MONUC: "Notre mission est de promouvoir le renforcement de la société civile"

26 mai 2009

MONUC: "Notre mission est de promouvoir le renforcement de la société civile"

Kinshasa 26 May 2009- Le chef de la MONUC, Alan Doss a inauguré ce 25 Mai le premier symposium national de la Société civile. Chaque province est représentée par 6 membres qui durant 3 jours vont discuter sur les problèmes communs à leur organisation et la mise en place d'une structure et une stratégie de fonctionnement pour l'avenir. Voici le texte intégrale de son intervention.

Ex. Monsieur le Ministre,
Madame l'Ambassadeur du Canada,
Président et membres du comité organisateur,
Le représentant du PNUD,
Distingués Membres de la Société Civile,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs

Tout d'abord, je tenais à remercier les organisateurs du Symposium de la Société civile et la Présidente du Comite préparatoire, pour m'avoir invité à cet événement de portée nationale. A travers cette invitation, vous rendez aussi hommage à mes collègues de la MONUC et le PNUD qui vous ont accompagné tout au long des préparatifs pour cette conférence.

Je salue également les nombreux partenaires internationaux, dont le Canada, la Suède , le Japon, la Belgique, l'Union Européenne et l'Afrique du Sud qui apporte un appui généreux ,ce qui a grandement contribué à l'aboutissement de ce projet.

Nombreuses en effet ont été les bonnes volontés, Congolaises ou non-Congolaises, qui ont œuvré pour que ce Symposium voie le jour. Le travail abattu par les membres du Comité Préparatoire du Symposium a été à ce titre exemplaire. Les principaux réseaux thématiques, groupements et structures de la société civile – ici à Kinshasa et dans les Provinces – ont travaillé inlassablement pour aboutir à ce résultat heureux, en étroite coopération avec les acteurs institutionnels. Je salue tout particulièrement le Ministre du Plan qui a joué un rôle crucial dans la réalisation de cette rencontre, laquelle constitue une étape importante dans les concertations internationales en cours concernant les Etats fragiles et l'efficacité de l'aide.

Par ailleurs, je ne puis passer sous silence l'initiative des chefs des confessions religieuses qui, avec d'autres interlocuteurs de la société civile avaient, il y a maintenant plus de deux ans, initié avec la MONUC une réflexion sur le rôle de la société civile dans la reconstruction du pays.

L'appropriation qui a été faite de ces réflexions, et leur enrichissement considérable, montrent que les débats qui animeront le Symposium sont le produit d'une volonté générale de sortir le pays d'une situation post-conflit afin de lui permettre de réunir – enfin – les conditions permettant l'essor du développement durable. J'y vois un sursaut patriotique salutaire.

Monsieur le Ministre,
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs

Je ne vais pas m'étendre sur le rôle de la MONUC. Notre mandat est complexe, touchant, entre autres, à des domaines aussi variés que la protection des civils, l'appui à la réforme du secteur de la sécurité, le renforcement des institutions démocratiques, et la gouvernance. Pour ce qui est de la société civile, la résolution 1856 du Conseil de sécurité le rappelle à nouveau : notre mission est de promouvoir le renforcement de la société civile, ensemble avec les partenaires internationaux. A cet égard, nous avons apporté un concours logistique, technique et de conseil à de nombreuses structures de la société civile.

Monsieur le Ministre
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs

Permettez-moi d'adresser directement quelques mots aux représentants et participants de la société civile ici présents ce matin, Je voudrais leur dire que sans une société civile digne de ce nom, forte et indépendante, la paix, la sécurité et le développement durables seront difficiles à réaliser. C'est VOUS qui êtes appelés à prendre vos responsabilités envers le peuple Congolais.

La population est très vulnérable, et l'une des raisons principales en est le manque de développement. La stabilité ne se mesure pas par le nombre de troupes déployées, que ce soit des troupes gouvernementales, ou onusiennes. C'est plutôt par le nombre de familles bien nourries qui peuvent vaquer aux affaires de la vie quotidienne, par le nombre d'enfants à l'école et par l'état de santé de tous. Ces préoccupations devraient être parmi les plus importantes pour la société civile.

Nous ne serons pas éternellement présents ici et nous avons déjà commencé à réfléchir sur l'après-MONUC. A l'est du pays, nous travaillons avec nos partenaires pour stabiliser une situation qui reste volatile; à l'ouest, nous nous préparons, à la demande du Conseil de sécurité, à transférer, de manière graduelle, nos responsabilités aux partenaires gouvernementaux et non-gouvernementaux, y inclus les agences de développement de la famille des Nations unies

Vous devriez donc clairement définir vos priorités, aussi bien au niveau national que provincial et local, notamment dans la mise en œuvre des axes prioritaires du Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté afin de promouvoir le développement dans le cadre d'un Etat de droit et de la démocratie.
A cet égard, vos réflexions pour asseoir la paix, mettre fin à l'impunité, veiller au caractère démocratique des processus électoraux, et soutenir des réformes en profondeur des institutions et des pratiques de gouvernance, notamment par l'application de lois essentielles pour promouvoir le bien-être public et pour renforcer les libertés publiques, seront cruciales.

Je vous encourage, en particulier, à travailler avec tous les Gouvernements Provinciaux pour animer des comités provinciaux et locaux de développement, qui intègrent, outre les institutions et la société civile, le secteur privé et les partenaires. Voilà un exemple de gestion participative du développement qui mérite votre appui.

Par ailleurs, je saisis cette occasion pour vous exhorter à combattre de toutes vos forces ces fléaux que sont la corruption et un individualisme effréné qui affaiblit le cohésion sociale en RDC. Il s'agit de dénoncer inlassablement ces pratiques autodestructrices et de peser de tout votre poids pour que se mette en place rapidement des réformes dans les services publiques sans lesquelles tous les efforts de lutte contre la pauvreté seront mitiges. La société civile ne peut pas se substituer à l'état,

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs

Pour réussir, vous devriez être EXEMPLAIRES, c'est-à-dire placer à tout moment au centre de vos préoccupations le peuple Congolais qui a tant souffert et qui mérite un avenir meilleur. Pour ce faire, vous devriez:

- Etre un modèle de gestion démocratique, transparente, représentative et participative afin que toutes les sensibilités puissent s'exprimer librement. Ainsi, la société civile devrait être pour les femmes congolaises et les jeunes une opportunité de représentation importante, alors que ces catégories de personnes sont insuffisamment représentées dans les instances politiques.
- Chercher à trouver en votre sein vos propres ressources de financement et d'expertise, dans la mesure du possible.
- Eviter de transformer le cadre consultatif ou de concertation que vous comptez mettre en place en un monopole de pouvoir autour duquel les mêmes personnes et les mêmes structures graviteraient.
- Faire entendre impérativement la voix des Provinces ; Kinshasa n'est pas le seul centre de décision.
- Associer de manière systématique vos bases respectives aux grands débats et aux prises de décision. A cet effet, une politique éclairée de communication à travers l'ensemble du pays s'avère indispensable.
- Rester politiquement neutres mais socialement impliqués, en jouant le rôle habituellement dévolu à une société civile, qui sait faire la différence – essentielle - entre ceux qui participent au jeu politique et ceux qui s'engagent au sein de la société civile. Ainsi seulement, vous pourriez participer au renforcement des institutions par un contrôle vigilant et constructif.
- Finalement, pour bien jouer votre rôle d'interlocuteur crédible et source de propositions à tous les échelons de la société congolaise il faut éviter à tout prix que vous deveniez des fronts cachés pour des intérêts politiques ou ethniques.

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs

Pour ce faire, vous devriez identifier avec vos partenaires les moyens qui vous permettront d'arriver à ces résultats. Je pense notamment à une législation mise à jour en matière d'associations sans but lucratif et à des mécanismes d'appui et d'accompagnement internationaux adaptés aux réalités de la République démocratique du Congo.
Il serait aussi important que le Symposium puisse intégrer les résultats des consultations provinciales d'août 2008 et bénéficier des expériences de sociétés civiles d'autres pays, notamment africains, dont je salue ici les représentants.
Les enjeux du Symposium sont de taille:
- Définir un cadre de concertation au sein de la société civile.
- Définir un cadre de dialogue sur les politiques nationales de développement entre la société civile et ses partenaires, et
- Evaluer l'efficacité de l'aide au développement.

Je formule le vœu d'une pleine et entière réussite du Symposium afin qu'il aboutisse à l'adoption d'une feuille de route et d'un Plan d'Action, avec des objectifs et des délais de réalisation précis et contenant des engagements fermes et des propositions innovatrices concrètes.

Je puis vous assurer du profond intérêt de la MONUC dans les débats du Symposium et vous inviterais à vous pencher aussi sur l'avenir de notre collaboration et sur les priorités qui devraient s'en dégager.
Nous restons en tout cas entièrement disponibles à travailler avec une société civile responsable, indépendante, et soucieuse des intérêts de la population congolaise.

Je vous remercie et je vous souhaite beaucoup de succès dans vos délibérations.