Revue de presse du 18 janvier 2006

24 fév 2009

Revue de presse du 18 janvier 2006

La presse parue ce mercredi à Kinshasa rend compte des cérémonies marquant la commémoration de la mort de Laurent Désiré Kabila et de Patrice Emery Lumumba, les 16 et 17 janvier. Elle revient également sur l'interview accordée à RFI par l'Archevêque de Kinshasa.
Les Congolais appelés à pardonner, titre LA TEMPETE DES TROPIQUES. Cette parution rend compte du culte œcuménique organisé en mémoire de l'ancien président congolais, Laurent Désiré Kabila, assassiné le 16 janvier 2001 dans son cabinet de travail à Kinshasa, culte auquel ont pris part le Chef de l'Etat actuel, Joseph Kabila, et plusieurs personnalités politiques et diplomatiques ainsi que des compagnons d'armes du président défunt et de nombreux Kinois. Dans son sermon, l'Imam a « exhorté Allah pour qu'il soutienne la famille du disparu (...) et imploré le clément et le miséricordieux afin de donner à cette famille la force de pardonner aux assassins de leur parent », expliquant, en référence au Coran, que « le pardon est un exercice interactif qui implique le fautif et la victime ». Il a ensuite invité les meurtriers de Laurent Désiré Kabila à reconnaître leurs forfaits, souligne le journal. La Bible appelle à pardonner 7 fois 77 fois, a pour sa part souligné le vice-président de l'Eglise du Christ au Congo, cité par le journal. « Le pardon doit être sincère et sans hypocrisie », a-t-il dit. « Comme on le voit, relève L'OBSERVATEUR, les deux prédications ont tourné, comme par hasard, autour du pardon ». Ce quotidien rapporte la réaction du vice-président de la République en charge de la commission Reconstruction et Développement, Yerodia Abdoulaye Ndombasi : « Lui ne peut pardonner aux assassins de Laurent Désiré Kabila ».

Pour le chef de l'Eglise catholique en RDC, le cardinal Frédéric Etsou, qui a écrit aux députés et sénateurs congolais, les parlementaires devraient voter l'amnistie en faveur des personnes condamnées dans l'assassinat de Kabila père, rapporte LE PALMARES. Ce journal publie l'interview accordée par le prélat, depuis Rome où il séjourne, à RADIO FRANCE INTERNATIONALE (RFI). « Jusqu'aujourd'hui, on n'a jamais prouvé que ce sont ces personnes qui ont assassiné le président. Et c'est tout à fait normal qu'on puisse arriver à les amnistier. Et beaucoup de personnes, je crois, ont quand même apprécié ma lettre, surtout quand je demande aussi le pardon », a déclaré cet homme d'église.

L'AVENIR saute sur l'occasion pour pointer du doigt « certaines églises devenues des tribunes politiques » qui « profitent de leur position de pasteur pour professer les idées politiques non déclarées ». Comme pour les rappeler à l'ordre, ce quotidien publie un communiqué de presse de la Conférence Nationale Episcopale du Congo (CENCO) qui, par le biais de son président, Mgr Monsengwo, dit non à la politisation des églises. « La CENCO interpelle en premier le cardinal Etsou qui politise le dossier sur l'amnistie des assassins de Mzee (titre de sage donné à l'ancien président par ses proches) et en fait une affaire personnelle. L'insistance du cardinal dans cette affaire, confondant justice et pardon, est une preuve d'un engagement politique », écrit cette publication en manchette.

« Haine contre Mzee » : Le cardinal Etsou récidive, insiste la même parution. « La classe politique a mis le bémol sur les débats au sujet des assassins de Laurent Désiré Kabila» . Le Chef de l'Etat a fait que ce dossier soit traité dans la transparence. Cela démontre aux yeux de tout le monde que Joseph Kabila n'est pas rancunier. Dans ce dossier, il fait la différence entre le pardon et la justice », estime L'AVENIR. Il rappelle la saisie, par Joseph Kabila, de la Cour suprême de justice pour savoir « si l'assassinat d'un Chef de l'Etat est un crime politique ou un crime de droit commun » et la réponse de celle-ci, arguments juridiques à l'appui : ce n'est pas un crime politique. Le journal accuse le cardinal congolais, de « cracher sur la mémoire de l'illustre disparu au moment où tout le pays commémore la date anniversaire de la mort de Mzee ». Le quotidien dit s'étonner du « réveil patriotique de Mgr Frédéric Etsou qui était silencieux sous le régime Mobutu, l'une des plus sanguinaires dictatures que le monde ait connu ». Il n'avait, selon le journal, « jamais pardonné à Mzee d'avoir chassé du pouvoir son protecteur ». Ainsi donc, « en cherchant par tous les moyens à obtenir la libération des assassins de Mzee, le prélat catholique chercherait donc à consommer sa vengeance », pense le journal.

Le sujet relatif au processus électoral en cours a aussi été abordé lors de l'interview du prélat à RFI. Le cardinal Etsou pour la réouverture des bureaux, titre en première page LE PHARE. L'archevêque de Kinshasa plaide pour la réouverture des bureaux d'enrôlement en faveur des membres de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), fait savoir le journal pour qui la déclaration de l'archevêque « tranche net avec le rejet de la requête de l'UDPS exprimée récemment par le PPRD (Parti du Peuple pour la Reconstruction et la Démocratie, parti du président Kabila), la CEI (Commission Electorale Indépendante), l'ambassadeur des Etats-Unis à Kinshasa et même certains ténors de l'espace présidentiel ». A en croire le quotidien, « en re-martelant le même message dans son interview à RFI, le cardinal Etsou veut sans doute, en tant qu'autorité morale, rappeler à tous, les limites à ne pas dépasser sur le chemin de la paix et de la stabilité, et surtout, prendre date... ».

La même parution revient sur la déclaration faite, le week-end dernier par le président du Rassemblement des Congolais Démocrates et Nationalistes (RCD/N), qui a surpris l'opinion nationale et internationale, en offrant à l'UDPS son quota de représentation aux bureaux de la CEI et de la Haute Autorité des Médias (HAM). Le coup de poker de Roger Lumbala, titre LE PHARE. « L'UDPS n'est pas preneur d'une proposition semblable à celle d'un marchandage de tapis », a répondu le président du Comité national de ce parti, Valentin Mubake, cité par le quotidien.

Le problème de la réouverture des bureaux de vote ne nous concerne pas mais concerne la CEI qui devrait le régler, conformément à la loi en la matière : c'est ce qu'a indiqué Philippe Morillon, le chef de la Mission d'observation électorale de l'Union Européenne, qui a tenu, vendredi dernier à Kinshasa, un point de presse, rapporte encore LA TEMPETE DES TROPIQUES. Il a recommandé une « décentralisation accrue de l'administration électorale », souligne le journal. « Il sied d'opérer un transfert planifié des compétences, notamment pour la validation des résultats, et de l'accompagner de la mise en place d'unités de contrôle composées de magistrats et des représentants des autorités coutumières et des formations politiques », a déclaré M. Morillon. « La finalisation des listes électorales doit être considérée comme une priorité », a-t-il précisé, cité par le quotidien. La CEI devrait finaliser ces listes en commençant par la collecte des données de l'enregistrement encore manquantes et l'ouverture éventuelle de nouveaux centres d'enregistrement devrait tenir compte de cet impératif et des délais nécessaires à la correction des erreurs, au traitement des contentieux et à la production des listes, ajoute LE PHARE, qui rend compte du même point de presse.

LA TEMPETE DES TROPIQUES revient sur la commémoration du 45e anniversaire de l'assassinat de l'ancien premier ministre, Patrice Emery Lumumba, le 17 janvier, et en profite pour dénoncer le fonds de commerce politique que font ceux qui se disent lumumbistes sans l'être réellement. Patrice Emery Lumumba sans sépulture ni héritiers spirituels, titre le journal. Il dénonce ceux qui se disent lumumbistes mais en qui on ne voit rien de lumumbisme : un idéal nationaliste, le patriotisme sain, le courage, la constance, le goût du risque et du sacrifice, le mépris des turpitudes, le refus de courber le front, l'honneur et la dignité, etc.. Les vrais lumumbistes « portent d'autres noms et militent dans des partis sans étiquette lumumbiste (...) : Tshisekedi et l'UDPS », conclut le journal.