MONUC Press Conference - 17 September 2008

4 Mar 2009

MONUC Press Conference - 17 September 2008

Sylvie van den Wildenberg, ad interim - Bonjour à toutes et à tous et merci pour votre fidélité à ce rendez-vous hebdomadaire de l'information avec la MONUC. Bonjour également aux auditeurs de Radio Okapi.
Au cours de cette conférence de presse, nous évoquerons successivement les derniers efforts de règlement de la crise actuelle à l'Est, l'action de la MONUC dans ce cadre, la situation militaire, et, avec notre collègue porte parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), nous évoquerons la situation humanitaire qui prévaut a l'Est.

Situation à l'Est

Suite à la pression exercée par la facilitation internationale, le 121 septembre 2008, et a celle du Conseil de sécurité, le 12 septembre, le CNDP a entame un retrait de ses troupes des positions occupées depuis le lancement des hostilités du 28 août. SI ce retrait a progressé, et qu'une trêve relative des hostilités a été observée ce week-end, des combats ont cependant recommencé lundi, entre les troupes rebelles du CNDP et les FARDC, en particulier dans la zone frontalière du Nord et du Sud Kivu, dans les zones de Ngungu et de Kirotshe. Les détails des efforts de la Force de la MONUC vous ont été communiqués sur une base quotidienne, au cours de la semaine écoulée. Et mon collègue porte parole militaire reviendra sur ces derniers et sur les incidents qui ont eu lieu dernièrement dans son expose.

Sur le plan politique et diplomatique, les concertations se poursuivent intensément entre le Gouvernement congolais et la facilitation internationale pour mettre en pratique ce qui a été déclaré a l'issue des rencontres qui ont eu lieu ce dimanche la réunion convoquée à Goma par le Président Kabila, rassemblant la Communauté internationale y compris la MONUC , plusieurs membres du Gouvernement, le President de l'Assemble nationale et le coordinateur du Programme Amani,.

Tous ont parlé, vous le savez d'une même voix : et ont déclaré qu'un cap avait été fixé : le Président Kabila a annoncé la reconduction du Programme Amani pour un an. Il a réitéré son appui a la Mission des Nations Unies en RDC et le message a été lace par tous, autorités congolaises et communauté internationale a été : «qu'il fallait redynamiser ce dernier, de toute urgence, et rentrer le vite possible dans la phase du désengagement. Appel a également été lancée au CNDP pour qu'il réintègre sans délai le programme Amani et les travaux de la Commission mixte. Depuis lors, tous redoublent d'efforts pour mettre cela en pratique le plus rapidement possible, et tenter de ramener le calme sur le terrain. Au vu des derniers développements, Monsieur Doss et le Commandant de la Force de la MONUC sont partis ce matin a Goma, où vous le savez, votre President est de nouveau depuis hier, et les concertations vont se poursuivre. Nous continuerons a vous informer régulièrement de l'évolution de la situation.

Situation militaire (Lt. Colonel Dietrich)

La semaine passée, à l'Est de la République démocratique du Congo, plusieurs violations du cessez-le-feu, notamment dans le Nord Kivu ont été signalées. Des accrochages entre le Congrès national pour la Défense du Peuple (CNDP) et les Forces Armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont eu lieu dans les territoires de Rutshuru et du Masisi. Les hostilités se sont encore poursuivies cette semaine, également au Sud Kivu. La Force de la MONUC est intervenue à plusieurs reprises afin de protéger les populations sous menace imminente et permettre aux FARDC de reprendre le contrôle de quelques terrains.

Au Nord Kivu, dans la matinée du 9 septembre 2008, des affrontements à l'arme lourde ont eu lieu au Sud de Rumangabo. Le lendemain, les FARDC et le CNDP se sont à nouveau opposés à Ntamugenga. Le même jour, des combats entre des éléments Mayi-Mayi Cobra et le CNDP ont été signalés dans les environs de Kirotshe, situéeà 10 kilomètres au Sud de Sake. La Force de la MONUC, appuyée par des hélicoptères de combat, a empêché que les combats s'étendent vers d'autres localités.

Dans le même théâtre, le 11 septembre 2008, la Force de la MONUC a du engager ses armes dans une opération contre le CDNP à Kirotshe et à Shasha, situé à 2 kilomètres au Sud de Kirotshe.

En outre la Force de la MONUC est intervenue pour empêcher le blocage de l'axe routier Kikuku-Kayala, à 10 kilomètres au Nord de Nyanzale, en territoire de Rutshuru. Pour ce faire, plusieurs blindés ont été déployés.

Cependant, le processus de retrait des éléments de CNDP de Nyanzale, Mirangi et Kikuku situés dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu vers les positions auparavant occupées était effectif avec peu de retard et d'atermoiements de la part du CNDP. La Force de la MONUC continue à surveiller la situation de près, tout en assurant la sécurité des populations.

Le 15 septembre 2008, des accrochages ont été signalés dans la même zone, sur la frontière avec le Sud Kivu, à Ngungu, localité située à quelques 25 kilomètres au Sud-ouest de Sake, non loin de Minova. En dépit des efforts redoublés de médiation et de pression de la MONUC pour faire cesser les hostilités, les combats se sont étendus en plusieurs lieux des environs. Les affrontements n'ont cessé qu'en fin de journée.

Aussi le 15 septembre 2008, s'est tenue à Goma une réunion d'évaluation de la situation sécuritaire en présence du Ministre de la Défense Chikez Diemu, du Ministre de l'Intérieur Denis Kalume, du Représentant Spécial du Secrétaire Général monsieur Alan Doss, du Commandant de la Force de la MONUC le Lieutenant-Général Babacar Gaye, du Coordonnateur des provinces de l'Est, Alpha Sow, et de membres de l'équipe de la Facilitation Internationale. Le Représentant Spécial Alan Doss et le Commandant de la Force de la MONUC ont présenté un plan de désengagement de la MONUC avec les Zones de séparation comme première phase entre tous les groupes armés et les FARDC. Le plan dans sa première phase vise à séparer les FARDC et les groupes armés dans des zones précises, identifiées comme points de friction et d'affrontements.

De nouveaux combats ont opposé le 16 septembre 2008 le CNDP et les FARDC à Kirotshe. Au cours de ces affrontements, les FARDC ont fait usage d'armes lourdes, notamment de lance-roquettes. La MONUC est en train de déployer tous les efforts pour faire cesser les combats dans cette zone, qui menacent le trafic routier entre Goma et Bukavu.

Situation humanitaire (Nestor Yombo Djema, OCHA)

La situation humanitaire au Nord et Sud Kivu est très préoccupante. En effet, les combats qui s'y sont déroulés depuis le 28 Août ont entraîné le déplacement forcé de près de 100 000 personnes. Ce chiffre est estimatif et non encore vérifié dans la mesure ou les organisations humanitaires ne disposent pas encore de l'accès aux zones les plus touchées. Il semblerait que bon nombre de ces personnes déplacées aient dû changer de lieux de refuge à plusieurs reprises du fait des combats, principalement à Kanyabayonga, Kitchanga, Rutshuru, Minova, Masisi, dans les camps de Mugunga, à la périphérie de Goma et dans les villages au sud de Minova, au Sud-Kivu.

La trêve qui a suivi le cessez-le-feu unilatéral du CNDP du 11 septembre a néanmoins permis un timide mouvement de retour de populations notamment dans la zone de Nyanzale. Aucun chiffre exact n'est encore disponible. Plus au sud, malheureusement, la reprise des combats depuis lundi 15 Septembre a également entraîné des déplacements, en particulier à Ngungu où environ 16 000 personnes ont pris refuge autour de la base mobile de la MONUC ainsi que dans la région de Minova, au Sud Kivu.

L'ensemble de la communauté humanitaire est particulièrement préoccupée par les entraves à l'assistance aux populations vulnérables et aux familles déplacées dans les zones de conflit au Rutshuru, Masisi et Kalehe. En effet, les combats, la situation sécuritaire volatile ainsi qu'un climat généralisé de méfiance des populations civiles rendent l'accès à ces populations impossible dans bon nombre de cas.

OCHA rappelle que les organisations humanitaires œuvrent selon des principes stricts d'humanité, de neutralité, d'impartialité et d'indépendance. L'assistance humanitaire fournie est apolitique.

Par ailleurs, nous devons déplorer des pillages systématiques de toutes les structures de santé dans les zones de combats. Ces pillages sont commis par toutes les forces en présence, sans exception. Vous imaginez l'impact de tels actes : l'absence de soins médicaux aux personnes nécessiteuses et l'indisponibilité de médicaments. Les ONG médicales et l'OMS s'efforcent de palier à ce manque criant en distribuant là où la sécurité le permet des médicaments et des équipements chirurgicaux.

La communauté humanitaire tient donc à rappeler à tous les acteurs militaires de ce conflit qu'il leur incombe la responsabilité de préserver et de respecter les infrastructures et propriétés civiles.

Malgré les difficultés d'accès, une série de missions d'évaluation rapide des besoins sont en cours au Sud Lubero dans le cadre du mécanisme de réponse rapide. D'autres doivent débuter demain dans les autres zones affectées. Comme je l'ai déjà mentionné l'assistance humanitaire dans les zones affectées par le conflit est sérieusement limitée du fait des combats et de l'insécurité. Toutes les populations affectées par cette crise ont le droit de recevoir une assistance. Pour que cela soit possible, les parties en conflit doivent garantir l'accès inconditionnel aux organisations humanitaires pour assister ces populations vulnérables.

Journee internationale de la Paix

Dimanche prochain, 21 septembre nous célébrerons, comme chaque année la Journée internationale de la paix a été instaurée en 1981 par les Nations Unies pour faire observer tous les ans une journée de cessez-le-feu et de non violence dans le monde. L'Assemblée générale des Nations Unies avait adopté en 1981 et 2001 des résolutions établissant cette Journée demandant instamment à " toutes les nations et à tous les peuples de favoriser la résolution pacifique des conflits et d'honorer la cessation des hostilités pendant cette journée ». Au moment où la paix est à nouveau écorché en RDC, notamment à l'Est, cet appel du Secrétaire Général est d'autant plus actuel que pressant ; car au delà de son impact planétaire, il interpelle aussi chacun des 60 millions de congolais à agir et fortement, pour un Congo totalement pacifié

Cette année, pour mobiliser les femmes et les hommes du monde entier dans la lutte pour cet idéal de paix, l'ONU a décidé de lancer une campagne de textos pour la paix. Et le message du Secrétaire Général des Nations Unies Ban Ki Moon dit ceci : " en ce 21 septembre, journée internationale de la paix, j'exhorte les dirigeants et les peuples du monde entier à joindre leurs forces contre la guerre, la pauvreté et la faim et pour les droits de l'homme pour tous ». .

Aussi, à l'occasion de la cérémonie que la MONUC organise ce 21 septembre pour marquer cette journée internationale de la paix, des enfants congolais -12,14 ans- rencontreront des parlementaires avec lesquels ils échangeront sur leurs préoccupations en ce qui concerne la paix, cela en présence de quelques leaders de la société civile et des membres de la communauté internationale. Les enfants liront aussi à cette occasion des messages de paix dans lesquels ils exprimeront leurs attentes à ce sujet.

D'autres manifestations, culturelles sont prévues dans le cadre du programme de cette journée du 21 septembre, à Kinshasa et dans l'ensemble du pays. Nous vous communiquerons très prochainement le programme complet de ces activités.