Les Nations Unies soutiennent le plan de stabilisation du gouvernement pour l’Est du pays

11 nov 2009

Les Nations Unies soutiennent le plan de stabilisation du gouvernement pour l’Est du pays

Kinshasa, 10 novembre 2009- La République Démocratique du Congo et le système des Nations Unies en RDC ont annoncé vendredi 6 novembre le lancement du Fonds de Stabilisation et de Relèvement pour la RDC. Ola Almgren, Directeur du Bureau Intégré du Représentant Spécial Adjoint et Coordonnateur Résident, qui appuie la coordination des activités du système des Nations Unies en RDC (MONUC et agences onusiennes), explique comme les Nations Unies soutiennent les efforts du gouvernement pour stabiliser et reconstruire l'Est du pays.

Les sceptiques doutent de ce « nouveau plan pour l'Est... » Qu'est-ce que le STAREC, appuyé par les Nations Unies, apporte de nouveau et de concret?

Le scepticisme, c'est sain, mais face aux problèmes, ce qui importe surtout c'est d'agir. Et l'ambition du STAREC, lancé par les autorités congolaises et appuyé par la communauté internationale à travers la Stratégie de Stabilisation mise en œuvre par les Nations Unies, c'est cela : agir décisivement dans les zones qui sortent de conflit pour stabiliser la situation sécuritaire, restaurer l'autorité de l'Etat, aider le retour des déplacés et le relèvement économique des communautés. Au-delà des accords politiques et des opérations militaires, il faut des actions à moyen terme, comme celles qui sont en cours de mise en œuvre dans le cadre du STAREC pour consolider la paix. Concrètement, cela veut dire améliorer la situation sécuritaire en renforçant le professionnalisme des FARDC et en organisant leur cantonnement, déployer les forces de police et les autorités civiles administratives et judiciaires dans ces zones pour prendre le relais des FARDC et assurer la présence de l'état de droit, reconstruire les axes routiers et les bâtiments administratifs, aider les communautés avec des écoles, des centres de santé... Les zones qui sont en train de sortir de conflit ont besoin de sécurité, de la présence de l'Etat, puis d'une aide au relèvement social et économique. Il faut intervenir dans toutes ces dimensions.

Quel est le rôle des Nations Unies?

Les Nations Unies appuient le gouvernement congolais pour la mise en œuvre de son programme STAREC, à travers ce que nous appelons la Stratégie de Soutien à la Sécurité et la Stabilisation. C'est en fait le cadre principal à travers lequel la communauté internationale soutient le STAREC pour que les efforts de tous soient cohérents, coordonnés et surtout suivent les priorités définies par les autorités congolaises. Les Nations Unies jouent leur rôle habituel. D'un coté, nous appuyons les autorités – quand je dis nous, je veux dire la MONUC et les agences du système des Nations Unies ensemble – pour coordonner l'aide de la communauté internationale, fournir une assistance technique pour élaborer programmes et projets, mobiliser les fonds nécessaires. D'un autre coté, nous apportons aussi une assistance opérationnelle très concrète sur le terrain pour mettre en œuvre les projets directement : réhabilitation de routes, constructions de bâtiments et autres. Ce sont déjà 15 projets qui sont en cours de réalisation, pour une valeur de plus de 130 millions de dollars. Les Congolais en voient déjà les premiers résultats : la reconstruction du pont Ituri 2 à Mambasa qui a rouvert la route Bunia-Kisangani est un exemple.

Avez-vous d'autres exemples concrets de la mise en œuvre de la Stratégie de Soutien à la Sécurité et la Stabilisation, en appui au STAREC?

La liste serait sans doute trop longue,mais je citerai quelques exemples pour chaque domaine de la stabilisation que j'ai évoqué plutôt. Dans le domaine de l'amélioration de la sécurité, il y a notamment la construction de garnisons pour les FARDC dans les Kivus et en Ituri par le PNUD. Dans le domaine de la restauration de l'autorité de l'Etat, il y a la réhabilitation en cours de 3 000 km de routes par les ingénieurs militaires de la MONUC et UNOPS. Ces projets routiers ont donné du travail à 4 500 personnes et ils ont un impact très concret sur la vie des gens : avec la réouverture des routes, le prix des denrées alimentaires baisse, les agriculteurs peuvent vendre leurs produits dans les villes... Il y a aussi la construction en cours de 50 bâtiments publics par UNOPS et OIM: commissariats, tribunaux de paix, prisons, administrations qui permettront le déploiement des autorités étatiques. Dans le domaine de l'aide au retour et à la réintégration des déplacés, un programme conjoint FAO-PNUD-UNICEF-UNHCR a débuté dans les Kivus - qui concernera 80 localités - pour relancer les services sociaux de base, en réhabilitant des écoles et des centres de santé notamment. Et tous ces chantiers de reconstruction créent aussi de l'emploi localement.

L'appui des Nations Unies se concentrent-ils dans les Kivus et en Ituri?

Les premiers projets sont mis en œuvre dans les zones prioritaires définies par les autorités nationales et provinciales. Il est important de concentrer les efforts dans les zones géographiques critiques ou les interventions peuvent avoir le plus d'effet pour stabiliser la situation et à terme, espérons-le, pérenniser la paix. Dans ces zones prioritaires, nous cherchons à intervenir dans tous les domaines que j'ai évoqués plutôt. Il s'agit donc d'une approche globale dans des zones ciblées. Des ressources supplémentaires permettraient dans le futur d'élargir le champ d'action. Comme vous le savez, le STAREC prévoit aussi des efforts similaires dans les districts des Ueles en Province Orientale, dans le district du Tanganyika au Katanga, ou au Maniema.

A propos de ressources financières, un nouveau Fonds de Stabilisation et de Relèvement pour la RDC a été annoncé. A quoi va servir ce fonds?

Jusque là, les fonds pour les projets en appui au STAREC étaient gérés en bilatéral, il s'agit des 130 millions de dollars déjà alloués que j'ai mentionnés plutôt. Avec ce Fonds de Stabilisation et de Relèvement, cogéré par le gouvernement et la communauté internationale, l'idée est de canaliser les ressources financières que les bailleurs apportent en appui à la stabilisation. Ce sera plus simple à gérer et permettra une allocation plus rapide et plus flexible des moyens financiers nécessaires pour mettre en œuvre efficacement le plan gouvernemental. Ce type de mécanisme a déjà fait la preuve de son efficacité pour la mise en œuvre des actions humanitaires en RDC.

Une première contribution des Nations Unies de 20 millions de dollars à ce fonds a également été annoncée. Comment sera utilisé cet argent?

Ces 20 millions sont apportés par un fonds spécial des Nations Unies, le Fonds pour la Consolidation de la Paix, qui appuie partout dans le monde des initiatives similaires au STAREC pour aider la transition du conflit à la paix durable. Le conseil d'administration du Fonds de Stabilisation et de Relèvement a décidé de financer 7 projets avec cet argent : la réhabilitation de centres de formation pour les FARDC, la construction de logements pour les dépendants et familles FARDC, la réinsertion communautaire des ex-combattants, l'appui au déploiement de la PNC dans des zones stratégiques, l'appui aux blessés de guerre, l'établissement de centres de négoces dans les zones minières, pour renforcer le contrôle de l'Etat sur le commerce des minerais, enfin l'appui à la structure de coordination du STAREC.

Je tiens à ajouter que les Pays-Bas et la Belgique ont été les premiers pays à annoncer des contributions à ce nouveau fonds, pour des projets qui aideront à la lutte contre les violences sexuelles. C'est un signe fort de l'engagement de la communauté internationale pour appuyer de manière décisive les autorités congolaises à un tournant important pour le pays.