CONFERENCE DE PRESSE MONUC MERCREDI 30 SEPTEMBRE 2009

4 mar 2010

CONFERENCE DE PRESSE MONUC MERCREDI 30 SEPTEMBRE 2009

Madnodje Mounoubai, Porte-parole: Bonjour, mesdemoiselles. Bonjour, messieurs. Bonjour à nos auditeurs de Radio Okapi qui nous suivent en direct. Le point de presse de ce mercredi sera animé par le Chef de l'Information Publique Militaire, le Lt. Col. Jean-Paul Dietrich, et moi-même.

Nous avons un invité spécial en la personne du commissaire Abdallah Wafy, commissaire adjoint de la police civile de la MONUC. Il vous entretiendra tout à l'heure du travail de la police civile de la MONUC et prendra aussi quelques questions.

Lors de ce point de presse, nous traiterons des points suivants :

- Activités des Responsables de la MONUC
- Activités des composantes de la MONUC
- Mise en œuvre de la tolérance zéro en matière d'abus et d'exploitation sexuels
- Situation militaire
- Déclaration liminaire du commissaire Wafy.

Activités des Responsables de la MONUC

Visite de M. Ross Mountain au Sud-Kivu

Après l'étape de la Province Orientale, M. Ross Mountain, Représentant Spécial Adjoint du Secrétaire Général des Nations Unies et Coordonnateur Humanitaire et Résident en RDC, s'est également rendu au Sud-Kivu le 23 septembre dernier pour évaluer l'exécution du Plan de Stabilisation de l'Est. Au cours de son séjour de deux jours, il s'est entretenu avec les députés provinciaux à Bukavu et a visité les travaux de construction des logements pour militaires au Camp Saio. Plus de 1000 logements sont prévus, dont environ 300 pourront être prêts d'ici la fin de cette année.

Activités de la MONUC

Activités des composantes civiles

Affaires Civiles

A Goma, la section des affaires civiles avait annoncé la semaine dernière le début d'un mouvement de retour volontaire des déplacés se trouvant dans les 6 camps autour de cette ville. Ce mouvement se poursuit et pourrait durer deux semaines.

Le HCR confirme le harcèlement par des hommes en uniforme de nombreux déplacés retournant chez eux. Ce harcèlement prend plusieurs formes: attaques physiques ou verbales, destruction de leurs certificats qui leur donnent droit à l'assistance humanitaire.

Du fait de ces menaces, les troupes de la MONUC ont reçu l'ordre de renforcer les patrouilles, spécialement sur l'axe Karuba-Ngungu. On estime à environ 300 familles le nombre de familles qui quittent Mugunga 2 pour Ngungu.

Le lundi 28 septembre, une équipe militaire et civile de la MONUC a effectué une mission d'un jour à Kiwanja pour observer la distribution de nourriture et évaluer la situation sécuritaire. Les retournés à Kisharo, Nyamilima, Ishasha et Kanyabayonga ont déclaré à la mission ne pas connaitre de problème de sécurité depuis qu'ils ont quitté Goma. Mais les choses pouvaient changer avec la disponibilité de nourriture surtout sur l'axe Kiwanja-Nyamilima, où des groupes armés continuent d'exercer leurs lois. Raison pour laquelle il est conseillé aux déplacés de se déplacer en groupes et d'informer les bases des militaires sur leurs déplacements pour leur sécurité.

A Kindu, la Section des Affaires Civiles confirme la poursuite des déplacements des populations au nord du territoire de Kabambare (sud-est du Maniema près de la frontière avec le Sud-Kivu). Les ONG opérant dans cette zone parlent de déplacement au nord-est de Saramabila et sud-ouest de Fizi après de violents accrochages entre les FARDC et les FDLR dans le cadre de Kimia II.

Ce mouvement qui a commencé vers le 16 septembre s'est intensifié ces derniers jours et l'envoi d'une mission conjointe multidisciplinaire est envisagé pour évaluer la situation, protéger les civils spécialement au moment où la saison des pluies démarre.

A Mbandaka, la section des Affaires civiles a pris part à une importante rencontre organisée par l'Institut Electoral pour l'Afrique du Sud (EISA). Le forum a mis ensemble la Société Civile et les partis politiques pour discuter des stratégies et des voies et moyens pour combattre la corruption.

Bureau des Droits de l'Homme

Depuis le lundi 28 septembre 2009, le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l'Homme, en partenariat avec l'ONG International Avocat Sans Frontière, tient à Kinshasa la Maison des Droits de l'homme du centre Carter, un séminaire de trois jours sur les mécanismes de protection des victimes de torture.

Sont bénéficiaires cette formation, les ONG des Droits de l'homme de la ville province de Kinshasa.

Par ailleurs, le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l'Homme annonce la visite prochaine en RDC, du 05 au 15 octobre 2009, du Professeur Philip ALSTON, Rapporteur Spécial du Conseil des Droits de l'Homme des Nations Unies sur les exécutions sommaires, extra judiciaires et arbitraires.

(D'autres détails et précisions vous seront fournis en temps utile).

DDR/RR

Entre le 1er janvier et le 23 septembre 2009, la section DDRRR de la MONUC a rapatrié 1.048 ex-combattants rwandais et 1.583 de leurs dépendants. De son coté, le HCR a permis le retour de 10.841 civils rwandais, soit un total général de 13472 personnes. Pour le DDRRR, ceci représente une augmentation de 233% par rapport au chiffre de la même période en 2008.

Le résultat obtenu peut être attribué à la pression militaire de l'opération Kimia II mais surtout à la stratégie de l'établissement des positions DDRRR avec des détachements militaires de la MONUC pour assurer la sécurité.

Le DDR/RR dispose aujourd'hui de 12 sites permanents et 5 sites mobiles dans le Nord Kivu, et de 5 sites permanents et 3 sites temporaires dans le Sud Kivu. Le programme de sensibilisation mis en place par les équipes de terrain est une combinaison de contacts directs avec les commandants FDLR, de programmes radios, de largage de tracts d'information...

Formation policiers et militaires congolais par la MONUC

A Kananga, la police civile de la MONUC organise depuis ce lundi 28 une formation de recyclage du personnel féminin de la Police Nationale Congolaise avec un accent sur l'approche genre. 100 femmes prennent part à cette formation axée essentiellement sur la déontologie professionnelle. Le but poursuivi est un changement de comportement du personnel de la PNC au Kasaï Occidental.

A Kisangani, le lundi 28 septembre, 360 éléments des FARDC ont reçu leur certificat au terme d'une formation de trois mois organisée par le contingent guatémaltèque de la MONUC. Les séances de formation ont porté sur la reconnaissance, les patrouilles, la réaction aux embuscades, y compris la technique de lutte antiguérilla.

Mise en œuvre de la « tolérance zéro » en matière d'abus et d'exploitation sexuels

Le 25 septembre 2009 la MONUC a annoncé l'ouverture de deux enquêtes séparées contre deux de ses membres en poste au Nord Kivu, suite à des allégations de mauvaise conduite sexuelle contre eux.

Toute allégation de cette nature est prise au sérieux par la MONUC. Une équipe d'enquêteurs est déjà sur place pour établir les faits.

Toujours dans ce même registre, le 26 septembre, la Suède a annoncé le rappel d'un de ses officiers en poste en RDC depuis novembre 2008 qui faisait l'objet d'une enquête pour mauvaise conduite. Cet officier est aussi rayé de la liste des actifs des forces armées suédoises.

Situation militaire

En Ituri, les dernières opérations conjointes « Pierre d'Acier » entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et la Force de la MONUC contre les rebelles dissidents au Sud du territoire d'Irumu, lancées le 16 septembre 2009, se sont terminées le 24 septembre 2009. Les efforts fournis dans cette opération ont visé les régions importantes suspectées d'abriter les cachettes des miliciens, sur l'axe Gety-Kabaga-Nyamavi. La Force de la MONUC a soutenu les opérations en menant des patrouilles et en fournissant un soutien logistique.

Par ailleurs, dans la nuit du 27 au 28 septembre 2009, une embuscade a été tendue par la Force de la MONUC conjointement avec les FARDC aux miliciens sur l'axe Marabo-Sejabo et Komanda – Mandive.

Au Nord-Kivu, la semaine dernière, les opérations KIMIA 2 ont été principalement concentrées dans la région de Walikale, malgré que des opérations d'offensive majeure n'aient pas été enregistrées. Les éléments des Forces démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) continuent généralement à demeurer présents dans cet espace, particulièrement dans la région de Ruvungi, située à 65 kilomètres au Nord-est de Walikale, où ils contrôleraient toujours des zones minières. Selon les sources locales, ces éléments sont bien armés et possèdent des téléphones satellitaires et des équipements de communication radiophonique. Une source locale a déclaré qu'ils utilisent les uniformes des FARDC, parmi d'autres, pour cacher leur identité lors des opérations.

Par ailleurs, les exactions commises par les éléments armés contre les civils dans le « Petit Nord » ont constitué un réel problème. Celui-ci était particulièrement inquiétant au Sud-Lubero et dans le territoire de Walikale.

En revanche, le 27 septembre 2009, approximativement 20 éléments présumés appartenir au groupe Mayi-Mayi ont attaqué le camp des FARDC à Nyamilima, situé à 110 kilomètres au Nord-est de Goma, dans le territoire de Rutshuru. Six soldats des FARDC, un dépendant et un élément Mayi-Mayi ont été tués. Trois civils, cinq militaires et un membre de la Police Nationale Congolaise (PNC) ont également été blessés. La Force de la MONUC a immédiatement dépêché de fortes patrouilles à partir de sa Base Opérationnelle Mobile de Nyamilima. Les hiérarchies militaires des FARDC et de la MONUC dans cette région se sont concertées.

Hier matin, 29 septembre, les FARDC déployées à Lwibo, situé à 8 kilomètres de Nyabiondo ont été attaquées par des éléments des FDLR et de l'Alliance des Patriotes pour un Congo Libre et Souverain (APCLS). Les tirs à l'arme légère et lourde ont continué toute la matinée. Les assaillants ont profité de l'absence des militaires FARDC qui ont quitté leurs positions à Lwibo et Kinyumba pour percevoir leur solde et participer à un enregistrement biométrique. Dans la suite, la Force de la MONUC a lancé une attaque avec l'hélicoptère de combat qui a tiré cinq roquettes sur les assaillants les forçant à se retirer dans la brousse. Lors de cette opération, un officier des FARDC et sept éléments armés ont trouvé la mort. A cause de cette réaction rapide de la Force de la MONUC, les FARDC ont réoccupé leurs positions.

Par ailleurs, la Force de la MONUC a maintenu le déploiement de ses Bases Opérationnelles Mobiles Temporaires à Kashebere, Katale, Loufu, Kalembe, Kamango, Nyabnira, la Ferme Osso, Ngungu et à Otobora pour la protection de la population civile contre les représailles des FDLR. En plus, des activités de large domination de terrain et de patrouille se sont poursuivies dans la province. Les patrouilles dans les camps des déplacés pour évaluer la situation sécuritaire et assurer la protection, se sont également poursuivies.

Au Sud-Kivu, le 25 septembre 2009, le commandement de l'opération KIMIA 2 dans cette province a informé la MONUC du progrès de la dite opération, déclarant que les FARDC ont désormais le contrôle effectif de Kilembwe, Makola et Magembe, situé à 34 kilomètres au Sud-ouest de Baraka, dans le territoire de Fizi. Le commandement a également informé que le commandant de la 22ème brigade des FDLR a été tué lors de l'opération des FARDC à Makola.

Par ailleurs, la MONUC a continué à recevoir plusieurs rapports au sujet des attaques criminelles de représailles des FDLR. Dernièrement, un groupe d'éléments des FDLR a attaqué le village Maibano, situé à 6 kilomètres à l'Est de Bulambika, dans le territoire de Kalehe et a pillé les magasins, maisons et brûlé une école. Les criminels ont également enlevé plus d'une douzaine de personnes pour transporter leur butin. Ces personnes ne sont pas encore revenues. A Tchieme, un village voisin, ces éléments ont enlevé 6 personnes et tué un pasteur de l'église locale.

C'est dans ce contexte général, que la Force de la MONUC dans le but d'octroyer un environnement sécurisé et paisible à la population civile assure des mesures de sécurité renforcées en coordination avec les FARDC et les autres agences de la sécurité. L'établissement des Bases Opérationnelles Temporaires est également effectué pour assurer la sécurité de la population dans les régions isolées du Sud-Kivu.

Déclaration liminaire du commissaire Wafy.

Merci de me donner l'occasion de vous entretenir un peu des activités de la Police MONUC au Congo, particulièrement en ce qui concerne l'exécution de notre mandat, qui est essentiellement d'appuyer la Police Nationale Congolaise, de procéder au renforcement des capacités de la Police Congolaise.

Concrètement, comment cela se décline ? La première phase, c'est l'appui que nous apportons à la PNC dans le cadre de la formation, dans le cadre de l'assistance en conseil et dans le cadre du processus de réforme. Et évidemment, dans le cadre du plan de stabilisation à l'est du Congo, nous jouons un rôle dans l'appui au déploiement de la Police Nationale Congolaise dans toute cette zone, que ce soit au Nord-Kivu, au Sud-Kivu et dans l'Ituri.

Le processus de réforme est piloté par le Comité de Suivi de la Réforme de la police dans lequel nos experts jouent un rôle extrêmement important dans les différents groupes thématiques pour pouvoir doter la Police Nationale Congolaise de textes législatifs, réglementaires pour pouvoir, au final, la voir dotée d'instruments juridiques qui puissent lui permettre d'être une police nationale, une police républicaine, une police respectueuse des droits de l'homme et professionnelle. Et dans cet ordre d'idée, il vous souviendra que, actuellement, après l'adoption par le Conseil des Ministres de la loi organique qui est actuellement au niveau du Parlement pour son adoption, qui va être pour nous un point important dans le processus de réforme... Egalement, le processus de collecte de données de la Police Nationale Congolaise qui, à l'issue duquel, va permettre à la Police Nationale Congolaise d'identifier l'ensemble de ses fonctionnaires sur toute l'étendue du territoire congolais, et de disposer d'un fichier avec l'identité — et de produire une carte professionnelle à l'ensemble — des policiers congolais. Ca va être une avancée extraordinaire dans ce processus de réforme.

Au niveau de notre appui dans la formation, je vais vous donner à titre d'exemple les activités que nous menons pour soutenir la Police Nationale Congolaise. C'est par le biais de la formation ; nous avons actuellement un programme de formation de 6200 éléments de la PNC, qui est financée par l'Agence de Coopération Japonaise, JICA. Cette formation va se dérouler sur dans 6 provinces du Congo : Province Orientale, ici à Kinshasa même et dans d'autres zones. Nous avons un autre projet de formation des éléments intégrés Mai-Mai, PARECO, CNDP à Goma, qui concerne à peu près 1500 éléments que nous allons former et déployer. Toujours en termes de formation, — il [le porte-parole] ne l'a pas souligné dans le point qu'il vous a fait, mais je saisis l'occasion pour compléter — nous avons à l'heure où je vous parle des éléments des forces de police sénégalaise qui sont basées à Mbuji-Mayi et à Kananga qui sont actuellement à Rutshuru et Nyamilima pour appuyer et former la PNC qui est déployée dans ces deux localités.

Après ces sessions de formation aux techniques de défense pour leur permettre de renforcer leurs capacités à se protéger, il est prévu d'entreprendre des patrouilles conjointes avec les éléments de la PNC pour sécuriser non seulement ces éléments de la PNC qui sont déployés dans ces zones qui constituent quand même de menaces — il y a eu l'attaque de Nyamilima il y a deux jours, donc c'est des zones qui sont encore en proie à une espèce d'insécurité résiduelle — il nous appartient d'appuyer les éléments de la Police Nationale Congolaise qui sont déployés dans ces zones, de pouvoir leur apporter un soutien en formation et un soutien par notre présence physique sur ces axes-là.

Je ne voudrais pas être très long, mais sachez que, grosso modo, voilà les axes dans lesquels nous intervenons...