DDRRR: Un « service d’assistance téléphonique » destiné aux ex-rebelles

12 avr 2010

DDRRR: Un « service d’assistance téléphonique » destiné aux ex-rebelles

Goma, 10 avril 2010 - Les Casques bleus de la MONUC utilisent des émissions diffusées au moyen de stations de radio mobiles, des téléphones mobiles ainsi que le largage aérien de tracts en direction des rebelles des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), en les invitant à sortir de la forêt de l'est congolais et à accepter un retour sécurisé au Rwanda.

La MONUC utilise par ailleurs Radio Okapi, le réseau de stations de radio émettant à l'échelle nationale, pour diffuser des messages spéciaux portant sur le processus de désarmement, démobilisation, rapatriement, réintégration et réinstallation (DDRRR). Radio Okapi diffuse par exemple des entretiens avec d'anciens rebelles qui ont été rapatriés en toute sécurité et qui ont retrouvé leurs familles dans leurs communautés d'origine.

La diffusion de nouvelles concernant les retours pacifiques, mais également la distribution à grande échelle de numéros de téléphone mobile auxquels les rebelles peuvent appeler lorsqu'ils veulent rendre leurs armes, a permis à certains d'entre eux, dont le colonel Rachid Ngoboka du groupe armé Ralliement pour l'Unité et la Démocratie (RUD), de se rendre à la MONUC dans le village reculé de Mashuta à Luofu, dans la province du Nord Kivu, en mars dernier.

Le personnel du programme DDRRR avait d'abord reçu un appel téléphonique du colonel Rachid disant qu'il voulait rentrer chez lui au Rwanda; et le 18 mars, les Casques bleus indiens ont arrangé un rendez-vous dans un lieu secret à Luofu, lieu que le colonel avait pu identifier pour son extraction. Après un trajet de deux heures dans la forêt et des appels téléphoniques répétés, le colonel Rachid et six autres rebelles armés du RUD sont apparus et se sont rendus. Ils ont depuis été tous rapatriés au Rwanda.

Le système de diffusion de services de DDRRR, y compris son réseau de téléphones mobiles, couvre également les ex-combattants qui s'inscrivent au programme de rapatriement volontaire. De nombreux ex-combattants FDLR dans un camp de transit à Uvira recourent à ce moyen de communication téléphonique pour informer leurs amis et proches qu'ils ont rejoint des abris sûrs.

Plus récemment, Sebahinzi Fulgence, alias William Mpenzi, a également accepté l'offre faite par la MONUC pour une reddition pacifique. Parlant depuis Uvira sous la protection de la MONUC, il a appelé des membres de sa famille en Tanzanie et au Rwanda: «Je suis enfin libéré parce que je me trouve maintenant entre les mains de la MONUC, et ils vont me rapatrier au Rwanda sous peu», leur a-t-il dit. « Ne vous inquiétez pas, car je serai bientôt avec vous tous ». Interrogé sur la réaction des membres de sa famille, Sebahinzi a déclaré: «Tout le monde a peine à croire au fait que je suis encore en vie et que je vais bientôt les rejoindre ».

Selon le directeur de la section DDRRR, Gregory Alex, le service de téléphonie mobile mis à la disposition des ex-combattants dans les centres de transit devrait également jouer un rôle important dans la campagne de sensibilisation en cours, campagne incorporée dans les opérations militaires « Amani Leo ».

Un fait encourageant est que certains ex-combattants ont commencé à partager les numéros de téléphone mobile en leur possession pour permettre au personnel de DDRRR de communiquer avec d'autres membres des FDLR qui sont encore actifs dans les forêts. Les équipes de DDRRR encouragent ces derniers à abandonner les armes, et à partager avec Sebahinzi Fulgence la même chance d'une reddition sécurisée.

Pour certains, cela n'est pas chose facile: « La plupart de nos collègues aimeraient sortir des rangs des FDLR et rejoindre le processus de DDRRR », a dit un ex-combattant, ajoutant qu'ils avaient des difficultés à se libérer de leurs propres forces, puis à contourner l'armée congolaise qui est à leurs trousses. « (Pour ma part) c'est ma femme congolaise qui m'a guidé à contourner ces forces, et à arriver en toute sécurité au camp de DDRRR », a-t-il souligné, « je le suis très reconnaissant ».