Verbatim point de presse-14 mars 2007

13 fév 2009

Verbatim point de presse-14 mars 2007

Le point de presse de ce mercredi 14 mars 2007 a été animé par Jean-Tobie Okala, Porte-parole adjoint de la Monuc et le Lieutenant-colonel, Didier Rancher, Porte-parole militaire.
Jean-Tobie OKALA, Porte-parole ad intérim
Bonjour à tous et à toutes et merci pour votre fidélité à ce rendez-vous hebdomadaire d'information avec la MONUC. Bonjour également aux auditeurs de Radio Okapi et des radios partenaires qui relaient ce programme et à qui nous demandons d'ores et déjà de retenir le nouvel horaire du point de presse hebdomadaire de la MONUC : désormais, nous déménageons de la plage 11.00 – 11.30, pour vous retrouver chaque mercredi, mais de 11.30 à 12.00.
Retenez donc ce nouvel horaire qui entrera en vigueur la semaine prochaine et qui s'explique par le changement de la grille des programmes de Radio Okapi.

Depuis la semaine dernière, la situation générale en République démocratique du Congo est restée calme du point de vue sécuritaire ; malgré des accrochages dans certaines parties du pays, notamment à l'est ; mais la stabilité et la sécurité du pays ne sont en rien menacées par ces actes isolés. Au cours des sept derniers jours, la Force de la MONUC a continué à apporter son appui aux FARDC dans leur lutte quotidienne pour la restauration de l'autorité de l'Etat. Avec un certain succès, car comme vous le savez, 131 miliciens supplémentaires du Groupe de Peter Karim se sont rendus à la MONUC samedi 10 mars dernier à Dhoi en Ituri.

Pour plus de détails sur les activités militaires de la MONUC, je passe la parole au Lieutenant-colonel Didier Rancher, qui est notre Porte-parole militaire :

La Situation sécuritaire,
sur l'ensemble de la RD Congo est plutôt calme, à l'exception du Nord & du Sud Kivu qui restent des sujets d'inquiétude.

En Ituri
La MONUC a sécurisé, comme prévu, les accès et le point de regroupement de Doi au Nord Est de Fataki, samedi 10 janvier, suite aux négociations menées par le Général Mayala avec Peter Karim.

Le FNI a finalement tenu sa promesse et envoyé un total de 131 miliciens à ce point de désarmement où la MONUC les a reçus et transportés à Kwandroma. Au total, ce sont 301 miliciens qui ont été envoyés au brassage depuis le 27 février, ce qui constitue un succès important pour l'opération « Ituri Sans armes » lancée le 31 janvier dernier. Il faut absolument poursuivre activement la discussion pour démobiliser le plus vite possible les derniers FNI et Peter Karim et ainsi finir de rassurer les populations en évitant une reprise des combats.

Nos observateurs militaires ont d'ores et déjà constaté le retour de personnes déplacées au sud ouest de Fataki dans la zone pacifiée de Gokalu :...100 personnes dans le village de Waza, 250 à RULE, 180 à JITO et près de 1000 à ANDO.

Enfin, à RWAMPARA, c'est aujourd'hui qu'à lieu la cérémonie de fin de formation expérimentale menée sous forme d'un projet pilote, d'un bataillon FARDC, par des cadres pakistanais de la MONUC.

Au Sud Kivu
La MONUC dénonce avec fermeté les enlèvements de civils et un meurtre qui ont eu lieu dans la région de la forêt de NINDJA. 11 personnes ont été enlevées du village de BUCHUNDA, vingt kilomètres au nord ouest de WALUNGU et onze autres du village de CHISAZA, mais aussi 7 personnes du village d'IREGE entre le 7 et le 12 mars par des FDLR. Pour lutter contre ce fléau et chercher les personnes disparues, la MONUC a intensifié ses actions militaires, ses patrouilles et ses reconnaissances aériennes. D'autres mesures militaires actives vont encore être prises ces jours ci pour arrêter les auteurs et empêcher que ces faits recommencent.

Par ailleurs, sur les hauts plateaux, le départ récent du général Masunzu et les mouvements du « groupe des 47 » et du « groupe Moranvia » nous font espérer une sortie de crise prochaine après des discussions intenses avec les autorités congolaises, également soutenues par la MONUC. Il est possible que ces groupes fassent mouvement demain 15 mars vers le village de RUNINGU, prévu comme point de regroupement.

A noter enfin au Sud Kivu, la reddition, hier 13 mars, d'un groupe dissident de près de 70 rebelles du « Col 106 » à KAMBALI aux FARDC en présence de la MONUC. Ils seront transportés à BUKAVU aujourd'hui.

Au Katanga
La MONUC attend avec impatience le démarrage du processus officiel de brassage au camp de KAMINA ou 2474 hommes ont été regroupés et sont prêts. Le commandement du camp espère démarrer avec 3500 hommes et des officiers d'encadrement sont attendus ces prochains jours mais il ne faut absolument pas retarder le début des activités de cohésion.

Au Nord Kivu
Des accrochages ont eu lieu le 8 mars vers 8H00, d'abord entre le 2° Bataillon de la brigade « B » et des FDLR / Mayi Mayi vers KABUDENHO ( 12 Km NO de NYAMILIMA) puis un second accrochage avec l'escorte du Colonel Makenga. Au moins 4 soldats FARDC ont été blessés et transportés par la MONUC. On estime à au moins 8 civils le nombre de victimes en marge de ces incidents armés. Leurs corps ont été trouvés dans le village de BURANDA près duquel a eu lieu le second accrochage et les conditions de leurs décès sont en cours d'enquête conjointe. D'autres accrochages ayant entraînés des blessés ont eu lieu les 11 et 12 mars avec cette même brigade « B ».

Ces incidents armés à répétition avec toujours la même brigade ont fait fuir des milliers d'habitants du territoire du Rutshuru et constituent donc un sujet important de préoccupation pour la MONUC.

Jean-Tobie OKALA, Porte-parole ad intérim
La Représentante spéciale des Nations Unies pour les enfants dans les conflits armés, Madame Radhika Coomaraswamy a quitté la RDC samedi dernier, satisfaite et au terme d'une visite de cinq jours. Madame Coomaraswamy s'est réjouie des engagements et des assurances reçus des différents interlocuteurs qu'elle a rencontrés, notamment dans son plaidoyer contre la fin de l'impunité pour les auteurs de violations des droits des enfants ; lesquelles violations sont désormais considérées comme des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.

Toujours au cours des nombreux entretiens qu'elle a eus avec les autorités civiles et militaires congolaises, la Représentante spéciale a aussi insisté sur la nécessité de pénaliser les crimes contre les enfants, de prendre des mesures pour lutter contre les violences sexuelles et de mettre fin au recrutement d'enfants.

* Presque au même moment, le président de la Banque mondiale quittait lui aussi la RDC au terme d'une visite de 48 heures. Nous vous le disions la semaine dernière, ces deux importantes visites préludent à toute une série de visites de haut niveau des Nations Unies et de nos partenaires que nous avons encouragées à venir en RDC au cours des prochains mois. Cela témoigne de l'intérêt et de l'engagement soutenus de la communauté internationale vis-à-vis du Congo.

Le principal message à retenir de la visite du président de la Banque mondiale est que ce n'est pas le moment de se désengager de la RDC ; surtout qu'il reste encore beaucoup de taches à accomplir, dont notamment la réforme de l'armée. C'est dans ce sens que le 23e Rapport du SG des Nations Unies sera transmis d'ici à deux semaines au Conseil de sécurité.

* Nous parlions des enfants tout à l'heure, signalons avec l'UNICEF que l'épouse du Chef de l'Etat a annoncé la naissance de la grande alliance pour la survie, le développement et la protection de l'enfant congolais. C'était le samedi 10 mars dernier lors de la cérémonie de lancement officiel en RDC de la campagne mondiale dénommée "Unissons-nous Tous pour les Enfants contre le Sida" à Kinkole (Commune de la N'Sele) à Kinshasa.

Au cours de la cérémonie qui a vu la participation de plus de 7.000 enfants, Mme Kabila a déclaré que la grande alliance en faveur des enfants comprend la communauté internationale, les décideurs politiques de la RDC, les confessions religieuses, le monde des affaires, la Société civile et les familles.

L'objectif principal de la campagne est d'éclairer la "face cachée du SIDA » que représentent les enfants dans cette pandémie. Il faut rappeler qu'en RDC, le taux de prévalence moyen au VIH est de 4,5% chez les enfants ; que 300.000 enfants vivent avec le VIH ; que 40.000 d'entre eux ont besoin d'un traitement approprié et que moins de 1.000 y ont accès. On estime aussi à 1 million le nombre d'orphelins, dont des centaines de milliers infectés par le VIH. Enfin, moins de 2% des femmes congolaises enceintes ont accès au service de la Prévention de la Transmission de la Mère à l'Enfant du VIH (PTME).

* Le monde entier a célébré jeudi 8 mars dernier la Journée Internationale de la Femme. A cette occasion, le Secrétaire général des Nations Unies a formé le vœu que l'Organisation mondiale soit au premier rang de l'entreprise qui consiste à « briser le mur du silence » de la violence contre les femmes.

Pour Ban Ki-Moon, la plupart des sociétés prohibent les actes de violence à l'égard des femmes et des filles, mais la réalité est que trop souvent, elle est tolérée sous le prétexte fallacieux des pratiques et normes culturelles, dans les confins de la maison. Le Secrétaire général demande donc que cessent de telles pratiques ; car pour lui, « quand les femmes prospèrent, toute la société en tire avantage et les générations nouvelles prennent un meilleur départ dans la vie. ».

Quant à son Représentant spécial pour la RDC, Monsieur Swing a déclaré que c'est depuis sa création que la MONUC essaye d'accompagner les femmes congolaises dans leur cheminement vers la paix ; parce que ce sont les femmes (et les enfants) qui souffrent et ont le plus souffert pendant la guerre. Parce que ce sont les femmes, qui sont plus victimes des inégalités et de l'impunité.

Pour le Représentant spécial, il faut accorder à la problématique de la violence contre les femmes une attention prioritaire ; il faut aussi un engagement politique fort ainsi que des ressources suffisantes. Toute violence est une violation généralisée des droits fondamentaux et un obstacle de taille à l'égalité des sexes, au développement et à la paix. C'est peut-être l'occasion de rappeler ici cette sagesse populaire qui dit : « Otumoli Maman, otumoli Nzambe. » La violence sexuelle au Congo est devenue un « cancer » dans le corps de la société, un cancer que tous ensemble, nous devons nous employer à combattre.

* Un mot rapide de l'agenda du Représentant spécial, sachez que Monsieur Swing sera à Kigali aujourd'hui et demain jeudi ; c'est pour participer à la réunion de la Tripartite Plus ; vous savez que la MONUC, en tant qu'observateur, assiste aux travaux de ce cadre de concertation qui regroupe l'Ouganda, le Rwanda et la RDC, plus le Burundi et sous la facilitation des Etats-Unis. En fin de semaine, le Représentant spécial se rendra à Mbandaka et la semaine prochaine il sera à Kikwit et à Bandundu Ville, dans le cadre de sa tournée des différents Secteurs où la MONUC est présente, comme il l'a fait la semaine dernière avec Matadi dans le Bas Congo.

* Au chapitre des activités sociales et humanitaires de la MONUC, retenez qu'au Nord Kivu, l'administrateur du territoire de Buramba (47 km au N de Rutshuru) a rapporté cette semaine que près de 10 000 personnes ont du fuir en direction des localités de Kisharo et de Nyamilima, suite aux combats qui ont opposé la brigade Bravo des FARDC à des éléments des FDLR entre le 8 et le 11 mars dernier.

Ces déplacés s'ajoutent aux 39 000 précédemment répertoriés dans cette zone, en conséquence des affrontements de ces dernières semaines. Ils ont trouvé refuge dans des écoles, des églises et des familles d'accueil.

Lors d'une mission la semaine passée dans le territoire de Nyamilima, la Section des affaires civiles a rencontre l'administrateur de ce territoire, qui lui a fait part des risques encourus quotidiennement par les populations civiles, notamment pour accéder à leurs champs.

Pour preuve, les corps sans vie de 8 civils ont été retrouvés dans les environs de Nyamilima, après les accrochages des 9 et 11 mars derniers, par une délégation de la Croix Rouge nationale.

Au Kasaï Oriental, le nombre de Congolais expulsés d'Angola au cours des deux derniers mois s'élève désormais à 6 000. Selon les évaluations menées par les ONG et la Section des affaires civiles de la MONUC, il y a un besoin urgent d'intervention humanitaire, même si pour l'instant, ni les autorités locales, ni les autorités nationales n'ont fait de demande en ce sens.

Les acteurs humanitaires du Bandundu préparent par ailleurs une mission d'évaluation vers Kasongo (600 km au S de Bandundu), pour recueillir des informations complémentaires sur les besoins des 37 000 Congolais expulsés d'Angola ces derniers mois et qui ont trouvé refuge dans la Province. Etant donné l'état des routes et le fait que ces expulsés se déplacent beaucoup, peu de précisions sont pour l'instant disponibles.

Toujours à propos du Bandundu, mais dans les environs de Kahemba cette fois (800 km au S de Bandundu), signalons ces informations contradictoires fournies par le gouvernorat et la DGM (Direction générale des migrations) au sujet de possibles mouvements de population liés à l'occupation de 13 villages par des soldats angolais. Côté gouvernorat, on présente un tableau préoccupant, avec des déplacements localisés et de nombreuses violences sexuelles. Côté DGM, on minimise au contraire l'impact de cette occupation.

La Section des affaires civiles va organiser une mission ces prochains jours avec ses partenaires et les sections civiles et militaires de la MONUC pour clarifier la situation.
* * *
Place aux questions maintenant ; première question :
Merci à tous et à toutes, nous vous donnons rendez-vous la semaine prochaine. D'ici là, portez-vous bien.