Verbatim point de presse-21 juin 2006

13 fév 2009

Verbatim point de presse-21 juin 2006

a situation générale est restée stable sur l'ensemble du territoire au cours de la semaine écoulée. La MONUC poursuit ses opérations militaires à l'est du pays, mais aucun événement majeur n'a remis en cause la sécurité de la RDC au cours des sept derniers jours.
La semaine qui s'achève a été marquée par :

- Des cas de cholera dans des camps de brigades intégrées
- Le processus électoral marqué par l'arrivée d'une importante quantité de bulletins à Kisangani.
- Et bien entendu, la poursuite des opérations de sécurisation par la MONUC de la partie est du pays.

Affaires civiles et Assistance Humanitaire

Le 15 Juin 2006, la MONUC a contribué à la distribution de kits non alimentaires d'urgence à 772 familles dont les maisons ont été détruites par les fortes pluies de mai à Uvira. La MONUC travaille avec les autorités locales et les agences humanitaires au développement de solutions à long terme pour minimiser les dégâts des inondations.

Quatorze cas de cholera ont été répertoriés parmi les soldats de la 7ème et 5ème brigades intégrées dans un camp près de l'aéroport de Goma. En attendant leur redéploiement, les soldats et leurs familles vivent dans des conditions sanitaires difficiles et manquent d'eau potable et de soins médicaux.

Par ailleurs, au Nord Kivu les services de santé confirment que la mort de sept autres personnes à la 9ème brigade Intégrée de Katale (territoire de Rutshuru, North Kivu) est due au cholera.

Dans ce cadre, le Bureau des affaires civiles de la MONUC a organisé le 15 Juin, une réunion avec des représentants de OCHA, UNICEF et de l'Organisation Mondiale de la Santé pour conduire une mission d'aide afin de traiter en urgence ces cas d'épidémie.

Une ONG internationale a informé la MONUC qu'un nombre important de déplacés du camp de Dubie (Katanga) est retourné dans leur village d'origine à Kato, Shamona, Kapangwe et Kishele. L'ONG estime que 2300 déplacés ont quitté le camp depuis la reddition du chef Maï Maï Gédéon le 12 Mai 2006. Cependant, 205 déplacés sont arrives à Mitwaba ces derniers jours.

Processus électoral
Une quarantaine de travailleurs de la CEI à LISALA, ont manifesté les 15 et 16 Juin dernier pour réclamer le payement de leurs salaires. Le calme est revenu après que les responsables de la CEI aient confirmé le payement de leur solde pour le 20 juin 2006.

La MONUC a observé des montées de tension entre les membres locaux de partis politiques dans certaines localités du pays notamment à Kindu où des affrontements entre les membres de l'Alliance pour le Renouveau au Congo (ARC) et ceux du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) ainsi que ceux du Parti du Peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).

Aussi, dans le Bas Congo, plusieurs partis politiques dont le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-G), le MLC et le Parti Lumumbiste Unifié (PALU) se sont plaints le 15 juin dernier à Lemba (Territoire de Tshelo) de ce que les activistes locaux du PPRD avaient distribué de l'argent (1000 Frs Congolais) appelant les électeurs à voter pour le Président Joseph Kabila.

Aussi à Boma, l'organisation politico-religieuse "Bundu Dia Kongo" a distribué des pamphlets sommant les non originaires de la province de la quitter avant le 30 Juin 2006.

La Monuc condamne vivement les menaces et les intimidations de tout ordre et rappelle avec insistance la déclaration du Conseil de Sécurité sur la nécessité d'« une campagne politique dans un climat apaisé, mettant en garde contre des discours xénophobes..»

Un lot de 80 tonnes de bulletins à été livré à l'aéroport de Kisangani pour être distribué à Bukavu, Beni, Buta, Kisangani, Bunia, Kindu, et à Kalemi. Deux autres vols sont encore attendus à Kisangani et devraient transporter 120 tonnes de matériel électoral supplémentaire.

Sur le plan de la sécurité, la MONUC poursuit ses opérations de sécurisation des zones où les milices et groupes armés continuent à entretenir un climat de violence. Plus de détails avec le porte-parole militaire, le lieutenant-colonel Stéphane Lescoffit :

La MONUC continue d'escorter le matériel électoral et d'appuyer le processus de sensibilisation. Les différentes équipes d'observateurs répartis à travers les provinces de l'est informent les populations locales au cours de leurs patrouilles quant au déroulement des futures élections.
Durant la semaine écoulée 259 ex-miliciens se sont rendus aux FARDC ou à la MONUC (Le 13 juin 1 à Nizi, le 14 juin 3 à Kpandroma, le 15 120 à Toni, le 16 juin 5 à Kwandroma., le 16 juin 1 à Marabo, 1 à Mahagi, le 17 juin 2 miliciens à Bunia, 1 à Kwandroma et 8 à Nizi. Le 18 juin 1 à Kpandroma, 95 miliciens à Zekere et Kotoni (frontière territoire Djugu et Irumu), 1 à Kassenyi, 3 à Marabo, 17 à Nizi). Ces redditions sont le fruit des opérations menées contre les groupes armés et de la réouverture d'une possibilité légale de désarmer. La MONUC s'en réjouit, tout en rappelant que ce n'est qu'un programme de réinsertion réussi qui empêchera le retour de ces futurs ex-combattants auprès des groupes armés.
Le 13 Juin lors d'une opération de bouclage et de ratissage, le contingent bangladeshi a arrêté une personne suspectée d'appartenir à un groupe armé dans le village de Ngombiyama, dans la région de Komanda. Le 13 Juin une patrouille bangladeshi a rejoint le village de Magiva à l'est de Komanda, suite à un appel du chef local. Des hommes armés avaient attaqué des maisons isolées aux abords du village, ils avaient tué deux personnes. Cinq autres personnes ont été blessées et trois enlevées. La patrouille a pu assurer le soin et le transport des blessés. Le lendemain la patrouille bangladeshi a conduit des opérations de ratissage dans les environs du village, cette opération a été reconduite le 19 juin. Les villageois reviennent depuis dans leur village.

La situation sécuritaire s'est détériorée sur la route Komanda – Marabo suite à l'opération contre les miliciens à Tchei. En effet le 14 juin un groupe de miliciens a arrêté une voiture et tué les quatre occupants de cette voiture, dont deux enfants. La MONUC appuiera les FARDC afin de neutraliser ces groupes armés dans le secteur, par une intensification des patrouilles conjointes et des opérations de ratissage ciblées. Les casques bleus conduisent de manière régulière des opérations de ratissage et des points de contrôle mobiles.

Le 15 juin, 120 soldats sud africains se sont déployés à Tchei et 120 soldats bangladeshi à Aveba afin de maintenir une présence forte dans ces anciens bastions des miliciens. Une section d'ingénieurs indonésiens et uruguayens rétablit depuis la route entre Aveba et Bukiringi. Le 14 juin les casques bleus pakistanais qui escortaient une section d'ingénieurs indonésiens réparant la route Aveba – Bukiringi, ont essuyé des tirs de la part d'hommes armés.
La MONUC par ses patrouilles, ses points de contrôle et ses actions de sécurisation des marchés journalières collabore à l'amélioration de la situation sécuritaire en Ituri, cependant elle ne peut empêcher toutes les actes de banditisme, comme les vols qui ont eu lieu contre des voyageurs ces derniers jours entre Kpandroma et Fataki.
Au Nord Kivu du 13 au 17 Juin une base mobile a été établie à Ishasha dans le territoire de Rutshuru à la frontière Ougandaise par les casques bleus indiens afin de contribuer par ses patrouilles et sa présence à la consolidation de la situation sécuritaire. Des actes de brigandage sont encore rapportés dans le territoire de Rusthuru. Le 17 juin quelques maisons ont été pillées par des combattants hutus rwandais dans un quartier de Kanyabayonga. Le 15 juin un véhicule blindé de la compagnie sud africaine basée à Rwindi a eu un accident de la route, blessant 2 soldats. La sécurité au sud de la province est précaire du au regain des activités du groupe armé conduit par le colonel 106, ex commandant Maï Maï reconverti au banditisme.

Au Sud Kivu des indices indiquent une instrumentalisation des enfants par des politiciens locaux, afin de nuire à l'image de la MONUC. Dans le cadre de la base mobile établie à Nzibira de nombreuses patrouilles de jour comme de nuit ont été menées dans le territoire de Walungu, afin d'empêcher des attaques de combattants hutus rwandais contre la population civile. Les casques bleus pakistanais continuent les actions de jour comme de nuit afin d'améliorer la situation sécuritaire dans les environs de Walungu, dont le terrain composé de collines et de jungle facilite les actions criminelles des combattants hutus rwandais.
La base mobile établie à Bunyakiri reste en place et continue de mener des actions de jour comme de nuit afin de neutraliser les groupes de combattants hutus rwandais. Dans la nuit du 17 au 18 Juin une patrouille a été dépêchée à Kambali à 4 km au Nord de Bunyakiri et a pu déjouer une tentative de pillage. Des actions de contrôle de zone importantes ont été menées jusqu'à Hombo afin de contribuer à la protection de la population.
Dans la nuit du 18 au 19 Juin une patrouille pakistanaise a été dépêchée à Miti au nord de Bukavu suite à des échanges de tir entre FARDC et des combattants hutus rwandais, ces derniers ont fui à l'arrivée des véhicules pakistanais
Du 15 au 18 juin, une trentaine de casques bleus pakistanais ont établi une base mobile à Lusenda, sur les rives du lac Tanganyika à une trentaine de kilomètres au Nord de Baraka. Des patrouilles et des points de contrôles mobiles seront conduit régulièrement à partir de cette base.
La reddition à Uvira du Major Jean Clément Ndaberetse, commandant d'un bataillon FDLR est encore un signe de la volonté de certains membres de cette organisation de rejoindre le processus de démobilisation et de rapatriement.

Au Katanga le bataillon Béninois mène régulièrement des patrouilles de longue distance à partir de ses stationnements de Kalémie, Manono et Mitwaba. Ces patrouilles permettent d'étendre la zone d'influence de la MONUC. Afin d'augmenter la capacité de surveillance durant la période électoral, une équipe d'observateurs militaires a été déployée à Kabongo le 15 juin. Durant la semaine écoulée 250 Maï Maï se sont rendus au bataillon béninois à Mitwaba.

DDR/DDRRR et brassage

Quelque 100 soldats démobilisés ont manifesté le 14 Juin dernier devant les installations militaires de la MONUC à Sake (au Nord Kivu) après que l'admission au centre d'orientation de Mumambiro leur ait été refusée. La CONADER a informé la MONUC qu'elle accueille les Unités et pas des soldats venus individuellement.

Le 15 juin près de 500 ex-Mayi-Mayi ont rendu 210 fusils et 12 lances rocket à Mitwaba (Katanga). Cependant, seulement 242 ex-combattants ont reçu leur certificat de désarmement.

Droits de l'Homme

Comme annoncé la semaine dernière, chaque mercredi, nous accueillerons nos collègues de la Division des Droits de l'Homme de la MONUC pour des présentations autour du thème "Elections et droits de l'Homme". Aujourd'hui, nous accueillons Fernando CASTANON, Directeur de la Division des Droits de l'Homme, qui va nous parler des libertés civiles. Fernando :

La Division des Droits de l'Homme tient à exprimer, une fois de plus, sa vive préoccupation devant l'attaque sur la résidence du Président de l'ONDH, et surtout déplore l'inaction des services spéciaux de la police nationale congolaise qui, bien qu'ils aient été saisis quelques heures seulement après l'agression, n'ont à ce jour pas encore réagi aux appels du Président de l'ONDH.

La Division des Droits de l'Homme s'est entretenue le 15 juin 2006 avec un membre de la famille d'un jeune garçon de 17 ans, arrêté le 7 juin 2006 à Panzi (près de la ville de Bukavu), par quatre policiers et détenu au cachot de Kasiè, où il aurait été maltraité. Aucun motif légal n'aurait été avancé pour justifier son arrestation qui serait liée au fait que la victime appartiendrait au RCD/Goma.

La DDH/Uvira a interviewé un membre du RCD/Goma qui a déclaré avoir été arrêté arbitrairement avec deux autres sympathisants de son parti par un chef de l'ANR à Kigongo le 15 mai 2006. Ils auraient été acheminés au port de Kalundu (cité Uvira) où ils auraient été entendus par le secrétaire de l'ANR, qui les auraient accusés d'avoir caché des armes de guerre dans le but de tuer un agent de l'ANR. Selon la victime, ils auraient passé deux nuits enfermés dans un container et fouetté par un soldat de la force navale des FARDC, avant d'être libérés.

A Kalemie, le 15 juin 2006, un civil aurait été victime d'injures et de confiscation de sa carte d'électeur par un agent de la police de roulage. L'agent réglementait la circulation lorsqu'il a interpellé la victime qui passait à moto. D'après la victime, il l'aurait arrêté en l'injuriant et confisqué sa carte d'électeur. La DDH s'est rendue sur le lieu de l'incident où le policier a nié avoir proféré des injures mais aurait reconnu avoir confisqué la carte d'électeur « parce que la victime avait contrevenu aux règles de la circulation routière ». À la suite d'une discussion avec la DDH, qui a souligné l'illégalité de son acte, l'agent a restitué la carte de la victime.

Des militaires de la 63ème Brigade (troisième compagnie) auraient confisqué, le 10 juin 2006, des cartes d'électeur et d'autres documents appartenant à des civils de Kayumba pour ensuite les vendre à d'autres civils pour la somme de 1.000Fc. Des MILOBS postés à Manono ont rapporté que ce même groupe est à l'origine de nombreuses tracasseries contre les civils dans les villages de Kanunku et Kibala. La DDH insiste pour qu'une enquête soit ouverte sur ces allégations par la juridiction compétente.

La DDH/Matadi s'est entretenue avec l'adjoint au maire concernant des instructions écrites données par le maire (et vues par DDH) en septembre 2005 à tous les tenanciers de salles, bars etc., obligeant toute personne désireuse de louer une salle d'obtenir une autorisation préalable de la municipalité. Cette autorisation, qui est contraire au droit à la liberté de réunion, s'obtiendrait moyennant le versement d'une somme d'argent fixée à la discrétion du service qui perçoit cette taxe illégale. L'adjoint au maire nie toute implication et soutient n'avoir jamais vu ce communiqué officiel. La DDH suivra de près ce cas pour s'assurer que le droit à la liberté de réunion soit respecté.

Le 14 juin 2006, la DDH/Goma a organisé une journée d'information et d'échanges sur le processus électoral, en présence de 14 journalistes, 21 acteurs de la société civile et 34 représentants de partis politiques. Outre les représentants de la MONUC (Police civile, Division électorale et DDH), des membres de la CEI, de la HAM et du Parquet ont ainsi rappelé à tour de rôle les mécanismes et normes fondamentales pour la conduite d'élections libres, transparentes et démocratiques dans le Petit Nord. La DDH a fait une présentation sur les interventions sur les droits et devoirs des partis politiques et de la société civile dans le contexte électoral, en vertu des prescrits des instruments internationaux des droits de l'homme et de la Loi électorale.

Le jeudi 15 juin 2006, à Kinshasa, la DDH a organisé, une session de formation avec des ONG sur la question des droits de l'homme liés aux élections. Cette formation a connu, outre les exposés sur les libertés publiques et les droits de l'homme liés aux élections, une présentation sur les dangers de manipulation des enfants durant la période électorale et l'importance de l'engagement de la femme dans le processus électoral.

Réfugiés

Nous allons continuer notre présentation liminaire avec notre collègue du Haut Commissariat pour les Réfugiés, Jens Hesemann.

La RDC est un bon exemple du thème retenu cette année à l'occasion de la Journée Mondial du Réfugié, ''J'espère'' – hier, 20 juin, le monde a célébré la Journée Mondiale du Réfugié –. Après plus de 40 années passées en asile, les Congolais réfugiés au Soudan peuvent finalement réaliser leur souhait de mener leurs vies en RDC. En mai 2006, le HCR a commencé à faciliter ce retour volontaire des réfugiés Congolais vivant au Soudan – quelques-uns d'entre eux ont passé leur vies en asile depuis l'indépendance de la RDC en 1960. Il s'agit du groupe de réfugiés congolais resté le plus longtemps en asile. Le transport par route aux zones d'origine dans la Province Orientale n'a pas été facile – à cause des contraintes sécuritaires et logistiques –, par conséquent le rapatriement a été effectué avec des avions affrétés par le HCR. Le 18 juin, le dernier vol de rapatriement depuis Juba, au sud Soudan, vers Buta dans la Province Orientale, a permis à 58 réfugiés congolais de regagner leur pays.

Chaque famille a reçu, à l'arrivée, une ration alimentaire pour une période de trois mois ; et un viaticum avait été remis à chaque individu avant le départ.
Depuis le Soudan, nous avons déjà organisé 8 vols de rapatriement par avion pour un total de 689 rapatriés dans 6 villes en RDC dont Kisangani, Buta, Bunia et Mbandaka. A chaque destination, le HCR a érigé un centre de transit où les
rapatriés peuvent se reposer pendant un temps, recevoir des repas chauds et les trois mois de ration alimentaire.
Nos équipes de terrain ont aussi lancé le programme de rapatriement volontaire vers la direction opposée pour les Soudanais réfugiés en RDC qui souhaitent retourner au sud Soudan. Trois convois par route avec les camions du HCR ont ramené chez eux 737 réfugiés soudanais entre les 7 et 16 juin. Les convois partent de la région de Aru vers Yei au Soudan.
En 2006, les opérations de rapatriement vers d'autres régions de la RDC ont continué avec 45 convois par bateau, sur la rivière Oubangui, vers la province de l'Equateur depuis le Congo Brazzaville ; et 22 ferries pour le rapatriement depuis la Tanzanie traversant sur le plus long lac d'Afrique, le lac Tanganyika, en direction du Sud Kivu. Moins de réfugiés en Tanzanie ont opté pour le retour en RDC depuis mars 2006. Nous attribuons ce ralentissement des flux de retour au
Sud Kivu aux saisons agricoles, à la détermination des réfugiés parents de permettre à leurs enfants d'achever l'année scolaire et une prudence de la part des réfugiés concernant les prochaines échéances en RDC.