Verbatim point de presse-28 fevrier 2007

13 fév 2009

Verbatim point de presse-28 fevrier 2007

Le point de presse de ce mercredi 28 février 2007 a été animé par Jean-Tobie Okala, Porte-parole adjoint de la Monuc, le Lieutenant-colonel, Didier Rancher, Porte-parole militaire et Madame Harriet SOLLOWAY , directrice du Bureau/Etat de droit à la MONUC .

Jean-Tobie OKALA, Porte-parole adjoint
Bonjour à tous et à toutes et merci pour votre fidélité à ce rendez-vous hebdomadaire d'information avec la MONUC. Bonjour aux auditeurs de Radio Okapi qui nous suivent depuis cinq ans, à travers le pays et le monde, grâce à l'Internet. Je saisis cette occasion, pour souhaiter une nouvelle fois un joyeux anniversaire à Radio Okapi et à tous ceux et toutes celles qui font durer le rêve depuis cinq ans maintenant. Joyeux anniversaire à tous et... rendez-vous peut-etre dans cinq ans !

Depuis notre dernière rencontre, sachez que la situation générale en République démocratique du Congo est restée calme ; il y a eu certes des incidents dans certaines localités du pays, notamment à l'est ; mais ces incidents sont isolés et loin de remettre en cause la stabilité et la sécurité du pays. Au contraire, nous avons même enregistré des avancées positives cette semaine, avec la reddition de plusieurs centaines de Mai-Mai au Nord Kivu et Peter Karim qui accepte de rejoindre le DDR en Ituri.

Je vais passer la parole au Lieutenant-colonel Didier Rancher, qui est notre Porte-parole militaire, pour qu'il nous fasse un complet sur les activités militaires de la MONUC au cours des sept derniers jours :

Jean-Tobie vient de vous le dire, sur l'ensemble de la RD Congo, la Situation sécuritaire est plutôt calme, avec plusieurs bonnes nouvelles.

Au Nord Kivu

La province connaît un certain calme depuis le 22 février. Le général commandant la brigade de la MONUC du Nord Kivu s'est personnellement impliqué pour apaiser les tensions de la semaine dernière.

Le processus de mixage se poursuit aussi avec le recensement de la brigade «E » qui a commencé par deux bataillons de la 116° brigade, le 1162° et le 1163° depuis le 22 février. Ils seront envoyés à Kitchanga et mixés avec des bataillons de la 81° et 83° brigades. Il est essentiel que ce mixage conduit et voulu par les autorités militaires congolaises puisse aller jusqu'au niveau de la section. La MONUC souhaite également qu'il se termine rapidement car le mixage a commencé le 19 janvier dernier.

Autre point positif : Un groupe de 219 Mayi Mayi cadres se sont rendus à la MONUC le 25 février et seront acheminés par nos moyens vers Rumangabo.

Le seul point négatif au Nord Kivu aujourd'hui est encore le nombre trop important de familles déplacées, du fait des accrochages de la semaine dernière en particulier. Les personnes qui prennent la responsabilité d'engager volontairement un combat au nom de leur population locale, doivent prendre conscience qu'ils vont justement faire souffrir celle-ci en créant de la peur et en l'obligeant à fuir à pied sur les routes sans soutien. Faire souffrir une population, même indirectement est inadmissible.

En Ituri

Grâce au travail du Général Mayala des FARDC et de son équipe, 170 miliciens FNI se sont rendus hier. La MONUC a sécurisé le secteur de Dhera et transporté ces hommes vers Kwandroma où 42 enfants associés à ce groupe armé ont été séparés et confiés à la branche protection de l'enfance de la MONUC et aux partenaires que sont l'UNICEF, l'APEC et le COOPI. C'est un premier succès lié à la pression militaire exercée depuis le 30 janvier par les FARDC soutenues par la MONUC dans l'opération « Ituri sans armes » où ensemble, nous avons mis en place les conditions les plus favorables pour obtenir ce premier résultat.

Peter Karim est venu également mais ne s'est pas rendu. Il a proposé la reddition la semaine prochaine d'un second groupe FNI ; la porte reste ouverte à d'autres discussions avec les représentants du gouvernement. La MONUC s'engage à maintenir son soutien à ce processus qui a vu successivement le FRPI, le MRC puis le FNI commencer à déposer les armes. Il faut maintenant consolider et terminer ces dossiers d'ex-rébellions en plaçant définitivement le débat sur des échanges d'idées et pas sur des échanges de tirs.

Au Sud Kivu
Dans la nuit du 21 au 22 février, une patrouille déployée d'une de nos MOB, située à Kanyola et roulant dans la direction du village d'Izege a entendu à 3h00 du matin des tirs alors qu'elle se trouvait près du village de Mwirama. Les coups de feu venaient d'un hameau à 5 km, Nbishaka où la MONUC est arrivée et a trouvé un détachement du 84° Bn des FARDC.

Les villageois ont informé nos Casques bleus que 6 FDLR avaient attaqué la localité et enlevé 3 jeunes filles de 18 à 20 ans. Le détachement entendait les tirs de ce groupe s'enfuyant vers la forêt de Nindja. Le Capitaine commandant la patrouille de la MONUC et les FARDC présents ont pris en chasse ce groupe armé en encerclant la zone. La MONUC a déclenché également l'envoi de renforts supplémentaires et le groupe armé a été engagé par les FARDC, dans le bois, avant de s'enfuir. Il a abandonné les 3 jeunes filles qui se sont cachées dans la forêt une partie de la nuit et ont été retrouvées par nos forces au lever du jour.

Cette affaire souligne l'importance et la réactivité du concept de nos MOB, celle de Kanyola ayant été déployée le 16 février. Nous allons continuer à utiliser ces bases dans le Sud Kivu là où il peut y avoir des tensions mais aussi dans les autres Provinces comme le Bas Congo où la MOB de Moanda par exemple aide à sécuriser la Province depuis un mois.

Nous transmettons ce savoir-faire international et nos règles d'éthique dans un programme pilote de formation d'unités FARDC avec des cadres de la MONUC comme à Rwampara et récemment à Luberizi. C'est ce travail de fond qui nous rend optimiste pour l'avenir de la situation sécuritaire en RDC.

Jean-Tobie OKALA, Porte-parole adjoint
Toujours dans le cadre de la consolidation de la Paix en RDC et dans la sous-Région, retenez que la MONUC se félicite de la tenue à Kinshasa depuis lundi dernier jusqu'à ce mercredi, de la Conférence internationale des Parlementaires de la région des Grands Lacs. Pour la MONUC, c'est une initiative positive, qui signifie que la paix reste la préoccupation des onze pays de la sous-région et qui a notre soutien. C'est aussi une initiative qui vient récompenser les efforts des Congolais et de leur Gouvernement, après des années difficiles et au moment où le premier gouvernement issu des élections libres et démocratiques depuis plus de quatre décennies se met en place en RDC.

Par ailleurs, sachez que la MONUC est préoccupée par la visite du Commandant Biyoyo à Bukavu, doté du rang de Lt-Colonel au sein d'une mission d'officiers supérieurs dans la Province du Sud Kivu. Jugé et condamné à mort par le tribunal militaire de garnison de Bukavu le 17 mars 2006 pour mouvement insurrectionnel, désertion à l'étranger, arrestation arbitraire et détention illégale d'enfants au Sud Kivu en avril 2004, Biyoyo s'était échappé de la Prison centrale de Bukavu le 3 juin 2006 lors d'une évasion massive. Il est réapparu à Bukavu en ce début de semaine avec rang de Lieutenant-colonel au sein d'une mission d'officiers supérieurs dans la Province du Sud-Kivu.

A l'époque, le tribunal l'avait renvoyé des FARDC et condamné à 5 ans de prison pour recrutement forcé d'enfants, fondant ainsi sa décision sur l'article 67 du code pénal ordinaire qui condamne l'enlèvement, l'arrestation arbitraire et détention illégale des individus. La MONUC avait salué ce jugement sans précédent en RDC qui constituait une avancée significative de la justice congolaise dans la lutte contre l'impunité pour ce type de crimes contre les enfants. La MONUC n'a pas connaissance d'une quelconque mesure de grâce dont il aurait pu bénéficier depuis le jugement. Le commandant reste donc un évadé de la justice.

La MONUC reste donc préoccupée que ce repris de justice puisse circuler librement sur les lieux de ses crimes, à proximité du tribunal qui l'a condamné et de la prison dont il s'est évadé.
Vous aurez noté la présence autour de cette table de Madame Harriet SOLLOWAY ; elle est directrice du Bureau/Etat de droit à la MONUC ; Madame SOLLOWAY est ici pour nous parler du lancement, par les autorités congolaises, d'un programme national destiner à améliorer la justice militaire dans le pays. Il s'agit d'une initiative conjointe du Ministère congolais de la Justice, de la Haute Cour Militaire et de l'Auditeur militaire, qui bénéficie de l'appui de la MONUC et d'une ONG canadienne et qui vise à s'attaquer à l'impunité, par une administration effective de la Justice au sein des forces armées congolaises.
Harriet, les détails s'il vous plait...

Jean-Tobie OKALA, Porte-parole adjoint
Je vous l'annonçais la semaine dernière, la Représentante spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies pour les enfants et les conflits armés, Radhika Coomaraswamy, arrivera à Kinshasa dimanche prochain, pour une visite de cinq jours, c'est-à-dire du 4 au 10 mars.

Durant son séjour, Madame Coomaraswamy se rendra successivement à Bukavu, Bunia et Goma. Elle aura de nombreux entretiens avec les autorités civiles et militaires congolaises, notamment le Chef de l'Etat, le Premier ministre ainsi que d'autres membres du Gouvernement. Elle s'entretiendra également avec des organismes chargés de la protection de l'enfant pour prendre connaissance des réalités dont sont victimes les enfants en RDC.

C'est en avril 2006 que Madame Radhika Coomaraswamy – qui se rendra en RDC pour la première fois - a pris ses fonctions de Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies. Sa nomination se voulait une réponse à l'impérieuse nécessité d'avoir une autorité morale qui défende publiquement la cause des enfants dont les droits, la protection et le bien-être ont été et continuent d'être bafoués dans le contexte des conflits armés. Sachez enfin que le Bureau du RSSG pour les enfants et les conflits armés a été créé en septembre 1997 suite à la résolution 51 / 77 de l'Assemblée générale des Nations Unies. D'autres détails vous seront donnés tout à l'heure à la fin de ce point de presse, concernant la couverture médiatique de cette importante visite.

Sur le plan électoral, la MONUC salue l'investiture du nouveau gouvernement et lui souhaite plein succès pour l'immense tache qu'il aura à accomplir. Pour les Congolais, l'installation de ce premier gouvernement de la IIIe République, le premier issu d'élections libres et démocratiques depuis plus de quarante ans est une victoire ; mais aussi le fruit des efforts et sacrifices consentis depuis de nombreuses années. La MONUC réaffirme sa disponibilité et son engagement à apporter au nouveau gouvernement tout l'appui nécessaire dont il aura besoin pour accomplir sa mission.
Pour ce qui est des activités sociales et humanitaires de la MONUC, retenez que 37 600 Congolais pour la province du Bandundu et 5 800 pour le Kasaï Occidental qui ont été expulsées d'Angola depuis décembre 2006, selon les estimations de la Section des affaires civiles de la MONUC. Ces 43 400 Congolais expulsées d'Angola en situation irrégulière vivaient principalement de l'exploitation illégale du diamant. Dans une proportion estimée à 70 %, il s'agit d'hommes seuls. La MONUC et la communauté des humanitaires étudient ensemble les voies et moyens pour apporter à ces personnes l'assistance dont elles pourraient avoir besoin.

Par ailleurs au Maniema, aujourd'hui mercredi 28 février et demain jeudi 1er mars, la Section des affaires civiles de la MONUC organise à Kindu un atelier sur le renforcement des capacités des autorités locales et de la société civile. Ce séminaire regroupe 50 représentants des divisions étatiques, de la société civile et des agences des Nations Unies de la province. A l'ordre du jour : identification des besoins et renforcement des capacités des autorités locales et de la société civile, vulgarisation du Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DRSP), et renforcement de la collaboration entre les services étatiques, la société civile et les agences des Nations Unies.

Au Nord-Kivu pendant ce temps, la situation sur l'axe Nyamilima–Ishasha reste préoccupante suite aux combats qui ont provoqué des déplacements massifs : au moins 39 000 personnes à destination des localités de Kiwanja, Kinyandoni, Munyaga, Kamandi, Kanyabayonga et Kisaka, auxquelles s'ajoute un nombre indéterminé de départs vers l'Ouganda.

Une mission d'évaluation conjointe menée la semaine passée par la Section des affaires civiles de la MONUC a recueilli des témoignages sur les nombreuses exactions commises par la brigade « Bravo », qui exige que la population évacue la zone pour y mener ses opérations, et lui interdit l'accès aux champs. Ce, alors que les conditions de sécurité actuelles limitent considérablement les possibilités d'accès pour les humanitaires.

Place aux questions maintenant ; première question :

Merci à tous et à toutes, nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine. D'ici là, portez-vous bien.