CONFERENCE DE PRESSE MONUC MERCREDI 07 OCTOBRE 2009

7 oct 2009

CONFERENCE DE PRESSE MONUC MERCREDI 07 OCTOBRE 2009

Madnodje Mounoubai, Porte-parole: Bonjour, mesdemoiselles. Bonjour, messieurs. Bonjour à nos auditeurs de Radio Okapi qui nous suivent en direct. Le point de presse de ce mercredi sera animé par le Chef de l'Information Publique Militaire, le Lt. Col. Jean-Paul Dietrich, Mme Sévérine Flores d'OCHA, et moi-même.

Lors de ce point de presse, nous traiterons des points suivants :

- Arrestation de M. Idelphonse Nizeyimana
- Visite du Rapporteur Spécial de l'ONU sur les exécutions sommaires, arbitraires et extrajudiciaire
- Stabilisation de l'Est
- Activités des composantes de la MONUC
- Situation militaire

Arrestation de M. Idelphonse Nizeyimana

Hier 6 octobre 2009, le gouvernement ougandais a annoncé l'arrestation de M. Idelphonse Nizeyimana alors qu'il tentait d'entrer sur son territoire en provenance de la RDC. M. Idelphonse Nizeyimana est sous le coup d'un mandat d'arrêt du Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) depuis 2000 pour "génocide", "viols comme crime contre l'humanité" "et autres actes inhumains et crime contre l'humanité".

M. Idelphonse Nizeyimana est connu pour être un des principaux dirigeants des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR). Son arrestation constitue donc un pas important dans la lutte contre l'impunité et un signal fort de l'engagement de la Région des Grands Lacs pour la paix et la sécurité.

Le Secrétaire Général des Nations Unies, dans une déclaration de son porte-parole, encourage tous les Etats membres à poursuivre leur coopération avec le système de justice international pour l'arrestation de tous ceux qui sont sous le coup d'un mandat d'arrêt du TPIR. (Texte disponible.)

Visite du Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions sommaires, arbitraires et extrajudiciaires en RDC

Tel qu'annoncé la semaine dernière, le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les exécutions sommaires, arbitraires et extrajudiciaires, M. Philip Alston, est arrivé ce 3 octobre 2009 en République Démocratique du Congo. Sa mission a pour objet de faire le point sur la situation des atteintes au droit à la vie par les forces aussi bien gouvernementales que non gouvernementales et d'échanger avec le Gouvernement, les autorités législatives et judiciaires sur les actions préventives et correctives à prendre. D'autres rencontres prévoient des entretiens avec les acteurs de la Société Civile, les membres de famille des victimes et de la Communauté Internationale.

Pendant son séjour de travail en RDC, le Rapporteur Spécial se rendra dans les Provinces du Bas-Congo, du Nord et du Sud-Kivu. Il donnera une conférence de presse avant de quitter Kinshasa le 15 octobre. La date et le lieu vous seront communiqués ultérieurement.

Stabilisation de l'Est

Au Nord-Kivu, le Bureau de la MONUC à Goma s'est entretenu avec l'exécutif provincial le 28 septembre dernier sur des questions de l'heure qui nécessitent une réponse urgente. Ces questions concernent, entre autres, la consolidation de l'intégration militaire, le besoin d'accélérer la mise en œuvre de l'Accord du 23 mars, le retour des refugiés, etc.

Sur le même plan, au Sud-Kivu, une délégation composée du Coordinateur a.i. de l'Est, des chefs de Bureau de la MONUC, du HCR, d'OCHA et du FAO de cette province ainsi que du Chef du Sous-Bureau de la MONUC/Uvira, s'est rendue à Baraka le vendredi 2 octobre 2009 afin de se rendre compte de la situation politico-militaire et humanitaire dans le territoire de Fizi, où se poursuivent des opérations contre les FDLR.

Lors de cette mission d'un jour, la délégation a également rencontré Yakutumba, le chef du groupe Mai-Mai portant son nom, à qui la délégation a clairement fait savoir que la seule voie à suivre demeure l'intégration au sein des FARDC.

Au Maniema, une autre mission conjointe MONUC/Gouvernement provincial s'est rendue le 30 Septembre 2009 à Kabambare. Le but de cette mission, qui fait suite à celle du Gouverneur de province le 25 Septembre 2009 était de sensibiliser les groupes armés présents dans cette partie du territoire afin qu'ils saisissent l'unique occasion que leur offre le Programme de démobilisation dont le camp se trouve à WAMAZA, localité située à 300 km au Sud-Est de Kindu et facilement accessible par route, par hélicoptère et par le réseau de téléphonie mobile. Le centre de Wamaza, où les travaux sont en cours pour la construction de 25 tentes, devrait ouvrir ses portes dès le samedi 10 octobre 2009.

Activités des composantes de la MONUC

Activités des Equipes Conjointes de Protection

Au Nord-Kivu, du 26 au 29 septembre dernier, une Equipe Conjointe de Protection de la MONUC a été déployée à Ntoto, à 70 km à l'est de Walikale. La mission a pu confirmer la présence des FDLR dans cette localité vidée de 80% de sa population suite à la campagne Kimia 2. Des menaces ont également été enregistrées de la part de ces FDLR opposés au départ de leurs collègues qui ont choisi de désarmer et de rejoindre le processus DDRRR.

Activités des Affaires Civiles

Une mission conjointe des Sections Affaires Civiles, Affaires Politiques et Droit de l'Homme de la MONUC s'est rendue à Nyamilima le 2 et 3 octobre pour évaluer la situation sécuritaire pour les déplacés retournant dans ce secteur. Durant les deux dernières semaines, environ 140 familles des déplacés sont rentrées à Nyamilima et attestent ne pas avoir connu d'incidents sécuritaires pendant leur retour.

Situation humanitaire

Au cours de la semaine écoulée, le mouvement de retour des déplacés des camps situés autour de Goma vers leurs milieux d'origine s'est poursuivi. En fin septembre, selon les chiffres du HCR, plus de 5.000 ménages, soit plus de 50.000 individus avaient quitté les camps autour de Goma pour prendre le chemin du retour. Lesdits camps n'abritaient plus, fin septembre, qu'environ 12.800 individus.

Si ces mouvements de retour sont encourageants, il n'en demeure pas moins que le nombre de déplacés dans la province du Nord Kivu demeure élevé. Selon le HCR, 111.592 déplacés internes se trouvent toujours dans 41 camps recensés dans la province. Et des centaines de milliers d'autres dans des familles d'accueil ou dans des camps de fortune. Selon les dernières estimations d'OCHA, le nombre global de déplacés internes dans la province pourrait encore approcher le million de personnes.

Les axes les plus empruntés par ces retournés sont : Goma-Mushake-Ngungu, Goma-Sake-Masisi, Goma-Sake-Kitchanga-Nyanzale, Goma-Kalengera -Tongo, Goma-Kiwanja, et Kiwanja-Binza qui béficient de mesures particulières de protection.

La Force de la MONUC a également renforcé sa présence dans plusieurs zones de retour en particulier celles de Karuba, Kibabi, Ufamandu Ngungu, Bishusha/Kitchanga et Rugari.

En étroite collaboration avec la section des affaires civiles et le cluster protection du Nord Kivu, les Casques bleus continent d'assurer la protection des déplacés qui demeurent encore à Mugunga 3, et ont renforcé leur appui aux acteurs humanitaires pour leur faciliter un accès sécurisé aux retournés, tant sur les axes qu'ils empruntent, que dans les centres de distribution des kits de réinsertion qu'ils ont installés à leur attention dans les zones de retour.

DDRRR

Entre le 26 septembre et le 2 octobre 2009, la section désarmement, démobilisation, rapatriement, réintégration et réinsertion de la MONUC (DDRRR) a rapatrié un total de 73 personnes au Rwanda, dont 40 ex-combattants (37 FDLR et 3 ex-éléments du CNDP) ainsi que 33 dépendants.

En date du 2 octobre 2009, le nombre total de combattants rwandais et de leur dépendants rapatriés par le DDRR s'élevait à 3.167 parmi lesquels 1.551 combattants et 1.616 dépendants.

Le nombre des civils rwandais rapatriés par le Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés, s'élevait quant à lui, en date du 23 septembre 2009, à 10 841 personnes.

Protection de l'Enfant

A Kisangani, la Section Protection de l'Enfant de la MONUC, en collaboration avec l'UNICEF et le ministère provincial du Genre, famille et enfant, a lancé hier 6 octobre 2009 une campagne globale de protection des enfants en Province Orientale. Cette campagne qui prendra fin le 20 novembre prochain vise à sensibiliser le public sur la protection de l'enfant, avec l'appui des médias qui sont appelés à diffuser divers messages et reportages sur les droits de l'enfant. Avant les autres activités prévues, la trentaine des journalistes participants prennent part jusqu'à aujourd'hui à des sessions d'information sur les dispositions internationales et nationales de protection de l'enfant.

Activités du Bureau de l'Etat de Droit

Une fois de plus, le Bureau de l'Etat de Droit de la MONUC attire l'attention sur la situation carcérale déplorable des détenus en RDC. C'est le cas, notamment, de la prison de Bunia en Province Orientale où, depuis le 15 septembre, les détenus n'ont reçu de cette institution aucune ration alimentaire à part celle fournie par leurs familles respectives sur place, et où les détenus mineurs dépendent des biscuits nutritifs de l'UNICEF pour leur survie. La même situation prévaut dans les prisons de Mahagi et Aru. En vue d'éviter le pire des scénarios, le Bureau de l'Etat de Droit entend rencontrer les autorités du district concerné afin de discuter de cette question et y trouver une solution.

Lutte contre l'exploitation et les violences sexuelles

Dans le cadre de la prévention de l'exploitation et de l'abus sexuels par le personnel de la MONUC, vingt deux points focaux de la police civile MONUC se sont imprégnés, du 30 septembre au 1er octobre, à Kinshasa, des règles de conduite et de discipline sur l'exploitation et les violences sexuelles. L'objectif de l'atelier organisé par l'Unité de Conduite et de Discipline (CDU) était d'accroître les connaissances des participants sur le respect des règles et de bonne conduite, les diverses catégories d'infractions et de procédures établies.

Situation militaire

En Province Orientale, les éléments de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) ont lancé la semaine dernière plusieurs attaques, notamment le 26 septembre 2009 à Digba. Deux civils ont été tués et 20 autres ont été enlevés. Par ailleurs, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont arrêté dix-sept éléments rebelles de la LRA dans des opérations lancées entre le 26 et le 30 septembre 2009, notamment trois éléments le 26 septembre 2009, arrêtés à Faradje ; cinq éléments le 29 septembre 2009, arrêtés près de Faradje et neuf éléments le 30 septembre 2009, arrêtés à 7 kilomètres de Faradje, dont un officier. Des patrouilles de bouclage et de ratissage conjointes MONUC-FARDC sont menées le jour et la nuit dans les zones frontalières.

En Ituri, le 1er octobre 2009, les miliciens résiduels ont attaqué les civils aux villages Numbe, Soke et Rujuku, situés dans un rayon de 20 kilomètres de Bogoro. Ils ont blessé 8 personnes et enlevé près de 15 autres. Le 3 octobre 2009, environ 15 miliciens appartenant au Front Populaire pour la Justice au Congo (FPJC) et au Front de Résistance Patriotique en Ituri (FRPI) ont conjointement attaqué Gety, situé à 42 kilomètres au Sud de Bunia, brûlant cinq maisons et tuant deux civils. La persistance des activités de miliciens au Sud d'Irumu a rendu difficile l'accès à cet axe prioritaire entre Gety et Boga, situé à 19 kilomètres de Nyakunde.

C'est en réaction à toutes ces activités croissantes de miliciens au Sud d'Irumu, que le commandant de la Force de la MONUC, le Lieutenant-Général Babacar Gaye, a séjourné pendant deux jours en Ituri où il a tenu plusieurs réunions, en particulier avec les FARDC, et facilité l'élaboration d'une stratégie visant à restaurer la stabilité dans les régions troublées du Sud d'Irumu.

Par ailleurs, des incidents sérieux d'actes de banditisme à l'intérieur et autour de Bunia, ont continué à menacer la sécurité de plusieurs civils la semaine dernière.

Au Nord-Kivu, les éléments des Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) ont intensifié leurs activités à l'Ouest de Masisi et à l'Est de Walikale à travers le déploiement des armes lourdes, le redéploiement des troupes dans les axes importants et la multiplication des infiltrations.

Par ailleurs, une résurgence d'actes d'indiscipline perpétrés par les militaires des FARDC a été rapportée dans plusieurs régions où ils sont déployés. Cela serait dû au retard de paiement de leur solde ou aux détournements des salaires par des éléments de l'armée en charge du paiement des soldats dans la province. La situation a dégénéré le 1er octobre 2009 à Kanyabayonga, dans une manifestation violente des troupes des FARDC contre le vol rapporté de leur solde. Les soldats ont pillé et harcelé la population pendant la semaine et sont également devenus violents lorsqu'il a été certifié que l'officier chargé du transport de leur solde a disparu avec un montant estimé à 20000 dollars US, officier recherché par les autorités militaires de la 8ème Région Militaire. Des protestations du même type, pour non paiement ou retard de paiement de soldes ont également été observées ailleurs dans la province, au cours de la semaine écoulée notamment, les 4 et 5 octobre derniers, à Nyanzale, Mweso et Kilolirwe, où des éléments FARDC ont protesté par des tirs de rafales aléatoires contre des anomalies diverses liées au paiement de leur solde.

Au cours d'une réunion de sécurité tenue le 3 octobre 2009, le commandant de la Brigade de la MONUC du Nord-Kivu a abordé les questions opérationnelles et logistiques avec le commandant des opérations KIMIA 2 au Nord-Kivu. Ils ont également parlé du problème de solde des troupes des FARDC, leur formation et leur bien-être en général et ont conclu que l'amélioration dans ces secteurs aurait un impact considérable sur la conduite et le résultat des opérations des FARDC à l'avenir. Par ailleurs, des questions logistiques ont été débattues. Pour sa part, la Force de la MONUC continuera à soutenir les FARDC dans la planification, la conduite des opérations et la logistique.

Au Sud-Kivu, le 30 septembre 2009, la MONUC a reçu des rapports signalant la reprise des villages Kingizi et Nguma, situé à approximativement 46 kilomètres au Sud-est de Fizi, par les troupes des FARDC engagées dans l'opération KIMIA 2. Trois éléments des FDLR ont été arrêtés et une arme saisie.

Par ailleurs, la protection de la population civile demeure la grande priorité sur la liste des tâches assignées à la Force de la MONUC. Dans ce contexte, la Brigade de la Force de la MONUC au Sud-Kivu a assuré 246 patrouilles la semaine dernière et a fourni 39 escortes pendant la même période. En plus, dans le cadre de la protection des civils, des conférences sur la sécurité sont organisées quotidiennement par les Bases Opérationnelles de la MONUC dans lesquelles les notables et les chefs de la communauté sont invités pour parler des mesures visant à renforcer la protection des civils. A l'absence d'une couverture téléphonique, des moyens de communication improvisés comme battre le tambour ou un autre matériel approprié en cas de danger, l'illumination par le feu visible au loin, des tirs en l'air par la Police nationale Congolaise (PNC) et les éléments des FARDC lorsqu'ils sont proches ou le contact physique avec le commandant de la Base Opérationnelle de la Compagnie en cas d'urgence, ont été adoptés dans tous les secteurs. Il a été également souligné d'organiser un système local de garde de manière que toute alerte donnée soit communiquée à la Base Opérationnelle la plus proche en rapport avec toute attaque des FDLR ou des groupes armés qui peut alors réagir à temps pour sauver la population civile des atrocités.

En outre des patrouilles spéciales sont organisées pour surveiller les régions de la ceinture frontalière des plaines de la Ruzizi. C'est dans ce cadre que le 5 octobre 2009, une patrouille de la Force de la MONUC a été envoyée à Baraka, situé à 75 kilomètres au Sud d'Uvira dans le territoire de Fizi, où l'Organisation Internationale pour la Migration (IOM) est dans le processus d'établir trois postes frontaliers de la police. Une équipe de l'IOM a rapporté avoir été menacée par les éléments du groupe Mayi-Mayi Yakutumba, qui auraient également menacé de détruire le nouveau poste de police.