Les femmes soutenues par la MONUC dans leur marche pour la parité

12 avr 2010

Les femmes soutenues par la MONUC dans leur marche pour la parité

Kinshasa, 12 avril 2010 - Le Cadre permanent de concertation de la femme congolaise (CAFCO) a convoqué le 7 avril la presse congolaise pour lui faire le point sur l'évolution de son plaidoyer auprès des partis politiques sur la parité, telle que consacrée dans l'article 14 de la Constitution de la République démocratique du Congo (RDC) et dans les instruments internationaux ratifiés par le pays. C'était en présence de plusieurs représentants des partis politiques.

La présidente du CAFCO, Rose Mutombo, a d'emblée précisé que son rôle ne consiste pas à « orienter » le vote, mais « à travailler en amont et de permettre aux femmes d'avoir accès aux instances décisionnelles auxquelles elles ont droit. Le travail de CAFCO ne se réduit d'ailleurs pas au plaidoyer auprès des partis politiques », a conclu Mme Mutombo, « il ne s'agit que d'un volet de l'action du CAFCO ».

La cellule Genre et Elections de la Division électorale de la MONUC, en appui à la Commission électorale indépendante (CEI), soutient cette action dans la mesure où la loi électorale, qui a failli à la parité constitutionnelle, devra à terme faire l'objet d'une mise en conformité avec la Constitution congolaise, la loi fondamentale du pays.

Dans un premier temps, le plaidoyer pour l'inclusion paritaire du genre dans le projet de loi instituant la CENI, appuyé par le programme Gouvernance politique du PNUD à l'initiative de la cellule Genre et Elections de la Division électorale de la MONUC, a échoué au niveau du Parlement, tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat. Le plaidoyer du CAFCO, encouragé par les deux partenaires précédemment cités, s'est alors naturellement tourné vers les partis politiques, qui seront appelés à désigner en leur sein les futurs membres du bureau de la CENI.

Dans l'hypothèse donc d'une révision de la loi électorale, le CAFCO poursuit son plaidoyer chez les partis politiques pour également réclamer un nombre accru de femmes dans leurs instances décisionnelles et stratégiques, ainsi que leur positionnement « utile et favorable » sur les listes électorales.

Malgré les incertitudes du climat pré-électoral, il est évident que certains partis politiques commencent déjà à « courtiser » le vote des femmes. Jusqu'à ce jour, neuf partis politiques ont fait l'objet de visites pour entendre et recevoir le plaidoyer du CAFCO. Et, déjà, les partis non visités ont exprimé le souhait d'être consultés.

Les obstacles les plus cités

- Dans le chef des femmes, les « pesanteurs socioculturelles » constitueraient un frein, car elles seraient encore hésitantes et timides dans leur engagement politique;

- Chez les hommes, les préjugés sur l'incapacité sexo-spécifique des femmes à exercer des fonctions politiques seraient très présents, sans parler de leur intransigeance à conserver des structures internes qui désavantageraient les femmes.

Si tous ont été d'avis dans les recommandations que les activités de plaidoyer à l'égard des partis, telles que celles menées par le CAFCO, devraient se multiplier; que les femmes devraient être sensibilisées sur le rôle actif qu'elles seraient prêtes à assumer et mobilisées à « voter femme »; les arguments des représentants des partis ont eu le mérite d'être clairs sur le chemin qui reste à parcourir:

Le représentant du RCD a notamment fait remarquer que, dans l'état actuel des pesanteurs socioculturelles, aligner un grand nombre de femmes sur une liste électorale relèverait du « suicide politique », puisque « ni les Congolais ni les Congolaises ne sont disposés à voter femme, fut-elle compétente ». En conséquence, a poursuivi le délégué du RCD, « la voie la plus sure et rapide pour aboutir à la parité représentative est indubitablement le recours à la législation ». A cet égard, l'exemple du Rwanda a été cité, où 30% des sièges sont réservés aux femmes et les 70% restant soumis à la compétition électorale.

Dans le public, plusieurs voix ont affirmé que la compétence politique des femmes n'est plus à prouver, et qu'elle est désormais égale à celle des hommes. La « volonté politique des partis ferait alors défaut pour une percée des femmes dans ces groupements ».

Pour la responsable de la cellule Genre et Elections de la division électorale de la MONUC , la poursuite du plaidoyer a été jugée nécessaire, non seulement parce que les partis non consultés en ont exprimé le souhait, mais également parce que s'amorce la période pré-électorale, et que « les partis qui sont à la recherche de leurs votes, semblent avoir compris in extremis que la question du Genre rejoint leur intérêt ».