Revue de presse du 16 juin 2004

20 fév 2009

Revue de presse du 16 juin 2004

La crise qui prévaut dans l'Est de la République Démocratique du Congo domine l'actualité vue par la presse kinoise de ce mercredi.
LA TEMPETE DES TROPIQUES annonce en première page que la Mission de vérification MONUC-10e région militaire est empêchée de se rendre à Kamanyola par un groupe de combattants Maï-Maï incontrôlés. Le journal précise que la délégation conjointe, à bord d?un hélicoptère, a dû rebrousser chemin et regagner Bukavu. « Les patrouilles terrestres de la MONUC ont dû être annulées suite à la présence de mines antipersonnel et le front s?est stabilisé au sud de Kamanyola. Les troupes loyalistes et les rebelles du Colonel Jules Mutebutsi se font toujours face », ajoute le quotidien. Il souligne par ailleurs que l?état-major des Forces Armées de la République Démocratique du Congo accuse les insurgés de recevoir l?appui de l?armée rwandaise, « accusations confirmées par le Commandant Patrick Masunzu, un Tutsi congolais opposé au tandem Nkunda-Mutebutsi ». Cet officier, selon le journal, affirme que le Rwanda a engagé des chars d?assaut aux côtés des insurgés. Pour lui, Mutebutsi n?a jamais disposé de ce type d?engins blindés. Même le Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD) dont est issu l?officier dissident, ne dispose pas de tanks, selon M. Masunzu.

Même son de cloche dans le journal LE PHARE qui écrit à la Une : Kigali soutient Laurent Nkunda. Le journal en veut pour preuve les dernières déclarations du chef de la diplomatie rwandaise, Charles Murigande, qui, à l?issue d?une rencontre avec les délégués de l?Union Européenne, a fait de « graves déclarations ». Il ressort de celles-ci que « même s?il n?est pas prouvé qu?il aide militairement la rébellion du général Laurent Nkunda, il lui accorde tout au moins un soutien moral ». LE PALMARES indique de son côté que le ministre rwandais des Affaires étrangères approuve la guerre menée par Nkunda à l?Est de la RDC. Le ministre, tout en niant l?implication de son pays dans la crise qui menace d?embraser la RDC, « voit justement l?existence du massacre des Tutsi à Bukavu et trouve alors fondée l?intervention de Laurent Nkunda », écrit LE PHARE pour qui les propos de M. Murigande « prennent à contre-pied la position américaine qui déclare qu?il n?y a pas eu de massacres de Tutsi à Bukavu ».

Il n?y a pas eu de massacre des Banyamulenge à Bukavu, affirme en première page LE PALMARES qui cite Robert Ricci, responsable de la Section Droits de l?Homme de la MONUC. D?après ce dernier, « tous les civils de Bukavu, sans distinction, avaient souffert de violences occasionnées par la prise de cette ville ». Les gens qui parlent de génocide créent eux-mêmes la haine, note LE POTENTIEL qui cite également M. Ricci. LE PALMARES, se basant sur la même source, indique que les violences ? devant être élucidées - ont été commises par les deux camps. « Par contre, l?intervention de Nkunda sous prétexte de génocide, n?est pas une idéologie congolaise car, en RDC, on le sait, avec plus de 450 ethnies, le problème identitaire n?a jamais existé. C?est le Rwanda et le Burundi, par contre, qui développent cette culture du génocide », rapporte le journal.

LE PHARE se veut optimiste et indique qu?en dépit des « positions claironnées de Nkunda, une voie de sortie diplomatique n?est pas exclue ». Le journal rapporte qu?une délégation gouvernementale conduite par le ministre congolais des Affaires Sociales est arrivée mardi à Bukavu pour apporter de l?aide à la population et principalement pour rassurer la communauté Banyamulenge ». Il y voit une « volonté manifeste de l?Exécutif congolais de couper l?herbe sous les pieds de ceux qui chercheraient à instrumentaliser les prétendus massacres sur les populations Banyamulenge ».

Pour LE POTENTIEL, il s?agit là du premier acte de « l?Initiative républicaine », lancée par le gouvernement de transition et rapportée au Chef de la MONUC ainsi qu?aux ambassadeurs de France et de Belgique que les présidents des institutions d?appui à la démocratie ont rencontrés pour connaître « la lecture que fait la Communauté internationale de la situation actuelle et les dispositions prises pour conjurer l?interruption du processus de transition en cours ». La délégation gouvernementale va aussi se rendre à Cyangungu au Rwanda pour apporter un soutien aux Congolais réfugiés dans cette ville. Toujours dans le cadre de cette initiative républicaine, souligne le journal, une délégation de haut niveau ira samedi à Bukavu « prêcher la concorde aux populations, expliquer aux mutins que l?aventure est terminée, et insister sur le fait que la population sera sécurisée sans distinction d?origine ethnique ». Il est prévu aussi la mise en place d?une commission mixte de vérification comprenant la RDC, le Rwanda, le Burundi, sous la supervision de la MONUC dont la mission sera d?observer, dans un espace de temps déterminé, « le mouvement des troupes régulières du Rwanda, des Interahamwe et des autres milices afin de vérifier les accusations des uns et des autres », pour recréer la confiance entre les différents pays des Grands Lacs. Les présidents des institutions d?appui à la démocratie auront aussi des entrevues avec les ambassadeurs des Etats-Unis, du Gabon et de Russie.

Le quotidien souligne que la question actuelle consiste à chercher une voie de sortie pour tout le monde. « L?implication de la communauté internationale dans le processus de paix en RDC indique clairement que la page de la guerre est définitivement tournée », écrit ce journal qui annonce l?arrivée, ce mercredi à Kinshasa, du chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, qui devrait aller dans le même sens que le Belge Louis Michel récemment en séjour en RDC et dans la sous-région.

A en croire LE PHARE, « l?absence de déclaration après la réunion de l?espace présidentiel, pourrait signifier que tout le monde a compris la nécessité de s?investir dans la discrétion pour éviter de perdre la face ». Le RCD, dont le collège des fondateurs s?est réuni lundi à Kinshasa, rapporte le journal, « n?entend pas en dépit de la pression de certains extrémistes, suivre Laurent Nkunda dans ses égarements ». LE POTENTIEL titre à ce sujet : Crise de Bukavu, le RCD Nyarugabo se désolidarise du général Nkunda. « La solution au problème du Sud-Kivu est politique et non militaire », a indiqué Moïse Nyarugabo, député national pour le compte de l?ex-mouvement rebelle. Pour L?AVENIR, le couple Mutebutsi-Nkunda noie Ruberwa et insécurise les Banyamulenge.

Par ailleurs, FORUM DES AS titre : Démission volontaire des fonctionnaires internationaux de la MONUC. Le journal voit dans cette démission une façon pour ces fonctionnaires de se solidariser avec les étudiants qui ont manifesté les 2, 3 et 4 juin 2004. Ces démissions ne seraient pas liées à une quelconque question sécuritaire, mais à « la mauvaise image de la MONUC dans la perception des populations congolaises ». Le quotidien, sans révéler sa source, parle d?un millier de candidats à la démission (alors que la MONUC compte 600 fonctionnaires internationaux), qui déploreraient la distance entre « leur noble mission au service de la paix et la duplicité révélée des suites des événements politiques et militaires de l?Est de la RDC ».

LE PALMARES revient sur l?affaire du coup d?état manqué dans la nuit du 10 au 11 juin 2004 à Kinshasa perpétré par le major Eric Lenge et tente d?expliquer son geste : en se rendant à la Radio Télévision Nationale Congolaise (RTNC), il était soit sûr que ses complices devant éliminer Joseph Kabila avaient bel et bien agi ; soit ayant appris que l?élimination physique du président congolais avait échoué, il avait quand même décidé de diffuser son message « car les carottes étaient cuites ».

Une commission d?enquête a été mise en place pour faire la lumière sur cette affaire et pour retrouver le reste des fugitifs, dont le chef de la bande, encore en cavale, annonce LE POTENTIEL.