Ban Ki-Moon plaide pour une collaboration renforcée entre la RDC et la MONUC

4 mar 2009

Ban Ki-Moon plaide pour une collaboration renforcée entre la RDC et la MONUC

Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon a conclu le 1 mars 2009 sa visite en République Démocratique du Congo, au cours de laquelle il s'est prononcé sur le nécessaire renforcement de la collaboration entre le Gouvernement congolais et la Mission des Nations unies en République Démocratique du Congo (MONUC) pour mettre fin aux tragédies et difficultés vécues par les populations de l'est du pays y compris le fléau des violences sexuelles ainsi que les souffrances des populations déplacées.
Arrivé en RDC le 28 février 2009, le Secrétaire général de l'ONU qui venait de Dar es Salaam en Tanzanie, a atterri directement à Kisangani, dans la province Orientale, où il a eu une rencontre avec le Président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kabila.

Le Secrétaire général s'est félicité de l'opportunité de discuter avec le Président Kabila de la nécessite d'une étroite collaboration entre le Gouvernement et le peuple de la RDC et les Nations Unies, qualifiant cette coopération d' « essentielle pour saisir les nouvelles opportunités à renforcer les gains acquis par la RDC et pour faire face aux défis futurs ».

Le Secrétaire général a aussi souligné que la collaboration entre le gouvernement congolais et la MONUC est d'autant plus importante pour la stabilisation de l'est et la protection de la population. « Les peuples des Kivus ont souffert aux mains des groupes armés pendant trop longtemps, y compris les FDLR et la LRA », a-t-il dit.

M. Ban a également souligné que le mandat de la MONUC est d'appuyer—et non à se substituer—aux actions et aux institutions congolaises.

« La MONUC est déterminée à aider l'État dans la restauration de son autorité ainsi que dans la mise en place d'un état de droit, les deux piliers pour garantir la paix et la stabilité dans la région ».

Ban Ki moon estime par ailleurs qu'il est bien temps de commencer à progresser vers un engagement entre les Nations unies et la RDC qui est plutôt orienté sur le développement, surtout dans les parties occidentales du pays.

Le Secrétaire général s'est déclaré « particulièrement encouragé » par le nouvel esprit de coopération entre la RDC et les autres Etats de la région, et les avantages qu'une telle coopération peut apporter au peuple congolais, aussi bien qu'à la région entière.

En outre, Ban Ki-moon a déclaré être profondément affecté par la violence qui règne dans le pays et notamment par les violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants.

« J'ai discuté avec le président Kabila de la question portant sur les populations civiles et la violence sexuelle. Cette dernière est très répandue en RDC et cela doit cesser. Il est abominable de constater que dans les zones de conflit près de huit cas de viol sur dix sont commis par des hommes en uniforme, qu'ils soient membres de groupes armés ou de forces de sécurité ».

Après Kisangani, le Secrétaire général des Nations unies et sa délégation se sont envolés pour Goma, au Nord-Kivu.

A son arrivée à Goma, samedi en milieu d'après midi, le Secrétaire général et sa délégation, accompagnés depuis Kisangani par le Ministre des Affaires étrangères de la RDC, Alexis Tambwe Mwamba, ont été accueilli par le Gouverneur du Nord Kivu, Julien Paluku et une forte représentation des autorités provinciales, civiles et militaires et de dignitaires locaux.

Le Secrétaire général et sa délégation, son Représentant spécial en RDC, Alan Doss, accompagnés du Ministre des Affaires étrangères de la RDC et du Gouverneur du Nord Kivu se sont ensuite rendus à Heal Africa, centre médical spécialisé dans le traitement des victimes des violences sexuelles, soutenu par l'UNICEF, UNFPA, parmi d'autres.

Heal Africa, lequel avec l'hôpital de Panzi au Sud Kivu, offrent des programmes pilotes en matière de soins médicaux, de soutien psychologique et d'appui à la réinsertion aux victimes des violences sexuelles en RDC.

A Heal Africa, la délégation restreinte du Secrétaire général, accueillie par le Docteur Lukofata, Coordonateur technique des programmes de Heal Africa, et par les Représentants de l'UNICEF et de l'UNFPA a reçu un exposé détaillé des activités du centre, et de l'approche pilote holistique de ce dernier s'agissant de la prise en charge des victimes des violences sexuelles.

Les différents sous projets du programme « Heal my people » grâce auquel plus de 10 000 victimes de violences sexuelles, femmes et filles, ont pu bénéficier d'un traitement depuis 2003, année du lancement dudit programme. Il a pu rencontrer plusieurs patientes de l'hôpital, et s'entretenir, dans l'intimité, avec l'une d 'entre elles.

Au terme de cette rencontre, le Secrétaire général a tenu un point de presse au cours duquel il a notamment dit : « Je suis profondément attristé, choqué, et en colère par ce que je viens de voir. J'ai pu rencontrer plusieurs victimes de violences sexuelles qui sont en cours de traitement. J'ai appris que sur la seule journée de lundi dernier, dix cas de viols ont été enregistrés ici. Le principal problème, qui est aussi le défi le plus important à relever est celui de la culture de l'impunité, laquelle est tout simplement inacceptable ».

Pour lui, cette problématique exige un engagement politique au plus haut niveau, afin de faire en sorte que les auteurs de ces crimes soient portés devant la justice et punis.

« Le Gouvernement et les autorités militaires doivent prendre les mesures nécessaires pour faire en sorte que les commandants des éléments des forces de sécurité nationale auteurs de tels crimes soient sanctionnés au cas où ils ne prennent pas les mesures nécessaires pour prévenir et punir ces exactions commises par leur personnel », a-t-il déclaré, ajoutant que « les auteurs présumés de tels crimes appartenant aux divers groupes armés ne devraient pas être intégrés dans les forces armées congolaises ou la police nationale, quant à ceux qui en sont déjà membres, ils ne devraient pas bénéficier de promotion ».

Au terme de sa visite à Heal Africa, le Secrétaire général, a eu un entretien, au quartier général de la MONUC, avec les autorités provinciales, civiles et militaires du Nord Kivu, ainsi qu'avec le Chef de la police nationale congolaise, le Général John Numbi, Commandant des récentes opérations conjointes de l'armée congolaise et de l'armée rwandaise contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR).

En compagnie de M. Edmond Mulet, Sous- Secrétaire général des Nations unies pour les Opérations de maintien de la paix, de son Représentant spécial, et du Commandant de la Force de la MONUC, il a discuté de l'évolution de la situation sécuritaire, humanitaire et politique à l'Est de la RDC.

En début de soirée, avant de rejoindre ces derniers et d'autres dignitaires locaux pour un diner officiel offert par le ministre des Affaires étrangères à la base du contingent indien de la MONUC à Goma, M. Ban Ki-moon a rencontré une délégation du personnel des Nations Unies basée au Nord Kivu.

Dimanche, tôt dans la matinée, Ban Ki-moon a rendu visite aux déplacés internes du camp de Kibati, à une dizaine de kilomètres au Nord de Goma. Kibati relève d'une symbolique toute particulière dans la mesure où cette localité était située à la limite de la ligne de front lors des violents combats qui ont opposés l'armée congolaise et les rebelles lors des affrontements des derniers mois de 2008.

Dans le camp de Kibati I, accompagné par le représentant du Haut Commissariat pour les réfugiés au Nord Kivu, Ban Ki-moon a pu s'entretenir dans l'intimité avec un groupe de déplacés, qui lui ont fait part de leurs principales préoccupations.

Le Secrétaire général a fait par de sa ferme volonté et de l'engagement des Nations unies à tout mettre en oeuvre pour continuer d'apporter toute l'assistance nécessaire aux populations déplacées.

« Nous ferons tout ce qui est possible pour mobiliser les ressources nécessaires pour assister ces populations. Nous avons besoin du soutien de toute la communauté des bailleurs de fonds, du Gouvernement, de la société civile et de la communauté des organisations non gouvernementales ».

De retour à Goma, le Secrétaire général s'est ensuite envolé pour Kigali, dernière étape de sa tournée dans la Région des Grands Lacs, après la Tanzanie et la RDC, pour y rencontrer le Président Paul Kagame.

Après son entretien avec le Chef de l'Etat Rwandais, lors d'un point presse, Ban Ki moon a indiqué qu'il avait eu une discussion franche et constructive avec le Président rwandais s'agissant des questions relatives aux régions frontalières entre le Rwanda et la RDC.

« J'ai fait part au Président Kagame de ma satisfaction quant aux pas qu'il a franchi afin d'ouvrir un nouveau chapitre de l'Histoire des relations bilatérales entre le Rwanda et la RDC. Je suis encouragé par son intention d'établir des relations diplomatiques complètes avec la RDC, et de revitaliser la Communauté économique des pays de la région des Grands Lacs », a déclaré Ban Ki-moon.

Le Secrétaire général de l'ONU dit avoir fait part au Président Kagamé de sa ferme conviction que la paix et le développement ne peuvent être atteints et maintenus que par un processus interne piloté par les acteurs locaux.

« Le rôle des Nations unies est d'encourager et de soutenir de tels efforts », a-t-il conclu.