Général Gaye: "Nous essayons de trouver la voie étroite"

13 nov 2009

Général Gaye: "Nous essayons de trouver la voie étroite"


Kinshasa, 12 novembre 2009
- Dans la conférence de presse hebdomadaire de la Mission, le commandant en chef de la Force de la MONUC, Gral. Babacar Gaye a expliqué aux medias la position de la MONUC face aux exactions des FARDC dans le cadre de l'opération Kimia II, le soutien que la MONUC continue a donner aux FARDC et le renforcement de ses effectifs pour mieux s'acquitter du mandat qui lui est donné par le Conseil de sécurité et continuer à assurer la protection des populations civiles. TRANSCRIPT


Q : Ntirimaye (Agence Congolaise de Presse)
, Mon général j'étais en contact avec quelques députés nationaux de la Province Orientale hier. Ils m'ont laissé entendre qu'il y a une insécurité grandissante dans l'Ituri notamment à Bunia où même un Abbé a été assassiné. Et il y a également des groupes armés qui refont surface ainsi que des démobilisés qui sont abandonnés et crée l'insécurité ! Je ne sais pas qu'est-ce que la MONUC fait en ce moment dans la région de l'Ituri? Il y a également les 2 Uélé où les LRA évidemment continuent de piller des villages ! Mais vous avez laissez entendre que la situation est à la normale qu'est-ce qu'il en est au juste?

Q : E. Tambwe (RLTV), Moi, je vais revenir sur la suspension par la MONUC de son appui logistique à l'un des bataillons des FARDC. Dans une commission d'une infraction, il y a l'auteur, il y a le co-auteur et il y a le complice. Au cas où les auteurs de ces infractions là seraient poursuivis quelle sera la part de la MONUC qui a apporté tout son appui à ces bataillons des FARDC?

R : Général Gaye, Je vais répondre à ces questions avant d'aller plus loin. En ce qui concerne la province orientale, effectivement je sais que cet assassinat dont vous faite cas a créé beaucoup d'émotions et que les députés provinciaux, fort justement d'ailleurs se sont regroupés pour aller exprimer leurs émotions à M. le Ministre de l'Intérieur. Et vous faites également cas du fait que des groupes armés refont surface.

Il y a environ trois semaines, je me suis rendu à Bunia et où comme je vous l'ai dit, j'ai pu discuter avec tous les acteurs sur place. Donc de notre côté, il y avait bien une conscience que malgré tous les progrès qui ont été faits en Ituri, nous assistions, notamment lorsque nous avons vu une cinquantaine d'hommes, dont seulement il est vrai, une trentaine en arme ont attaqué et pillé le village de Gueti ; nous avions tout de suite pris conscience, la MONUC, qu'il y avait comme une résurgence de la violence en Ituri.
Des recommandations à l'occasion de ces consultations ont été faites, notamment à nos troupes. Premièrement nous avons pensé qu'il fallait que la commission de pacification de l'Ituri soit plus active. Vous imaginez bien que cela relève des autorités congolaises. Nous avons également pensé qu'il fallait un accompagnement humanitaire et pour ce faire, il fallait que toutes les routes menant au sud du territoire de l'Irumu soient maintenues. Nous avons maintenu pour cela une unité du génie pour s'assurer que ces routes seraient utilisables.

Enfin, comme je vous l'ai dit, nous avons décidé de fermer une de nos bases à Kpandroma pour renforcer notre présence dans le territoire de l'Irumu.
Enfin, nous avons également suggéré que chaque fois que des exactions étaient notées qu'il y ait une dimension judiciaire à cela. En somme, que tout de suite des enquêtes soient ouvertes de telle sorte qu'après, les auteurs de ces exactions puissent être présentés devant la justice.

Donc, nous constatons avec vous qu'il y a effectivement en Ituri comme une résurgence de la violence. Mais ce n'est pas une fatalité. Je crois savoir que le chef d'Etat Major, le général Ntumba lui-même est à Bunia en ce moment où compte s'y rendre. Il faut que tout le monde se mette au chevet de l'Ituri pour éviter qu'on ne fasse vraiment un pas en arrière trop important.

En ce qui concerne maintenant la suspension du soutien que la MONUC apporte aux FARDC. Suspension à un bataillon, il faut le préciser, vous me demandez de savoir si les auteurs et les complices seront poursuivis? C'est bien ça votre question?

Q : E. Tambwe (RLTV) : Dans le cas d'une infraction, il y a l'auteur, le co-auteur et il y a le complice. Au cas où l'auteur serait poursuivi, quelle sera la part de la MONUC qui a apporté tout son appui à ces bataillons des FARDC?

R : Dès lors que vous parlez d'une action en justice, je crois qu'il faut poser la question à la justice ! Je crois comprendre dans votre question, que vous portez à penser que la MONUC sera certainement complice ou co-auteur? Est-ce que c'est bien ça? Ben, si vous voulez demander à celui que vous considérez comme coupable, quelle sera sa sentence, il ne peut pas rendre la justice ! Donc nous attendons que la justice soit dite !

Q : Joe Bavière (Reuters), Est-ce que vous pouvez clarifier la position de la MONUC par rapport aux accusations publiées dans le New Times et puis repris dans un journal congolais aujourd'hui par rapport à un soit disant soutien ou envoi de médecin chez un commandant des FDLR Musuhara?

R : Je peux vous donner sur cette affaire une réponse très claire et très nette qui est la position du Représentant Spécial, M. Alan Doss ainsi que la position de la MONUC. Nous ne sommes ni de près, ni de loin vraiment engagé dans cette affaire. Voilà tout ce que je peux vous dire. Nous ne sommes ni de près, ni de loin concerné. Nous n'avons ni de près, ni de loin, un quelconque lien avec un transfert de médecins, un quelconque soutien à Mudashiwa. C'est clair, c'est net.

Q : Patricia Muli (Antenne A), Mon général, j'aimerais savoir car vous avez dit tantôt que les opérations telles que Rudia 2 dans le Haut Uele ont des avancées considérables, et vous n'avez pas fait mention de l'opération Kimia 2 dans le Sud Kivu. Quelle est votre lecture à ce propos. Est-ce qu'il y a des avancées ; est-ce qu'il y a d'autres choses?

R : Oui, je pense que c'est une question intéressante qu'il faut que tout le monde aborde avec le maximum, je pense, d'objectivité. Nous sommes tous d'accord que les FARDC sont une armée en reconstruction, dont chaque jour, nous prenons conscience des difficultés. Cette armée en reconstruction a quand même à la fin de l'opération Umoja Wetu chassée les FDLR de tous les bastions qu'ils contrôlaient dans le Nord comme dans le Sud Kivu. La pression militaire exercée sur les FDLR a quand même permis de rapatrier plus de 1 500 combattants.

Ce chiffre n'est pas discutable parce que ces rapatriés sont passés entre les mains du DDRRR. Cette pression militaire a quand même permis de mettre hors de combat entre 500 et 1 000 combattants FDLR puisque ce sont des chiffres qui sont difficiles à vérifier. Donc il y a quand même eu des effets sur le terrain.
Maintenant, le problème qui se pose c'est qu'il est extrêmement difficile disons, de défaire à 100% une guérilla qui par essence refuse la confrontation. Lorsqu'elle sait que dans une confrontation elle n'a plus de sanctuaire, il lui est difficile de trouver maintenant des ravitaillements en arme et en munition. On comprend qu'elle refuse le combat.
C'est pourquoi, il faut mettre en place, il faut, après une évaluation, mettre en place de nouveaux modes d'actions. C'est ce que nous recommandons. Des modes d'actions qui consisteront à tenir les FDLR loin de toutes sources de ravitaillements et donc à créer chez eux, la discorde pour que le maximum d'entre eux puissent se rendre. Bien évidemment, ceci doit être accompagné d'actions contre les leaders du FDLR qui sont à l'étranger et qui, quelque part doivent distiller des messages de résistance à leurs combattants sur le terrain. Il est heureux que dans ce domaine des avancées aient été observées dans certains pays de l'Union Européenne.

Q : Urbain (La Prospérité), Qu'est ce qui justifie le choix des militaires venant des pays asiatiques par rapport à d'autres continents? Est-ce que vous avez trouvé que ces militaires sont plus volontaires que d'autres pays?

R : Non, c'est une question très intéressante parce qu'elle traduit le fait qu'on a toujours besoin d'en savoir plus sur le maintien de la paix ! Il n'y a pas de choix. Il y a simplement le fait que ces pays sont plus volontaires que d'autres à participer au maintien de la paix ! C'est vraiment une question importante qui interpelle je crois, tous les états membres.

Lorsque les Nations unies demandent aux Etats de se porter candidats à la constitution des forces, vous l'avez vu dans la mise sur pied du renforcement, tout le monde a été très sévère vis-à-vis de nous, en nous disant que nous avions mis plus de 10 mois à avoir les premières troupes sur le terrain. Mais il faut bien trouver des états volontaires. Des Etats remplissant aussi des critères à la fois politique et technique, fixés par les Nations unies pour recevoir des contributions. Donc, je crois que tout ce que nous pouvons faire c'est rendre hommage à la disponibilité du Pakistan, de l'Inde et du Bengladesh et je crois savoir que récemment, c'est ce que le Ministre Tambwe était allé faire à Delhi en remercier l'Inde de nous avoir donné une brigade qui fait un excellent travail sur le terrain.

Q : Thomas Fessie (BBC), D'abord je voudrais savoir où en sont les négociations avec l'APCLS, on sait que vous souhaitez établir une base à Lukweti mais vous etes confrontés à l'hostilité des Mai Mai. Où est ce que c'en est, est ce que vous etes optimiste?

Deuxièmement, suite à la suspension du soutien de la MONUC à la 213e brigade, est ce qu'on peut s'attendre à la suspension du soutien de la MONUC à d'autres brigades, par exemple, suite au rapport qui faisait état du massacre de Shalio. On sait que le commandant Zamulinda était derrière et on sait qu'il est toujours à Ngungu. Qu'est ce qui va être fait la dessus?

Dernière question ; Vous parlez de l'évaluation de Kimia II en début de l'année prochaine, est ce qu'il y a maintenant un calendrier pour la fin des opérations? Combien de temps vont durer ces opérations?

R : Tout d'abord en ce qui concerne l'évaluation de l'opération Kimia II, il n'y a pas encore entre les FARDC et nous un accord pour une date précise pour le faire. Mais le fait que l'opération dure depuis pratiquement le mois de mars, c'est-à-dire pratiquement neuf mois, le fait aussi que beaucoup d'acteurs élèvent la voix pour demander qu'il y ait une révision des modes d'action, tout cela, je crois, concourt à la pertinence d'évaluer la situation. Nous considérons effectivement qu'il est temps maintenant que les objectifs qui avaient été fixés ont été en partie atteints, et qu'il serait pertinent d'évaluer la situation et voir comment s'adapter au mode d'action qui a été choisi par les FDLR, celui de refuser la confrontation, de harceler les FARDC et les populations pour vivre. Il faut voir comment adapter nos modes d'actions à ça, je crois que c'est bien le moment.

S'agissant de la perspective de poursuivre ou de la suspension du soutien, je crois que, si nous avions à multiplier les suspensions de soutien aux FARDC, ce serait pas bon signe, parce que cela signifierait que le signal que nous avons donné et qui n'est pas un signal logistique -c'est un signal politique et un signal symbolique- n'a pas été entendu. Or nous travaillons en partenariat avec les FARDC. Ce n'est pas une décision de M. Alan Doss, c'est le mandat du Conseil de Sécurité. Nous devons soutenir les FARDC et nous devons dans ce soutien amener les FARDC a être dans des conditions où ce soutien leur est donné à 100 pour cent. Par conséquent c'est un signal qui leur a été donné. Il faut que ce signal soit entendu. C'est ce à quoi nous allons nous évertuer. Nous ne sommes pas dans une attitude répressive. C'est-à-dire, vous ne faites pas ça nous suspendons, non. Ce n'est pas ça la règle du jeu. Il y a là un signal qui a été donné et je crois que l'écho que la suspension a trouvé dans la presse est révélateur que c'est une affaire qui est d'abord beaucoup plus politique et qu'elle n'est une affaire logistique.

En ce qui concerne l'APCLS, là nous sommes tout à fait dans notre rôle. Il y a eu des affrontements entre les FARDC et l'APCLS et c'est le rôle de la MONUC de ramener l'APCLS dans un processus de DDR. Nous ne sommes pas en négociation, nous sommes en discussions. Nous ne négocions rien, nous discutons avec l'APCLS, nous créons les conditions pour que ce groupe rejoigne pacifiquement le DDR, et que la zone où l'APCLS estime qu'elle apporte une protection à la population soit sécurisée par d'autres voies. Voila ce que nous faisons.

Q: Benoit Kambere (Echos des Grands Lacs) Mon général, la MONUC n'a pas été partie prenante à UMOJA WETU, elle s'est ralliée à Kimia II. Après le rapport dont vous avez fait allusion, après tout ce qui est en train de se dire, est ce que si c'était à refaire, vous vous engageriez dans Kimia II, ça c'est une première question. Et il y a une rébellion dans le Sud Kivu, à Fizi où des forces sont en train de se tirer dessus, qu'est ce que vous comptez faire, avec les éléments que vos avez autour de Uvira, dans cette partie du pays?.

R : Cette question n'est pas une question pour le commandant de la Force de la MONUC, c'est une question pour le Conseil de sécurité, c'est le Conseil qui nous donne notre mandat. Il nous a donné le mandat de soutenir les FARDC dans l'éradication, dans le désarmement forcé des groupes armés étrangers et nationaux. Donc nous n'avons pas le choix, et si c'était à refaire et bien, nous aurions appliqué notre mandat. Maintenant, bien évidemment nous ne sommes pas des robots, le Conseil attend de nous que nous comprenions la situation sur le terrain et que nous gérions au mieux les principes fondamentaux des Nations unies, que nous ne renions pas ces principes et que nous aidions les FARDC à installer la paix et une sécurité durable, c'est cela la difficulté du mandat, c'est pour ça qu'on nous critique, parce que justement nous essayons de trouver la voie étroite, nous ne sommes pas dans une position simplement d'attentisme et de dénonciation mais nous essayons de faire avancer un processus et de préserver au mieux les principes qui fondent les Nations unies. Le fait qu'on soit la cible des critiques c'est au moins révélateur que nous ne sommes pas inactifs, nous agissons. Ce n'est que par l'action que les choses vont avancer. Je pense que les résultats et la fin du processus nous diront si nous étions dans la bonne direction. Récemment, lorsque nous avons été à Kigali avec M. Le Roy, nous avons eu le sentiment, en écoutant également beaucoup d'autres acteurs, que tout le monde reconnaissait qu'il y avait des progrès sur le terrain. Bien évidemment le problème de protection des populations, le problème de comportement des différents acteurs FDLR, FARDC, sont des choses que tout le monde doit déplorer.

Pour revenir à votre question sur les affrontements à Fizi, nous sommes dans un problème de DDR qui est le problème des groupes armés nationaux. Il faut incontestablement reconnaître que tout ce qui pouvait être fait par le gouvernement a été fait. On a ouvert plusieurs fois le programme de DDR et il a bien fallu à un moment qu'on tire un trait sur le DDR pour dire, désormais tout homme en arme dans ce pays sera considéré comme un contrevenant à la loi et qu'il faudra que la force de la loi lui soit appliquée. Nous sommes malheureusement en ça dans le cas de Fizi et s'il y a lieu à faire un appel, c'est un appel à la raison pour que les groupes armés nationaux déposent les armes et rentrent dans le DDR ou dans les projets communautaires.

Q : Philemon (RTGA), On évalué, le mois dernière, à 8000 dollars l'appui logistique mensuel de la MONUC aux FARDC dans les Kivus, après la suspension de cet appui à la 213 eme brigade, aujourd'hui comment peut on évaluer cet appui? Peut être en nourriture, en carburant? Qu'est ce qui a été réduit par rapport à avant? Je voulais aussi savoir, par rapport à l'opération «Pierre d'acier» en Ituri, qu'est ce qui n'a pas marché et qu'est ce que vous envisagez de faire? Et finalement, pourquoi avoir suspendu l'appui à toute une brigade et non seulement à ceux qui sont responsables des mauvais comportements?

R : Pour ce qui concerne l'Ituri, nous ne sommes plus, comme dans le passé, face à des groups armées ayant des revendications politiques ou ayant des soubassements communautaires. Nous sommes simplement en face d'un banditisme qui demande qui il y ait plus de déploiement de la police, qui il y ait plus d'adaptation et des modes d'action de l'armée à ce banditisme. Ce n'est pas facile pour les FARDC qui comme ailleurs rencontrent des problèmes d'équipement, notamment en moyens radio (et ce sont les moyens radio qui donnent la flexibilité) ; des problèmes de mobilité terrestre et également des problèmes de soutien. Mais notre brigade de l'Ituri va adapter ce mode d'action dans les jours à venir à cette nouvelle situation et donnons nous d'ici à la fin de l'année pour voir comment va évoluer cette situation. Mais je le répète, il faut une approche multidimensionnelle. Il faut une dimension judiciaire. Il faut qu'on voit les auteurs d'actes de banditisme et des pillages, arrêtés, portés devant la justice et mis dans des prisons ou les portes ne s'ouvrent pas. Il faut qu'on voit la commission de pacification de l'Ituri en oeuvre. Il faut qu'on voit les humanitaires escortés par les Nations unies sur des routes améliores, portant l'aide aux populations déplacées .C'est cette approche globale qu'il faut.

Pour ce qui concerne le soutien aux FARDC, la MONUC parle de cette question toujours avec beaucoup de pudeur. Nous ne sommes pas fiers et heureux de dire que nous mettons 8000 dollars sur la table pour donner à manger aux FARDC. Surtout nous les soldats. Parce que, une armée en opération, les soldats ont des besoins primaires qui doivent être satisfaits. Si nous apportons un soutien aux FARDC ce n'est pas pour nous substituer à l'Etat congolais. C'est parce que nous voulons éviter que les soldats n'aient pas d'autre choix que de piller la population. Donc c'est pour protéger les populations que nous apportons le soutien. Alors on l'avait déjà dit, c'est 8000 dollars par province. C'est 6000 dollars par jour dans le cas du Haut Uele et 2000 dollars de réserve etc. Mais nous ne sommes pas fiers de ça. Et nous pourrions ajouter le coût du transport qui coûte plus cher que les rations que nous apportons etc. etc. Donc la n'est pas vraiment la question. La question c'est que, tout simplement, nous avons voulu donner un signal pour dire que Attention ! il y a des principes qu'on ne peut pas transgresser et sur lesquels nous avons déjà attiré l'attention. Nous ne nous sommes pas levés un jour pour arrêter le soutien. Il y a des étapes qui ont été franchies avant ça. Et nous pensions que justement le débat soit sur la table. Et de ce point de vue là, nous avons réussi. Certainement quelque chose sera faite par les FARDC, et déjà la politique du Président de la République de «zéro tolérance» est une réponse aux étapes précédentes qui avaient été franchies. Donc ce soutien va renforcer toutes les mesures concernant la discipline des FARDC et cela sera salutaire.

Q : Les FDLR agissent en petit groupes. Ils connaissent très bien le terrain. Ils sont très mobiles. On a l'impression qu'ils attaquent quand ils veulent. Donc ils pratiquent une guérilla. Donc je voulais savoir si vous estimez que les FARDC, appuyées par la MONUC, sont armées pour une contre- guérilla. Donc on sait que la guérilla dure souvent du temps.
Ma deuxième question, le Ministre Mende, dans un rapport sur la situation à l'Est notamment, évaluait le FDLR à moins de 2000 combattants. A combien, estimez vous aujourd'hui le nombre des FDLR encore actifs dans les Kivus?

R : Pour la première question, je partage votre analyse. Ce sont effectivement les modes d'actions actuelles des FDLR. C'est pour ça que nous pensons qu'à partir du moment où les FDLR ont été chassés de leurs bastions dans lesquels ils étaient parfois retranchés militairement, si leur état major est en déplacement permanent, ceci créant sur eux parfois une pression à la fois physique et apparemment médicale, et c'est la situation actuelle, il est clair qu'il faut adapter les modes d'actions. Les modes d'actions sont de plusieurs types. Je pense que plutôt que de se lancer dans des opérations de contre guérilla qui demandent des capacités et des moyens qui ne sont pas entièrement entre les mains des FARDC, il vaut mieux contrôler les zones dans lesquelles les FDLR venaient habituellement se ravitailler et leur laisser les zones inhospitalières, dans lesquelles ils auront des difficultés à subsister et dans lesquelles, de temps en temps, des raids pourront être menées pour maintenir une forme de pression sur eux. Mais je partage votre point de vue que nous sommes dans une situation difficile. Vous l'observez, en regardant la carte des conflits dans le monde entier que la contre guérilla est un exercice très difficile.

La deuxième partie de votre question. Chaque fois qu'il y a une évaluation numérique. Nous sommes toujours dans une zone grise. Tous les chiffres peuvent être contestées. Donc si on veut être raisonnable il faut une évaluation planchée. L'évaluation planchée c'est que au moins 35% du potentiel des FDLR a été neutralisée durant ces 9 premiers mois d'opération. Ce n'est pas négligeable. C'est l'évaluation planchée. Il appartient a chacun maintenant de voir entre le planchée et le plafond ou est ce qu'il veut tirer la barre suivant comment il veut voir la situation. Comment dirait Pirandello « A chacun sa vérité».

Q : Mon Générale, Je peux avoir une explication concernant le processus d'intégration des anciens groups armés CNDP et PARECO?

R : Vous posez une question importante. C'est le problème du réalisme et du pragmatisme par rapport à l'idéalisme. Lors que le CNDP a décidé de faire son intégration au sein des FARDC, il a été considéré par les principaux acteurs qu'il faut aller battre le fer pendant qu'il était chaud. Ce qui fait qu'on a fait une intégration accélérée. Pour tout de suite, maintenir le rythme de l'opération «Humoja Wetu». Et je pense que cela était pertinent. Il fallait après cela, très rapidement, mettre en place des mesures d'accompagnement. Elles ont tardé à se mettre en place. Mais aujourd'hui elles sont effectives puisque avec l'aide de EUSEC on a pu assurer le recensement biométrique de tous ce qui se sont intégrées. Donc les conditions sont toujours dures à se réaliser pour assurer une reconnaissance, je dirais, pertinent des grades des différents membres du CNDP qui ont été intégrés. Je crois que c'est une revendication du CNDP, si il lui est donné suite, cela contribua, très certainement, à consolider l'intégration.