mais également leurs souffrances ainsi que leurs préoccupations sécuritaires.

A l'issue de cette visite, il a annoncé la suspension du soutien de la MONUC à la 213ème Brigade des FARDC suite aux conclusions d'un rapport préliminaire du Bureau Conjoint des Droits de l'Homme la mettant en cause dans de nombreux cas de violations des droits de l'homme sur la population civile.

Avant de partir pour les provinces, il a été reçu ici à Kinshasa successivement par le ministre de l'intérieur, le premier ministre, le président du Sénat et le président de l'Assemblée nationale.

M. Le Roy revient à Kinshasa ce mercredi. A son programme est prévu une rencontre avec le Président de la République et il donnera une conférence de presse ce vendredi avant de quitter la RDC dans la soirée. La conférence de presse aura lieu ici dans cette même salle le jeudi 5 novembre à 14h30 et vous y êtes tous cordialement invités.

Activités des composantes de la MONUC

En Ituri, la MONUC poursuit son soutien technique à la justice militaire dans le cadre de la lutte contre l'impunité. Le 27 octobre dernier, elle est descendue à Gety avec un magistrat de l'auditorat militaire de Bunia pour des enquêtes en vue d'un procès sur des violations des droits des enfants, particulièrement le cas d'un viol sur mineur.

Le 28 octobre dans le même territoire, l'Unité de Protection a eu une session de travail avec l'unité de Sensibilisation de la Cour Pénale. Le but de la session était de réfléchir sur la meilleure manière d'assurer la protection des enfants en situation de conflit armé. A l'issue de la rencontre, elles ont convenu de tenir conjointement dans les prochains jours une session de formation sur les droits des enfants et la protection de l'enfant en faveur des enseignants des écoles secondaires et primaires. L'idée est que ces bénéficiaires puissent, par la suite, transmettre la connaissance acquise à leurs élèves respectifs.

Le 29 octobre à Duru (localité située à 90km de Dungu-Centre) en Province Orientale, une formation de deux jours a été organisée pour quelque 300 éléments de la 93ème brigade des FARDC récemment déployée dans cette zone. Cette formation financée par le HCR et qui s'inscrit dans le cadre de l'opération Rudia 2 visait le renforcement des capacités des FARDC pour la protection des civils et en droit international dans le cadre d'une stratégie de protection préventive. Elle a été assurée à la fois par le la MONUC, OXFAM-Québec et le CICR.

Quant au retour des combattants rwandais, hormis d'autres groupes, à la date du 29 0ctobre, les FDLR rapatriés cette année jusqu'à la fin d'octobre par le DDRRR sont au total 1303 combattants, accompagnés de 1822 dépendants. Un tableau plus global des combattants rapatriés vous sera remis à la fin de ce point de presse.

Situation militaire

Au Nord-Kivu, dans la nuit du 29 octobre 2009, les éléments des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) ont attaqué le camp des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) de Mbughavinya, situé au Nord-ouest de Kanyabayonga. Les éléments de cette rébellion rwandaise ont par la suite attaqué un autre camp des FARDC à Bushekera, situé à 2 kilomètres au Sud-est de Mbughavinya tuant cinq civils et brûlant 152 huttes. Les FDLR auraient mené ces attaques en guise des représailles à l'attaque des FARDC sur leur camp dans la région de Mashuta, menée du 28 au 29 octobre 2009, lors de laquelle environ dix éléments des FDLR auraient été tués. Toujours le 29 octobre 2009, d'autres accrochages se sont produits entre les forces gouvernementales congolaises et les éléments des FDLR dans la région de Lusoa, située à 33 kilomètres à l'Ouest de Kanyabayonga ; les FDLR auraient attaqué deux camions civils en provenance de Butembo vers Lubero, situé à 280 kilomètres de Goma, tuant un civil et blessant cinq autres.

Au Sud-Kivu, les attaques et les enlèvements perpétrés par les FDLR se sont poursuivis pendant la semaine sous examen dans les territoires de Mwenga et de Kalehe, accélérant la transformation de ces malfaiteurs rebelles rwandais, autrefois réunis dans un groupe armé organisé et redouté, en des bandes criminelles qui se vengent sur la population civile.

Mais suite aux opérations de ratissage conduites dans le territoire de Fizi et dans d'autres, le commandement des opérations KIMIA 2 au Sud-Kivu a rapporté que les éléments des FDLR ont été expulsés des zones économiques majeures de la province et que beaucoup ont été soit tués, ou arrêtés avec leurs armes et munitions.

Et malgré les difficultés humanitaires collatérales, de plus en plus des ex-combattants et des réfugiés civils optent pour leur rapatriement au Rwanda.

D'autre part, les défis à protéger effectivement certaines populations civiles des attaques des unités des FDLR disparates et en fuite demeurent une réalité préoccupante. La Brigade de la Force de la MONUC du Sud-Kivu de Mwenga a appris le 24 octobre 2009 les attaques sur plusieurs villages menées dans la nuit du 21 au 22 octobre 2009 par des éléments criminels en fuite. La même nuit, ces éléments ont attaqué le village Ilambo, situé à 40 kilomètres au Sud de Kamituga, pillant et brûlant neuf maisons. Ils ont par la suite enlevé 15 personnes au village Iseke, situé à 14 kilomètres au Nord de Kibanda et 20 kilomètres à l'Ouest de Mwenga. Dans la nuit du 22 au 23 octobre 2009, ils ont pillé et brûlé sept maisons à Kilumba, situé à 56 kilomètres au Sud-est de Kamituga, et ont également, dans la nuit du 23 au 24 octobre 2009, pillé et brûlé vingt maisons à Masenya, situé à 7 kilomètres au Nord-est de Kitutu.

Par ailleurs, les problèmes liés au paiement de solde des FARDC ont persisté. La désertion de six soldats des FARDC de leurs positions de Kihanda, dirigée par un officier à cause du non paiement de solde, a été confirmée par le commandement des FARDC. Ces soldats ont emporté deux mitrailleuses, un lance-roquettes, huit armes AK-47 et des munitions. Ils ont laissé derrière eux une lettre dénonçant les problèmes liés à la solde pour justifier leur action. En plus, le 30 octobre 2009, les combattants intégrés de l'ex-Congrès National de la Défense du Peuple (CNDP), qui n'ont pas été payés depuis cinq mois, auraient pillé dans la nuit du 27 au 28 octobre 2009, le camp des déplacés de Delaposte, situé à 3 kilomètres à l'Est de Minova.

A signaler que le paiement en retard ou irrégulier, et parfois le non paiement de la solde des soldats des FARDC, ceux engagés dans l'opération KIMIA 2 ou les soldats réguliers, demeurent l'une des causes de plusieurs actes d'indiscipline, de la désobéissance aux ordres, de vol et de pillage par les troupes gouvernementales dans le Sud-Kivu pendant les mois passés.

Entre-temps, les efforts visant à réduire les violations des Droits de l'Homme par le personnel des FARDC ont été concrétisés la semaine dernière. Des représentants du Bureau de la MONUC du Sud-Kivu ont participé à une réunion préparatoire pour l'établissement d'une commission d'enquête mixte MONUC-FARDC sur les violations des Droits de l'Homme par les forces gouvernementales en rapport avec l'Opération KIMIA 2.

Propos liminaires du Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, M. Ross Mountain.

Merci. Bonjour à tous ici présents et, à travers les ondes, aux auditeurs de Radio Okapi qui nous écoutent partout dans le pays. Je suis heureux de m'adresser à vous tous une dernière fois. Je vais effectivement quitter la République Démocratique du Congo ce vendredi. Je suis la pour répondre à vos questions et j'imagine qu'elles seront nombreuses car l'actualité ne manque pas.

Si vous le permettez quand même, je voudrais d'abord dire quelques mots. Les drames de l'actualité et le cycle des nouvelles nous font parfois oublier de prendre un peu de perspective. Face aux défis énormes encore devant nous, il est facile d'oublier d'ou nous venons et les progrès accomplis.

Après cinq années ici, je quitte votre pays avec pas mal d'optimisme. J'ai vu la RDC faire des progrès énormes : j'ai vu le pays sortir d'une guerre qui avait engagé tous les pays de la région et qu'on qualifiait alors de première guerre mondiale africaine ; j'ai vu le pays organiser ses premières élections démocratiques pour se doter d'un gouvernement souverain ; j'ai vu des régions entières pacifiées dont les populations ont pu regagner leur foyer ; j'ai vu les premiers progrès sur le chemin du développement avec des millions d'enfants vaccinés et qui retournent a l'école. Certes de nombreux défis demeurent, notamment dans les provinces de l'Est, qui ne sont pas complètement pacifiées, et il reste, au niveau national, de grandes réformes à faire, comme celle de l'armée et de la police.

Je reste impressionné par les progrès accomplis grâce à l'engagement des congolais et de leur dirigeants et je suis fier d'avoir contribué du travail accompli ces dernières années en partenariat avec les congolais par les Nations Unies. Je voudrais citer ici d'abord le processus électoral et les élections de 2006, qui ont permis d'établir des institutions démocratiques élues et souveraines, et l'appui que nous avons apporté à la Commission Electorale Indépendante pour ce qui reste la plus grande opération d'assistance électorale jamais mise en œuvre par les Nations Unies. Je voudrais évoquer les opérations humanitaires massives, certes encore malheureusement nécessaires, mais qui ont aide par exemple 19 millions de congolais en 2008 et qui ont permis de sauver des centaines de millier de vies et de redonner de l'espoir à des millions, notamment les enfants qui, sans cette aide, n'auraient pu grandir, se développer, aller à l'école... Je voudrais aussi mentionner l'appui des Nations Unies au plan gouvernemental STAREC de Stabilisation et Reconstruction de l'Est, qui aide l'Etat à restaurer son autorité dans les zones auparavant contrôlées par des groupes armés.

Le pays s'est définitivement engagé sur la voie de la paix et du redressement. La tache n'est pas facile et beaucoup reste à faire. C'est un processus encore fragile. Mais après avoir travaillé pendant cinq ans à vos cotés, je connais le courage et l'engagement des congolais et des congolaises. C'est ce qui me permet d'avoir de l'espoir pour l'avenir.

Comme un ami, je ne peux qu'engager tous les citoyens et les dirigeants à continuer à mettre en œuvre les grands chantiers nécessaires pour que la paix prévale partout, pour que l'Etat démocratique se renforce, pour que les richesses énormes de ce pays puissent bénéficier a tous.

Nous voulons tous la paix, mais la paix ne tombe pas du ciel. Il nous faut travailler pour construire la paix, et cela engage non seulement les dirigeants mais aussi chacun et chacune dans ce pays.