Point de presse du mercredi 11 août 2004

12 fév 2009

Point de presse du mercredi 11 août 2004

Le rapport spécial de la MONUC sur la situation des droits de l'Homme en Ituri, le point sur la situation humanitaire au Kivu, la situation épidémiologique inquiétante au Kivu et les activités du Représentant spécial, sont les points forts de la conférence de presse hebdomadaire de la MONUC.
La situation des droits de l?Homme dans le district de l?Ituri est aujourd?hui l?une des plus désastreuses au monde après avoir été longtemps l?une des plus méconnues. C?est ce qu?indique le rapport conjoint présenté par les Sections Droits de l?Homme et Protection de l?Enfant de la MONUC, le 9 août 2004, au Conseil de Sécurité, a déclaré à la presse la Directrice de l?Information, Patricia Tome, au cours du point de presse hebdomadaire de la MONUC.

Ce rapport couvre la période janvier 2002 - décembre 2003. Il fait une description détaillée du contexte du conflit ainsi que des informations sur de nombreux massacres et actes de violence, dont la plupart ont été commis dans le cadre d?attaques contre des villages. On y trouvera aussi des informations sur les assassinats politiques, le harcèlement des opposants politiques et le recrutement d?enfants par les groupes armés entre janvier 2002 et décembre 2003. Le rapport met également en évidence l?impunité complète avec laquelle les groupes armés ont pu commettre ces atrocités.

« D?après les enquêtes menées par la MONUC et diverses associations de défense des droits de l?Homme entre janvier 2002 et décembre 2003, quelque 8 000 civils ? probablement plus? ont été victimes de meurtre délibéré ou de l?emploi aveugle de la force. Il est impossible pour le moment de fournir une estimation du nombre de femmes qui ont été violées ou mises en esclavage sexuel. D?innombrables femmes ont été enlevées, les unes pour être gardées comme « épouses de guerre » et les autres pour être violées ou soumises à des sévices sexuels avant d?être relâchées. Plus de 600 000 civils ont été forcés de fuir de chez eux », a rapporté Patricia Tome. « Des milliers d?enfants âgés de 7 à 17 ans ont été enrôlés de force ou volontairement par des groupes armés, ce qui a mis leur vie en danger et les a privés d?enfance. Des villages entiers représentant tous les groupes ethniques ont été détruits de fond en comble : maisons, installations médicales, écoles et autres équipements publics », a-t-elle ajouté.

Ces violences ont été commises par tous les groupes armés de l?Ituri ainsi que par plusieurs mouvements extérieurs (MLC, RDC, RCD-ML et RCD-N). La composante ex- gouvernement ainsi que les Gouvernements rwandais et ougandais ont, quant à eux, concouru à cette violence généralisée en fournissant aux groupes armés locaux, à un moment ou à un autre, des armes, un entraînement militaire et des conseils.

Parlant de la situation dans le Kivu, la Directrice de l?Information Publique de la MONUC a indiqué qu?elle était toujours tendue. Des rumeurs persistantes font état de livraison d?armes au dissident Laurent Nkunda dans la zone de Kalehe, d?incidents entre éléments armés pro-Nkunda et Forces Armées de la République (FARDC). Ces rumeurs parlent aussi d?incidents au sein même des FARDC, parfois liés à la présence des Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR). « Tout cela bien entendu reste inquiétant », a dit Mme Tome.

Elle a rappelé les visites sur place dans les provinces du Kivu et au Rwanda du Vice-président Ruberwa, ainsi que la présence du Chef d?Etat-Major Général des FARDC, le Général Kisempia, depuis hier à Bukavu, l?arrivée mercredi dans la même ville, du Commandant de la 10e région militaire, le Général Obed, et du Commandant des Forces terrestres de la RDC, le Général Sylvain Buki. « Ces visites ont pour objectif de trouver une solution définitive à la crise qui persiste depuis deux mois dans cette région, en statuant sur le sort de Laurent Nkunda ». L?autre aspect important dans l?agenda militaire de la délégation est la question du brassage de l?armée « qui est une étape essentielle dans la stabilisation sur le terrain, et plus largement un aspect important du processus de transition », a-t-elle ajouté.

Pour sa part, le chef intérimaire de la Section des Affaires Humanitaires, Laurent Guépin, a parlé des conséquences humanitaires de la récente crise du Kivu caractérisée par des combats et des manifestations anti-onusiennes. « Près de 80 % de l?aide humanitaire destinée à 3,3 millions de personnes vulnérables avaient été suspendus », a-t-il rappelé. Mais l?accalmie relative qui règne dans cette partie du pays a permis à la communauté humanitaire de redémarrer ses activités, a-t-il souligné. Donnant l?exemple de Kalehe où les hostilités se sont poursuivies causant le retard dans l?apport de l?aide aux 30 à 35.000 personnes vulnérables et déplacées, M. Guépin a indiqué que 200 tonnes de nourriture et 7000 kits de produits non-alimentaires vont être fournies par le PAM et l?UNICEF. Il a aussi annoncé la tenue mardi à Kinshasa, d?une réunion pour examiner les moyens d?acheminer de l?assistance humanitaire aux déplacés. Une mission de la MONUC, OCHA et des ONG se rendra dans les endroits difficilement accessibles, pour évaluer les possibilités logistiques d?accès à ces sites afin de venir en aide aux populations.

Pour sa part, le Docteur Florent Ekwanzala de l?Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a fait un bilan de la situation épidémiologique de la RDC. « Avec la dégradation de la situation socio-économique et la liquéfaction du système de santé, on assiste à une résurgence des épidémies », a-t-il déploré. Il a fait état d?épidémies de rougeole dans les provinces de l?Equateur, Orientale et du Nord-Kivu ; de 11019 cas de méningite avec 1357 décès à Watsha et dans l?Equateur ; 7 alertes de fièvre hémorragique virale, depuis le début de l?année à Bafwasende, Popo-Kabaka, Yambo, Yambuku, Idjwi, Pimu ; de rougeole avec 5511 cas dont 147 décès au Kasaï Oriental, à Goma, Bukavu, Kalemie. Le Docteur Ekwanzala a rapporté aussi 80 cas de peste enregistrés, dont 4 décès, en Ituri. « L?OMS, en collaboration avec le ministère congolais de la Santé, a mis en place un système de surveillance basé sur des structures décentralisées. Un relevé épidémiologique hebdomadaire permet une détection prompte et une réponse rapide aux situations épidémiques qui surviennent dans le pays », a-t-il dit.

La Directrice de l?Information a aussi annoncé le retour en RDC du Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la RDC, William Lacy Swing. Il revient d?un séjour aux Etats-Unis, principalement New York et Washington où il a rencontré les ambassadeurs des 15 pays membres du Conseil de Sécurité au siège de l?ONU et des représentants du Département d?Etat américain. « Le Conseil de Sécurité doit décider des termes du renouvellement du mandat de la MONUC à partir du 1er octobre sur la base des recommandations que présentera le Secrétaire Général dans un rapport qui devrait être publié la semaine prochaine », a précisé Patricia Tome.

M. Swing se rendra vendredi 13 août 2004 à la cérémonie de clôture du séminaire sur la police congolaise qui se tient actuellement à Kinshasa depuis lundi, a-t-elle aussi annoncé. Ce séminaire regroupe les inspecteurs provinciaux et nationaux et leurs adjoints, l?état-major de la police nationale, la Police Civile de la MONUC. « L?objectif du séminaire est de proposer dans un rapport au gouvernement une stratégie future pour la police », a dit Mme Tome.

M. Swing se rendra également ce week-end à Bunia et Kisangani dans le cadre de ses visites régulières dans le pays et dans les bureaux de la MONUC, a-t-elle encore indiqué.