Revue de presse du 10 janvier 2006
Le temps est relativement court pour « préparer les listes électorales définitives en vue d'avoir des élections », a déclaré l'ambassadeur Meece, cité par L'AVENIR qui a qualifié le ton utilisé par le diplomate de « superficiel ». Les USA d'accord : la CEI respecte le calendrier, titre cette parution. Pour elle, « le bon sens le veut, avant de répondre à l'UDPS, le président de la CEI ne pouvait pas ne pas s'en référer à ses partenaires dont les membres du CIAT ».
« Le calendrier est chargé à telle enseigne que le gouvernement des Etats-Unis préconise l'adoption urgente de la loi électorale pour permettre que toutes les préparations nécessaires à la tenue de ces élections puissent s'achever, conformément au calendrier de la transition », souligne encore le journal. Les Etats-Unis appellent à l'adoption urgente de la loi électorale, titre L'OBSERVATEUR. « Les grandes idées de cette loi sont déjà bien connues, le processus en cours reste encore tributaire de l'adoption de la loi électorale. Il est donc nécessaire d'avancer de l'avant car nous devons respecter le calendrier électoral », a indiqué M. Meece, cité par cette parution.
Pour LE PHARE, au-delà de l'affaire UDPS-CEI, Des millions de Congolais sont exclus du processus électoral. Le journal fait ainsi allusion aux 3 millions de Congolais sur les 28 millions d'électeurs prévus par les statistiques des spécialistes et rappelle le nombre d'inscrits à la date du 16 décembre 2005 : 25 millions de Congolais. Il accuse la CEI d'avoir mis une croix sur les millions de personnes en âge de voter, celles présentes en RDC et à l'extérieur, qui n'ont pas pu se faire enrôler, « en répondant négativement au parti d'Etienne Tshisekedi ». Conséquence « du processus électoral sélectif », tirée par le quotidien : « de nombreuses entités administratives de la RDC vont voir leurs résidents souffrir d'une douloureuse exclusion du choix de futurs gouvernants du pays ». Le journal redoute des « frustrations » et des « contestations de la légitimité de ceux qui n'auront pas reçu le quitus des urnes de la part des exclus ». « En cherchant peut-être à punir l'UDPS (...) la Commission Electorale Indépendante est en train de préparer le lit d'une situation conflictuelle post-électorale entre membres de la communauté nationale », estime le journal. LE PHARE appelle la CEI à réfléchir et exploiter « pendant qu'il est encore temps, toutes les possibilités d'inclusion, dans le processus électoral les millions de compatriotes qui ne demandent qu'une chose : exercer leur droit d'électeur et d'éligibilité ». La fin d'une transition apaisée est à ce prix, affirme-t-il.
« Pour permettre à l'UDPS de se réintégrer au processus et pour éviter les frustrations et la contestation, dans l'intérêt général, il faut donc rouvrir des centres d'enregistrement des électeurs », a déclaré, cité par LE PHARE, le vice-président en charge de la Commission Politique, Défense et Sécurité, Azarias Ruberwa, en visite à Bruxelles. Ce séjour, bien que privé, ne l'a pas empêché de rencontrer certains officiels, précise le quotidien qui titre Azarias Ruberwa appuie la requête de l'UDPS.
Sous le titre CEI : d'accord pour l'implosion ?, le même journal doute de la neutralité de cette institution chargée d'organiser les élections et qualifie son attitude de « cavalière ». LE PHARE qualifie également la réponse de la CEI à l'UDPS d'« inconscience par rapport aux attentes des populations congolaises ». Il est persuadé que la CEI, « dans cette inconscience, veut certainement conduire le pays à son implosion totale » et ainsi, jouer le jeu du Rwanda et de l'Ouganda « dont la stratégie a toujours été de faire perdurer l'instabilité politique en RDC ». Le journal se demande ce que feront « les millions de Congolais dépités, désillusionnés et désenchantés de voir ceux en qui ils se reconnaissent, injustement écartés du processus électoral ». La dynamite, poursuit le quotidien, ce sont les 15 millions de Congolais qui, en réponse à l'appel au boycott de l'UDPS, se sont abstenus d'aller au référendum constitutionnel. Il ajoute à ce nombre ceux « qui ont voté "oui" pour sanctionner le 1+4 » et voit dans tout cela que « c'est finalement toute la République qui veut le changement, pas dans la continuité avec les acteurs actuellement au pouvoir qui ont montré leur limites dans la réalisation des rêves du peuple congolais ». Pour LE PHARE, « c'est donc à ce niveau qu'interviendrait l'implosion ».
UDPS : ce que l'on oublie. Dans son éditorial, L'OBSERVATEUR rafraîchit la mémoire de ses lecteurs en leur rappelant que du temps de l'ancien président Mobutu de l'ex-Zaïre, Etienne Tshisekedi et son parti ont su « montrer au peuple congolais qu'un autre chemin était possible ». Mais tout en accusant l'opposant historique de confondre l'UDPS à la nation congolaise, le journal déplore la « dangereuse contradiction » qui consiste à « prôner, sublimer, et à défendre à temps et à contretemps des valeurs démocratiques sous la bannière d'un parti, l'UDPS, tout en les combattant par le style d'organisation du même parti ». Aucun homme ne peut réaliser l'ensemble de ses rêves, pense le quotidien. « Pour un être humain, arriver à jouer deux rôles historiques, relève de l'exception. Celui qu'on tente pour lui succéder l'est moins. Le plus souvent, il est catastrophique (...) Beaucoup d'acteurs politiques (...) oublient cela. C'est peut-être le cas pour le leader de l'UDPS », poursuit L'OBSERVATEUR. Cette parution se lance dans des citations. Selon François de Closets, « la lutte contre l'oppression ne confère aucune légitimité pour la suite », indique le journal. « Personne, nous prévient Jacques Delors, ne doit avoir l'outrecuidance de croire qu'à lui seul, il incarne, à un moment, le destin d'une nation », ajoute le quotidien qui conclut : « la paranoïa n'est jamais loin lorsqu'on s'obstine à méconnaître ces sagesses ».