Revue de presse du 1er février 2006

24 fév 2009

Revue de presse du 1er février 2006

L'examen au parlement du projet de loi électorale fait couler beaucoup d'encre dans les journaux kinois de ce mercredi. La presse planche aussi sur la situation qui prévaut à l'Est du pays, notamment à Rutshuru dans le Nord-Kivu.
Projet de loi électorale : Députés et sénateurs lèvent les options fondamentales, titre en manchette LE PHARE. L'ambiance était « chaude » hier dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale où députés et sénateurs ont repris l'examen de ce projet, fait savoir le quotidien. 1154 amendements ont été proposés par les parlementaires, indique LA REFERENCE PLUS.

La question sur les conditions d'éligibilité a fait l'objet d'une vive polémique entre les membres du parlement, souligne LE PHARE. « Un débat pour le moins passionné s'est engagé lorsqu'il s'est agi de débattre du profil, de la caution et de la moralité que devront présenter les hommes et les femmes qui aspirent à gouverner le Congo de demain », écrit le journal. Selon les propositions de la commission paritaire mixte mise sur pied pour examiner différents amendements apportés au projet de loi, chaque candidat, à quelque mandat que ce soit, doit justifier d'un minimum de bagage intellectuel, « afin de valoriser la fonction à laquelle il aspire ». Pour le candidat président de la République par exemple, la commission a proposé qu'il soit détenteur d'un diplôme de licence (BAC+5) et aligne 5 ans d'expérience dans la gestion de la chose publique. « Quelques parlementaires y ont vu une manœuvre visant à exclure certains candidats, tandis que d'autres ont tout simplement salué cette disposition de la loi, estimant qu'elle va dans le sens de privilégier l'édification d'une société d'excellence dans ce pays », rapporte LE PHARE. Mais lorsque certains parlementaires ont « poussé l'outrecuidance jusqu'à affirmer, pince sans rire, que les études ne valaient rien par rapport à l'expérience professionnelle », les Romains s'empoignèrent ! « Pas besoin d'être magicien pour comprendre qu'une telle affirmation était destinée à sauver la face de certains acteurs bien connus de la faune politique congolaise », pense cette parution. « A quoi servait-il alors d'aller à l'école si les études ne valaient rien par rapport à l'expérience professionnelle ? », se sont demandés les parlementaires, cités par le journal. Cette question en appelle à « tous ceux qui les banalisent, à privilégier les études, considérées par une autre frange comme un message fort à transmettre à notre jeunesse », clame LA REFERENCE PLUS. Il faudrait parler soit du niveau d'étude, soit de l'expérience professionnelle, mais pas des deux à la fois, estiment certains parlementaires, qui dénoncent une mesure d'exclusion de certains candidats. Un autre camp de parlementaires, cités par LE POTENTIEL, estime « qu'il est indispensable de maintenir les deux conditions, en se limitant par exemple au niveau de diplôme d'Etat (Baccalauréat) pour accéder à la magistrature suprême au lieu de celui de licence comme suggéré par les membres de la commission mixte ».

Par ailleurs, note L'OBSERVATEUR, les parlementaires ont insisté sur les qualités morales des candidats, notamment « celle de n'avoir pas été condamné pour corruption, avoir une situation matrimoniale claire et précise et enfin être d'une probité morale éprouvée qui devra être approuvée par une attestation de bonne vie et mœurs ».

La caution du candidat président de la république est réduite à 11 millions de francs, annonce encore le journal. Certains parlementaires ont plaidé en faveur de la réduction, à tous les niveaux, des frais exigés pour permettre aux futurs candidats de déposer leurs dossiers, note LE POTENTIEL. D'autres par contre, souligne LE PALMARES, ont plaidé pour une augmentation de la caution pour les candidats présidentiables. « Cette catégorie de candidats ne doivent pas faire preuve de pauvreté, de crainte de venir dilapider les caisses de l'Etat », estiment-ils.

S'agissant en outre de la question relative au mode de scrutin, les parlementaires ont fait remarquer que « trois modes de scrutin pour les élections législatives, provinciales, urbaines et locales, risquent de compliquer et d'embrouiller la population lors du vote », poursuit L'OBSERVATEUR. « En dernière minute, les parlementaires ont opté pour les listes ouvertes », écrit LE POTENTIEL. Mais à croire l'éditorialiste de L'AVENIR, les ambassadeurs du Comité International d'Accompagnement de la Transition (CIAT) tiennent « mordicus » au système des listes bloquées et « le point de vue des parlementaires congolais ne les préoccupent en rien », car « la main qui reçoit, pensent-ils, doit toujours obéir aux exigences de la main qui donne ». Pour le journal, « les listes bloquées sont chères au président Kagamé (du Rwanda) et à ses marionnettes de la RDC ». Ce système, explique le quotidien, protège les minorités ethniques « alors qu'en RDC, il y a 450 ethnies et aucune d'elle n'est dominante par rapport à d'autres ».

« En attendant les scrutins, la recomposition du paysage politique est inéluctable », écrit LE POTENTIEL qui titre en première page : Quatre groupes pour conquérir le pouvoir. Il cite d'abord « les Kabilistes ou le vent de l'Est » : l'ex-AFDL (qui a renversé le pouvoir de Mobutu en 1997), avec à sa tête le président congolais et son parti le PPRD, pourrait ressusciter et faire alliance avec le RCD pour réussir « un raz-de-marée électoral ». Le journal cite aussi l'UDPS de l'opposant Tshisekedi qui a « une popularité incontestable », qui, seul, constitue « une plate-forme » et qui subit les appels de pied du RCD et d'autres partis, souligne-t-il. L'UDPS est capable de « faire un tabac à l'ouest (Kinshasa) et au centre (les deux Kasaï) et de se poster en bonne position », estime le quotidien. Il cite également les « Mobutistes qui refont surface » et qui ont pour « bases naturelles » les provinces Orientale et de l'Equateur. Bien qu'ils aient « un réel problème de leadership », ces anciens mobutistes que l'on voit au MLC et au MPR-fait privé, sont « des fins stratèges qui peuvent réussir un coup de poker » et recueillir des voix à Kinshasa, « un fief électoral cosmopolite très important ». Enfin, le journal parle de l'Alliance pour le Renouveau du Congo qui vient de se créer et qui regroupe plusieurs partis politiques dominés par des personnalités du Bandundu et du Bas-Congo. « C'est le vent de l'Ouest qui soufflera sûrement sur l'électorat congolais », écrit LE POTENTIEL qui n'exclut pas « des outsiders » comme Pay Pay ou Lumuna Ndubu, etc.. Certains, pense cette parution, pourraient constituer un bloc contre les Kabilistes, « ce qui donnerait au deuxième tour, "Kabila contre tous" », conclut le journal.

Situation préoccupante au Kivu : cascades de réunions à Kigali, titre LE POTENTIEL. Il rapporte la visite, le week-end dernier à Kigali, du Représentant spécial adjoint du Secrétaire Général de l'ONU, Haile Menkerios. Le numéro deux de la MONUC a eu des entretiens avec le président rwandais, Paul Kagamé, et le ministre rwandais des Affaires étrangères, Charles Murigande, entretiens au cours desquels il a été question de la situation qui prévaut à Rutshuru, indique le quotidien. M. Menkerios a, selon le journal, « saisi l'opportunité pour demander aux responsables rwandais, de prendre les dispositions qui s'imposent en vue d'accompagner le processus de paix en RDC afin qu'il ne déraille pas ». La question des groupes armés rwandais est revenue sur le tapis, souligne encore le quotidien. Le processus de désarmement, démobilisation, rapatriement, réinstallation et réinsertion (DDRRR) des réfugiés serait dans l'impasse. Kigali se plaint de l'insuffisance des moyens financiers mis à sa disposition pour permettre la réintégration, surtout à long terme, des réfugiés rwandais, rapporte le journal.

Le général Baramoto parle de la nouvelle rébellion à Rutshuru, titre en manchette LE PALMARES qui a joint au téléphone cet ancien officier des ex-Forces Armées Zaïroises, exilé en Belgique et « accusé de financer l'insurrection du général dissident des Forces Armées de la République du Congo (FARDC), Laurent Nkunda ». Kpama Baramoto rejette ces accusations et dénonce « un complot ourdi contre lui ».

Le même quotidien croit savoir que 46 soldats dissidents ont changé d'avis et dit non à Laurent Nkunda. « Ils appartiennent à la 83e brigade qui combat depuis deux semaines les troupes loyalistes ». Ces soldats, précise le journal, se sont désolidarisés de général dissident et se sont rendus aux troupes indiennes de la MONUC. La Mission onusienne a dépêché quatre camions hier pour les évacuer et ils sont arrivés à Goma, rapporte LE PALMARES. Cette parution annonce aussi l'arrivée à Goma du ministre congolais de la Défense, Adolphe Onusumba. Il a pour mission de « rétablir la paix dans cette région en proie aux troubles militaires orchestrées par des éléments armés fidèles au général déchu Laurent Nkunda », précise le journal.