Revue de presse du 31 janvier 2006

24 fév 2009

Revue de presse du 31 janvier 2006

La presse parue ce mardi à Kinshasa revient sur les bruits de bottes entendues dans le Nord-Kivu. Elle planche aussi sur divers autres sujets, notamment l'adoption du budget 2006 au parlement congolais et le congrès du Mouvement de Libération du Congo (MLC).
« Les nouvelles du Nord-Kivu ne sont pas bonnes » : Les insurgés de Laurent Nkunda se rapprochent de Rutshuru, située à une centaine de kilomètres de la ville de Goma, chef-lieu de la province, indique en première page LA REFERENCE PLUS. Citant RADIO OKAPI, la radio onusienne, le journal fait état d'une vive tension à Rutshuru et Kiwanja. Il souligne que dimanche, le centre de Rutshuru a été le théâtre des combats entre soldats des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et les insurgés, combats qui ont fait, comptabilise-t-il, 3 morts dans les rangs des assaillants et plusieurs blessés dont un civil. « Selon des sources militaires, les insurgés ont été repoussés par l'armée loyaliste. Mais ceux-ci se seraient retirés dans des petites bases qu'ils entretiennent dans un rayon de 5 ou 6 km du centre de Rutshuru », écrit le quotidien. Leurs revendications ne sont pas toujours connues, fait savoir LA REFERENCE PLUS.

A en croire LE POTENTIEL qui cite LA LIBRE Belgique et « une source dans la région », un colonel réputé anti-tutsi aurait fait exécuter publiquement et sans jugement, par supplice du collier, plusieurs hommes, accusés, par une version, d'être des bandits, et par une autre, des insurgés. D'où la prise de six localités par les hommes de Laurent Nkunda, le 20 janvier dernier, après la fuite des éléments de la 5e brigade intégrée des FARDC, localités récupérées par la suite, par les FARDC. « Aujourd'hui, on indique à Goma que la 5e brigade intégrée en fuite a été rappelée à Rutshuru, mais qu'elle s'est évaporée en cours de route », écrit le journal. Certains militaires se sont déguisés en civils pour déserter et d'autres se sont réfugiés auprès de la MONUC, souligne-t-il. Kivu : échec du brassage militaire ? s'interroge LE POTENTIEL, pour qui « la crise de Rutshuru montre de façon criante les faiblesses de la construction en cours d'une armée nationale au Congo » : la première brigade intégrée (comprenant des soldats venus de toutes les forces ex-belligérantes) fut formée en six mois par les Belges en 2004. Cinq seulement, sur 18, ont été formées par la suite. Faute de temps pour former toutes les brigades avant les élections, « le temps de formation est réduit à ... 45 jours », déplore le quotidien qui poursuit : « les militaires intégrés ne reçoivent qu'irrégulièrement leur paie (limitée à 8 à 10 euros par mois, ce qui est insuffisant pour faire vivre leurs familles) et ne reçoivent ni ration, ni eau potable, ni logement convenable, ni médicaments ». « Plusieurs centaines de militaires de la nouvelle armée intégrée ont déserté, ces derniers jours, pour rejoindre le général mutin, Laurent Nkunda », indique le journal.

Bien que sous le coup d'un mandat d'arrêt international pour avoir dirigé la brève prise de Bukavu en mai-juin 2004, avec le colonel Mutebusti réfugié au Rwanda, « le mutin Laurent Nkunda est toujours libre et invaincu », fait remarquer LE POTENTIEL. Il est demeuré dans sa région natale et « va de temps en temps à Kigali. Mais ni le Congo, ni le Rwanda, ni la MONUC ne l'arrêtent, bien qu'ils en aient eu l'occasion », dénonce le quotidien.

Des bandes armées se meuvent dans le Rutshuru, « comme des poissons dans l'eau, au grand dam des populations locales », indique le même journal dans sa rubrique A haute voix sous le titre Complicité. Il s'étonne du « silence » des autorités congolaises alors que « des sources concordantes affirment que ces insurgés, à la solde de Nkundabatware (...) bénéficient du soutien actif de l'APR (Armée Patriotique Rwandaise) ». Pour l'éditorialiste du POTENTIEL, « les événements se déroulent comme si des complicités agissaient à tous les niveaux pour étouffer et étrangler la vérité ». « Mais pour quel dividende, dans la mesure où le peuple que l'on prétend servir ne trouve pas son compte dans cette évolution macabre militariste », se demande cette parution. Elle appelle à la mise en place « de mesures énergiques et sans ambiguïté » afin que l'on en finisse avec les rébellions à répétition à l'Est de la RDC ; elle demande au parlement d'interpeller le gouvernement « pour tirer cette situation au clair ». Il est temps d'y mettre fin, « pour donner au peuple des raisons d'espérer. Sinon, ce ne serait que de la complicité avec les forces ennemies », estime le quotidien.

Il y a de l'électricité en l'air au parlement, fait savoir le même journal sous le titre : Sénat-Assemblée nationale à couteaux tirés. La pomme de discorde serait le budget 2006, indique LE POTENTIEL. « La plénière du lundi 30 janvier au Sénat a mis à nue "la complicité" qu'il y a eu entre l'Assemblée nationale et certains services générateurs des recettes, dans la composition de certains postes budgétaires », écrit le quotidien. Pour le Sénat, en dépit de son adoption par l'Assemblée générale, le budget 2006 « contient beaucoup d'imperfections », rapporte-t-il. La Commission économique et financière du Sénat a revu sensiblement à la hausse les prévisions des recettes prévues dans le budget 2006, soit plus de 8 milliards de Francs congolais. Le journal écrit : « Est-ce un acte délibéré visant à soustraire de l'Etat une bonne partie de recettes publiques, s'est interrogé le Sénat ? Compromission ou complicité ? ». Le quotidien dénonce, par ailleurs, l'attitude du gouvernement dans ce différend entre les deux chambres du parlement. Selon lui, au lendemain de l'adoption du budget par l'Assemblée nationale, le ministre du budget était « personnellement monté au créneau pour solliciter une clémence du Sénat en vue d'approuver, sans lecture préalable, le projet approuvé lui transmis par ses services ».

A en croire L'AVENIR, au sujet du budget 2006, Le gouvernement accuse l'Assemblée nationale. Le journal publie un mémo du ministre congolais du Budget, adressé au président du Sénat le 18 janvier, dans lequel il accuse la chambre basse du parlement d'avoir « élagué tous les actes générateurs de recettes du Cadastre minier, du Fonds de promotion du tourisme et de l'Autorité de régulations de postes et télécommunications », ce qui va à l'encontre, stipule le mémo, de l'engagement du gouvernement vis-à-vis des partenaires extérieurs au traitement des recettes BPO (ex-budget pour ordre). LE POTENTIEL se demande ce que recherche le gouvernement congolais en cherchant à opposer les deux chambres du parlement. « L'Exécutif de la transition viserait-il des têtes qu'il voudrait faire tomber à l'Assemblée nationale en utilisant désormais l'arme budgétaire ? », s'interroge cette parution pour qui le mystère qui entoure ce dossier ne tardera plus à « révéler au grand jour la face cachée de l'iceberg ».

Le même journal revient sur le congrès du Mouvement de Libération du Congo (MLC) tenu le week-end dernier à Kinshasa. Quand un discours politique est drapé de la robe de la légèreté, titre le journal en pages intérieures. L'AVENIR dénonce « certaines mœurs et pratiques » qui rappellent malheureusement aux Congolais les heures sombres de la deuxième République, du temps de l'ex-Zaïre, notamment les chants « d'une vulgarité indescriptible » ainsi que les « faits et gestes du président du MLC, Jean-Pierre Bemba pendant que ces diatribes étaient proférées à la face du peuple » et qui étaient, « en tous points, identiques à ceux de feu Maréchal Mobutu ». Même son de cloche du côté de la REFERENCE PLUS qui titre : Congrès du MLC : des méthodes qui rappellent le mobutisme et le parti –Etat, et rappelle la candidature à la présidence de la République du chef du MLC, « Jean-Pierre Bemba qui a été porté en triomphe aux rythmes de chansons exécutées dans un style qui rappelle les années fastes du mobutisme ». « L'héritage du mobutisme n'est pas facile à porter par les temps qui courent, estime le journal, il pourrait même être contre-productif ».

LE PHARE publie une déclaration du forum national des Laïcs catholiques du Congo, réunis du 22 au 26 janvier 2006 à Kinshasa. « Nous ne voterons jamais, mais alors jamais pour quiconque a les mains rouges de sang de nos compatriotes, les mains pleines de démissions face à la misère de notre peuple », stipule la déclaration. Pour LA TEMPETE DES TROPIQUES, Les laïcs catholiques sont décidés à guider le peuple et « déterminés à jouer un rôle capital dans le choix des candidats ».