La Société civile congolaise jette les bases d’un nouveau partenariat avec la MONUC

8 sep 2009

La Société civile congolaise jette les bases d’un nouveau partenariat avec la MONUC

Kinshasa, 8 Septembre 2009- Conformément à l'une des recommandations du Symposium national de la société civile qui a eu lieu en mai dernier, le Bureau national de la société civile a organisé du 1er au 2 septembre, des journées d'échanges et d'information avec la MONUC en vue de mettre en place un cadre permanent de dialogue. Le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU en RDC, Alan Doss a saisi l'occasion pour échanger avec les participants sur le rôle de la MONUC en RDC et l'importance de l'engagement de la société civile pour l'avenir du pays.

Cette rencontre qui a mis en présence la MONUC et la Société civile congolaise, en particulier celle de Kinshasa, à travers une centaine de représentants venus des 24 communes de la capitale, a permis à la mission de communiquer sur son rôle et son action en RDC et à la société civile de se rapprocher d'elle.

A l'ouverture des travaux, le Président du Bureau du Comité provincial de suivi du Symposium national de la Ville de Kinshasa, M. Norbert Yamba Yamba a relevé le fait que cet exercice sert à construire des pistes de collaboration entre la MONUC et les organisations de la société civile travaillant à la base. «On assiste aujourd'hui plus que jamais à des malentendus, parfois des médisances, des mauvaises interprétations qui frisent la haine, la méfiance entre la population congolaise et la MONUC. Il était donc temps que la Société civile se mette en collaboration avec la MONUC pour organiser cet atelier d'échanges et de partage de telle sorte qu'ensemble nous puissions voir les choses dans la même direction».

Pour Me Marie André Muila Kayembe, Questeur du Bureau du Comité national du Symposium National de la Société Civile, «Cette rencontre permet à la société civile de mieux connaître la MONUC, mais également aux membres de la société civile à mieux se connaître les uns les autres». Parce que selon Yamba Yamba , l'objectif de cette activité est de mettre non seulement en place « es pistes de collaboration entre les deux organisations pour qu'elles puissent se renforcer mutuellement» mais pour montrer aussi que « la société civile depuis le symposium est en train de construire un mouvement social pour la RDC à partir de la ville province de Kinshasa».

Au cours des interventions, bon nombre de questions qui alimentent la polémique sur la MONUC ont été abordées notamment, son action à l'Est, sa présence à Kinshasa après les élections et son possible désengagement du Congo.

Pour sa part la MONUC a apporté des réponses aux attentes des participants au travers de ses présentations.

S'appuyant sur la résolution 1856 (2008), M. Elliott Lawson de la Division des Affaires politiques de la MONUC a présenté les priorités de la mission, en insistant sur la protection des civils, la reforme du secteur de sécurité, le DDRRR et les actions de médiation dans les conflits sociaux, sans oublier le soutien logistique apporté aux ONG et aux humanitaires.

C'est autour de ces priorités que tous les autres conférenciers ont axés leurs interventions. Le Chef de l'information publique militaire, le colonel Jean Paul Dietrich a parlé de la Force de la MONUC en terme de soutien aux FARDC et de protection apportée aux civils, tandis que M. Stéphane Auvray de la Section des Affaires civiles a planché sur la protection des civils et notamment sur les nouveaux mécanismes mis en place pour mieux assurer cette protection. M. Nizar Sghaier de la Section Etat des Droits a présenté le projet d'appui au secteur de la justice en tant que fondement de l'état de droit. Ces différentes interventions selon les participants ont permis de découvrir certains aspects de la MONUC jusqu'ici méconnus. «On se rend compte finalement que nous ne connaissons pas très bien cette grande machine qu'est la MONUC» a affirmé Mme Kazadi Madeleine, une des participantes qui souligne que «cette méconnaissance est source de critiques et d'incompréhensions pour beaucoup... après les élections on se demandait ce que faisait maintenant la MONUC? »

Notant qu'un manque d'informations sur le travail de la mission onusienne alimente les débats contre l'action de la MONUC, M. Alan Doss a fait comprendre à cette assistance avisée, la complexité du mandat de la MONUC. Celui-ci demande un équilibre presque parfait entre plusieurs choses dont notamment la protection des civils, particulièrement des femmes et des enfants, le soutien aux FARDC pour améliorer leur performance, et l'appui aux opérations militaires pour éliminer la menace des groupes armés étrangers. Et cela avec des capacités qui ne sont pas extensibles.

C'est pourquoi Alan Doss pense que ce dialogue avec la société civile est important, parce que c'est elle qui peut expliquer cette articulation «entre les contraintes, les préoccupations de la population mais aussi son adhésion et sa mobilisation» à l'action de la MONUC. Cela est d'autant plus important selon lui, que l'expérience de nombreux pays montre que «tous les grands changements, les grandes reformes passent par la mobilisation sociale".

Tout en rappelant le fait que la MONUC travaille avec les Congolais et pour les Congolais, M. Doss a félicité la société civile congolaise qui reste vaillante et affiche son désir d'aller de l'avant malgré les difficultés, avec une volonté de changer, d'améliorer et surtout d'amener la nation congolaise vers un devenir meilleur.

Réagissant à la fin des travaux, une participante a souligné que « réellement, les Congolais doivent savoir que ce que la MONUC apporte ne peut que pourrir et se détériorer » si cela n'est pas accepté par eux. «Nous allons donc transmettre ce message» a-t-elle ajouté.

Pour le Professeur Berthe Zinga–Ilunga, Représentante des participants, «ces journées ont été aussi l'occasion pour les participants de se rendre compte que, même si les ONG et la MONUC disposent des moyens bien différents, toutes les deux sont animées par la même volonté de comprendre et d'agir».

Pour elle, ces deux jours ont permis de découvrir « la grande machine de la MONUC dont le mandat actuel est défini par la résolution 1856 avec comme priorités la résolution du conflit des Kivu et la protection des civils».

Les participants ont selon elle «apprécié les efforts déployés pour la restauration d'un Etat de droit». Cependant, dit-elle, «nous constatons que de manière générale les attentes de l'opinion congolaise dépassent de loin le cadre de la mission assignée à la MONUC. Ces journées tombent à point nommé, car il était judicieux de faire porter ces messages à la population, à travers les relais que sont les organisations de la société civile, tout comme il était utile pour la MONUC de nous découvrir».

Les participants ont donc recommandé entre autres de formaliser un cadre permanent d'échanges et d'information entre la MONUC et les OSC (Organisations de la Société Civile) de développer des partenariats avec les autorités publiques et de mettre en place un comité de suivi des actions MONUC-OSC. Il a été aussi proposé à la MONUC des pistes de solutions visant à l'amélioration de ses interventions en direction des populations civiles notamment pour la diffusion des informations sur ses activités. La MONUC pour sa part s'est dite prête à accompagner les OSC dans la diffusion des messages et des activités relatives à la Paix en RDC dans le cadre de son mandat.