L'Est de la RDC privée d'aide humanitaire

10 fév 2009

L'Est de la RDC privée d'aide humanitaire

La détérioration de la situation sécuritaire dans l?Est de la République Démocratique du Congo a provoqué le redéploiement de nombreux travailleurs humanitaires parmi lesquels au moins deux cent internationaux, ne laissant en place que le personnel considéré comme essentiel. 17 ONG travaillant dans le Sud-Kivu ont ainsi évacué leur personnel vers Goma, Kinshasa, Entebbe et Kigali. C?est environ 80% de l?aide humanitaire destinée à plus de 3 millions de personnes vulnérables qui se trouve ainsi affectée, touchant plusieurs secteurs d?activité, notamment la sécurité alimentaire, la santé, l?éducation, la protection et l?eau potable. L?insécurité qui menace les organisations humanitaires affecte aussi de nombreux groupes vulnérables au sein de la population civile.

A Kalemie, la communauté humanitaire a enregistré la perte de 150 tonnes de nourriture estimée à environ 110.000 dollars américains ainsi que des biens matériels de grande valeur à la suite du pillage du bureau de liaison du Programme Alimentaire Mondiale (PAM). Le nouveau climat d?insécurité qui prévaut dans l?Est a amené les organisations humanitaires, dont les agents et installations sont souvent pris pour cibles, à suspendre leurs activités et à redéployer temporairement leurs ressources dans des zones qui offrent de meilleures garanties de sécurité nécessaire à l?action humanitaire. Près de 3.000 personnes qui ont fui leurs domiciles au lendemain des violences à Bukavu auraient trouvé refuge au Rwanda. Plus de 1.000 autres frappent aux portes du centre d?accueil de la ville frontalière rwandaise de Cyangugu qui a largement dépassé sa capacité d?accueil. Selon la communauté humanitaire au Burundi, environ 17.000 Congolais qui ont fui les violences et les nombreuses exactions qui auraient été perpétrées à Uvira ont trouvé refuge dans plusieurs provinces du Burundi et à Bujumbura.

Dans la spirale de violences enregistrées à Bukavu, la MONUC n?a ménagé aucun effort pour protéger les populations civiles et faciliter l?acheminement de l?aide humanitaire qui leur était destinée. En outre, la MONUC a efficacement organisé des opérations de secours et d?évacuation des personnes civiles menacées par le conflit, y compris des acteurs humanitaires. Les locaux de la MONUC à Bukavu ont abrité approximativement 1.300 personnes qui ont ensuite été transférées dans un camp de déplacés aménagé temporairement au collège Al-Fajiri, situé à environ 2 kilomètres du siège de la MONUC à Bukavu. Par le truchement de sa Section Humanitaire, la MONUC continue d?encourager les organisations humanitaires à reprendre leurs activités respectives dans les meilleurs délais. Dans la région de Kisangani, le PAM a repris son programme de distribution de nourriture en faveur des enfants malnutris avec la réception d?environ 1.200 tonnes de produits alimentaires. L?UNICEF a également procédé à la distribution de 400 moustiquaires aux enfants vulnérables.

Malheureusement, le regain de tension entre les belligérants, suivi de la reprise des combats dans l?Est de la RDC, constituent des obstacles majeurs aux multiples initiatives de la MONUC et de la communauté humanitaire, visant à encourager le retour des personnes déplacées dans leurs contrées d?origine ainsi que la reprise rapide des activités humanitaires dans la région.