Verbatim point de presse- 08 mars 2007

13 fév 2009

Verbatim point de presse- 08 mars 2007

Le point de presse de ce mercredi 07 mars 2007 a été animé par Jean-Tobie Okala, Porte-parole adjoint de la Monuc, le Lieutenant-colonel, Didier Rancher, Porte-parole militaire et Madame Amy SMYTHE, responsable du Bureau « Genre » de la MONUC.
Jean-Tobie OKALA, Porte-parole ad intérim

Bonjour à tous et à toutes et merci pour votre fidélité à ce rendez-vous hebdomadaire d'information avec la MONUC. Un bonjour spécial aux nombreuses auditrices de Radio Okapi à qui nous souhaitons déjà une bonne Fête, à l'occasion de la Journée Internationale des Femmes qui sera célébrée demain 8 mars dans le monde entier et donc partout en RDC.

Depuis la semaine dernière, retenez que la situation générale en République démocratique du Congo est restée calme ; il y a eu quelques accrochages, notamment dans certaines localités à l'est ; mais ces incidents isolés ne sont pas de nature à remettre en cause la stabilité et la sécurité du pays. La Force de la MONUC a continué à apporter son appui aux FARDC qui luttent chaque jour pour restaurer l'autorité de l'Etat.

Pour plus de détails sur les activités militaires de la MONUC, je passe la parole au Lieutenant-colonel Didier Rancher, qui est notre Porte-parole militaire :

La situation sécuritaire, sur l'ensemble de la RD Congo, est calme, avec, à nouveau cette semaine, des avancées positives.

Au Nord Kivu
Un groupe de 258 Mayi-Mayi cadres de l'ancien groupe Jackson Mayi-Mayi se sont rendus aux FARDC à Kanyabayonga. L'aide de la brigade Nord Kivu de la MONUC a permis la sécurisation et leur transport vers le camp de Rumangabo, avant d'intégrer le processus de brassage. Au total, ce sont donc 370 Mayi Mayi cadres qui ont donc rejoint, cette semaine, différents points de regroupement.

Plus de la moitié des 6 000 déplacés, dans le nord du Rutshuru, suite aux incidents de mi-février, commencent à revenir dans leurs foyers mais l'inquiétude face au risque sécuritaire et d'instabilité potentielle est grande. Nous maintenons la présence de notre base mobile (MOB) de Katweguru pour rassurer les populations et faciliter encore d'autres retours.

C'est justement à 400 mètres de cette base qu'un court accrochage entre deux patrouilles FARDC et FDLR a eu lieu le 5 mars, sans faire de victimes.

Hier mardi vers 5H30, un groupe de FDLR Cadres a attaqué une compagnie de la brigade mixée « A » à Kalembe pendant qu'un second groupe pillait le village. Les agresseurs se sont ensuite enfuis alors que deux compagnies des FARDC reprenaient le poste. On ne compte que 3 blessés chez les FARDC.

En Ituri
Les populations commencent à rentrer dans leurs villages, suite au désarmement du FNI comme à Sanduku (près de Fataki) ou 60% des villageois sont revenus, mais un certain nombre de récoltes ou cultures sont hélas détruites.

Peter Karim a repoussé l'envoi d'un second groupe de 130 miliciens à samedi 10 mars. Il demande en effet la création d'un couloir sécurisé entre Bodu et Libi que les FARDC du Gal Mayala vont aménager et la MONUC sécuriser avec des moyens en Casques bleus suffisants. La MONUC a pu constater que certains petits groupes de miliciens FNI se préparent à venir et donc nous sommes optimistes sur la poursuite du processus DDR, même si nous restons prudents et réalistes car ces miliciens n'ont plus d'approvisionnements et ont faim.

Au Sud Kivu
La réaction très rapide de Casques bleus de la MOB de Kanyola, avec les FARDC, a empêché cette semaine encore, (c'est la seconde fois) une action des FDLR, sans doute d'enlèvement, près du village de Kanyola.

Depuis hier, nous déployons également une autre base mobile opérationnelle (MOB) dans le secteur de Minembwe sur les hauts plateaux pour aider le gouvernement à poursuivre les discussions commencées avec les chefs du « groupe des 47 » et du « groupe Moranvia ».

De plus, la présence active de ces forces de la MONUC dans ce secteur sensible rassurera les populations qui ont encore peur d'éventuelles actions armées.

Au Katanga
Nous effectuons des déploiements rapides de forces dans diverses localités, pour montrer notre présence active et dissuader d'éventuels troubles organisés par des anciens Mayi Mayi du groupe Gédéon. La MONUC se félicite également de la présence active en prévention, sur le terrain, d'autorités militaires congolaises comme le général André Kinkela de la 6° Région militaire des FARDC.

Jean-Tobie OKALA, Porte-parole ad intérim
La Représentante spéciale du Secrétaire Général des Nations Unies pour les enfants dans les conflits armés, Radhika Coomaraswamy, est arrivée dimanche dernier à Kinshasa à l'invitation du gouvernement congolais et pour une visite de cinq jours. Lors de son étape de Kinshasa, Madame Coomaraswamy a été reçue par le Premier ministre et le ministre de la Défense. Elle a également eu des entretiens avec la CONADER ainsi qu'avec des Agences des Nations Unies chargées de la Protection des Enfants.

A tous ses différents interlocuteurs congolais, la Représentante spéciale a fait part de la forte préoccupation du Groupe de Travail du Conseil de sécurité par rapport à trois choses, concernant la situation des enfants en RDC : un, le recrutement des enfants par les différents groupes armés et leur réintégration dans la société ; deux, les violences sexuelles qui continuent contre ces enfants et leur retour à une vie normale ; trois enfin, la question de l'impunité et de la responsabilité de ceux qui utilisent les enfants.

Madame Coomaraswamy a quitté Kinshasa hier mardi pour Bukavu où elle séjournera jusque demain jeudi ; puis, elle se rendra à Bunia en Ituri et enfin à Goma d'où elle quittera la RDC.

Mais avant de quitter le Nord Kivu et la RDC, la Représentante spéciale dialoguera ce vendredi 9 mars à 16.30, heure de Kinshasa, avec les journalistes depuis Goma lors d'une vidéoconférence qui sera organisée en duplex avec Kinshasa. Ceux et celles qui voudront y participer sont priés de se présenter dans cette salle vendredi prochain, dès 16.00.

Ce qu'il faut aussi noter, c'est que cette visite de la Représentante spéciale prélude à toute une série de visites de haut niveau des Nations Unies en RDC. Vous vous souviendrez qu'il y a eu en janvier dernier le Secrétaire général en personne à Kinshasa ; nous avons également eu en février une délégation du Comité consultatif des Nations Unies chargé des questions administratives et financières ; Puis aujourd'hui la Représentante spéciale pour les Enfants dans les conflits armés ; demain jeudi, la RDC accueillera le Président de la Banque Mondiale Paul Wolfowijtz. D'ici à la fin de l'année, d'autres délégations de haut niveau viendront au Congo, marquant ainsi le soutien et l'engagement des Nations Unies apportés aux nouvelles autorités congolaises dans leurs efforts de reconstruction du pays.

* Vous aurez noté la présence parmi nous d'une invitée spéciale ; il s'agit de Madame Amy SMYTHE, responsable du Bureau « Genre » de la MONUC.

A la veille du 08 mars, la MONUC à travers son bureau « Genre », adresse à toutes les femmes de la RDC ses meilleurs vœux à l'occasion de la Journée Internationale de la Femme. Il faut rappeler que la Journée Internationale de la Femme est célébrée dans le monde entier depuis plus de 90 ans. Les Nations Unies ont officialisé cette célébration en 1977.

A l'occasion de cette journée, le bureau « Genre » de la MONUC voudrait rappeler qu'en dépit des progrès réalisés, partout dans le monde, on continue à observer des violations flagrantes des droits de la femme. C'est pourquoi cette journée est également l'occasion de faire un bilan sur la situation des femmes et de mener campagne pour des changements socioéconomiques et pour susciter une prise de conscience de la part de tous.

Le thème international pour 2007 porte justement sur la lutte pour « mettre fin à l'impunité relative aux violences faites aux femmes». Quant au thème national, élaboré par le Ministère de la Condition féminine et Famille, il s'aligne sur le thème international en mettant l'accent sur un des moyens de lutter contre l'impunité : « Mettre fin à l'impunité des violences faites aux femmes exige l'application effective de la loi ».

En RDC, lorsque l'on parle de violences faites aux femmes, on ne peut éviter de penser aux victimes de violences sexuelles, un fléau malheureusement connu en RD Congo. Au cours des différents conflits qu'a connus la RDC, des dizaines de milliers de femmes et de jeunes filles ont été victimes de viols et d'agressions sexuelles commis de manière systématique par les forces combattantes. Cependant, il ne faut pas oublier toutes les autres formes de violences, quelquefois invisibles aux yeux des autres ou ne laissant pas de traces physiques : domestique, verbale, psychologique, sociale, économique ou même politique.

Le Secrétaire général des Nations Unies dans son message à l'occasion du 08 mars 2007 souligne l'importance de cette journée pour tous- hommes et femmes – car « elle permet de dire clairement qu'il est de notre responsabilité d'œuvrer pour faire évoluer les valeurs et les mentalités. Elle nous appelle à travailler en collaboration avec les gouvernements, les organisations internationales, la société civile et le secteur privé. Elle nous exhorte à œuvrer en faveur d'une transformation des relations entre les femmes et les hommes, à tous les niveaux de la société. » Vous aurez l'occasion tout à l'heure de poser vos questions à Madame Smythe sur l'action de la MONUC dans la promotion de la Femme et de l'égalité des sexes en RDC.

* Pour ce qui est de l'agenda du Représentant spécial, sachez que Monsieur Swing est de retour en RDC depuis le week-end dernier, après une série de consultations de deux semaines avec certaines capitales de pays membres du conseil de Sécurité ainsi qu'avec l'Union européenne : Paris, Berlin, Bruxelles, New York et Washington. Ces consultations qui ont pour objectif principal le futur mandat de la MONUC, vont se poursuivre dans d'autres capitales, africaines cette fois, et bien entendu avec les nouvelles autorités congolaises.

* Au chapitre des activités sociales et humanitaires de la MONUC, saluons d'abord la tenue à Kindu, mercredi et jeudi derniers, d'un atelier sur le renforcement des capacités des autorités locales et de la société civile, organisé par la Section des affaires civiles. Ce séminaire a regroupé 50 représentants des divisions étatiques, des associations et des agences des Nations Unies du Maniema.

Avec pour objectif global la vulgarisation et la mise en œuvre du Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DRSP) de la province, les travaux ont notamment porté sur l'identification des besoins et le renforcement des capacités des autorités locales et de la société civile, la collaboration entre les services étatiques, la société civile et les agences des Nations Unies, et la bonne gouvernance dans le cadre de la décentralisation.

Au Nord-Kivu, la Section des affaires civiles a mené le week-end dernier une mission conjointe pour évaluer les conséquences sur la population civile, de la vague d'affrontements en cours entre brigades mixées (Alpha et Bravo) et FDLR, alliés à des groupes Mayi-Mayi.

Cette mission s'est d'abord rendue à Nyakakoma (à 170 km au nord de Goma), où la relative amélioration de la situation sécuritaire a permis le retour de plus de la moitié des 6 000 personnes qui avaient quitté la zone mi-février.

La situation continue en revanche de se détériorer autour de Nyamilima et sur l'axe Nyamilima–Ishasha (150 km au nord-ouest de Goma), où les opérations lancées par la brigade Alpha contre les FDLR ont conduit 39 000 personnes à fuir (à destination principalement des villes de Kiwanja, Kinyandoni et Ngwenda) et se traduisent par des harcèlement incessants à l'encontre des civils, qui sont pris entre deux feux. Les humanitaires demandent de ce fait à la MONUC de prolonger le déploiement de sa base opérationnelle mobile (MOB) à Katwiguru.

Au Sud-Kivu, la section des affaires civiles et les humanitaires ont visité la MOB déployée à Walungu (55 km au SO de Bukavu) pour faire un état des lieux sur la protection des civils, exposés dans cette région aux exactions du groupe dit « Rasta ». Si la fréquence des patrouilles de la MONUC a augmenté, améliorant d'autant la sécurité, la mission a déploré le manque de réactivité des soldats des FARDC, qui au moins à deux reprises récemment, ne sont pas intervenus alors que des enlèvements se produisaient à quelques pas de leurs positions. La mission a également relevé qu'alors que ces hommes doivent le plus souvent marcher pour gagner leurs postes, harcelant les civils sur leur passage, des camions des FARDC sont régulièrement aperçus dans la zone, transportant du charbon et des bois précieux à des fins commerciales.

Déplorons enfin l'attaque et la prise en otage le 4 mars dernier par un groupe d'ex-combattants, à Aru en Ituri, de deux camions appartenant à une ONG partenaire de la MONUC qui transportaient 12 tonnes de kits de démobilisation. Ce matériel devait être acheminé à Bunia et servir à la démobilisation de 500 ex-combattants.

* OCHA signale un cas de choléra à Kinshasa confirmé par l'Institut National de Recherche Biomédicale/ INRB) en provenance de Brazzaville. Les autorités sanitaires en ont été informées.

Les zones à risque sont le long du fleuve, là où l'accès à l'eau potable est difficile et où il y a une grande concentration de populations. OCHA rappelle qu'il est important que la population de Kinshasa prenne des mesures pour éviter la contagion et que les cas suspects sont signalés.

* * *

Place aux questions maintenant ; première question :

Merci à tous et à toutes, nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine. D'ici là, portez-vous bien.