Kimia II: La MONUC et les chefs coutumiers réfléchissent sur les stratégies d’une collaboration

10 aoû 2009

Kimia II: La MONUC et les chefs coutumiers réfléchissent sur les stratégies d’une collaboration

Bukavu, 10 août 2009 - C'est dans une période historiquement et politiquement sans précédents pour la RDC, marquée par la reprise des relations diplomatiques avec le Rwanda, que la MONUC - Bukavu a rencontré pendant deux jours les chefs coutumiers de la Province du Sud Kivu. Objectif : Réfléchir sur les enjeux de l'opération Kimia II.

La retraite, qui a eu lieu du 07 au 08 août au Quartier Général de la MONUC, a vu la participation de 35 Chefs coutumiers, communément appelés Bami, représentants les chefferies des huit Territoires de la Province du Sud Kivu.

L'objet de la rencontre était de réfléchir sur les défis des opérations militaires menées contre les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR), et sur les stratégies d'une collaboration efficace permettant de faire face aux enjeux de cette opération, qui met en péril la vie des civils.

La conférence a commencé par le mot d'ouverture du Gouverneur de la Province, M. Louis Léonce Cirimwami Mudherwa, qui a mis en relief les premiers résultats des opérations, mais aussi les défis majeurs constatés. Un accent particulier a été mis sur la situation des déplacés, aujourd'hui enregistrés au nombre de 61695 et qui vivent dans les forêts du Sud Kivu.

Le gouverneur a réitéré l'engagement de son Gouvernement à mobiliser les ressources pour venir en aide à ces populations en difficulté et sollicité le soutien de la communauté internationale pour leur venir en aide. En s'adressant aux Chefs coutumiers, le Gouverneur a relevé l'importance de leur rôle dans cette phase cruciale du processus de paix : « Nos Chefs coutumiers sont les premiers vulgarisateurs de toute politique à décider, et les vrais encadreurs naturels de nos populations à la base ».

L'importance de l'échange et du partage d'informations avec les Bami à été réitérée par le Bureau de l'Information Publique de la MONUC, au cours d'une présentation préliminaire sur le mandat et le fonctionnement de la Mission, selon la Résolution 1856 du Conseil de Sécurité et spécifiquement en rapport aux opérations Kimia II.

La MONUC a indiqué que sa mission principale restait la protection des civils. Cette question d'importance capitale dans son mandat a déjà motivé 43 missions d'Equipes Conjointes de Protection, menées au Nord et Sud Kivu. A cet effet, il a été expliqué à l'assistance, les efforts de la Mission pour protéger les civils et son appui aux Forces armées congolaises en termes de facilitation logistique, d'entraînement des troupes et de renforcement des contingents sur le terrain.

Au sujet du retour des FDLR dans leur pays, si M. Alpha Sow a souligné que leur présence sur le sol congolais constituait une menace permanente au processus de paix en RDC, il a précisé que les signes actuels évidents d'une normalisation entre Kinshasa et Kigali, représentaient le moment propice pour mettre fin à la problématique de l'armée étrangère au Congo, à travers le désarmement.

Au sujet des droits de l'homme et des droits de l'enfant en particulier, le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l'Homme a souligné l'importance d'encourager les initiatives récemment lancées par le haut commandement des FARDC, visant à rappeler le respect des règles de discipline au sein des FARDC et la politique de tolérance zéro à l'égard de ceux qui se conduisent mal.

Pour leur part, les Chefs coutumiers, conscients de l'importance de leur rôle et de leur influence dans la société ont affirmé leur soutien aux opérations Kimia II, avant de solliciter une collaboration ferme et solide avec les autorités civiles de la Province dans le respect et la considération de leur statut.

Suite à ces échanges et discussions, près d'une trentaine de recommandations ont été adressées aux autorités nationales, à la MONUC et à l'ensemble de la communauté internationale.

Il a été recommandé par exemple que soit au centre des preoccupations premières de l'Etat et de la MONUC, la mise à disposition des moyens nécessaires pour la protection des populations civiles. A l'Armée et à la Police congolaise, il a été demandé la sécurisation des zones libérées afin d'éviter le retour des FDLR., tandis qu'il a été recommandé à l'Etat congolais, le paiement et l'envoi réguliers de rations aux troupes en opération, afin d'éviter que ces dernières ne deviennent des menaces pour la population.

A la Communauté Internationale, les Bami ont demandé l'assistance aux déplacés des différents territoires et son appui dans la reconstruction des villages incendiés par les FDLR. Un appel distinct a été adressé à la justice internationale, pour qu'elle puisse traquer les têtes pensantes des FDLR en Europe et en Amérique et leur couper les ressources qui leur permettent d'alimenter les combattants sur le terrain.

En déplorant l'absence du commandement des Opérations Kimia II, invité à ces assises, les leaders traditionnels ont lancé un appel à l'Armée congolaise pour une collaboration avec les autorités civiles sur le terrain et demandé aux hautes hiérarchies de poursuivre leur politique de tolérance zéro, dans la lutte contre l'impunité.