Droits de l’Homme : «La situation des prisons à l’est du pays est catastrophique»

27 mai 2009

Droits de l’Homme : «La situation des prisons à l’est du pays est catastrophique»

Kinshasa 27 mai 2009 - Le ministre des Droits Humains, Upio Kakura Wapol, et le chef de la Division des Droits de l'Homme de la MONUC, Todd Howland, ont effectué une tournée de deux semaines dans l'Est de la République Démocratique du Congo, pour s'enquérir de l'évolution de la situation des droits de l'Homme.

La tournée effectuée dans les villes de Kisangani, Dungu, Mahagi, Bunia, Faradje et Goma, a permis aux deux personnalités non seulement de faire le point sur les problèmes liés au respect des droits de l'Homme dans la région mais aussi d'encourager les autorités locales et de réfléchir, ensemble avec les acteurs des droits de l'Homme, sur les possibles stratégies à développer dans ce domaine.

«Cette tournée nous a permis de vérifier comment les acteurs étatiques et non étatiques s'attèlent à la protection des droits de l'Homme. Nous avons discuté des stratégies à suivre pour remédier certaines situations. C'était extrêmement positif», a souligné M. Kakura Wapol. Pour M. Howland, «la situation des droits de l'Homme est différente dans la Province Orientale que dans le Nord Kivu même si les problèmes structurelles restent les mêmes».

Sur place dans les contrées visitées, la délégation a constaté l'étendue des problèmes.

«Nous avons relevé qu'il y a des tracasseries administratives et policières par ci et par là, mais nous avons surtout déploré la situation carcérale. Partout où nous sommes passés, on a constaté que l'état des prisons est catastrophique, il y a beaucoup d'efforts à faire pour améliorer les conditions de vie dans les prisons».

Surpopulation, infrastructures délabrées, manque d'approvisionnement en vivres et médicaments, détenus en attente de jugement depuis longtemps, le système carcéral est en profonde crise, d'où la nécessité de réformes urgentes. «Dans d'autres pays, pour la petite infraction il y a le service communautaire. Ca peut contribuer à désengorger les prisons. Dans les pays développés, pour arriver à un juge c'est un fait exceptionnel» propose Todd Howland. «C'est une idée qui est envisageable mais il faudrait d'abord revoir les lois», souligne le ministre Congolais.

Il y a aussi le problème de l'impunité qui continue à gangrener le système de justice congolais. «Nous attendons que la nouvelle Commission nationale des droits de l'Homme puisse fonctionner ; il y a la loi relative qui est en examen à l'Assemblée nationale. Il faut aussi continuer et renforcer la sensibilisation sur le respect des droits de l'Homme, c'est une obligation qui est stipulée dans la Constitution. La lutte contre l'impunité est une condition essentielle pour le respect des droits de l'Homme», fait remarquer M. Upio.

Pour la MONUC, «Il est très important que la population s'implique et qu'elle demande au gouvernement d'agir comme elle l'a fait à Mahagi, où elle a chassé un juge pour corruption».

Un autre constat important concerne la protection de l'enfant, « Les nouvelles lois sur la Protection de l'enfant ne semblent pas bien maîtrisées par les magistrats, donc nous avons convenue avec la MONUC d'organiser un séminaire axé sur ce sujet ».

Le ministre souhaite aussi que cette coopération avec le gouvernement soit élargie, «Il faudrait créer des cadres de concertation entre le gouvernement, la MONUC et les acteurs de la société civile», et au ministre d'en conclure «Nous planifions d'autres déplacements ensemble dans d'autres parties du pays. Mon souhait est que cette collaboration s'améliore davantage».