Revue de presse

20 fév 2009

Revue de presse

Ce mercredi 3 mars, la presse kinoise réserve ses principales manchettes à l'insécurité de plus en plus croissante à l'Est de la République Démocratique du Congo, caractérisée particulièrement par des troubles à Bukavu et à Bunia. Quelques journaux évoquent la controverse autour de la tenue d'élections et des conditions d'éligibilité des présidentiables ainsi que les retombées de l'affaire Olenghankoy.
« Ville morte à Bukavu », « Fermeture des frontières entre le Rwanda et la RDC », « Accrochage entre milices et Casques bleus à Bunia », les nouvelles sont alarmantes dans les quotidiens. « La ville de Bukavu mène une nouvelle fois une opération ''ville morte'' aujourd'hui et demain, en signe de protestation contre l'attaque la semaine dernière de la résidence du général Prosper Nabyolwa, officier supérieur nommé par Kinshasa pour commander la 10ème Région militaire du Sud-Kivu et dont on a perdu les traces depuis plusieurs jours », annonce Le Potentiel qui cite les sources de l'agence catholique Misna, selon lesquelles il y a eu des tirs hier dans la ville.

« L'affaire du général Nabyolwa, rappelle le quotidien, avait suscité de nombreuses tensions dans le chef-lieu de la province du Sud-Kivu. Dans la nuit de lundi à mardi (23-24 février 2004), un groupe d'hommes armés banyamulenge (Tutsi congolais), probablement des ex-rebelles du RCD-Goma-la faction soutenue par le Rwanda, qui siège aujourd'hui au gouvernement transitoire de Kinshasa-avait attaqué le domicile de Nabyolwa, tentant de le tuer et assassinant deux de ses gardes du corps... Les promoteurs de la ville morte demandent que la sécurité de Nabyolwa, réfugié dans une localité inconnue, soit assurée et qu'il puisse continuer son travail. »

D'après un interlocuteur de Misna, il existe à Bukavu « un fort mécontentement populaire envers la MONUC, qui patrouille généralement les rues mais qui n'est pas intervenue le jour de l'agression de Nabyolwa. La MONUC est taxée d'indifférence face à la tension qui règne à Bukavu. »

Même situation à Bunia, où Le Potentiel rappelle également « un accrochage entre milices et Casques bleus qui a fait, dimanche soir, deux morts ; quatre miliciens blessés, dont deux grièvement, et un Casque bleu marocain touché par balles à la jambe... »
Le même journal publie un communiqué de presse du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) daté du mardi 2 mars, « accusant des politiciens kabilistes d'incitation à la haine ethnique et d'attiser la violence contre la MONUC qui s'observe dans les médias à Kinshasa. »
Dans ce document le RCD « dénonce devant l'opinion tant nationale qu'internationale la dangereuse dérive d'incitation à la haine ethnique et contre les Nations Unies des membres des partis politiques PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et le développement-obédience Joseph Kabila) et M17 (Mouvement du 17 mai 1997-né à l'avènement de Laurent-Désiré Kabila) dans les médias depuis une semaine qui, de manière excessive, ne cesse de distiller des messages visant à susciter une tension socio-ethnique entre les communautés de l'Est de la République dans la plupart des organes de la presse de la capitale et à traiter de tous les maux la MONUC et le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en RDC, l'ambassadeur William Swing. »

A en croire le RCD, « les dirigeants du PPRD et du M-17 dictent les événements de Bukavu, manipulent une partie de la Société civile, une partie de l'Eglise catholique et des tracts les plus nocifs sont distribués dans la ville. »

De plus : « Quatre compatriotes congolais d'expression rwandophones et deux sujets rwandais, en visite de fraternité à Bukavu, ont fait l'objet de lynchage par un groupe d'extrémistes surexcités et montés pour la circonstance et agissant pour le compte de ces instigateurs ; la tombe du défunt commandant Masasu Nindaga, exécuté par décision de la tristement célèbre Cour d'Ordre militaire, a été profanée le lundi 01 mars courant à Bukavu par le même groupe.. », accuse le RCD.

Un autre communiqué (d'accusation) c'est celui de la communauté Hema de Kinshasa, rapporté par La Tempête des Tropiques, « dénonçant les massacres de la population civile par les soldats de la MONUC déployés en Ituri. » Selon ce communiqué signé par son secrétaire, la communauté Hema de Kinshasa souligne que « les militaires de la Mission des Nations Unies au Congo (MONUC), déployés en Ituri pour restaurer la paix, se détournent de leur noble mission pour se livrer à des graves violations des droits de l'homme et des crimes contre l'humanité. »
En effet, indique ce document, dans la nuit du 29 février au 1er mars 2004, vers 23 heures, « plus de trente militaires de la MONUC se sont introduits, chez M. Nzani, un commerçant qui venait de perdre un de ses enfants dans la même journée. Pendant que les membres de famille endeuillée pleuraient leur enfant, ils se sont vus encerclés par les militaires qui ont ouvert le feu sur ces personnes, tuant ainsi une dizaine d'entre elles et blessant plusieurs autres... »

La situation traumatisante à Bukavu a provoqué la fermeture des frontières entre le Rwanda et la RDC, selon La Tempête des Tropiques. Une décision prise par les autorités de Kigali, précise La Référence Plus. Cependant, d'après L'Observateur il y aurait « une concentration des troupes armées à Cyangungu, ville rwandaise voisine de Bukavu, n'attendant que le moment opportun pour envahir, encore une fois de plus, la RDC. »

A Kinshasa, en politique, Le Potentiel tire une autre sonnette d'alarme : « A dix mois de la fin de la transition, la classe dirigeante a peur des élections. » « Ni l'armée ni la police ne sont réunifiées ; le territoire national demeure encore divisé », constate le journal qui se fait écho de la rencontre, hier, des membres du Comité international d'accompagnement de la transition (CIAT) avec le Président Joseph Kabila à qui ils ont fait part « de leurs craintes et appréhensions. »

Au Sénat, pendant ce temps, « l'âge du chef de l'Etat (est) à l'ordre du jour », indique Forum des As. Le journal annonce « un débat passionnel et houleux en perspective au Parlement sur l'âge requis pour prétendre à la magistrature suprême du pays...Les uns, dans une surenchère compréhensible, voudraient fixer l'âge minimum à 40 ans. Les autres se prononceraient de déterminer l'âge maximum à 70 ans. »

« Le jeu politique a quelques fois des surprises inattendues », tente de conclure Le Palmarès, au sujet de la suspension du ministre Olenghankoy. Selon ce journal, « cette décision aurait fait gagner au Président Joseph Kabila des dividendes politiques. Grâce à l'arme jurisprudentielle, le chef de l'Etat est désormais doté des pouvoirs lui permettant de suspendre ou de révoquer les ministres de la Transition. Le danger de tels pouvoirs est tel qu'ils conduisent au despotisme. »