Revue de presse du jour

23 fév 2009

Revue de presse du jour

La nouvelle de la démission, lundi à Kinshasa, du Directeur de cabinet du Chef de l'Etat, Evariste Boshab, est reprise par la plupart des journaux kinois ce mardi. La presse de Kinshasa planche aussi sur les menaces du Rwanda d'envahir l'Est de la RDC.
Après une longue entrevue avec le Chef de l'Etat congolais dans la matinée de lundi, « le Professeur Evariste Boshab, Directeur de cabinet, a présenté sa démission en raison de son honneur et de sa dignité qui ont été sérieusement affectés par le rapport de l'Assemblée nationale », annonce LA REFERENCE PLUS qui publie un communiqué de la Présidence de la République. Joseph Kabila a reçu cette démission et se réserve le droit d'y donner suite, poursuit le communiqué.

« Contrairement au complexe de mauvais citoyens que d'aucuns tentent de nous inculquer par tous les moyens, il ne manque pas dans ce pays des Congolais qui forcent le respect, tant ils prennent les choses avec toute la hauteur voulue », écrit L'OBSERVATEUR. « Dans un geste empreint d'élégance et de dignité », le Professeur Evariste Boshab a remis sa démission au Chef de l'Etat, annonce le journal en première page. Cette démission du Directeur de cabinet du Président congolais fait suite au rapport de la Commission parlementaire Bakandeja sur l'audit des entreprises publiques, explique le quotidien. M. Boshab, « cité dans ce rapport sans avoir été préalablement entendu par la Commission », selon le journal, « s'est senti dans l'obligation de demander au Chef de l'Etat de le décharger de ses fonctions qui n'autorisent pas que celui qui les assume puisse jouir d'une réputation trouble dans l'opinion ». Pour L'OBSERVATEUR, Evariste Boshab, dont le poste est « ô combien envié », a été un Directeur de cabinet « efficace et fidèle ».

L'AVENIR rend aussi hommage à M. Boshab. Sa démission, estime le journal, est une grande première après celle de l'ancien Premier ministre sous le régime Mobutu, le Professeur Lunda Bululu. « Evariste Boshab l'aurait fait avant, cela aurait été assimilé à une fuite en avant. En fait, le Directeur de cabinet du Chef de l'Etat qui vient de démissionner permet ainsi de ne pas entraver l'action de la justice puisqu'il est présumé innocent », écrit le quotidien.

La démission du Professeur Evariste Boshab : fuite en avant ou élégance politique ', s'interroge LA REFERENCE PLUS qui rappelle que M. Boshab a été cité dans le rapport de la Commission « comme prédateur et complice dans des détournements de deniers publics ». Et pour certains observateurs, cités par le journal, « Boshab aurait dû attendre le verdict de son maître après les conclusions de la commission d'audit. Il a donc voulu échapper au ridicule ». Pour LE POTENTIEL, l'ancien Directeur de cabinet du Président de la République a été « victime d'un traitement discriminatoire » puisqu'il n'a pas été écouté par la commission Bakandeja. LE PHARE, qui cite « des observateurs sérieux », salue « l'élégance, la dignité et le sens de responsabilité d'Evariste Boshab ».

Mains propres : Kabila n'a pas le choix, titre LE PHARE. « Face aux accusations d'absence de l'Etat et de corruption généralisée, Joseph Kabila n'a effectivement que le choix de lancer un message clair en direction de l'opinion nationale et de la Communauté internationale. Même si, pour l'exercice, il doit passer par le lynchage de son propre Directeur de cabinet, sacrifié pour crédibiliser la démarche globale du Président de la République », écrit le journal.

Evariste Boshab a été poussé à la démission par Joseph Kabila, estime pour sa part, LE PALMARES qui qualifie de « peu convaincantes » les raisons avancées par M. Boshab, « pour tirer la couverture de son côté ». Le journal pense qu'en démissionnant, « Boshab a implicitement reconnu sa faute ». Le quotidien dénonce les « simagrées d'une certaine presse de la coterie », et se veut peu tendre à l'endroit de ses confrères qui soutiennent M. Boshab.« Dommage pour ceux qui ont eu à fustiger ''le génocide financier'' et qui, aujourd'hui, font un retournement de costume pour des raisons faciles à deviner », écrit LE PALMARES.

A en croire FORUM DES AS, « après le départ attendu d'Evariste Boshab », Nkema Liloo, Kabuya Lumuna'(sont) cités à la tête du cabinet de Kabila. Ces deux personnalités « qui ont fait jadis la pluie et le beau temps sous le régime Mobutu » sont de plus en plus citées pour succéder à M. Boshab. Elles ont en commun « une expertise avérée et éprouvée ». Mais « les voies de Joseph Kabila étant insondables, il n'est pas exclu qu'il fasse recours à une autre personnalité de grande envergure pour diriger son cabinet », ajoute le journal.

Les ministres suspendus après le rapport de la Commission Bakandeja protestent contre la mesure prise par le Président congolais. José Endundo (des Travaux publics et Infrastructures) clame son innocence et dénonce la procédure utilisée pour le suspendre, indiquent LA REFERENCE PLUS et LE PALMARES. José Endundo écarte les 12 griefs portés contre sa personne, indique FORUM DES AS. Selon aussi ce quotidien, Diomi Ndongala des Mines a transmis un mémorandum au Chef de l'Etat dans lequel il a répondu point par point aux griefs retenus contre lui, lors de son audition à la commission Bakandeja. Diomi Ndongala dénonce la cabale montée contre sa personne, titre encore L'OBSERVATEUR. Olenghankoy (des Transports) annonce une conférence de presse musclée, indique de son côté LE PHARE. Les contestations fragilisent la Commission Bakandeja, titre encore LE PHARE. Il fait état de nombreuses faiblesses qui « peuplent les documents (de la commission) transmis à la plénière de l'Assemblée nationale ». Le déballage sera global et inclusif, souligne encore le journal qui pense que ce serait une «véritable escroquerie intellectuelle et politique que de s'arrêter en si bon chemin ». Le Parti du Peuple pour la Reconstruction et le Développement (PPRD) de Joseph Kabila « a déjà engagé une campagne exigeant des audits dans les territoires réunifiés. Cela est une bonne chose », souligne le quotidien.

Voici la raison cachée des nouvelles menaces de Kagame contre la RDC, titre LE PALMARES sur un autre registre. Il cite la presse belge, notamment LE SOIR et LA LIBRE BELGIQUE qui ont révélé, lundi, que Joseph Kabila avait l'intention de muter le Commandant de la 8e région militaire (Nord-Kivu) et le gouverneur de cette province, Eugène Serufuli, à Kinshasa, car ils « permettent les infiltrations de l'armée rwandaise en RDC et le pillage des ressources ». Les deux journaux belges soutiennent que Paul Kagame « est furieux » et veut jouer à l'anticipation « en rendant cette partie du pays ingouvernable afin que Joseph Kabila ne bouge pas les deux complices du Rwanda », rapporte le quotidien. Paul Kagame fait de faux calculs en RDC, estime L'AVENIR qui dénonce le prétexte avancé par le Président rwandais, à savoir, celui de « s'occuper des Interahamwe », étant donné le manque de volonté du Gouvernement congolais de les désarmer. Le journal est persuadé que Kigali ne cherche qu'à piller les ressources du Congo puisqu'il ne sait « plus se passer des capitaux gagnés gratuitement au Congo ». « Là où Kagame se trompe, c'est lorsqu'il pense que l'armée congolaise ne lui opposera aucune résistance. (') Le ministre congolais des Affaires Etrangères l'a dit : le Congo n'assistera pas à une nouvelle agression du Congo », poursuit le quotidien. Les troupes fraîches des FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) (seront) bientôt (déployées) au Nord-Kivu, pour « sécuriser les frontières de la RDC et empêcher les Interahamwe d'opérer à partir du territoire congolais », précise LE PALMARES.

Olusengun Obasanjo (est) attendu à Kinshasa au courant de la semaine, annonce L'AVENIR. Le Chef de l'Etat du Nigeria et Président en exercice de l'Union Africaine doit rencontrer son homologue congolais, puis Paul Kagame à Kigali, pour « aboutir à un règlement de la crise entre le Rwanda et la RDC », précise le journal.