Revue de presse du jour
« Le comble de l'ironie dans cette passe américaine, écrit LE PHARE, c'est que c'est Karel De Gucht, le ministre belge des Affaires Etrangères, le mal aimé des autorités congolaises qui est chargé du dossier congolais » et qui ira dans la capitale américaine en mars pour faire « son analyse sur la situation réelle en RDC ». Pour le journal, « De Gucht est donc incontournable et les dirigeants congolais devront apprendre à intérioriser ses vérités, surtout les plus brutales ».
Karel de Gucht maintient son opinion négative sur la classe politique congolaise après sa tournée en RDC, titre L'OBSERVATEUR. « Faut-il parler de néo-colonialisme ou de franc-parler ' », s'interroge le journal.
LE POTENTIEL revient aussi sur les déclarations faites, dimanche, par le ministre belge des Affaires Etrangères après son récent passage en République Démocratique du Congo et qui « n'ont pas encore fini de faire des vagues ». Le quotidien rapporte la réaction du chef de la diplomatie congolaise, Raymond Ramazani Baya, qui dit ne « plus être véritablement surpris par les propos de son collègue belge qui a habitué les autorités congolaises à ses sorties oratoires intempestives ». M. Ramazani a reconnu « que les prises de position de son collègue ne facilitent pas toujours les contacts diplomatiques entre les deux pays », note le journal. Il a déploré « l'affaire des biographies diffamantes sur les personnalités politiques congolaises », distribuées à la presse qui accompagnait la délégation belge, et le « mensonge » de M. De Gucht selon qui les autorités congolaises auraient demandé des sanctions contre le fonctionnaire du ministère belge des Affaires Etrangères « coupable de cette lourde faute professionnelle ». Le chef de la diplomatie congolaise qui a apporté un démenti formel à cette déclaration de M. De Gucht estime cependant, rapporte le journal, qu'il aurait pu « se dispenser de déclarer, comme par défi », que le fonctionnaire ne serait pas sanctionné. « En RDC, il y a peu d'hommes politiques à la hauteur de leur tâche », aurait encore déclaré M. De Gucht, cité par le quotidien. Selon Ramazani Baya, « les acteurs politiques congolais se demandent à leur tour si le ministre belge (') est lui même à la hauteur de l'action que la Belgique souhaite mener en RDC ».
A en croire LE POTENTIEL qui titre Kinshasa et Bruxelles privilégient les relations adultes, les autorités congolaises restent « lucides » dans cette nouvelle affaire et veulent faire une séparation nette entre les déclarations de Karel De Gucht et les relations avec la Belgique « dans l'objectif de sauvegarder nécessairement les liens de coopération entre les deux pays ». Même son de cloche à Bruxelles où, selon le journal, « on minimise les déclarations de Karel De Gucht pour s'accorder sur l'essentiel des relations entre la RDC et la Belgique ».
Cependant, le quotidien affirme que les dirigeants congolais ne font rien sur le terrain pour contredire par des actes concrets les affirmations de Karel De Gucht. « L'entrée en jeu du fils de l'Oncle Sam peut rapidement modifier cette donne salvatrice pour le peuple congolais, le tout pour conduire à l'organisation des élections qui ne semblent pas préoccuper les dirigeants actuels », conclut le journal.
L'AVENIR émet plutôt un avis différent et qualifie Karel De Gucht, dans son éditorial, de plus que « dégoûtant ». Le ministre belge serait rentré, selon le journal, « la queue entre les pattes » puisqu'à Bruxelles, « il y en a qui demandent sa démission ». « Pauvre Karel !», s'exclame le quotidien. « Joseph Kabila est blindé. Son armature, c'est le peuple congolais », ajoute-t-il.
Joseph Kabila : « Moi, je suis blindé », titre justement LE POTENTIEL qui publie l'interview accordée par le Chef de l'Etat congolais au journal belge LE SOIR. Parlant de Karel De Gucht, le Président de la RDC a souhaité voir le ministre belge faire « plus de diplomatie ». Il a mis l'accent sur les « avancées positives » réalisées en quatre ans et depuis la mise en place du Gouvernement de transition et ce, « malgré les faiblesses ». Par ailleurs, pour Joseph Kabila, les attaques contre lui et sa famille constituent « le prix à payer ». « J'ai mal pour ma mère qui prend connaissance de ces insanités. Pour elle, c'est horrible. C'est cela aussi, la politique à la congolaise », a-t-il déclaré.
En réponse à une question du journal belge relative à la formation d'un gouvernement d'union nationale après les élections, Joseph Kabila a fait savoir qu'il n'appartenait pas « à monsieur X, Y ou Z » de dire au peuple congolais, après qu'il se soit exprimé pratiquement pour la première fois, depuis 1960, que « certes, vous vous êtes exprimé, mais moi je crois bien que ceci ou cela est bon pour vous ». Selon le Chef de l'Etat congolais, « tout le monde sera obligé de respecter la volonté du peuple ».
Non au gouvernement d'union nationale après les élections, souligne sur le même registre, L'AVENIR qui pense que les initiateurs de cette thèse qui se développe « dangereusement », se trouvent « présentement dans une phase d'essai » pour faire accepter « cette incongruité aux Congolais ». Le journal rappelle que l'idée avait été avancée par le Secrétaire Général adjoint des Nations Unies chargé des Opérations de Maintien de la Paix, Jean-Marie Guéhenno. Le chef de la diplomatie belge, Karel De Gucht, l'a répété lors de dernier séjour en RDC, note le journal. Il pense que les « laboratoires d'outre-mer » qui veulent imposer leur schéma ne peuvent pas le faire chez eux mais tiennent à sauvegarder leurs intérêts au détriment de la volonté de la « majorité congolaise silencieuse ».
Sous le titre L'enjeu des prochaines élections en RDC, LA REFERENCE PLUS publie dans ses colonnes la réflexion d'André Mbata, professeur à l'Université de Kinshasa. Considérant que les élections constituent un réel challenge pour les démocraties naissantes, ce dernier estime que « l'instauration et la consolidation de la démocratie exigent un certain niveau de culture politique tant dans les chefs des leaders que des masses populaires ».