CONFERENCE DE PRESSE MONUC MERCREDI 30 DECEMBRE 2009

4 mar 2010

CONFERENCE DE PRESSE MONUC MERCREDI 30 DECEMBRE 2009

Kevin Kennedy, Directeur de l'Information Publique: Bonjour, mesdemoiselles. Bonjour, messieurs. Bonjour à nos auditeurs de Radio Okapi qui nous suivent en direct. J'animerai cette dernière conférence de presse de l'année 2009 avec le Lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich, chef de l'Information Publique Militaire. Tout à l'heure, nous vous parlerons:

- de la prorogation du mandat de la MONUC par le Conseil de Sécurité des Nations Unies
- des derniers développements humanitaires et sécuritaires en RDC, et notamment des actions de la MONUC en cette période des festivités.

Adoption de la Résolution 1906 par le Conseil de Sécurité

Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a adopté le 23 décembre dernier la résolution 1906 par laquelle il proroge le mandat de la MONUC jusqu'au 31 mai 2010, avec l'intention de le prolonger de douze mois après cette date.

Cette décision de proroger le mandat de la MONUC est motivée, entre autres, par le fait que la situation en République Démocratique du Congo continue de menacer la paix et la sécurité internationale dans la région, selon le Conseil de Sécurité. A l'est du pays, « des milices et des groupes armés n'ont pas encore déposé leurs armes et continuent de s'attaquer à la population. » La « détérioration de la situation humanitaire et de la situation des droits de l'homme et l'impunité dont continuent de jouir les auteurs de violations des droits de l'homme et d'autres atrocités » ont également fait l'objet des préoccupations du Conseil.

Le Conseil exhorte le Gouvernement de la République Démocratique du Congo « à instaurer une paix durable à l'est du pays, à protéger efficacement la population civile, à mettre en place, dans le secteur de la sécurité, des institutions viables qui garantissent pleinement le respect des droits de l'homme, et à lutter contre l'impunité en renforçant les moyens dont disposent les systèmes judiciaires et pénitentiaires. » Par ailleurs, le Conseil souligne que « les processus de Goma et de Nairobi ainsi que les Accords du 23 mars 2009 constituent un cadre approprié pour la stabilisation de la situation dans l'est de la République Démocratique du Congo," et demande instamment à "toutes les parties de respecter et d'appliquer intégralement ces accords. »

La MONUC est autorisée, sous la résolution, à continuer à appuyer les unités des FARDC qui mènent les opérations contre les FDLR (Kimia II) et la LRA (Rudia II) ainsi que d'autres groupes armés qui menacent le processus de paix. La résolution 1856 a déjà clairement établi les conditions régissant le soutien de la MONUC aux FARDC: les opérations doivent être planifiées en commun et privilégier la protection des civils ; le droit international humanitaire, les droits de l'homme et des réfugiés doivent être respectés également. Dans la résolution 1906, le Conseil de sécurité à réitéré ces conditions.

En résumé, quatre grandes priorités émergent dans la nouvelle résolution. Celles:

- d'assurer la protection des civils sous menace imminente de violence ; ainsi que le respect du droit international humanitaire, des droits de l'homme et du droit des réfugiés;

- d'éliminer la menace des groupes armés congolais et étrangers, en particulier les FDLR et la LRA, en renforçant ses efforts de DDR et DDRRR et par des opérations militaires, et en aidant le Gouvernement à stabiliser les zones d'où ces groupes armés ont été chassés;

- d'aider le Gouvernement congolais à réaliser des progrès dans la réforme du secteur de la sécurité, notamment la réforme des FARDC, de la PNC et des systèmes judiciaire et pénitentiaire;

La résolution a également demandé au Secrétaire Général de faire un examen stratégique de la situation en RDC et des progrès réalisés par la MONUC « et de déterminer, en étroite collaboration avec le Gouvernement de la République et les pays fournissant des effectifs militaires et de police...la reconfiguration du mandat de la Mission. » Le Secrétaire doit présenter un rapport et ses recommandations d'ici au 1er avril 2010. Il doit aussi identifier les tâches essentielles dont la MONUC doit s'acquitter avant d'envisager un retrait progressif sans provoquer une résurgence de l'instabilité. »

Des copies de l'intégralité de la résolution 1906 en français et en anglais sont disponibles et seront mises à votre disposition après cette conférence de presse.

Activités des composantes civiles de la MONUC

En cette période des festivités, suite aux récents événements dans la Province de l'Equateur et sur la base d'informations sur la situation sécuritaire en Province Orientale, la MONUC a pris des mesures particulières pour la protection des zones sensibles à l'Ouest et à l'Est de la République Démocratique du Congo.

Je citerai quelques activités civiles dans ce sens et laisserai à mon collègue militaire de vous présenter l'aspect militaire de ces mesures.

En Province Orientale, une Equipe Conjointe de Protection a effectué une mission du 27 au 28 décembre à Ngilima afin de faire l'état des lieux pour la protection des civils dans cette zone qui a connu de nombreuses attaques de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA), dont la dernière remonte au 20 décembre dernier.

En vue de la protection de la population civile, une présence importante et diversifiée est assurée à Dungu depuis le 23 décembre. Elle est composée d'une délégation du gouvernement provincial, de l'Assemblée provinciale et, du côté MONUC, des sections des affaires civiles, droits de l'homme et protection de l'enfant, sous la coordination des Affaires Civiles/Kisangani.

A l'Equateur, les affaires civiles de la MONUC ont établi une présence à Bozene pour dissuader les auteurs éventuels d'actes de vandalisme et/ou tracasseries des populations, et à Dongo pour rassurer la population afin que celle-ci rentre de la République du Congo où elle s'est réfugiée et reviennent dans leurs milieux, où des distributions des vivres du PAM vont bientôt commencer à Bozene et Boyazala pour répondre aux besoins humanitaires actuels. La MONUC sécurisera les convois de ces vivres, initialement de 50 tonnes.

La MONUC continue son appui aux FARDC déployées pour sécuriser cette partie de l'Equateur. Le lundi dernier, la Mission a évacué des militaires FARDC blessés de Dongo à Gemena pour des soins appropriés. Depuis le début des opérations dans cette zone, la Mission a, à plusieurs reprises, aidé à l'évacuation des blessés FARDC.

Au Nord-Kivu, une mission conjointe des sections substantives de la MONUC, sous la coordination de la Division des Droits de l'Homme, s'est rendue le 21 décembre à Masisi Centre (situé à 90 km de Goma) et Kashebere (à 33 km au nord-ouest de Masisi Centre) afin d'établir une clinique juridique à Kashebere. L'objectif était d'apporter conseils et assistance aux victimes des violations des droits de l'homme.

Au Sud-Kivu, les efforts fournis dans le domaine de la protection de l'enfant ont permis de séparer cette année 50% des enfants associés aux groupes armés. Selon les chiffres de l'année 2008, il y avait 1400 de ces enfants. Ceux qui ont été libérés par la section Protection de l'Enfant de la MONUC ont pu être réinsérés dans leurs communautés.

Enfin, en ce qui concerne le retour des éléments FDLR dans leurs pays respectifs, depuis le début de cette année 1548 combattants et 2183 de leurs dépendants ont été rapatriés grâce au processus DDRRR de la MONUC. Les autres groupes combattants non-FDLR rapatriés par le DDRRR augmentent ce chiffre de 615 (dont 497 CNDP et 118 autres), sans compter leurs 13 dépendants. Indistinctement, ce chiffre s'élève à 4249 personnes. Du côté civil, le HCR a ramené quelque 14492 personnes dans leurs pays.

Situation militaire

A l'Equateur, la situation sécuritaire est restée tendue avec la poursuite des opérations des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) contre les éléments armés. La Force de la MONUC pour sa part opère à partir de ses Bases Opérationnelles Mobiles de Gemena, Bozene et Dongo. Les militaires de la MONUC mènent des patrouilles sur les axes principaux de Gemena à Imese et fournissent l'appui logistique aux opérations des FARDC, tout en surveillant attentivement leur comportement. En outre, des escortes sont fournies aux organisations humanitaires.

En Province Orientale, la situation sécuritaire dans le district du Bas-Uélé est demeurée stable cette semaine. Dans la partie occidentale du district du Haut-Uélé, la situation sécuritaire est restée très tendue, due à la menace d'une offensive à grande échelle de l'Armée de Résistance du Seigneur (LRA). La semaine passée, aucune attaque nouvelle de la LRA n'a été rapportée. Selon plusieurs rapports de la MONUC et des sources civiles qui viennent de voir le jour, lors des attaques du 14 au 15 décembre 2009 à Tapili, dans la région de Niangara, au moins 15 villageois ont été tués et plus de 200 autres sont portés disparus. Le 24 décembre 2009, les FARDC et la MONUC ont conjointement mené une insertion en hélicoptère dans cette région et également à Bangadi, dans le but de vérifier ces rapports et au même moment de dissuader toute nouvelle attaque de la LRA dans la zone. Du 23 au 24 décembre 2009, des Bases Opérationnelles Temporaires ont été établies à Gilima, dans la région de Dungu, à Bangadi et à Niangara. De manière générale, les commandants respectifs de deux Forces (FARDC et MONUC) ont décidé que l'état de vigilance renforcée et de patrouilles conjointes intensives devrait être maintenu pour plusieurs jours. Le 23 et le 24 décembre 2009, trois éléments de la LRA ont été arrêtés à 12 kilomètres au Sud de Kiliwa et à Banda par les FARDC. Le 25 décembre 2009, un peloton des Casques bleus de la Force de la MONUC déployés dans la Base Opérationnelle Temporaire de Ngilima a lors d'une patrouille conjointe avec les FARDC surpris trois rebelles de la LRA et dans ce contact, un élément de la LRA a été blessé et une arme AK-47 récupérée.

Au Nord-Kivu, pendant la période sous examen, trois attaques majeures des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) contre les FARDC ont été rapportées — le 18, le 21 et le 22 décembre à l'Est de Pinga, à Kiyumba, situé à 3 kilomètres au Nord de Nyabiondo, et à Bushalingwa, dans la région de Mashuta. Dans les deux premières attaques aucune victime n'a été enregistrée. Selon les FARDC un soldat des FARDC et quatre rebelles des FDLR ont été tués dans une contre-attaque des FDLR à Bushalingwa.

Par ailleurs, les opérations conjointes entre les FARDC et la Force de la MONUC se sont encore intensifiées la semaine dernière. Du 20 au 24 décembre 2009, lors des combats dans les territoires de Kalehe, Rwindi et Kahumiru, au moins six camps supplémentaires des FDLR ont été détruits, onze éléments des FDLR ont été tués et six éléments des FDLR et des Patriotes Résistants Congolais (PARECO) ont été arrêtés.

Au Sud-Kivu, la tension est montée avec l'augmentation de la pression des FARDC sur les dernières cachettes des FDLR dans la province. Le 19 décembre 2009, des rebelles FDLR ont attaqué le village Kinzanza dans la région de Shabunda et ont brûlé deux des centres de santé, des écoles et des maisons. Deux villageois ont été enlevés. Dans la nuit du 21 au 22 décembre 2009, des éléments des FDLR non dénombrés ont brûlé plusieurs maisons au village Mirungu, situé à 13 kilomètres au Nord-ouest de Lemera. La population locale a également reçu des menaces parce qu'elle aurait collaboré avec les FARDC. Plus au Sud, quelques éléments résiduels Mayi-Mayi Yakutumba ont attaqué les FARDC au village Murera, situé à 25 kilomètres au Nord-ouest de Fizi. Sur une note positive, il convient de signaler la reddition le 19 décembre 2009 de 517 éléments Mayi-Mayi Yakutumba aux FARDC à Lulimba. Le 21 décembre 2009, huit dépendants des FDLR se sont rendus à Minembwe et cinq autres dépendants se sont rendus à Lulimba.

En parallèle avec les opérations conjointes entre les FARDC et la Force de la MONUC, les FARDC ont mené du 20 au 24 décembre 2009 quelques opérations unilatérales au Nord Kivu.

Dans le contexte des opérations conjointes, le 17 décembre 2009, avec l'appui de la Force de la MONUC, les FARDC ont lancé simultanément des opérations contre trois cibles identifiées au préalable à travers la province. En considérant la menace des Mayi-Mayi Rahiya Mutomboki à Kalole, situé à 130 kilomètres au Sud de Shabunda, cette région a été ajoutée comme zone opérationnelle. Les opérations conjointes sont toujours en cours. Au moins quatre éléments des FDLR ont été tués et leurs cinq dépendants ont été appréhendés.

La Brigade du Sud-Kivu de la Force de la MONUC poursuit sa politique de déploiements à courte durée. Le 24 décembre 2009, quatre Bases Opérationnelles Mobiles ont été déployées dans les régions de Bunyakiri, Hombo, Kalehe et Shabunda.

A titre des statistiques des patrouilles de la Force de la MONUC, les contingents de la Force de la MONUC ont mené 1579 patrouilles armées et 74 escortes, pendant que 291 patrouilles ont été menées par les Observateurs Militaires non armés.