Verbatim point de presse-05 juillet 2006

13 fév 2009

Verbatim point de presse-05 juillet 2006

Le point de presse hebdomadaire de ce mercredi 05 juillet 2006 a été animé par Kemal Saïki, Directeur de la Division de l'Information Publique, Porte-parole de la Mission, Fernando Castanon, Directeur de la Division des Droits de l'Homme, le Lieutenant-colonel Stéphane Lescoffit (Porte-parole militaire) et Jean-Tobie Okala, Porte-parole adjoint de la MONUC.
Bonjour à tous et à toutes, et merci pour votre fidélité à ce rendez-vous hebdomadaire de la revue de l'actualité de la MONUC. Je salue également tous les auditeurs de Radio Okapi qui nous suivent à travers le pays et le monde, grâce à l'Internet notamment.

La situation générale en République démocratique du Congo est restée stable sur l'ensemble du territoire au cours des sept derniers jours ; aucun événement majeur n'a remis en cause la sécurité du pays.

Deux faits importants ont marqué la semaine écoulée :

- Le lancement officiel de la campagne électorale pour les prochaines élections générales en RDC,
- Et le processus de démobilisation qui a connu une certaine accélération ces derniers jours en Ituri.

Jean-Tobie, le développement de cette actualité.

Cela n'a échappé à personne, le jeudi 29 juin dernier à minuit, la République démocratique du Congo a ouvert une nouvelle page de son histoire, avec le lancement officiel de la première campagne électorale libre et démocratique du pays depuis 1965 ! C'est un moment historique, qui signifie clairement que les élections vont bel et bien avoir lieu en RD Congo à la date retenue par la Commission Electorale Indépendante ; cet événement, que nous saluons, signifie aussi que le processus électoral est irréversible, et que tous les efforts déployés par tous : CEI, gouvernement, le peuple congolais, les Nations Unies, la MONUC, la communauté internationale, l'Union Européenne, l'Union Africaine, la communauté des Etats de l'Afrique Australe (SADC), la Communauté des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC)..., que tous ces efforts n'ont pas été vains.

Evidemment, cette période n'est pas sans risques. La MONUC demande que la campagne se déroule dans un esprit constructif, calme et serein. Les partis politiques doivent appliquer le code de bonne conduite qu'ils ont eux-mêmes librement signé le 27 mai dernier, et s'abstenir ainsi de tout acte de nature à mettre en danger le processus électoral. La campagne doit être un moment de réflexion collective sur l'avenir de la République démocratique du Congo, et de ce fait, ne doit pas virer aux injures, à la calomnie ou aux attaques contre des personnes.

La Haute Autorité des Medias et la Commission Electorale Indépendante ont fixé les règles du jeu pendant cette campagne. Nous invitons instamment tous les candidats et candidates à les respecter scrupuleusement. Quiconque enfreindra ces principes démocratiques ne trouvera aucune sympathie auprès de la MONUC ou de la communauté internationale.

De même, la MONUC demande aux medias d'observer le code de conduite, tel que défini par les instances appropriées, et de continuer à informer la population sur les enjeux des prochaines élections ; nous demandons également aux medias d'éviter de relayer les discours de haine et de xénophobie qu'ils doivent dénoncer par ailleurs, et de promouvoir une culture de la paix à travers les émissions et publications ; il est aussi important que la presse dénonce la chasse aux sorcières que certains candidats pourraient être amenés à pratiquer pendant cette campagne ou même après les élections.

La presse est un vecteur de transparence ; et vous pouvez aider à maintenir, voire garantir la transparence de ces élections.

Même vous adhérez à un courant philosophique, religieux ou politique, il est essentiel que vous établissiez distinctement la différence entre le factuel, qui doit être un compte-rendu de la réalité observée et l'opinion, qui peut refléter vos prises de position ou celles de votre organe de presse. Vous pouvez prendre position, à condition d'indiquer clairement la nature de vos propos et de ne pas présenter comme des faits ce qui ressort de l'éditorial.

Les médias peuvent contribuer à élever le discours politique en interpellant les candidats, en leur demandant un véritable débat, présentant des projets de société, une vision d'avenir pour le peuple congolais

Par ailleurs, la MONUC reste fortement préoccupée par un certain nombre d'incidents survenus récemment à Goma, à Kinshasa et ailleurs en RDC, et qui tendent à limiter la liberté de la presse en RD Congo. La liberté de la presse est un principe fondamental de la démocratie. Les Nations Unies accordent un intérêt particulier à la liberté de la presse. La Haute Autorité des Medias, qui a en charge la régulation des medias et la défense de la liberté de la presse en RD Congo, étonne par son silence ; la MONUC demande que cette Institution prenne ses responsabilités, afin que cessent les intimidations et menaces dont les journalistes continuent à être victimes en RDC.

Par ailleurs, en complément aux efforts que la communauté internationale déploie pour aider à la réussite du processus, la MONUC estime qu'il est important que chacun remplisse son devoir afin que rien ne perturbe le processus électoral. Ainsi, nous demandons à la CONADER de faire en sorte que les ex-combattants puissent être payés à temps et régulièrement, et de ne pas attendre que ceux-ci menacent d'abord de tout détruire avant qu'ils ne perçoivent leurs filets de sécurité.

Pour clore ce chapitre sur les élections, la MONUC rappelle à tous les candidats et partis politiques qu'il est strictement interdit d'utiliser les enfants à des fins politiques. C'est non seulement contraire à la loi, mais c'est aussi moralement répréhensible.

* Sur le plan sécuritaire et militaire justement, nous avons noté ces derniers jours et avec satisfaction une certaine accélération du processus de démobilisation en Ituri. Plus de détails avec vous, Lieutenant-colonel Stéphane Lescoffit :

Durant la semaine écoulée les troupes de la MONUC ont escorté les transports de matériels électoraux, alors que les efforts d'information sur le processus électoral de la part de patrouilles et d'observateurs militaires ont continué quotidiennement.

En Ituri, depuis la réouverture du processus de démobilisation 2613 personnes se sont rendues et ont déposé 1761 armes et de grandes quantités de munition et d'équipements de communication. Ces redditions sont un signe encourageant, même si la CONADER doit faire fait face à quelques difficultés logistiques qui peuvent frustrer certains ex-combattants. De même, la reddition du « colonel »Muhito Akobi Emil, chef politique de l'ex-FRPI, marque aussi une avancée vers une solution durable en Ituri.

Ces opérations de désarmement, démobilisation et réinsertion sont prolongées jusqu'au 15 juillet prochain. Le site de transit reste ouvert à Bunia ainsi que les points de désarmement à l'intérieur du district.

Toutefois, il reste encore des fauteurs de trouble en Ituri. Ainsi, des miliciens ont lancé une offensive afin de récupérer leur bastion de Tchei. Le 29 juin des miliciens de l'ex-FRPI ont attaqué les positions des FARDC à Tchei et ont repris la localité après de violents combats. Une vingtaine de soldats blessés ont reçu des soins auprès des installations médicales de la MONUC. Le 1er juillet, des positions FARDC proches de Aveba ont été prises sous le feu des miliciens, des blindés et des hélicoptères d'attaque de la MONUC ont appuyé les FARDC lors de la défense de ces positions. Au total, 33 roquettes ont été tirées par les hélicoptères. 13 blessés des FARDC ont été soignés dans les installations de la MONUC. L'hélicoptère d'attaque engagé à Tchei a été touché deux fois par des tirs d'armes légères, sans dégâts. Des dizaines se miliciens sont tombés au cours des combats. Les troupes de la MONUC renforcent leurs positions afin d'être prêt à soutenir les FARDC dans leurs actions contre les miliciens. Des éléments ont été mis en alerte et une compagnie sud africaine a été déployée à Kagaba. Le 2 juillet un hélicoptère de combat est à nouveau touché par un tir d'arme légère alors qu'il effectuait des reconnaissances au-dessus de positions des miliciens.

Parallèlement les casques bleu bangladeshi mènent quotidiennement des opérations de ratissage et de contrôle dans les villages environnants à partir des bases de Marabo et de Komanda. Ces opérations ont pour but de protéger et de rassurer la population locale et d'empêcher une progression des miliciens vers Bunia.

Au Nord Kivu
Le bataillon indien a maintenu une surveillance intense dans le territoire de Rutshuru. En plus des patrouilles et des postes de contrôle mobiles, des bases mobiles avec la participation des FARDC on été installées pendant la semaine écoulée à Kabati et Rushege. Dans le cadre de NORTH NOTCH, les patrouilles ont été renforcées et conduites à un rythme plus soutenu. 13 combattants hutus rwandais on rejoint le processus de rapatriement à Sake le 3 juillet, ville où les troupes indiennes ont contribué au rétablissement d'une installation hydro-électrique.

Au Sud Kivu
Les casques bleus pakistanais ont occupé une base mobile à Tubimbi à 50 km au sud de Walungu, du 27 Juin au 5 Juillet, afin de contribuer à l'amélioration de la situation sécuritaire. Dans le cadre de cette opération des réparations ont été effectuées sur la route reliant Tubimbi à Walungu. La situation dans la province est restée stable, les actions de sécurisation des marchés, les points de contrôles, les patrouilles et les actions de protection de lieux de culte se sont déroulées sans incidents durant la semaine.

Enfin, afin de renforcer les efforts de surveillance et de pédagogie dans le cadre des élections, et ce dans l'ensemble de la RDC, depuis un mois, on peut noter la mise en place de nombreuses nouvelles équipes d'observateurs militaires, que nous appelons MILOBS, comme a PUNIA et KASONGO dans le MANIEMA, ou ANGO en Province orientale, LUBUDI et KOLWEZI dans le Katanga.

* Sur le plan humanitaire à présent, au moins 5.000 personnes déplacées, en provenance principalement de Tchekele, Nyankunde et Aveba, étaient répertoriées hier matin à l'entrée de Bunia, dans le quartier « Tchem Tchem », suite aux attaques lancées vendredi dernier sur les positions des FARDC à Tcheyi, Aveba, Geti et Tchekele (territoire d'Irumu, district d'Ituri). Ce sont les premières estimations chiffrées des mouvements massifs de population constatés ces derniers jours par diverses sources humanitaires en Ituri. Mouvements qui ont été identifiés sur plusieurs axes : en direction de Geti et de Bukiringi, mais aussi depuis Kombokabo et Tchai vers Rwampara, ainsi que de Bogoro et Kagaba vers Kotoni (à l'entrée de Bunia). Parmi ces nouveaux déplacés, on compte 920 personnes qui s'étaient réinstallées à Tcheyi après la prise de la localité par les FARDC.

Si les attaques des milices se poursuivent dans les prochains jours, on prévoie qu'avec un total d'environ 55,000 déplacées dans les alentours de Tcheyi, ce mouvement en direction de Bunia va s'accélérer. Pour parer à cette éventualité, la communauté humanitaire a identifié un terrain qui pourrait accueillir près de 30 000 personnes à Délé, à 5 km de Bunia.

Une évaluation plus précise ainsi que l'accès à ces déplacés sont rendus extrêmement difficiles en raison des conditions de sécurité très précaires qui prévalent actuellement au sud de Bunia. La MONUC a demandé hier à ses personnels civils et à ses partenaires de ne plus se déplacer au sud de Bunia, des combats opposant FARDC et miliciens FRPI y ayant été rapportés. Toutes les ONGs internationales qui comptaient emprunter lundi l'axe ouest de Bunia ont rebroussé chemin, après avoir entendu des rafales d'armes automatiques. Des tirs à l'arme lourde ont aussi été entendus à Tunda, à 12 km au sud de Bunia.

Les zones d'Aveba, Geti, Tchekele et Bukiringi semblaient stables jusque-là. Les autorités politico administratives du district venaient d'entamer des démarches auprès de la communauté humanitaire afin que cette dernière encourage les déplacés de Komanda à rentrer chez eux à Tcheyi, Aveba, Geti, Tchekele, Songolo, Bukiringi et environs, pour qu'ils puissent participer aux élections. Une réunion avait été organisée à ce sujet par le HCR le 26 juin dernier, à l'issue de laquelle il avait été notamment décidé d'appuyer matériellement le retour des déplacés dans les villages autour de Geti et de faciliter des visites de reconnaissance par des représentants des déplacés de Komanda dans leurs zones d'origine.

Au Katanga Central, la section des affaires civiles et OCHA ont commencé à identifier des zones de retour potentiel pour les déplacés, où des unités mobiles de casques bleus seront progressivement déployées, entre juillet et septembre, pour assurer la sécurité des civils. Cette initiative s'inscrit dans le cadre d'une coopération renforcée entre équipes humanitaires et militaires de la MONUC, dans le but de renforcer la protection des populations les plus vulnérables.

Etant donné que les Mayi-Mayi continuent à se rendre, et le départ prochain pour son brassage de la 63ème brigade des FARDC du territoire de Mitwaba en direction de Likasi, la situation sécuritaire au Katanga Central se stabilise peu à peu. L'approche de la prochaine saison agricole - au mois de septembre – signifie également que la situation au nord et à l'ouest de Mitwaba devient plus en plus favorable au retour des 100.000 déplacés de la région. Une mission conjointe prévue pour la semaine prochaine va évaluer la situation sécuritaire des villages de retour sur la Rive Droite. Avec les informations qu'elle aura recueillies, la section des affaires civiles pourra fournir aux militaires des recommandations spécifiques pour le redéploiement de leurs troupes en fonction des besoins humanitaires, et apporter ainsi un soutien plus stratégique au mouvement de retour.

Voilà pour ce qui est de l'actualité sociale et humanitaire des sept derniers jours. Vous aurez noté la présence de notre collègue de OCHA, le Bureau de Coordination des Affaires humanitaires des Nations Unies en RDC ; il s'agit de Monsieur Daniel Augtsberger ; il va faire un état des lieux succinct de la situation humanitaire générale de la RDC :

« Depuis le lancement du Plan d'Action en Février à Bruxelles, la situation humanitaire en RDC se caractérise par une détérioration de la sécurité dans les provinces de l'Est. L'accès humanitaire s'est réduit de manière significative et les populations civiles continuent de fuir leurs habitations afin d'éviter d'être tuées ou harcelées, notamment en Ituri et au Sud-Kivu. Les principales causes sont soit l'activisme des groupes armés, soit les opérations militaires contre les milices. Durant les deux premiers trimestres de l'année, plus de 460.000 personnes déplacées ont été assistées par le mécanisme de réponse rapide UNICEF/OCHA, ce qui représente un accroissement d'au moins 420.000 personnes assistées par rapport à l'ensemble de l'année 2005.

En plus de la malnutrition, les tableaux épidémiologiques sont pratiquement les mêmes dans toutes les provinces de l'est avec la réapparition des foyers de choléra, rougeole, méningite et coqueluche. La peste a également sévi en Ituri et l'intervention rapide des ONG ont permis d'éradiquer la pandémie. Le 21 Juin, le Ministère congolais de la Santé et l'OMS ont déclaré la tuberculose comme une grande urgence nationale en raison du taux d'accroissement de 55 % des personnes atteintes durant les cinq dernières années. Un plan d'urgence a été mis en place pour faire face à cette épidémie.

Ci-après les caractéristiques de la situation humanitaires spécifiques aux régions de l'Est :

Ituri : Au premier trimestre de l'année, une centaine de ménages s'est également déplacée au Nord Kivu et installée auprès des familles d'accueil. De nouveaux combats ont opposé le vendredi 30 juin 2006 des miliciens du MRC et les FARDC à Tsey, 120 Km de Bunia, en territoire d'Irumu. Ces affrontements ont jeté sur la route plusieurs personnes dont le nombre n'est pas connu. Selon des sources de la MONUC, les hélicoptères de la mission onusienne ont observé le même jour des colonnes de personnes à pied se dirigeant de Tsey vers Bukiringi et Gety. La localité de Tsey comptait déjà au 22 juin quelques 938 personnes et plus de 10.000 autres dispersées dans les zones environnantes, fuyant les combats entre les FARDC et les miliciens. L'accès pour une évaluation de leurs besoins d'assistance est impossible. Par ailleurs, les violences sexuelles sont en augmentation : plus de 100 cas avaient déjà été signalés au mois de Mai.

Nord-Kivu : La communauté humanitaire est toujours confrontée, particulièrement dans le Rutshuru, à de nombreux déplacements de populations. Dans le Grand Nord, certains déplacés arrivent même de l'Ituri. Ces personnes cherchent à éviter les combats entre les FARDC et les groupes armés ou les tracasseries des soldats gouvernementaux qui exigent des biens et services, et même de l'argent pour remettre les cartes d'électeurs qu'ils ont au préalable confisquées. La majorité des déplacés ont reçu des vivres et des biens non alimentaires, mais les difficultés d'accès à la terre pour des raisons sécuritaires, ne permettent pas d'envisager un retour rapide à la normale.

? Sud-Kivu : Les personnes contraintes de se déplacer pour échapper aux combats ou aux incursions des FDLR, FARDC ou Mayi-Mayi sont toujours nombreuses dans tous les territoires de la province. Les partenaires humanitaires organisent la réponse dès qu'ils sont informés de leurs mouvements. Quelque 1.700 familles ont quitté Mwenga pour retourner dans leurs villages respectifs suite à l'amélioration de la sécurité. A Uvira, les fortes pluies ont détruit des centaines d'habitations et mis à la rue leurs occupants. Ces précipitations ont également endommagé les cultures des paysans de la zone, créant un grand risque pour la sécurité alimentaire. La zone de Shabunda, située à l'est de Bukavu demeure une grade préoccupation pour la communauté humanitaire. L'inaccessibilité par route prive d'assistance plus de 7.000 personnes déplacées ainsi que les familles d'accueil qui n'ont jamais bénéficié d'une aide depuis plusieurs années. Le CICR et la communauté humanitaire ont organisé dans la zone une mission d'évaluation afin de voir la possibilité d'acheminement de l'aide à ces populations.

? Katanga : La reddition du Chef Mayi-Mayi Gédéon à Mitwaba et son transfert à Lubumbashi, avec sa famille, a favorisé le retour des déplacés, notamment au nord de Mitwaba et à partir de Dubie, mais les déplacements des populations n'ont pas cessé.

? Maniema : La malnutrition continue de toucher la population du Maniema et particulièrement les enfants. Déjà, près de 2.000 enfants malnutris modérés avaient été recensés et soignés dans le CNT à Kalima, en avril dernier. Une épidémie de rougeole avec des cas de décès a été confirmée dans les zones de santé de Saramabila, Wamaza Etat, Kasongo et Lusangi.

Les réponses multisectorielles fournies à ce jour aux populations vulnérables restent insuffisantes et n'ont pas encore atteint un bon nombre de déplacés en raison de l'insécurité liée à la présence des groupes armés sur le terrain ou encore à l'impraticabilité de la route comme à Shabunda dans le Sud-Kivu et aussi de l'insuffisance des moyens matériels dont disposent les acteurs humanitaires ».

* A présent, la présentation de la Division des Droits de l'Homme de la MONUC sur l'exercice des libertés civiles en RDC. Nous recevons encore cette semaine Fernando Castanon, Directeur de la Division des Droits de l'Homme de la MONUC. Fernando :

« La semaine qui s'achève a été marquée par le début de la campagne électorale pour les élections législatives et présidentielles. À cet effet, la Division des Droits de l'Homme (DDH) réitère son souhait de voir cette période animée de tolérance de la part de tous les acteurs politiques. La DDH rappelle que les discours de la haine, ceux dépréciant d'autres candidats et évoquant des sentiments tribalistes, sont interdits par la loi congolaise et peuvent susciter de la violence.

La DDH renouvelle son appel aux forces de sécurité commises au maintien de l'ordre public de bannir l'usage des armes à feu dans les manifestations qui auront lieu dans les mois à venir. La DDH rappelle que le recours aux armes à feu ne peut être envisagé que si cela est absolument inévitable pour protéger des vies humaines. Toutefois, les participants aux manifestations, eux aussi, ont une obligation de garantir le bon déroulement des manifestations publiques, en s'abstenant des actes de violence et de provocation.

La journée de 30 juin 2006 s'est passée dans un calme relatif dans la plupart des provinces du pays. La DDH salue les efforts consentis par les forces de l'ordre et les manifestants pour parvenir à ce résultat. Cependant, il y a lieu de mentionner certains cas relevés dans les rapports issus de l'excellent travail effectué sur le terrain le 30 juin 2006 par le Réseau national des observateurs des manifestations, la DDH et la Section Protection de l'Enfance.

Au regard de ce qui précède, la DDH déplore les événements sombres du 30 juin 2006 à Matadi, qui ont entraîné la mort de douze personnes avant la tenue d'une manifestation dans cette localité. La DDH a dépêché une équipe spéciale à Matadi afin de faire toute la lumière sur les circonstances de ce triste incident, qui, au demeurant, a jeté une ombre sur la journée du 30 juin.

À Kinshasa et à Mbuji-Mayi en l'occurrence, plusieurs cas d'arrestations avec usage excessif de la force ont été rapportés lors des manifestations de la semaine. À Mbuji-Mayi, un enfant de 14 ans aurait été battu par des éléments de la Police d'Intervention Rapide (PIR), qui dispersaient une foule alors que l'enfant était de passage. La police l'aurait poursuivi jusqu'à sa maison, en aurait forcé la porte et l'aurait emmené dans un endroit fermé où il a été frappé avec des bâtons et des lance-grenades. Trois autres enfants auraient fait également l'objet d'arrestations arbitraires et d'agressions par la police lors de cette intervention. L'enfant a été grièvement blessé à la tête, aux bras et aux jambes.

À Mbuji-Mayi, dans la nuit du 27 au 28 juin 2006, douze membres de l'UDPS ont été arrêtés par l'ANR. Contrairement au mandat clair de la Division de visiter les lieux de détention sans entrave dans l'ensemble du territoire, la DDH s'est vue initialement refusée la visite des détenus par l'ANR. L'ANR a affirmé que ces arrestations sont intervenues dans le cadre d'une opération menée contre un groupe de bandits qui détiendraient des caches d'armes dans la ville de Mbuji-Mayi. L'ANR a ajouté et qu'il s'agit d'une pure coïncidence si toutes les personnes arrêtées sont des membres de l'UDPS et que leur arrestation est survenue juste avant la date du 30 juin 2006.

Sur douze détenus, le Directeur de l'ANR de Mbuji-Mayi a affirmé en avoir libéré huit et transféré quatre à l'auditorat. Mais la DDH a contacté l'auditeur de garnison et l'auditeur supérieur, qui ont affirmé n'avoir reçu aucun dossier de l'ANR. Les quatre auraient été emmenés au cachot du camp militaire Nsele. Ce cachot, jusqu'alors inconnu de la DDH, serait en partie souterrain. La DDH s'est rendue au camp, mais en l'absence du commandant, n'a pas été autorisée à visiter les cach