Verbatim point de presse-21 fevrier 2007

13 fév 2009

Verbatim point de presse-21 fevrier 2007

Le point de presse de ce mercredi 21 février 2007 a été animé par Jean-Tobie Okala, Porte-parole adjoint de la Monuc et le Lieutenant-colonel, Didier Rancher, Porte-parole militaire.
Jean-Tobie OKALA, Porte-parole adjoint
Bonjour à tous et à toutes et merci pour votre fidélité à ce rendez-vous hebdomadaire d'information avec la MONUC. Bonjour aux auditeurs de Radio Okapi qui nous écoutent à travers le pays et le monde, grâce à l'Internet. Radio Okapi qui fêtera le dimanche 25 février prochain ses cinq ans d'existence et à qui nous souhaitons d'ores et déjà un joyeux anniversaire.

Bonjour enfin à Kemal qui doit nous suivre depuis Bunia et Kpwandroma où il conduit une délégation de journalistes congolais basés à Kinshasa et envoyés par la MONUC en Ituri pour se rendre compte, en quelques jours, des efforts que la Mission déploie dans cette partie du pays pour le retour et la consolidation de la paix.

Comme d'habitude, nous vous parlerons d'abord de la situation sécuritaire et des activités militaires de la MONUC durant la semaine écoulée ; puis, nous vous donnerons un résumé des activités sociales et humanitaires de la Mission au cours de la même période.

Pour ce qui est de la sécurité du pays, sachez que la situation générale en République démocratique du Congo est restée calme depuis notre dernière rencontre ; et ce, malgré la persistance d'incidents isolés, notamment dans certaines localités de l'Est. Mais dans l'ensemble, aucun événement majeur n'est venu remettre en cause la stabilité et la sécurité du pays au cours des sept derniers jours.

Pour le point complet sur les activités militaires de la Mission, je passe la parole au Lieutenant-colonel Didier Rancher, qui est notre Porte-parole militaire :

La Situation sécuritaire,
Sur l'ensemble de la RD Congo, est plutôt calme, même s'il est nécessaire de consolider les acquits d'une paix encore fragile dans les provinces.

Au Nord Kivu

Le recensement de la brigade « D » en vue du mixage a commencé avec l'identification des 400 premiers hommes de la 116° brigade au camp de Katindo à Goma le 16 février. La seconde phase aura lieu avec les éléments de la 83° brigade à Kitchanga ces jours-ci.

La MONUC, comme les autorités militaires congolaises, reste très attentive au problème des enfants associés aux groupes armés qui pourraient se glisser dans ce processus. Sur l'ensemble des troupes mixées (« A », »B » et « C »), soit 7 à 8 000 hommes avec la brigade « D », dont le processus vient de commencer, on peut estimer à une fourchette de 150 à 230, le nombre de « CAAFG's » possibles. La MONUC condamne fermement les pressions qui peuvent être faites sur certains enfants pour dissimuler leur age, leur état-civil ou pour ne pas se présenter au recensement effectué par le SMI.

La place de ces enfants, pour la MONUC et l'ensemble de la communauté internationale, c'est à l'école, pour y être éduqués à la paix, à la vie, et certainement pas à la guerre et à la mort.

A propos du processus de mixage piloté par les autorités congolaises, la MONUC recommande que ce mixage soit réalisé jusqu'au niveau de la section, pour être efficace, et offrir aux Congolais servant dans ces unités la chance de se connaître mieux aujourd'hui pour ne plus avoir envie de s'affronter demain.

La MONUC regrette la série d'accrochages survenus du 14 au 19 février dernier entre les FARDC des brigades « A » ou « B » et soit des Mayi-mayi, soit des FDLR cadres. Les escarmouches, même si elles ont été courtes, et de peu d'ampleur, ont fait fuir vers les villages de Rwindi, Kiwanja, Lubero, Kamandi, une population civile innocente essentiellement Nande qui ne demande rien, au moins 13 000 personnes et peut être plus selon d'autres sources. Les villages de Vitshumbi, Kamuru (au Nord de Nyakakoma) Katweguru et Chondo dans le Rutshuru ont été le théâtre de ces incidents qui auraient fait quelques tués chez les FARDC, les Mayi-Mayi et les FDLR Cadres. Aucun chiffre n'est concordant sur ce point mais le nombre de tués est heureusement peu élevé.

Pendant plus d'un mois et demi, ce territoire a vécu en paix, quelque 1700 déplacés y sont même retournés jusqu'à la semaine dernière. Cette dégradation de la situation constitue un retour en arrière que le chemin des négociations pourrait éviter, la paix restant toujours préférable aux solutions guerrières.

En Ituri
De nombreux éléments du FNI ont manifesté leur intention de se rendre au processus de démobilisation par des appels directs à la MONUC cette semaine. Il n'y a donc pas eu de manoeuvres de troupes, les FARDC et la MONUC tenant tous les villages au nord et au sud de Fataki et le FNI restant sur ses dernières positions. Nous sommes dans une pause de l'opération « Ituri sans armes ».
Le Général Mayala exhorte, par le biais des radios locales, Peter Karim à respecter sa parole et à déposer les armes. Malheureusement, celui-ci fait des demandes non réalistes en retour. La MONUC soutient fortement la nouvelle initiative de paix que lance encore le Général Mayala en direction des hommes du FNI.

Au Sud Kivu

La situation est stabilisée. La MONUC a déployé une Base Mobile opérationnelle à Kanyola au Nord de Walungu le 16 février pour contrer l'action éventuelle de groupes armés dans la forêt Nindja.
A Mikenge, une délégation FARDC/ MONUC a pu rencontrer le 19 février les chefs rebelles du « groupe Moranvya » et du « groupe des 47 », le major Rukunda et le Col Bisogo. Une discussion a pu être amorcée sur les conditions d'une normalisation et un autre RDV est programmé avec le Gal Tschikwej dans les prochains jours.

Au Bas Congo
Les 260 hommes de la MONUC qui patrouillent entre Matadi et Moanda constatent que le calme règne et que les habitants vaquent à des occupations économiques et sociales normales.

Jean-Tobie OKALA, Porte-parole adjoint
Nous allons rester dans le domaine sécuritaire (ou presque), pour vous faire part de la forte préoccupation de la MONUC et de sa Section Protection de l'Enfant, ceci, par rapport aux difficultés rencontrées pour sortir les enfants des groupes impliqués dans le processus de mixage en cours au Nord Kivu, malgré les directives données par le Général Kisempia, Chef d'état-major des FARDC, de tout mettre en oeuvre pour identifier et sortir les enfants des brigades mixées.

Sachez aussi que la Représentante spéciale du Secrétaire Général pour les enfants dans les conflits armés, Radhika Coomaraswamy, sera en visite en RDC du 4 au 10 mars prochain. Elle compte profiter de cette visite pour prendre connaissance des réalités dont sont victimes les enfants en RDC et s'entretenir avec les autorités civiles et militaires pour rappeler leurs engagements et obligations envers les enfants.
Enfin, des Journées de réflexion sur la Justice Juvénile se sont tenues à Goma et Bukavu respectivement le 8 et 16 février dernier. Elles font suite à celles qui ont été organisées par la Section Protection de l'Enfant à Mbuji Mayi, Lubumbashi et Kisangani. Le but de ces journées est de créer un cadre de réflexion sur la mise en oeuvre et la pratique des standards de justice juvénile en RDC notamment, l'application de la majorité pénale à 18 ans ou encore la célérité dans le traitement des dossiers des enfants en conflit avec la loi.

Un mot rapide du processus électoral qui se poursuit toujours, la MONUC a pris acte du dépôt par le Premier ministre à l'Assemblée nationale de son programme de gouvernement. La MONUC espère maintenant voir le nouveau gouvernement entrer en fonction pour commencer à s'attaquer aux problèmes des populations.

Parlant toujours de la MONUC, comme vous le savez, le Conseil de sécurité des Nations Unies a décidé la semaine dernière de reconduire jusqu'au 15 avril prochain son mandat. Le temps pour la MONUC et le Secrétaire général de l'ONU de faire rapport au Conseil sur la situation et la nouvelle donne en RDC.

C'est dans le cadre de ces consultations avec certains partenaires clés que le Représentant spécial, Monsieur Swing, a entrepris depuis le week-end dernier une tournée de deux semaines dans certaines capitales européennes, Bruxelles, Paris et Berlin notamment, avant New York et Washington aux Etats-Unis.

Pour ce qui est activités sociales et humanitaires de la MONUC, retenez qu'au Nord Kivu, les nouvelles en provenance des environs de Vitsumbi (130 km NW Goma) et de l'axe Kiwanja - Ishasa sont préoccupantes : plus de 22 000 personnes ont été déplacées suite aux combats qui opposent depuis le 16 février dernier la Brigade « Bravo » des FARDC et les FDLR, alliés à des groupes Mayi-Mayi. Après une mission hier mardi à Vitsumbi, la Section des affaires civiles de la MONUC va procéder aujourd'hui mercredi à une autre évaluation de la situation des déplacés à Kinyandoni, à 90 km au nord de Goma. Lors d'une autre mission la semaine passée dans la localité de Runyoni (107 km NE Goma), la MONUC avait constaté un retour des populations déplacées et une reprise des activités agricoles après les combats de novembre et décembre derniers entre brigades intégrée (9e) et non intégrées (81e, 83e) des FARDC.

Une autre mission de la MONUC du 15 au 18 février dernier, mais depuis Kananga cette fois, au Kasaï Occidental, a permis de confirmer la présence dans plusieurs localités des deux Kasaï d'un total de 3 400 réfugiés congolais expulsés d'Angola depuis décembre 2006. Ces familles se disent prêtes à se réinstaller dans la région, mais elles n'ont pour l'instant reçu aucune aide des autorités.

Au Katanga, province qui a été très largement stabilisée l'an passé grâce à plusieurs bases mobiles opérationnelles, signalons également le retour de 22 600 personnes dans les environs de Mitwaba, selon le recensement d'une ONG locale.

Bien que les déploiements de 2006 aient permis la démobilisation de 1 800 d'entre eux, les Mayi-Mayi du Katanga demeurent une source d'inquiétude pour les humanitaires. D'une part, parce que certains groupes restent armés et actifs. D'autre part, parce que ceux qui ont désarmé ne sont plus forcément les bienvenus dans leurs communautés d'origine, compte tenu de leurs exactions passées. Certains de ces ex-combattants ont créé de nouveaux villages, non loin de Mitwaba notamment, dont ils interdisent l'accès aux civils des environs, créant ainsi de nouvelles tensions.

Enfin et toujours au Katanga, la communauté humanitaire a multiplié les efforts cette semaine pour venir en aide aux milliers de personnes affectées par les récentes inondations le long du fleuve Congo et des lacs du Katanga central. Un total de 5 600 kits non alimentaires ont ainsi déjà été distribués, 4 700 supplémentaires le seront prochainement. La MONUC a de son côté déployé des troupes à Bukama, pour sécuriser l'aide qui y transite à destination des zones les plus touchées.
Place aux questions maintenant ; première question :
Merci à tous et à toutes, nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine. D'ici là, portez-vous bien.