Le nouveau Commandant des Forces de la MONUC rencontre la presse

12 fév 2009

Le nouveau Commandant des Forces de la MONUC rencontre la presse

« Je réponds volontiers à l?attente de la presse en venant vers elle pour tout simplement lui dire que je suis très honoré de la confiance du Secrétaire Général des Nations des Nations Unies, et à travers lui, de celle de la communauté internationale pour commander les forces qui sont ici. Je viens juste d?arriver. Il m?est donc très difficile d?en dire plus. Mais comme l?a souligné la presse, nous sommes manifestement à un tournant, par conséquent nous devons saisir toutes les opportunités pour conduire ce pays sur le chemin de la paix. Bien évidemment, vous imaginez comment je suis déterminé à poursuivre ce qui s?est déjà fait avant moi. Je pourrai présenter mon plan d?action certainement à la fin du mois après avoir été sur le terrain ». C?est en ces termes que le Général de Corps d?Armée Babacar Gaye, nouveau Commandant des forces de la MONUC, s?est adressé aux journalistes ce mercredi lors du point de presse hebdomadaire de la MONUC.
Le Directeur de l?Information Publique, M. Kemal Saiki, a pour sa part indiqué que « Le délai fixé pour le programme de Désarmement et Réintégration Communautaire (DRC) spécifique pour l?Ituri a expiré le vendredi 1er avril 2005. Le lendemain, dès l?aube, la MONUC a, comme elle en avait averti, engagé des opérations à l?encontre des miliciens les plus récalcitrants qui seront désormais traités comme des hors la loi ».

Le porte-parole militaire, le Lieutenant-colonel Dominique Démange a précisé que « le samedi 2 avril 2005, les forces de la Brigade de l?Ituri ont mené une opération de contrôle de zone et de fouille à 40 kilomètres au sud-ouest de Bunia. Cette opération a engagé des moyens au sol ainsi que des hélicoptères de transport armés. Au moment où nos troupes arrivaient à proximité de la zone des objectifs, elles ont été prises à partie par des éléments du FRPI. La riposte a été immédiate et sans appel conformément à nos règles d?engagement. L?hélicoptère armé qui survolait la zone a engagé les tirs à plusieurs reprises, précédés de tirs de sommation. Aucun bilan définitif ne peut encore être donné. Ce type d?opération est amené à se poursuivre dans les semaines qui viennent en fonction de la situation sécuritaire en Ituri ».

«Les casques bleus de l'ONU vont continuer à appliquer avec vigueur le chapitre 7 contre tous les groupes armés qui refusent de désarmer en Ituri et qui se sont placés ainsi "hors la loi" dans la mesure où non seulement ils détiennent illégalement des armes mais en plus constituent désormais des organisations criminelles menaçantes pour les populations civiles. Les opérations de ratissage vont donc continuer » a poursuivi le chef de l?information publique de la MONUC. Kemal Saïki a cependant précisé que « le dialogue, la sensibilisation et la persuasion aussi continueront vis-à-vis des groupes armés qui s?engagent sérieusement en faveur du désarmement et font preuve de bonne volonté pour remettre une quantité significative d?armes, de munitions dans le cadre de la démobilisation de leurs troupes ». Conclusion : « Le but essentiel de l?action de la MONUC en Ituri est d?amener le plus grand nombre de miliciens à désarmer et rejoindre le processus de réintégration communautaire. Ce processus est en cours pour ceux qui l?ont rejoint avant la clôture de la campagne DRC. Il est aussi en cours pour ceux qui étaient en discussion avec la MONUC, ont démontré leur intention sérieuse et donné des gages pour leur participation mais n?ont pu le faire à temps pour des raisons logistiques (transport, distances, etc.)»

Concernant les cas d?enfants soldats, M. Saïki a fait remarquer que « s?agissant des mineurs de moins de 18 ans associés aux groupes armés en Ituri, ils sont considérés non pas comme des « hors-la-loi » mais comme des otages des groupes armés. Par conséquent, même si le processus de DRC a pris fin et qu?on ne peut plus y entrer après le 1er avril, la porte reste encore ouverte pour les enfants qui continuent à bénéficier du droit de quitter les groupes armés pour être pris en charge par la Commission Nationale de Désarmement et Réinsertion (CONADER) et les institutions actives dans la protection de l?enfant dont l?UNICEF ».

Le Directeur de l?information publique a précisé qu?il « existe une autre dimension dont la MONUC tient également compte et qui est celle des miliciens littéralement tenus en otages par leurs chefs qui les empêchent, sous la menace, de désarmer. Bien que les dispositions complètes du programme DRC ne leur soient plus accessibles, ils ne seront pas pour autant rejetés, leur situation sera traitée au cas par cas, et des dispositions spécifiques pourraient leur être appliquées ».

Les statistiques les plus récentes, à la date du mardi 5 avril, indiquent qu?un total de 8.572 ex-combattants sont entrés dans le processus DRC soit plus de 2.300 ex-combattants supplémentaires par rapport aux chiffres de la semaine dernière. M. Kemal Saïki a déclaré que « la MONUC considère que les estimations selon lesquelles il y aurait 15.000 miliciens en tout dans l?Ituri ? dont plus de 8.000 déjà désarmés ? datent de 2003. Or, au vu notamment des nombreuses défections, désertions, pertes en vies humaines ou fuites vers des pays voisins, la MONUC estime actuellement entre 2.000 à 3.000, le nombre de miliciens qui restent à désarmer dans l?Ituri ».

Le Directeur de l?Information a rappelé que « le chef de la MONUC, le Représentant spécial du Secrétaire général de l?ONU pour la République Démocratique du Congo, a salué, le jeudi 31 mars 2005, l?annonce publique faite par les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) de leur décision de mettre fin à la lutte armée. La MONUC est prête à aider et à contribuer au mieux - dans la mesure de ses moyens et dans le cadre de son mandat ? pour que le processus de Désarmement, Démobilisation et Rapatriement se déroule bien ».

Présent au cours du point de presse, le Directeur de la Division DDRRR et DDR de la MONUC, M. Peter Swarbrick, qui a participé à la réunion de samedi dernier à Rome sur les mesures d?accompagnement à prendre suite à l?annonce des FDLR de cesser la lutte armée, a déclaré que « participaient à cette réunion, le gouvernement congolais, la Belgique, la France, l?Italie, les Pays Bas, les Etats-Unis, l?Union européenne et la MONUC. »

Monsieur Swarbrick a souligné que « l?objectif de cette réunion était que les FDLR réitèrent leur déclaration. Pour la MONUC, l?intérêt principal était de poser aux représentants des combattants rwandais aux Kivus une série de questions précises et techniques concernant les modalités pour un rapatriement rapide. Nous avons ainsi demandé à avoir une idée précise sur les sites où sont concentrés des combattants. Nous avons aussi souhaité avoir une liste précise des femmes et des enfants ainsi que celle de leurs armes légères et lourdes. Nous leur avons demandé comment ils voulaient rentrer. Nous les avons également interrogé pour savoir s?ils acceptaient de transiter par nos centres de réception. Nous avons même demandé quand est-ce que la MONUC pouvait s?attendre à accueillir les premiers combattants dans ses centres ».

M. Peter Swarbrick a précisé que « les participants de la rencontre de Rome ont discuté d?un projet de calendrier de retour des combattants rwandais. Il a été aussi envisagé la création d?un comité international de suivi et la mise sur pied d?une cellule mixte de pilotage pour assurer le succès de ce processus. La logistique se met actuellement en place. Il est envisagé que l?opération se fasse en 90 jours. Mais elle peut se faire en un temps plus court. La MONUC est déjà prête. Nous sommes entrain de traduire la déclaration des FDLR dans la langue Kinyarwanda à l?intention des combattants afin qu?ils sachent ce qu?ont décidé leurs leaders ».


Sur un tout autre chapitre, M. Saïki a déclaré que « la MONUC condamne toute tentative de museler la presse » après des déclarations du gouverneur du Sud-Kivu, Augustin Bulaïmu, menaçant de fermeture certaines radios communautaires de la province sous sa juridiction. « La MONUC est très préoccupée par les graves menaces récentes d'atteinte à la liberté de la presse au Sud-Kivu » proférées dimanche par ce gouverneur lors d'une conférence de presse à Bukavu. « La MONUC trouve inacceptable et préoccupant qu'un représentant d'un gouvernement de transition appelé à organiser des élections libres, transparentes, crédibles et démocratiques, puisse se permettre de convoquer, dans le seul but de les intimider, les médias ». Toujours au sujet de ces déclarations du gouverneur Bulaïmu, M. Saïki s'est élevé contre les « ridicules élucubrations » dans la mesure où le gouverneur « s?est permis de déclarer que l'ONU a des visées de tutelle sur sa province ». Le Chef de l?information de la MONUC en a profité pour rappeler que « la RDC se trouve actuellement à une étape décisive du processus de transition » et inviter le peuple congolais à la vigilance « face à ceux qui, notamment par des propos incendiaires, pourraient saboter ou faire dérailler ce processus »

Au sujet des droits des l?homme, la coordinatrice de l?unité d?enquêtes spéciales de la section des droits de l?homme de la MONUC, Madame Sonia Bakar, a noté avec satisfaction que durant la semaine écoulée les autorités aussi bien judiciaires que militaires congolaises ont fait un pas en avant dans la lutte contre l?impunité à Kalemi et à Goma. « La MONUC salue aussi l?action de l?Auditeur Militaire de la garnison de Goma qui vient d?ouvrir quatre dossiers judiciaires concernant les violations des droits de l?homme commis par les éléments des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) de la 12e brigade ex-ANC. Ces violations avaient été enquêtées par la MONUC », a ajouté Mme Sonia Bakar.

Sur l?agenda, du Représentant spécial du Secrétaire général de l?ONU pour la République Démocratique du Congo, Monsieur William Swing, le porte parole de la MONUC, M. Mamadou Bah a indiqué que « le chef de la MONUC, William Swing, s?est rendu le vendredi 1er avril 2005 à Bunia pour déclarer officiellement la fin de l?ouverture du processus de DRC. Le lendemain, samedi 2 avril, il s?est rendu à Goma puis à Lubumbashi. Au cours de son séjour à Lubumbashi, le chef de la MONUC a pu s?entretenir avec le Chef de l?Etat, le Président de la République, Joseph Kabila. Après Lubumbashi, William Swing s?est rendu à Mbuji-Mayi le dimanche 3 avril avant de regagner Kinshasa le même jour ».