Kasaï occidental: Situation humanitaire préoccupante des expulsés congolais de l’Angola

8 mar 2010

Kasaï occidental: Situation humanitaire préoccupante des expulsés congolais de l’Angola

Kananga, 08 mars 2010 - Une mission conjointe MONUC/Kananga, OCHA, OIM, UNICEF, UNFPA, OMS, gouvernement provincial et société civile s'est rendue à Kamako, dans le Kasaï occidental à la frontière angolaise, du 25 février au 2 mars 2010 avec pour objectif de réévaluer la situation humanitaire des expulsés congolais de l'Angola et celle de leur communauté d'accueil, et de vérifier les allégations de violence relevés lors d'une précédente mission.

Les expulsés de l'Angola s'élèveraient aujourd'hui à 10.247 personnes, selon le Comité d'Accueil des Expulsés (CAE)*. Ils sont d'origine congolaise, et avaient traversé la frontière à la recherche d'une vie meilleure. La plupart sont recrutés par des hommes d'affaires congolais ou angolais pour travailler dans les mines, les champs ou le commerce. Certains auraient résidé en Angola durant 25 ans, et seraient même munis de documents de séjour. C'est pourquoi, selon le CAE, près de 70% d'entre eux essaieraient d'y retourner, quelques jours seulement après leur arrivée à Kamako.

A l'issue des deux missions inter-agences de février et de mars 2010, la situation humanitaire dans les domaines de la protection, les risques de Maladies sexuellement transmissibles en particulier du VIH/SIDA, de l'hygiène, de l'eau, de l'assainissement et de la nutrition a été déclaré urgente. De même, « les allégations de viols, tortures, fouilles intimes ont été confirmées », selon Felly Ntumba, le représentant d'OCHA qui a conduit la mission.

Quelque 393 cas de viols ont été répertoriés par le CAE dans la localité de Kamako depuis le début de l'année, dont 366 parmi les femmes expulsées d'Angola. Certaines victimes rencontrées par la mission inter-agences ont subi les violences aussi bien sur le territoire angolais qu'au Congo. La situation a entrainé une augmentation des grossesses non désirées et du taux de décès chez les mères et les enfants.

La MONUC a pris soin d'inclure dans la dernière mission des représentants de la société civile pour qu'ils participent à sensibiliser les expulsés, ainsi que la population, sur les dangers de la migration clandestine. En outre, les gouvernements congolais et angolais ne reconnaissent pas officiellement l'existence du poste-frontière de Kamako, et n'encourageraient donc pas l'ouverture de services et de structures d'Etat pour accueillir ces expulsés. L'implication des agences des Nations Unies et des ONG basées en Angola a été recommandée par la mission conjointe pour un traitement humain et un meilleur contrôle du processus de refoulement des Congolais de l'Angola.

* Le Comité d'Accueil des Expulsés (CAE) n'est pas une structure étatique, mais des personnes qui se sont portées volontaires pour assister les expulsés. Il est reconnu par le Comité Permanent inter-agences (CPIA) et les clusters provinciaux.