La MONUC appuie la justice congolaise dans le procès de viols massifs à Lieke Lesole

25 mai 2009

La MONUC appuie la justice congolaise dans le procès de viols massifs à Lieke Lesole

Kisangani 25 Mai 2009- Le procès en chambre foraine des Maï Maï accusés de viols et tortures s'est ouvert dimanche 24 mai à Lieke Lesole, en Province Orientale. La MONUC a appuyé logistiquement la justice congolaise en héliportant des fonctionnaires judiciaires vers cette partie reculée du pays, située à 365 km de Kisangani.

La MONUC a appuyé le déploiement par transport héliporté à Like Lesole du tribunal militaire de garnison de Kisangani, des greffiers, des juges assesseurs, des magistrats de l'auditorat militaire de garnison (accusation), de la police d'audience, de quatre prévenus, des avocats de la défense, des parties civiles et de celui de l'État congolais.

Lieke Lesole est situé en territoire d'Opala dans le district de la Tshopo (Province Orientale), à 365 km au sud-ouest de Kisangani. Au total, ce sont 34 personnes impliquées dans ce procès de viol massif de plus de 135 femmes et mineurs, en juillet 2007. Deux officiers de la MONUC Kisangani du Bureau conjoint des Droits de l'Homme (BCNUDH) ont été déployés à Lieke Lesole pour le monitoring de ce procès, avec le soutien de treize militaires du contingent sénégalais qui ont assuré la sécurité des vols et l'escorte de cette mission.

Pour rappel, entre le 21 juillet et le 3 août 2007, un groupe de miliciens Maï Maï avec à leur tête un certain Basele Lutula - alias colonel Thoms - aurait assiégé Lieke Lesole et treize localités environnantes, et il se serait livré à des pillages, des actes de torture, contraignant les populations à des travaux forcés, tout en commettant systématiquement des viols maison après maison. Au total, ce sont 135 femmes qui ont été victimes de viol dans une opération dénommée «Etakata» qui signifie «nettoyage ou ville propre». La MONUC, par le biais de sa division des droits de l'homme, a mené des investigations préliminaires aussi bien à Lieke Lesole qu'à Opala, distantes de 98 km de Lieke Lesole, en octobre 2007 puis février 2008.

Ces investigations ont confirmé les graves incidents, les viols massifs et collectifs, les actes de torture et de barbarie. Par la suite, entre le 21 et le 26 juillet 2008, la MONUC a appuyé une mission interdisciplinaire de magistrats de l'auditorat militaire de garnison de Kisangani afin de consigner toutes les plaintes des victimes qui se sont constituées parties civiles. Cette mission était également composée de médecins pour l'examen des victimes et aider le parquet militaire dans la consolidation des éléments de preuves.

Ainsi, ce sont 39 victimes de viol dont 11 mineures qui ont déposé plainte et donné procuration aux avocats pour les représenter en justice ; les autres victimes étant - lors de cette mission d'appui judiciaire - toujours gagnées par la peur ont, semble-t-il, attendu que la justice se manifeste avant de pouvoir se dévoiler.

Cet appui de la MONUC au parquet militaire - qui a pu recueillir des preuves necessaires - a conduit l'auditorat militaire de garnison à ouvrir sur ces viols une instruction judiciaire à l'issue de laquelle il a pris la décision de renvoyer l'affaire devant le tribunal militaire de garnison. Ce dernier a, à son tour, enregistré et fixé le dossier. Il convient de souligner que la gravité des faits a conduit le parquet militaire à poursuivre quatre prévenus pour crimes contre l'humanité, viols massifs, actes de torture, travaux forcés, en référence avec les dispositions du chapitre 7 du Statut de Rome.

Après deux audiences qui se sont tenues à Kisangani les 2 avril et 12 mai 2009, la MONUC vient d'apporter son appui logistique (après son soutien à l'enquête) à la justice militaire afin que les témoins et victimes puissent témoigner. Cet appui devrait favoriser la tenue d'un procès équitable et la réaffirmation du compromis de la mission de lutter contre l'impunité en général et contre les crimes de violences sexuelles en particulier.