Remarques préliminaires de Alan Doss dans son adresse au Woodrow Wilson Center

8 avr 2009

Remarques préliminaires de Alan Doss dans son adresse au Woodrow Wilson Center

Washington DC - Alan Doss, le Représentant Spécial du Secrétaire Général et chef de la Mission de l'ONU en République Démocratique du Congo (MONUC) a déclaré le 3 avril 2009 que les perspectives pour une paix durable et la sécurité des populations civiles dépendent d'un soutien international plus déterminé pour les Forces Armées de la RDC (FARDC) dans leurs efforts pour l'éradication des groupes armés étrangers qui pillent les parties orientales du pays.

M. Doss a souligné que la première priorité de la MONUC c'est la protection des civils, soulignant que le soutien pour l'édification d'une armée nationale congolaise capable et respectueuse des droits est indispensable. Des réformes immédiates qui garantiraient la bonne intégration, la discipline et l'appui soutenu aux forces armées du pays sont nécessaires pour mettre fin à la menace des groupes armés étrangers dans l'Est de la RDC.

Au nombre de ces groupes armés il y a environ 4.500 combattants bien armés des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR) dans le Nord et Sud Kivu ainsi que des bandes vicieuses de la milice de l'Armée de Résistance du Seigneur dans la région de l'Uélé, à l'extrême nord-est du pays. Le Conseil de Sécurité des Nations Unies a donné mandat à la MONUC d'œuvrer en étroite coordination avec les FARDC et de soutenir celles-ci.

Le mandat de la MONUC lui donne également la latitude d'engager des actions indépendantes contre tout groupe armé qui menacerait les civils, le personnel onusien et les humanitaires.

Dans la déclaration qu'il a lu avant les discussions/les échanges avec les experts en matière de politique du centre international de Woodrow Wilson basé à Washington, Mr Doss a indiqué que la volonté des gouvernements de la RDC, du Rwanda et de l'Ouganda de conjuguer leurs forces contre les groupes rebelles au cours de ces derniers mois a permis d'ouvrir un nouveau chapitre pour la région des Grands Lacs.

«Nous sommes en train de voir se dessiner les contours de solutions potentielles aux problèmes qui ont duré pendant des années,» a-t-il dit. «La région est à un tournant. Si elle peut bénéficier de quelques coups de pouces seulement, juste sur quelques fronts, des gains considérables peuvent être réalisés au profit d'un grand nombre de personnes.»

M. Doss a reconnu les préoccupations des ONG et des agences humanitaires selon lesquelles les civils risquent de continuer d'être victimes de représailles des forces rebelles pendant cette période où le gouvernement poursuit son combat. Mais il a avoué que ne rien faire n'est pas une option.

«Ne pas agir contre les FDLR ou la LRA, c'est garantir que les 'dommages collatéraux' en cours se poursuivront sous forme d'exactions renouvelées : viols, assujettissement et exploitation des ressources de la RDC,» a-t-il dit.

M. Doss a noté que l'autorité légitime et les institutions de l'Etat sont absentes ou à peine présentes dans les régions les plus en proie à des troubles, et que le manque d'infrastructures congolaises est légendaire. Même si la paix règne dans la majeure partie du reste du pays, a-t-il prévenu, l'inflation a causé une augmentation spectaculaire des prix des denrées alimentaires et les revenus du gouvernement ainsi que les réserves de devises ont diminué fortement.

Des services essentiels restent hors de portée de la majorité de la population. La chute de l'économie mondiale a entraîné la contraction de la demande, la baisse des prix des ressources naturelles congolaises et a étranglé l'économie du pays, mettant en péril les gains qui avaient été réalisés.

Appelant les Etats-Unis et d'autres partenaires clés à soutenir les efforts pour la paix et la stabilité en RDC et dans la région, M. Doss a noté, entre autres choses, que :

- La MONUC est en train de soutenir une attitude proactive des FARDC dans les zones où les communautés sont exposées aux violences, représailles et abus. ;

- La MONUC est en train de soutenir une nouvelle phase d'opérations contre les FDLR, conjointement planifiées avec les FARDC, pour couper les lignes de soutien aux FDLR et de persuader leurs cadres de désarmer, démobiliser et retourner dans leur pays.

- Depuis le lancement en janvier des opérations conjointes RDC-Rwanda contre les FDLR, il y a eu une forte augmentation du nombre des combattants FDLR et leurs dépendants qui ont choisi de désarmer et de retourner volontairement au Rwanda ;

- Les opérations de la MONUC sont en train d'élargir les frontières du maintien de la paix traditionnel. Elles comprennent le soutien logistique et technique, mais aussi des rations pour les soldats gouvernementaux lors de séances de formation et d'opérations conjointes. La MONUC est préparée pour fournir un appui-feu pour les actions contre les FDLR et la LRA, mais dans les limites des Règles d'Engagement de la Mission ;

- La protection des civils exige la stabilisation de la région par la démilitarisation des zones sécurisées, le casernement et la rotation des contingents FARDC, et la formation et le déploiement de la police civile pour maintenir l'ordre. La MONUC est en train de soutenir les activités dans chacun de ces domaines ;

- Des Equipes conjointes de Protection ont été déployées avec les Casques bleus dans 12 des zones les plus vulnérables dans le Nord Kivu. Ces équipes comprennent du personnel spécialisé en matière de droits de l'homme, de protection de l'enfance, de politiques foncières et civiles, et d'autres domaines. Leurs contacts avec les populations locales ont permis d'augmenter la capacité de maintien de la paix en anticipant les menaces et en améliorant les réponses.

- Les efforts de la MONUC ont eu pour résultat la séparation de quelque 1.100 enfants des groupes armés, ainsi que l'élaboration d'une stratégie complète de lutte contre les violences sexuelles, avec le gouvernement et d'autres partenaires.