Verbatim point de presse MONUC du mercredi 28 mars 2007

13 fév 2009

Verbatim point de presse MONUC du mercredi 28 mars 2007

Le point de presse de ce mercredi 28 mars 2007 a été animé par le Directeur du bureau du Porte-parole et des Relations Medias de la Monuc, Kemal Saïki et le Lieutenant-colonel Didier Rancher [ Porte-parole militaire] de la Mission.
Kemal SAIKI, Directeur du Bureau du Porte Parole et des Relations Médias :

Bonjour à tous et à toutes ; merci pour votre fidélité à ce rendez-vous hebdomadaire d'information avec la MONUC. Nouveau rendez-vous, je devrais dire, car comme nous vous l'avons annoncé lors du dernier point de presse, nous continuerons à nous retrouver le mercredi, mais désormais de 11h30 à 12h00. Bonjour également aux auditeurs de Radio Okapi et des radios partenaires qui relaient ce programme.

Comme vous le savez, la semaine dernière a été marquée par des incidents à Kinshasa, entre les éléments du Détachement de protection personnelle (DPP), la garde de l'ancien vice-président, le sénateur Jean-Pierre Bemba et ceux de l'armée régulière congolaise. Pendant 48 heures, la capitale congolaise a connu de violents affrontements qui ont fait de nombreuses victimes et occasionné d'importants dégâts matériels.

La MONUC déplore les événements tragiques qui se sont produits du 22 au 24 mars à Kinshasa et exprime ses sincères condoléances aux familles des personnes qui ont péri dans les affrontements ainsi que sa sympathie aux blessés et aux victimes de destructions ou de pillages. Elle félicite les Kinois et les Kinoises pour leur calme pendant ces incidents, tout en leur demandant de continuer à demeurer unis et à ne pas céder à la panique.

Elle appelle toutes les parties, notamment en Equateur, au calme et à s'abstenir de toute action ou discours pouvant déclencher de nouvelles violences.

La MONUC demande aux autorités militaires de rappeler les soldats dans leurs casernes et de confier la sécurité des citoyens à la Police Nationale. Elle exhorte tous les éléments de la DPP du Sénateur Jean-Pierre Bemba, ainsi que les gardes de sécurité des autres dignitaires de la transition, de se présenter aux autorités militaires dans les meilleurs délais en vue de leur intégration dans les FARDC.

Concernant l'intention du Procureur Général d'initier des enquêtes à l'égard de certains dirigeants politiques et militaires du MLC, la MONUC appelle les autorités à respecter les procédures juridiques ainsi que les droits et libertés que la Constitution accorde à tous les citoyens Congolais. La MONUC souligne également l'importance de faire respecter la loi et de prendre les mesures disciplinaires contre les soldats qui se sont rendus coupables de pillage ou d'autres crimes. Cependant, elle fait appel aux autorités judiciaires de procéder sans discrimination aucune et de respecter rigoureusement l'égalité devant la loi et la présomption d'innocence des accusés.

La MONUC, tout en réaffirmant son engagement, souligne l'importance pour le Président et le nouveau Gouvernement conduit par le Premier Ministre, d'initier un large dialogue démocratique avec les parties de l'opposition ainsi qu'avec les organisations de la société civile pour consolider une paix durement gagnée en RDC. A cette fin, la MONUC insiste sur l'importance cruciale de respecter le cadre constitutionnel, et le respect de l'espace et du rôle politiques accordés à l'opposition. La MONUC exhorte également tous les partis politiques, les institutions et toutes les organisations de la société civile d'œuvrer pour la réconciliation et la consolidation de la paix.

Enfin, la MONUC encourage le Président et le Gouvernement à redoubler d'efforts afin d'atteindre les objectifs définis par les Accords de Paix, notamment le rétablissement de l'autorité de l'État, la construction d'une armée nationale et républicaine et la mise en en place d'un État de Droit à même de protéger les droits civiques et libertés publiques des citoyens congolais.

À part les incidents de Kinshasa, la situation générale en République démocratique du Congo est restée calme du point de vue sécuritaire ; malgré des accrochages dans certaines parties du pays, notamment en Ituri, Nord et Sud Kivu ; mais la stabilité et la sécurité du pays ne sont en rien menacées par ces actes isolés.

Pour plus de détails sur les activités militaires de la MONUC, je passe la parole au Lieutenant-colonel Didier Rancher, qui est notre Porte-parole militaire :

Lieutenant-colonel Didier Rancher, Porte Parole militaire :

La Situation sécuritaire s'est fortement dégradée à Kinshasa tout en demeurant stable sur le reste de la république.
A Kinshasa
La MONUC déplore les regrettables événements, les morts, les blessés, les destructions et les pillages qui ont eu lieu du jeudi 22 mars au samedi 24 mars au matin au centre ville de Kinshasa. L'essentiel des premiers combats entre les FARDC, la GR, la PNC et les DPP se sont déroulés dans un périmètre restreint entre le boulevard du 30 juin et le fleuve Congo et entre le HQ de la MONUC et le rond point Mandela. C'est un rectangle d'environ 300 mètres sur 2 kilomètres. Ensuite, les combats se sont étendus un peu plus au sud du boulevard du 30 juin et vers l'est, dans le secteur de l'aéroport N'Dolo jusqu'au samedi matin quand le calme est revenu vers 9H00.

Les belligérants ont utilisés des mortiers légers de 60 mm, des lance-roquettes antichars RPG7 et des chars tirant au canon de 90 mm et de 106 mm causant essentiellement mais pas uniquement des destructions très ciblées sur certains secteurs. Ils ont aussi bien sur utilisé des armes légères, essentiellement des Kalachnikov AK 47, des mitrailleuses de 14,5 mm et des grenades à main.

La Brigade Ouest de la MONUC avait préalablement renforcé son dispositif sur les points sensibles de Kinshasa avant le 15 mars. Elle a continué son effort en acheminant des renforts au cours des événements et a déployé le maximum d'unités disponibles sur le centre ville engageant jusqu'à 25 blindés en même temps. Ils ont centré leur action sur l'évacuation du maximum de personnes proches des combats dans un souci de protection des civils innocents. Nous avons établi une liste de priorité d'évacuation comprenant d'abord les enfants, les blessés, les femmes enceintes, etc. compte tenu de la capacité d'emport unitaire limitée de nos blindés qui, seuls, pouvaient apporter une protection contre les tirs croisés d'armes légères en pleine rue, les rotations étaient nombreuses. Nous avons évacué et transporté pendant ces événements un total de 1080 personnes dans le périmètre des combats et en limite. Parmi ces personnes, 16 étaient blessées. Nous avons ravitaillé près de 1300 personnes en eau, nourriture et médicaments, en périphérie des combats essentiellement des écoles, des organismes divers, des cliniques et des hôpitaux.

En permanence, nos équipes militaires ont tenté de renouer le contact entre les parties pour essayer de faire cesser les tirs. Un total de 140 personnels de la DPP -dont 15 blessés- se sont présentés à la MONUC pour être soignés et remettre leurs armes. Certains souhaitaient mettre en sécurité leurs familles et ils sont venus avec 77 épouses et 92 enfants que la MONUC a pris en charge. La MONUC a aussi accueilli 34 civils venus se réfugier pour des raisons diverses, proximité de nos locaux ou destruction de leurs maisons par les combats.

L'intensité des combats a été la plus forte le jeudi 22 à partir du milieu de journée et l'après midi, puis en décroissant du vendredi à l'aube jusqu'au milieu de la matinée du 23 mars et enfin un dernier moment plus court d'échanges de tirs, essentiellement vers l'est, à l'aube de samedi 24 mars. La nuit et en dehors de ces créneaux, il y a eu des échanges de tirs plus sporadiques. La MONUC a constaté, condamne et déplore les pillages qui ont été commis essentiellement dans un périmètre restreint du centre ville au plus fort des affrontements ou de nuit par des pillards de diverses factions. Dès la fin des tirs, le travail d'évacuation diminuant, nous avons pu affecter des patrouilles à la surveillance sécuritaire du périmètre pour limiter ce phénomène alors que les FARDC, la PNC et la GR occupaient les points stratégiques

La MONUC a ensuite effectué un travail de repérage et de déplacement et destruction des obus et roquettes non explosées. Nous avons donné la priorité à 5 écoles de proximité pour assurer une reprise des cours en sécurité. Un total de 19 locations de munitions non explosées ont été trouvées et déplacées ou détruites, comme ce matin à 8H00 au Golf près du boulevard du 30 juin, par nos équipes spécialisées. Cependant, la MONUC recommande aux habitants et surtout aux enfants de ne pas toucher ce qu'ils pourraient encore découvrir et d'alerter les autorités en cas de découverte d'engins non explosés.

Le 27 mars, le bataillon tunisien de la MONUC a participé et à la sécurisation et au recensement des 677 armes de toutes sortes et des munitions de la DPP à Gbadolite en Equateur en compagnie d'autorités FARDC. Une cérémonie d'intégration au sein des FARDC a eu lieu en présence de 225 DPP face aux autorités militaires congolaises.

En Ituri
La MONUC a accueilli avec satisfaction la décision du FNI d'envoyer deux officiers de liaison le 21 mars prendre des contacts avec l'état major des FARDC à Bunia et visiter le camp de Rwampara. Cependant des incidents isolés avec les FARDC comme à Bodu le 23 mars où un soldat congolais a été tué, le harcèlement de certains villageois par des miliciens parfois affamés où des mouvements coordonnés du FNI comme le 25 mars au nord de Nioka ne doivent pas remettre en cause le processus DDR engagé. Peter Karim doit poursuivre son effort et amener les 200 hommes supplémentaires qu'il a promis à Kwandroma dans un climat de confiance.

Au Sud Kivu
La MONUC a encouragé à travers une réunion conjointe multipartite le 22 mars, la poursuite du processus de discussion DDR avec les chefs du « groupe des 47 » et du « groupe Moramvia », le Col Bisogo et le Major Rukunda. Ce processus négocié doit se poursuivre par d'autres réunions comme celle du 26 mars et du 27 mars où les responsables de ces groupes ont été informés par les autorités militaires congolaises que les 217 hommes envoyés à Runingu le 21 mars et les 35 hommes de Katobo doivent suivre un processus de brassage et que tout devait être fait pour les y sensibiliser. L'implication de hautes autorités militaires congolaises dans cette discussion est susceptible d'amener un niveau élevé de confiance entre les parties et faire avancer tout le monde vers une solution.

Au Nord Kivu
Les cérémonies de création des deux dernières brigades « D » et « E » ont eu lieu la semaine dernière au Nord Kivu.
Le 25 mars, une dizaine d'enfants associés aux groupes armés se sont rendus à la MONUC et ont été transférés à la section de protection des enfants de la MONUC. Ces redditions doivent se poursuivre et la MONUC encourage tous les enfants portant des armes à se présenter à la MONUC pour réintégrer l'école et une vraie vie familiale. La MONUC lance un appel urgent aux commandants FARDC du NORD Kivu afin qu'ils facilitent le travail des acteurs de la protection de l'enfant qui ont reçu le feu vert des autorités militaires de la 8e RM pour séparer les enfants qui demeurent au sein des troupes FARDC au Nord Kivu.
Durant le travail d'identification par la SMI (structure militaire d'intégration) des troupes des brigades mixées, des mineurs ont été clairement identifies, et il est urgent que ces derniers puissent être démobilisés et réinsérés dans la vie civile. La MONUC condamne fermement les menaces perpétrées la semaine dernière à l'encontre de la section de la protection de l'enfant de la MONUC ainsi qu'à l'encontre de plusieurs agents congolais de la protection de l'enfant et de plusieurs mineurs, par un Commandant de Brigade FARDC, au Nord Kivu, en l'occurrence le Colonel Makenga, lors d'une mission visant a séparer des enfants identifiés au sein de troupes FARDC.

Dix autres personnes se sont également rendues aux Casques bleus de la MONUC dans le territoire de Rutshuru, soit au total 14 en deux semaines – dont 2 FDLR- en demandant à être rapatriées dans leur pays, le Rwanda, par le programme DDRRR de la MONUC. Elles ont indiqué avoir déserté les rangs de la 81°/83° brigade, au sein desquelles elles avaient été intégrées de manière forcée, après avoir été recrutées dans différentes préfectures, au Rwanda, pour des emplois « civils » au Congo, en janvier et février 2007. Elles ont été rapatriées par la section DDRRR de la MONUC en concertation avec les autorités congolaises et rwandaises, à savoir la Commission rwandaise de démobilisation et de réintégration des combattants. La MONUC condamne avec la plus grande fermeté le recrutement forcé de civils a des fins militaires, et encourage tout individu sur le sol congolais ayant été recruté de manière forcée, sur le sol congolais ou à l'étranger, à se présenter aux Casques bleus, en vue de sa démobilisation et de sa réintégration dans la vie civile ou son rapatriement.

Depuis notre dernière rencontre, la MONUC a poursuivi ses enquêtes sur la mort dans des circonstances troublantes, d'au moins une dizaine de civils, le week-end du 9 mars 2007 dans la localité de Buramba en territoire de Rushuru au Nord Kivu ; c'était lors d'incidents impliquant les troupes FARDC de la Brigade Bravo et des FDLR. Notez également que la MONUC a également renforcé sa présence dans cette zone, en déployant depuis le lundi 19 mars une base mobile opérationnelle d'une force de 60 Casques bleus à Nyamilima, village situé à 4 kms de Buramba, où se trouvent de nombreux déplacés de Buramba et des environs.

Après deux premières missions d'établissement des faits sur le terrain, l'une, conjointe avec la 8e Région militaire, le 14 mars, et l'autre, par la section des Droits de l'Homme de la MONUC sur le terrain, les 15 et 16 mars, deux enquêtes parallèles se poursuivent aujourd'hui : une enquête de la Section des Droits de l'Homme de la MONUC et une enquête judiciaire du Ministère public militaire congolais, qui, à la demande de la MONUC a dépêché à Buramba, la semaine dernière, de Kinshasa une équipe spéciale composée de 4 magistrats instructeurs ayant bénéficié d'une formation spéciale de l'Institut International d'Investigations criminelles de La Haye sur les technique d'enquêtes criminelles. À ce jour, les conclusions de ces enquêtes ne sont pas encore connues.

La MONUC rappelle que le recrutement de mineurs dans les groupes armés ou forces armées est une contravention grave à la Loi congolaise ainsi qu'aux instruments internationaux relatifs aux droits de l'Enfant et aux Convention de Genève, un crime de guerre ou un crime contre l'humanité, et que les auteurs de ces crimes sont passibles de poursuites de la Justice militaire congolaise et de la Cour pénale internationale.

Kemal SAIKI, Directeur du Bureau du Porte Parole et des Relations Médias :
Avant de passer aux questions, retenez enfin que le 4 avril prochain sera déclarée Journée Internationale de Sensibilisation aux Dangers des Mines et de l'Assistance à la Lutte Anti-mines. A cet effet, nous vous invitons aux manifestations liées à cette Journée qui a pour but de sensibiliser aux menaces représentées par les mines et restes explosifs de guerre et de souligner les progrès réalisés en vue de leur éradication. Ces mines et restes explosifs de guerre continuent de faire plus de 15 000 victimes par an de par le monde. Ces victimes sont presque toujours des civils qui déclenchent involontairement des engins, des années, voire des dizaines d'année après la fin des conflits.

En RD Congo, la 1960e victime identifiée (nul ne doute qu'il y en ait bien davantage), un enfant, a été mutilée le 27 février dernier, ainsi que trois autres de ses camarades de jeu, par l'explosion d'un de ces restes explosifs de guerre.

Quatorze Agences, Départements ou Programmes des Nations Unies prennent part à la Lutte Anti-mines dans des dizaines de pays. En RDC, plus de 18 organisations (ONG nationales et internationales, agences des Nations Unies, gouvernement et organisations de la société civile) participent à la lutte. Elle englobe des actions telles que la recherche et la destruction des mines et restes explosifs de guerre, l'assistance aux victimes, l'éducation aux risques des mines pour les populations, le plaidoyer pour une adhésion universelle aux traités tels que la Convention d'Ottawa, et la destruction des stocks de mines antipersonnel.

Afin de célébrer la Journée Internationale de Sensibilisation aux Dangers des Mines et de l'Assistance à la Lutte Anti-mines en RDC, la communauté de la Lutte Anti-mines organise le 4 avril au Cercle de Kinshasa une cérémonie officielle comportant des présentations d'activités de Lutte, de 09h30 à 13h00. Dans la soirée, l'ONG Mines Advisory Group accueillera un concert de sensibilisation avec Papa Wemba, qui débutera à 17h30 à la Halle de la Gombé.