CONFERENCE DE PRESSE MONUC MERCREDI 13 JANVIER 2010

4 mar 2010

CONFERENCE DE PRESSE MONUC MERCREDI 13 JANVIER 2010

Kevin Kennedy, Directeur de l'Information Publique: Bonjour, mesdemoiselles. Bonjour, messieurs. Bonjour à nos auditeurs de la Radio Okapi qui nous suivent en direct. J'animerai cette première conférence de presse de l'année 2010 avec le Lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich, chef de l'Information Publique Militaire et notre collègue Maurizio d'OCHA pour des questions humanitaires

Je voudrais toutefois commencer par une déclaration sur les événements qui se passent loin du Congo, mais qui ont beaucoup affecté le personnel de la MONUC. Et c'est une déclaration sur le séisme qui a eu lieu en Haïti hier.

Déclaration sur le séisme en Haïti

Le violent séisme qui s'est produit hier mardi 12 janvier 2010 en Haïti, a été une catastrophe hors mesures pour le peuple haïtien. Le tremblement de terre a également détruit le siège de la Mission de Stabilisation de l'ONU (MINUSTAH) à Port-au-Prince. De nombreux membres du personnel de l'ONU sont ainsi portés disparus. Le Représentant Spécial du Secrétaire Général de l'ONU en RDC, M. Alan Doss, et l'ensemble du personnel de la MONUC expriment leur profonde douleur face à ce désastre, et leur solidarité avec les collègues haïtiens de la MONUC et les collègues congolais de la MINUSTAH. Dans ces moments douloureux, le personnel de la MONUC prie et continuera à prier pour le peuple haïtien, les collègues et leurs familles.

Pour information, la MINUSTAH, qui est stationnée en Haïti depuis 2004, compte quelque 11000 personnels dont à peu près 7000 soldats, 2000 policiers et bien sûr des effectifs civils. Ca a été une catastrophe pour le pays, mais également pour la famille onusienne.

Commentaires sur l'Opération Amani Leo

Je passe maintenant aux éléments qui portent sur le Congo. Je voudrais tout d'abord faire quelques commentaires sur la fin de l'Opération Kimia II et le commencement de l'Opération Amani Leo.

Après que Kimia II ait largement atteint les objectifs qui lui étaient assignés, la MONUC va maintenant appuyer les FARDC dans l'Opération Amani Leo, dont les grandes lignes ont été présentées par le Représentant Spécial M. Alan Doss devant le Conseil de Sécurité le 16 décembre dernier.

M. Alan Doss a indiqué qu'une directive signée conjointement par les FARDC et la Force de la MONUC définit les objectifs d'Amani Leo ainsi que les rôles et les responsabilités respectifs des FARDC et de la MONUC dans cette opération. Les FARDC mèneront des opérations de protection et de prévention, avec l'appui logistique et tactique, y compris l'appui-feu, de la MONUC.

Les objectifs principaux de l'Opération Amani Leo consistent à :
- protéger les populations civiles,
- libérer les zones stratégiques des forces négatives,
- conserver les territoires récupérés des FDLR et
- aider à y restaurer l'autorité de l'Etat.

La directive opérationnelle conjointe de l'Opération Amani Leo prévoit également des actions dans le cadre du DDR/RR.

En conformité aux exigences de la résolution 1906 adoptée le 23 décembre dernier par le Conseil de Sécurité, la protection des civils est placée au centre de l'Opération et au centre de la planification conjointe de l'Opération Amani Leo. Le Conseil a réitéré que le soutien de la MONUC aux opérations menées par les FARDC doit être strictement subordonné au respect du droit international humanitaire, du droit international des droits de l'homme et du droit international des réfugiés. Au cours d'une planification conjointe intensive, les commandements militaires des FARDC et de la MONUC ont convenu des mesures à mettre en place pour veiller à ce que ces conditions soient respectées.

Concrètement, les efforts conjoints seront concentrés à protéger les populations et à « nettoyer, tenir et construire » : tenir et sécuriser les zones stratégiques afin d'empêcher que les groupes armés ne récupèrent des territoires libérés antérieurement ou y organisent des représailles surtout contre les populations civiles ; et construire — c'est-à-dire, rétablir l'autorité de l'état et l'état de droit.

Pour ce qui est des actions contre les FDLR, telles que mentionnées dans la directive conjointe, lors de sa réunion avec le Conseil de Sécurité, M. Doss a souligné que « toute action efficace contre les FDLR en République Démocratique du Congo nécessite également l'engagement des Etats membres à partir des territoires desquels les leaders expatriés de ce groupe fournissent un soutien financier, stratégique et moral au noyau dur du commandement FDLR sur le terrain. Tous les Etats ont le devoir de s'acquitter de leur engagement en prenant des mesures juridiques et politiques appropriées pour couper le leadership FDLR expatrié de sa base, empêcher le trafic d'armes et le commerce illicite des ressources naturelles, ainsi que les mouvements des fonds qui aident les groupes armés en RDC, en particulier les FDLR. »

Enfin, la coordination entre les composantes civiles et militaires sera renforcée pour créer des conditions favorables à la stabilisation de ces territoires et le retour en sécurité des populations civiles déplacées.

Situation militaire

A l'Equateur, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) poursuivent des opérations contre les éléments armés. La Force de la MONUC pour sa part opère à partir de ses Bases Opérationnelles Mobiles de Gemena, Bozene et Dongo. Les militaires de la MONUC mènent des patrouilles sur les axes principaux de Gemena à Imese et fournissent l'appui logistique aux opérations des FARDC. En outre, des escortes sont fournies aux organisations humanitaires.

En Province Orientale, dans la partie occidentale du district du Haut-Uélé, des éléments de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA) ont surtout attaqué les régions au-delà de la portée immédiate des bases opérationnelles conjointes des FARDC et de la Force de la MONUC. Le 4 janvier 2010, trois civils ont été tués à Boyute, situé à 45 kilomètres au Nord de Ngilima, et le même jour, un autre civil a été tué lors de l'attaque de la LRA sur le village Suka, situé à 34 kilomètres au Sud-ouest de Bangadi. Par ailleurs, le 6 janvier 2010, une présence des rebelles de la LRA a été rapportée sur la route reliant Gangala à Nagero, situé à 50 kilomètres au Sud-ouest de Faradje. Les FARDC font preuve de beaucoup d'initiatives contre les rebelles et le 4 janvier 2010, lors d'un échange des tirs à 50 kilomètres au Nord de Banda, elles ont réussi à libérer trois femmes enlevées. De son côté, la Force de la MONUC va redéployer des Casques bleus dans une autre région de la même province dans le district de Bas-Uélé, pour renforcer ses capacités de lutte contre les éléments de la LRA.

Au Nord-Kivu, les FARDC et la Force de la MONUC sont dans le processus de se redéployer et de se pré-positionner pour l'opération AMANI LEO.

Au chapitre d'activités des groupes armés d'origine congolaise et des groupes armés étrangers dans la province du Nord-Kivu, plusieurs accrochages impliquant les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) et les différentes factions des Mayi-Mayi ont été rapportés.

Sur un autre registre, le groupe Mayi-Mayi Kifuafua a rapporté le 8 janvier 2010 à la MONUC son désir d'intégrer les FARDC. Une mission de la MONUC s'est entretenue à Walikale avec les représentants de ce groupe, ainsi qu'avec le responsable des FARDC pour discuter les options et la façon de procéder. A la demande des FARDC, la MONUC est également en contact avec les autorités congolaises et avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) pour discuter les modalités éventuelles de l'intégration ou de la démobilisation des groupes armés résiduels, et de mobiliser les ressources nécessaires. Nous sommes aussi en dialogue avec les représentants de plusieurs autres de ces groupes.

Les Casques bleus de la Brigade de la Force de la MONUC du Nord-Kivu ont de nouveau réalisé un Projet à Impact Rapide, celui de la construction d'une salle communautaire à Luofu situé à 15 kilomètres au Nord de Kanyabayonga dans le territoire de Lubero. Le projet de la construction de cette salle a été sanctionné par le Représentant Spécial, Monsieur Alan Doss, lors de sa visite sur terrain à Luofu, après que près de 155 maisons aient été brûlées le 17 avril 2009 et la mort de sept civils dans les conflits et les troubles qui ont perduré dans la région. Cette salle communautaire entièrement fonctionnelle a été inaugurée le 24 décembre 2009 par le Général Ajae Kumar Sharma, commandant de la Brigade du Nord-Kivu, en présence des officiers supérieurs des FARDC, des autorités locales, d'importants chefs civils, des représentants du gouvernement et de la population locale.

Au Sud-Kivu, dans la nuit du 2 au 3 janvier 2010, un nombre non chiffré d'éléments des FDLR a attaqué la position des FARDC à Mulenge, situé à 20 kilomètres à l'Ouest de Sange. La nuit suivante, approximativement 30 éléments des FDLR ont pillé plus de 80 maisons au village Kabikokole, situé à 73 kilomètres au Sud-ouest de Kamituga et ont emporté avec eux six civils en forêt. En plus, le 7 janvier 2010, une équipe du Comité International de la Croix-Rouge (CICR) a rendu aux FARDC cinq soldats de la Force gouvernementale en présence du commandant de la Base opérationnelle de la Compagnie de Minembwe. Ces soldats libérés font partie de sept soldats capturés par les Forces Républicaines Fédéralistes (FRF) lors de l'attaque sur le camp des FARDC, le 9 décembre 2009 à Minembwe, situé à 45 kilomètres au Nord-ouest de Fizi. Le 8 janvier 2010, 15 dépendants des FDLR se sont rendus à Minembwe.

Les FARDC et la Force de la MONUC continuent leur planification conjointe de l'opération AMANI LEO. Les Centres Opérationnels Conjoints ont été établis.

D'autre part, la Brigade du Sud-Kivu de la Force de la MONUC poursuit sa politique de déploiements à courte durée. Du 5 au 7 janvier 2010, huit Bases Opérationnelles Mobiles ont été déployées dans les régions de Kamituga, Misisi, Kamanyola, Baraka, Panzi, Sange, Minova et Uvira.

Par ailleurs, approximativement 1130 ex-combattants qui sont actuellement regroupés dans le Centre de Regroupement de Luberizi, seront transportés vers Lukosa, dans la province du Maniema pour recevoir une formation militaire et être intégrés au sein des FARDC. La MONUC soutiendra ce transfert. L'intention est de fournir tout le soutien nécessaire au transfert de ces ex-combattants des groupes armés. Le transport de chaque groupe des ex-combattants se fera dans trois jours. La Brigade du Sud-Kivu de la Force de la MONUC fournira l'escorte si c'est nécessaire. Les ex-combattants seront munis d'une ration journalière de nourriture.

Enfin, dans la période sous examen, la Force de la MONUC a mené 1668 patrouilles armées et 54 escortes, pendant que 303 patrouilles ont été menées par les Observateurs Militaires au Nord et au Sud-Kivu.