Revue de presse du 2 février 2006

24 fév 2009

Revue de presse du 2 février 2006

La situation à l'Est de la RDC, notamment dans le territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu, préoccupe les journaux parus ce jeudi à Kinshasa.

« La Brigade d'Intervention Populaire (BIP), c'est le nom du groupe armé qui a revendiqué les attaques répétées des positions des FARDC à Rutshuru et environs », affirme LE POTENTIEL sous le titre Gouvernement : un silence lourd de sous-entendus. « Jusqu'à ce jour, le gouvernement n'a pas jugé utile de se prononcer sur la situation qui prévaut à l'Est du pays, particulièrement à Rutshuru, dans la province du Nord-Kivu », écrit le journal. Le mémo de la BIP n'est, pour le quotidien, « ni plus ni moins un défi lancé aux autorités de la transition ». Il en donne les raisons : d'abord, en revendiquant les diverses attaques menées contre les troupes régulières de l'armée congolaise depuis le 18 janvier 2006, la BIP s'est clairement identifiée comme « une force politico-militaire » qui affiche ses intentions politiques : « Nous tenons à démontrer l'échec de la transition congolaise tant dans son processus de paix qui a avorté, la réconciliation nationale échouée, que par l'intégration de l'armée nationale ratée ». D'où, estime le journal, « il serait superflu de continuer à attribuer ces attaques à des mutins ou des soldats insurgés ». Ensuite, la BIP donne des précisions sur le territoire où s'exerce déjà son autorité, indique encore le quotidien qui parle d'« une "occupation" de facto d'une partie du territoire où se regrouperaient les populations d'expression rwandophone en vue de leur sécurité ». Autre raison, relève LE POTENTIEL, le lien établi entre le général dissident Laurent Nkunda et la BIP, « ce nouveau groupe armé issu de la 83e brigade de l'ex-ANC (l'armée du Rassemblement Congolais pour la Démocratie/RCD) et réputé pour son rejet du brassage dans les FARDC ». La même parution s'interroge : « la BIP va-t-elle tarder à devenir un groupe politico-militaire sur les traces de l'AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération qui avait renversé le régime Mobutu en mai 1997), du RCD et autre milices qui ont amené la guerre à cause de la non prise en compte de leurs revendications politico identitaires ? » Le quotidien fait état des soupçons qui persistent sur le soutien de l'armée rwandaise dont bénéficieraient les éléments de la BIP, soupçons justifiés par des mouvements perçus à la frontière entre la RDC et le Rwanda et « par la puissance de feu dont disposent les mutins, au point que, jusque là, ils n'ont pas encore été neutralisés par une contre-offensive concertée FARDC-MONUC ». LE POTENTIEL appelle le gouvernement congolais à rassurer la population et assurer l'intégrité territoriale.

Dans sa rubrique A Haute voix, le même journal parle d'Illusion démocratique et d'enjeux qui existent et que les Congolais doivent comprendre. LE POTENTIEL accuse Kigali et Kampala qui soutiennent les rebelles, parce que ne voyant pas d'un bon oeil l'instauration d'une démocratie en RDC, « prélude à la construction d'un état moderne et stable au cœur de l'Afrique ». Il doute aussi de la bonne foi des dirigeants de la transition, « arrivés au pouvoir par les armes et à la faveur des négociations de Sun City » et qui, du moins pour beaucoup d'entre eux, « ont des comptes à rendre » et donc, « craignent pour leur avenir politique dans un espace libéré et démocratisé ». Pour le quotidien, « leurs parrains étrangers » craindraient, eux aussi « la remise en question de leurs contrats léonins par des autorités démocratiquement élus ». Les intérêts économiques prennent souvent le dessus, estime-t-il.

La guerre d'usure a déjà commencé, pense pour sa part l'éditorialiste de L'AVENIR. Il commente le point de presse hebdomadaire de la MONUC tenu hier à Kinshasa et les propos du porte-parole militaire de la Mission onusienne selon lesquels, la situation à Rutshuru restait « tendue, mais sous contrôle ». Pour le quotidien, cela signifie que les forces gouvernementales ne sont pas à l'abri d'une attaque surprise des éléments de Laurent Nkunda. Il dénonce ce qu'il qualifie de « cynisme » avec lequel le porte-parole militaire a évoqué le secours apporté aux FARDC, à court de munitions à Rwindi, par le contingent indien de la MONUC, lors d'affrontements avec les insurgés, le 30 janvier 2006. Il accuse par ailleurs la MONUC de « complaisance », sinon, pense le journal, « il y a longtemps que Nkundabatware aurait été mis hors d'état de nuire par l'armée régulière ».

Les FARDC manquaient de munitions face aux insurgés à Rwindi, affirme aussi, dans la foulée, LE PHARE. Les troupes gouvernementales se sont repliées, après quelques heures, à Kanyabayonga, rapporte cette parution, qui cite le porte-parole militaire de la MONUC. Appuyées par le 2e bataillon blindé indien, elles ont pu « reprendre le contrôle de Rwindi, après le coup de force des soldats insurgés ». Le journal qualifie la politique de Kinshasa, face à la situation de l'Est, d'« incompréhensible » et le soupçonne de vouloir « affaiblir les soldats congolais ».

Une solution militaire et politique s'impose, souligne, pour sa part, L'OBSERVATEUR qui cite l'une des pistes de solutions proposée par la MONUC. Ce journal rend aussi compte du point de presse de la Mission et rapporte la visite au Nord et au Sud-Kivu, du Représentant spécial adjoint du Secrétaire Général de l'ONU pour la RDC, Hailé Menkerios. Il a eu « un entretien fourni » avec les représentants des différentes communautés de ces deux provinces, fait savoir le quotidien. « M. Menkerios a voulu comprendre les problèmes et griefs qui pourraient être à l'origine de cette insurrection et y mettre fin », écrit-il.

Human Rights Watch (HRW) exige l'arrestation de Laurent Nkunda, titre LE PHARE qui rapporte un communiqué de cette organisation de défense des droits de l'Homme. Le gouvernement congolais et la MONUC « connaissent bien les lieux où se trouve le général dissident, depuis qu'un mandat d'arrêt international a été lancé contre lui en septembre 2005 », affirme HRW, d'où ils doivent « arrêter immédiatement Laurent Nkunda ».

Le même journal consacre sa Une au processus électoral en cours en RDC et titre en manchette : Calendrier : les mensonges de l'abbé Malu Malu. Le 2 février, devrait démarrer le dépôt des candidatures pour les scrutins présidentiel et législatif et ce, jusqu'au 7 février, et le 15 du même mois devrait démarrer la campagne électorale, rappelle LE PHARE. Tout en appelant le président de la Commission Electorale Indépendante à donner des explications au peuple congolais, il se demande si « ceux qui ont élaboré avec un cruel angélisme un tel calendrier, avaient vraiment les deux pieds sur terre en ne tenant compte d'aucun des nombreux aléas qui jonchent le parcours des élections ».

L'OBSERVATEUR revient sur le débat, au parlement, sur la loi électorale. Seuls les candidats résidents sont éligibles, titre en Une, le journal.

Le même quotidien annonce la visite, depuis mercredi à Kinshasa, du ministre belge des Affaires étrangères. Karel De Gucht vient apporter son appui au processus de transition, titre encore L'OBSERVATEUR. Pour LE PHARE, le chef de la diplomatie belge a « six jours pour réussir ou échouer ». Karel De Gucht : erreur interdite, titre cette parution. Elle espère le voir, au cours de son séjour, prendre langue avec les responsables de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), la Société civile, « qui s'estiment exclus d'un processus électoral teintés d'actes de tricherie ».