Revue de presse du 9 janvier 2006

24 fév 2009

Revue de presse du 9 janvier 2006

La réponse de la Commission électorale indépendante CEI à la requête de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) concernant la réouverture des bureaux de vote, et la réaction de ce parti de l'Opposition : ce sujet figure en première page de la plupart des journaux kinois parus ce lundi.
« La CEI, par l'entremise de son président, M. Malu-Malu, vient de répondre à la requête introduite par l'UDPS demandant la réouverture des bureaux d'enregistrement des électeurs en vue de permettre aux militants de ce parti de s'enrôler », écrit LA REFERENCE PLUS. La CEI réserve une fin de non recevoir à la requête de l'UDPS, indique le journal en première page. « Les contraintes du calendrier de transition et les délais de traiter les données fiables ne permettent pas à la CEI de rouvrir les centres d'enregistrement », a répondu le président de la CEI, lors d'un point de presse tenu le samedi 7 janvier 2006 à Kinshasa. « Pour lui, l'enrôlement ne peut encore s'opérer que pour des cas spécifiques identifiés dans les seules provinces de l'Equateur et du Bandundu, pour des localités où l'opération n'a pas pu être achevée avant le référendum constitutionnel », rapporte le quotidien. Pour LA TEMPETE DES TROPIQUES, cette précision d'Apollinaire Malu-Malu signifie que les militants de l'UDPS qui ne s'étaient pas fait enrôler doivent « aller le faire dans les provinces du Bandundu et de l'Equateur où les opérations d'enrôlement et d'identification se poursuivent encore ! » Selon LE PHARE, c'est tout simplement un « refus poli, bien qu'enrobé dans un semblant d'ouverture ».

Mais d'après M. Malu-Malu, « tout candidat qui n'a pas encore été enrôlé, pourra le faire à l'occasion du dépôt de sa candidature au prochain scrutin », poursuit LA REFERENCE PLUS. Le président de la CEI répondait ainsi à une question de la presse au sujet de l'enrôlement de M. Tshisekedi, précise FORUM DES AS. « C'est une compétition politique. Les 25 millions d'électeurs n'appartiennent à personne. Ce sont des électeurs à conquérir par l'ensemble des partis politiques », a tenu à souligner le numéro un de la CEI, cité par cette parution. « Le président de la CEI pense qu'il n'y a plus d'autres alternatives : soit on s'engage à respecter le calendrier constitutionnel, soit on verse dans la complaisance et on opte pour un calendrier qui dépasse les délais inconstitutionnels impartis », souligne LA REFERENCE PLUS.

L'UDPS réagit à la réponse de la CEI, titre encore le journal. Il publie un communiqué du parti d'Etienne Tshisekedi qui traite la CEI d'« irresponsable » pour avoir traité « avec une légèreté déconcertante, ce problème vital pour la nation, compte tenu de l'importance des enjeux et de la primauté de l'intérêt général sur toute autre considération ». L'UDPS dénonce « l'inféodation (...) avérée » de la CEI, une institution « pourtant voulue citoyenne (...qui) s'autorise à prendre les décisions politiques qui dépassent sa compétence ». L'UDPS dénonce une nouvelle tentative d'exclusion, note LE PHARE à la Une. « Tshisekedi crache sur la CEI », écrit de son côté LE PALMARES. « Pour le parti de Tshitshi, la CEI a cessé d'être neutre », souligne-t-il. UDPS-CEI : la guerre est relancée, note FORUM DES AS.

Au regard du « refus de la CEI d'enrôler les militants de l'UDPS », Malu-Malu joue à nouveau avec le feu, estime LA TEMPETE DES TROPIQUES. « Même si sa décision serait liée à des contraintes budgétaires, il est tout de même étonnant que l'abbé président se soit opposé à la requête de l'UDPS sans préalablement demander l'avis des bailleurs de fonds, ici représentés par le CIAT (Comité International d'Accompagnement de la Transition) », pense le quotidien. « Ce comportement (de la CEI) est perçu à Limete (siège de l'UDPS) comme de la mauvaise foi et une volonté de nuire à un parti qui a pourtant encore prouvé sa popularité à l'occasion du référendum constitutionnel, scrutin qui un connu un faible taux de participation sur l'ensemble du territoire national, suite à l'appel au boycott lancé par le président de l'UDPS », écrit le journal. Il appelle la Communauté internationale « qui assiste le processus en cours en RDC », à faire « pression sur la CEI, si elle veut voir cette transition aboutir dans la paix et la sérénité ». Il demande aussi au président de cette institution de « faire preuve d'impartialité et d'équité afin de préserver sa crédibilité et le bon climat politique et social qui doit régner en cette fin de transition ». Sinon, prévient LA TEMPETE DES TROPIQUES, M. Malu-Malu portera seul « la responsabilité de l'échec de la transition devant Dieu et devant l'histoire. A lui donc de choisir entre Dieu et l'enfer ! ».

« ...La CEI se réjouit de l'implication de l'UDPS dans le processus électoral et encourage, par la même occasion, tous les acteurs politiques à s'engager résolument pour la tenue d'élections réellement libres, transparentes et démocratiques », rapporte de son côté L'OBSERVATEUR. Mais LE PHARE se demande s'il fallait négocier l'implication de l'UDPS sans lui offrir l'occasion de faire enregistrer ses militants. « Le parti d'Etienne Tshisekedi a-t-il été invité comme simple faire valoir pour cautionner une élection déjà organisée et gagnée d'avance, ou voulait-on effectivement qu'il participe de manière équitable et que ses militants aient aussi la possibilité d'opérer librement leur choix ? », s'interroge-t-il. Il tire à boulets rouges sur le président de la CEI : « ...l'homme qui n'a trouvé rien à redire à la prolongation de la transition, qui a su organiser concomitamment le référendum et l'enrôlement et même de poursuivre celui-ci au-delà du scrutin référendaire ; cet homme là qui n'a pas su faire respecter la moindre échéance de son calendrier prévisionnel et qui semble trouver à son goût les retards accumulés dans le processus, est paradoxalement le même qui estime qu'une semaine ou deux de plus d'ouverture généralisée des bureaux d'enrôlement ferait imploser un calendrier qui n'existe même pas sur papier ». LE PHARE s'étonne que le président de la CEI n'ait pas « jugé utile de poser la question à la Communauté internationale qui pilote et finance le processus, et qui a négocié les termes de l'implication de l'UDPS, pour savoir si dans sa recherche d'inclusivité, elle pouvait accepter une allonge en termes de temps, de moyens financiers et logistiques ». Pour LE POTENTIEL, l'argumentaire de la CEI en rapport avec le timing pour expliquer son refus, ne tient pas debout.

La CEI piège l'UDPS, « en lui proposant l'alternative de "à prendre ou à laisser" », indique cette parution. Elle appelle l'UDPS à « capitaliser l'ouverture laissée par la même CEI en imaginant toutes les voies possibles de faire enrôler ses membres au Bandundu et dans l'Equateur, tout en poursuivant des discussions à Kinshasa », pour obtenir et profiter de l'ouverture de deux à quatre bureaux spécifiques dans la capitale en faveur des amnistiés et des compatriotes de la diaspora. « Sinon, il y a lieu de retenir qu'une bonne partie de son électorat est d'ores et déjà exclu de processus électoral », redoute le journal.

« En politique comme dans beaucoup d'autres domaines de la vie, avoir raison trop tôt ou trop tard, équivaut à avoir tort (...) L'UDPS vient de rater un virage qu'elle aurait pu négocier avantageusement, dès le départ, si elle n'avait pas joué à l'enfant gâtée de l'opposition politique », écrit L'OBSERVATEUR dans son éditorial intitulé La CEI renvoie l'UDPS au réalisme.

« Etienne Tshisekedi est pris à son propre piège », souligne pour sa part L'AVENIR. Il accuse le sphinx de Limete de ne jamais respecter les règles établies : « il n'existe de lois que celles qui l'arrangent au moment où il veut. (...) Lorsqu'il s'agit des intérêts de ce parti (UDPS) ou de son leader, il n'y a pas d'autres considérations ou contraintes possibles ». Pour ce quotidien, l'UDPS est « l'agent de son propre malheur ».

A en croire LE PHARE, la décision de l'UDPS de s'impliquer dans le processus électoral est en passe de dévoiler la grande hypocrisie de certains acteurs politiques congolais. Sous le titre Vers un bras de fer Kinshasa-New York, le journal révèle que des diplomates en poste à Kinshasa sont « accusés d'avoir soutenu l'inclusivité », de vouloir « ériger l'UDPS en entité à part entière » et d'avoir promis la réouverture de bureaux d'enrôlement ainsi que des postes clés au sein de la CEI et de la Haute Autorité des Média (HAM). « Ces informations, plus qu'alarmantes, (...) sont parvenues jusqu'à New York », note le quotidien, au point où « le Secrétaire Général de l'ONU s'est inquiété ». Le journal rappelle le souhait formulé par William Swing, le Représentant spécial de Kofi Annan en RDC, « de voir tous les moyens mis en œuvre pour permettre aux retardataires de prendre leur place dans le processus ». Il rappelle aussi le contenu du vingtième rapport du Secrétaire Général au Conseil de Sécurité dont l'un des thèmes majeurs a été, selon LE PHARE, l'inclusivité, et qui souligne la nécessité de la « participation de tous les acteurs politiques afin d'éviter des contestations préjudiciables à la stabilité et à la paix en RDC, la stabilité post-électorale étant tributaire de la coopération de tous les partis politiques et de l'acceptation, par la population, des résultats des élections ».