CONFERENCE DE PRESSE MONUC MERCREDI 28 OCTOBRE 2009

28 oct 2009

CONFERENCE DE PRESSE MONUC MERCREDI 28 OCTOBRE 2009

Kevin Kennedy, Directeur de l'Information Publique: Bonjour, mesdemoiselles. Bonjour, messieurs. Bonjour à nos auditeurs de Radio Okapi qui nous suivent en direct. Le point de presse de ce mercredi sera animé par le Commandant Ben Mohamed Moez, notre collègue Stefania Trassari d'OCHA, et moi-même Kevin Kennedy, Directeur de l'Information Publique de la MONUC.

Lors de ce point de presse, nous traiterons des points suivants :

- Les activités des responsables de la MONUC
- Stabilisation de l'Est
- Activités des composantes de la MONUC
- Situation militaire
- Situation humanitaire

Activités des Responsables de la MONUC

Pour ce qui concerne les activités des responsables de la MONUC, comme vous avez tous vu, le 24 octobre dernier, samedi, il y a des célébrations partout dans le pays pour la Journée des Nations Unies, et ici à Kinshasa également. Dans son discours au Palais du Peuple à l'occasion de la Journée des Nations Unies qui a été organisée à Kinshasa par le Ministère des Affaires Etrangères et la MONUC, le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies, M. Alan Doss, a attiré l'attention sur les activités du système des Nations Unies dans tous les domaines, comme la santé, les élections et la gouvernance, l'action humanitaire et les autres domaines en République Démocratique du Congo. Il a souligné également l'importance de l'implication du peuple dans la réalisation des idéaux de la Charte. C'est pourquoi il a salué la présence dans la salle des représentants de différents secteurs de la société congolaise, notant que la réalisation des principes de la Charte dépend de l'engagement des peuples qui s'informent, qui s'expriment et qui travaillent ensemble.

A son tour, le Ministre des Affaires Etrangères M. Alexis Thambwe Mwamba s'est félicité de la célébration de cette journée en mettant notamment en avant les objectifs de l'ONU et son organisation. Le Ministre a également déclaré que « soixante-quatre années d'existence ont consacré la légitimité des Nations Unies qui sont au cœur de ce multilatéralisme dont la RDC a fait une priorité de son action internationale. » Le Ministre a également noté que « cette journée est pour nous l'occasion de rendre hommage à l'œuvre accomplie et de rappeler les espoirs dont l'organisation est porteuse. »

Stabilisation de l'Est

Tandis que la MONUC encourage le retour à titre volontaire des populations vers leurs milieux d'origine sécurisés, elle reste, autant que les autorités locales, attentive aux enjeux qui doivent être pris en considération avec ces retours. Au Nord-Kivu, lors d'une réunion tenue le 21 octobre par le Bureau de la MONUC, le Haut Commissariat aux Refugiés et le Ministre de l'Intérieur de cette province, il a été abordé le problème des conflits de terre suite au retour spontané des refugiés congolais des pays voisins, à côté des déplacés internes. Plusieurs pistes de solution ont été proposées, entre autres, améliorer la communication sur la question des refugiés entre les gouvernements de la RDC et des pays voisins ; établir des comités locaux de réconciliation prévus dans les Accords du 23 mars; restaurer l'autorité de l'Etat dans les zones de retour en vue d'améliorer la protection des civils et empêcher la présence des hommes armés dans les camps des déplacés et des refugiés.

Le Représentant Spécial Adjoint, M. Ross Mountain, qui a effectué une visite de trois jours dans cette province la semaine dernière, a aussi suggéré la tenue des sensibilisations dans les camps de refugiés et dans les zones de retour. Des mécanismes pour résoudre les conflits de terre sont une nécessité pour éviter un cycle vicieux de conflits qui s'éternisent.

D'autre part, la MONUC salue la mesure prise par le Gouvernement et qui, après un mois de médiation de la part de la MONUC, des chefs des anciens groupes armés du Nord-Kivu et des autorités locales, a permis le 16 octobre dernier la libération de neuf policiers ex-PARECO arrêtés le 15 août pour usage illégal des grades dans la Police et menaces contre le gouvernement de la RDC. La MONUC assure une coordination avec les autorités provinciales et les chefs des ex-groupes armés afin de trouver les meilleurs moyens de poursuivre le soutien logistique afin de contrer la violence dans les zones de Lubero, Masisi et Walikale.

Activités des composantes de la MONUC

Nous vous donnons maintenant un aperçu de quelques activités réalisées par la MONUC dans ses différents domaines.

La semaine passée a vu le plus grand nombre des rwandais rapatriés en une semaine depuis juillet 2009 par l'Unité DDRRR au Nord-Kivu : pour cette seule semaine, 111 rwandais dont 64 combattants ont été ramenés chez eux. Ce résultat fait suite aux opérations en cours contre les FDLR dans plusieurs zones et aux activités de sensibilisation continuellement menées par le DDRRR.

A ce jour, le nombre des combattants FDLR rapatriés au Rwanda par l'unité DDRRR cette année a atteint 1695 personnes, à côté desquelles se trouvent 1743 dépendants. Du côté des civils, à titre séparé, le HCR a ramené 11821 rwandais chez eux.

La MONUC, à travers ses unités spécialisées, continue son plaidoyer et l'assistance au processus de démobilisation des enfants dans les groupes et forces armés. Au Maniema, le 19 et le 20 octobre, la MONUC a réussi à identifier et séparer six mineurs âgés de 17 ans et qui se seraient affiliés au groupe Mayi-Mayi Rai Mutomboki à Wamaza depuis 2006. Tous seraient originaires du territoire de Kabambare.

A ce jour, le centre de Regroupement des ex-combattants de Wamaza a enregistré un peu plus de 700 ex-combattants répartis de la manière suivante, selon les options choisies par les concernés :

- 31 volontaires pour intégrer les FARDC
- 32 démobilisés avec armes
- 440 démobilisés sans armes, pris en charge par le programme Réinsertion PNUD.
- Comme nous l'avons dit, 17 Enfants Associés aux Forces et Groupes Armés ont été sortis du centre sur les 25 identifiés.
A ce jour, on compte 183 personnes dans le centre dont 08 femmes et 08 enfants soldats.

Sur un autre registre, à Kindu, conformément à son programme de formation, la Police MONUC a organisé du 21 au 23 octobre, une session de recyclage des officiers de la police judiciaire de la PNC sur le thème : Organisation et Compétences Judiciaires. Lors de sa présentation à ce séminaire, le Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l'Homme a insisté sur la nécessité de respecter les Droits de l'Homme et les garanties judiciaires dans le travail de l'OPJ.

Le Bureau de la MONUC a également soutenu du 20 au 22 octobre l'atelier organisé par l'Institut des Etudes Juridiques Internationales du Département de la Défense des Etats Unis d'Amérique sur ''l'Etat de Droit et la justice militaire dans une force militaire professionnelle.'' L'objectif de cet atelier à l'intention d'une cinquantaine d'officiers des FARDC commandant différentes unités dans la province était de les former sur le droit et la justice militaire pour l'avènement d'une armée disciplinée à travers la responsabilisation des officiers commandants de troupe.

A Nyunzu, situé à 194 km à l'ouest de Kalemie, une équipe conjointe Police des Nations Unies, Droits de l'Homme et Etat de Droit avait initié le 20 octobre un atelier sur le Droit Pénal dans le contexte des violences sexuelles afin de renforcer les capacités des 40 bénéficiaires de la Police Nationale Congolaise.

Situation militaire

Dans la Province Orientale, la situation sécuritaire dans le district du Haut-Uélé est demeurée relativement stable malgré la présence résiduelle de combattants de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) dans la région de Nagero – Faradje. Quelques redditions ont été enregistrées notamment après le début de la diffusion des programmes DDRRR. Ainsi, une jeune recrue de la LRA âgée de 16 ans, s'est rendue aux Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) avec son arme à Aba. En outre, une information provenant de l'Organisation pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) faisant état d'une attaque de la LRA contre le village Aba, à 15 kilomètres au Nord de Banda le 7 octobre 2009, lors de laquelle cinq personnes auraient été tuées et vingt autres enlevées, n'a pas pu être confirmée par une mission militaire dépêchée sur les lieux. En effet, un détachement marocain de la Force de la MONUC s'est rendu sur place du 20 au 21 octobre 2009, et s'est entretenu tant avec les autorités qu'avec les villageois. Le détachement apprendra qu'aucune attaque de la LRA n'a été menée le 7 octobre 2009 à Banda comme rapporté par OCHA. La population a déclaré que depuis le mois de septembre 2009, la situation demeure calme à Banda et ses environs.

Par ailleurs, dans le district du Bas-Uélé, la situation est globalement calme. Des allégations de la présence de la LRA dans la zone d'Ango restent à être confirmées. C'est la raison pour laquelle des préparatifs pour redéployer des unités de la Force de la MONUC dans cette zone sont largement entamés, et en conséquence, la tendance est globalement à la baisse depuis la première semaine d'octobre en termes d'activités de la LRA et de personnes tuées ou enlevées par ce groupe armé.

En Ituri, les milices armées semblent s'être réimplantées dans leurs sanctuaires initiaux dans la partie centrale du territoire d'Irumu. Des actions de harcèlement ont été relevées dans la région de Nyakunde et Sezabo. Cependant, les actions des miliciens relèvent plus du banditisme de grand chemin que d'actions militaires. C'est le cas de l'attaque menée le 6 octobre 2009 à Sezabo, situé à 14 kilomètres au Sud-est de Marabo par plusieurs miliciens du Front Populaire pour la Justice au Congo (FPJC) et qui après avoir pillé l'argent et les biens personnels, ont enlevé deux personnes qui étaient forcées à transporter les biens volés. Actuellement, les habitants ont abandonné Sezabo et vivent dans les villages avoisinants de Malumbabo, Hamado et Nyakunde. En plus, un camp de FPJC abritant 26 miliciens a été identifié près de Butembo, situé à 15 kilomètres au Sud-ouest de Sezabo. Par conséquent, des mesures palliatives sont entreprises par les FARDC appuyées par la Force de la MONUC dans le cadre de l'opération « Pierre d'Acier », à travers des actions d'interception nocturnes sur les itinéraires d'infiltration probable. D'autre part, le déploiement d'une deuxième unité de Bangladesh de la Force de la MONUC est en cours et s'achèvera normalement vers fin octobre 2009. Une fois accompli, il permettra de réarticuler le dispositif plus au Sud et de couvrir une bonne partie des axes routiers principaux au Sud de Bunia.

Au Nord-Kivu, la situation sécuritaire a été caractérisée par de nombreux incidents violents enregistrés tant de la part des Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) que des autres groupes armés. Dans leur majeure partie, les actions des FDLR se résument à des actes de violence et de harcèlement contre les populations locales. Cependant, quelques attaques ciblées contre les unités des FARDC ont également eu lieu.

Les FARDC et les sources locales ont rapporté que dans la nuit du 22 au 23 octobre 2009, dix éléments des FDLR ont pillé les villages Ruvungi, Shabunda, Katanga, situé à 30 kilomètres au Nord de Walikale et ont tué un civil de 20 ans. Les soldats des FARDC basés à Tenderukara ont poursuivi les assaillants jusqu'à Katanga, et en ont tué un et blessé deux autres. Le 23 octobre 2009, les FDLR ont attaqué le poste des FARDC à Kisheguru blessant un soldat des FARDC. Dans l'opération de ratissage menée par les FARDC le lendemain, 24 octobre 2009, entre Kisheguru et Katweguru, les FARDC ont tué trois éléments des FDLR, récupéré trois armes AK-47 et ont détruit un camp des FDLR au village Kafoure situé dans le parc national de Virunga. Le même jour, un camion civil transportant les civils et utilisé par les FARDC pour transporter des troupes supplémentaires est tombé sous les tirs à l'arme lourde des FDLR à moins de 500 mètres de Katweguru. Ces tirs sur le camion, ont occasionné la mort d'un officier des FARDC, d'un agent de la Police nationale Congolaise (PNC) et d'une femme d'un soldat des FARDC. La Force de la MONUC a évacué sur l'hôpital de Rutshuru les douze personnes blessées à l'aide de ses ambulances, conjointement avec d'autres organisations, notamment Médecins Sans Frontières. A la même date, les FARDC ont tué 5 éléments des FDLR lors des combats à Kahumiru et ont récupéré 4 armes. Les sources des FARDC signalent en plus que le 24 octobre 2009, les FARDC ont tué 7 combattants des FDLR et récupéré 2 armes et des documents lors d'une attaque lancée par les FARDC dans la région de Mashuta, située à 28 kilomètres à l'Ouest de Kanyabayonga. Le 25 octobre 2009 vers 19h30, les troupes de la Force de la MONUC ont rapporté que près de 60 balles d'armes légères ont été tirées par un groupe d'hommes armés appartenant probablement aux FDLR à approximativement 50 mètres de la Base Opérationnelle de la Compagnie de la Force de la MONUC de Nyamilima. Des éléments onusiens du Sénégal basés près de cette Base ont immédiatement réagi avec des tirs à l'arme lourde en direction de la provenance de premiers tirs. La Base de la Force de la MONUC a par la suite tiré trois bombes éclairantes pour illuminer la région. Au même moment, les troupes gouvernementales de la République démocratique du Congo et la PNC déployées sur les hauteurs de Nyamilima ont également ouvert le feu. Aux environs de 19h45, les tirs ont cessé. Plus tard, la population locale a confirmé que six personnes en uniforme sont arrivées dans la région et ont commencé à tirer. Et grâce à la réaction rapide de la Base onusienne, ces personnes ont fui vers la forêt proche. Aucune victime n'a été déplorée lors de cet incident.

Par ailleurs, les FARDC ont rapporté avoir arrêté un Major des FDLR, commandant à Murimbi, situé à 20 kilomètres au Sud-ouest de Tongo, suspecté d'être impliqué dans le trafic illégal du bois vers l'Uganda. Un autre Major de Mayi-Mayi a été arrêté après une attaque sur une patrouille des FARDC près de la bifurcation de Burai. En revanche, le 24 octobre 2009, vers 9h00, les soldats des FARDC ont tué leur commandant de la compagnie près du village Kitagoma, situé à 23 kilomètres à l'Est de Kiwanja, lorsqu'il les interdisait de piller la population. Trois soldats impliqués dans ce meurtre ont été arrêtés par les FARDC et un demeure en fuite. Les FARDC ont confirmé que ces soldats ont été récemment intégrés et appartenaient au groupe Mayi-Mayi des Patriotes Résistants Congolais (PARECO).

C'est pourquoi, suite aux entretiens entre le Commandant de la Force de la MONUC, le Lieutenant-Général Babacar Gaye avec ses homologues des FARDC au sujet des violations des Droits de l'Homme commises par les soldats des FARDC, le 24 octobre 2009, le Général Amuli, Coordonnateur FARDC pour l'opération KIMIA 2 s'est rendu à Ntoto dans le cadre de l'implémentation de la « tolérance zéro » au sein des FARDC. Cette visite était destinée à sensibiliser les troupes déployées sur place dans le cadre de l'opération contre les FDLR sur les aspects liés aux Droits de l'Homme. Le Général Amuli s'est rendu sur place avec un hélicoptère de la MONUC, accompagné par des officiers de son Etat-major et par des officiers du Quartier Général Avancé de la MONUC à Goma.

Pour sa part, suite aux rapports d'insécurité dans la région des villages Ruvungi, Mutakato et Katanga, où les FDLR ont plusieurs fois essayé de piller et d'enlever les civils, la Force de la MONUC a établi le 27 octobre 2009 une Base Opérationnelle Mobile à Mutakato.

Au Sud-Kivu, le territoire de Kalehe redevient l'endroit où les FDLR commettent différentes exactions. On assiste par ailleurs à une recrudescence des enlèvements de populations locales exigeant en contrepartie le payement de rançon.

Cependant, plusieurs cas de reddition sont intervenus dans la période sous examen. Le 21 octobre 2009, le dirigeant Mayi-Mayi Yakutumba s'est rendu à Baraka lors d'une cérémonie organisée au Quartier Général des FARDC avec 10 officiers, 3 Adjudants et 44 soldats. Le 23 octobre 2009, 3 éléments des FDLR se sont rendus aux FARDC à Lulimba. Le 25 octobre 2009, 12 personnes appartenant aux FDLR, dont 2 combattants, 3 femmes et 7 enfants, se sont présentées à Minembwe pour un rapatriement volontaire vers le Rwanda. Elles habitent dans une maison près de la Base de la Force de la MONUC de Minembwe et le programme DDRRR est informé pour leur rapatriement rapide vers le Rwanda.

Dans ses activités, la Force de la MONUC a établi le 20 octobre 2009 une Base Opérationnelle Temporaire à Katana, situé à 19 kilomètres au Sud-ouest de Kalehe. Cette Base a conduit ses patrouilles à Lwiro, Lushasha et Kabamba, des localités proches de Kalehe, pour dissuader les exactions commises par les FDLR. Une autre Base Opérationnelle Temporaire a été établi le 22 octobre 2009 à Maibano, situé à 7 kilomètres au Sud-est de Bunyakiri.

Enfin, au chapitre d'arrivée de troupes supplémentaires de la Force de la MONUC, il convient de signaler qu'entre le 27 et 29 octobre 2009, arriveront d'autres troupes de Bangladesh pour constituer le bataillon de 850 éléments et 175 troupes de Génie de ce même pays arriveront en décembre 2009. Le 31 octobre 2009, arriveront 130 éléments des Forces Spéciales Jordaniennes. Le 5, 9 et 12 novembre 2009 arriveront les troupes supplémentaires Egyptiennes, en plus de 300 déjà sur place pour former un bataillon de 850 éléments et une compagnie de 150 éléments des Forces Spéciales. Le 15 novembre 2009, interviendra un redéploiement du bataillon Pakistanais de 857 troupes de l'Ituri vers le Sud-Kivu.