Revue de presse du 20 décembre 2005

24 fév 2009

Revue de presse du 20 décembre 2005

L'attente des résultats du référendum fait la Une de la presse parue à Kinshasa ce mardi.
Les Congolais espéraient avoir les résultats, ne seraient-ce que partiels, du référendum constitutionnel mais la télévision officielle qui avait au programme une soirée référendaire, a « finalement annoncé, à 23 h, le report de la publication des résultats qui sera faite mardi dans l'après-midi », indique FORUM DES AS, sous le titre Référendum : le suspense continue. « Une panne d'électricité intervenue, hier soir, sur l'ensemble de la capitale, serait à la base de ce report », écrit le quotidien. Le suspense demeure, Malu-Malu maintient le suspense, titrent tour à tour L'OBSERVATEUR et LE POTENTIEL.

A en croire ce dernier, le président de la CEI, Apollinaire Malu-Malu, refuse de « manier prématurément les chiffres et compte tenu de certaines particularités provinciales et urbaines (...et) préfère attendre encore le dépouillement quasiment de tous les bureaux pour donner les statistiques exactes ». Les résultats sont attendus ce mardi soir, confirme LA REFERENCE PLUS. C'est pour « sauvegarder l'intégrité électorale » que la publication des résultats a été reportée, explique le président de la CEI, cité par le journal.
Mais déjà, LE PHARE parle d'un « verdict indécis » du référendum constitutionnel, sous le titre La RD Congo coupée en deux. « Alors que la participation était particulièrement faible à Kinshasa et mitigée dans le Bas-Congo, elle a, en revanche, été massive dans les provinces de l'Est, notamment la Province Orientale, les deux Kivu et le Maniema. Pour leur part, les deux Kasaï ont boudé le scrutin au-delà de tout ce que l'on pouvait imaginer. Il en est de même dans les villes de Kikwit, dans le Bandundu, et Mwene Ditu, Ngandajika, Lukalaba...dans le Kasaï Oriental », écrit le journal.

LA REFERENCE PLUS parle d'une « ambiance morose » à Mbuji-Mayi, le fief de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), parti de l'opposant Etienne Tshisekedi qui a appelé les Congolais à boycotter le référendum. Les artères étaient presque désertes, Mbuji-Mayi était « une ville quasi morte dimanche », souligne le quotidien qui a constaté « des bureaux de vote désespérément vides une bonne partie de la journée, aucune file d'attente, au point que des agents électoraux roupillaient tranquillement sur leurs chaises ». Le journal fait également état de quelques tentatives d'intimidation de la population pour l'empêcher d'aller voter. Il rapporte aussi les affirmations d'un « témoin digne de confiance » qui dit « avoir entendu un homme demander, dans une cabine téléphonique publique à son correspondant, d'envoyer des gens saccager les bureaux de vote d'un quartier de la ville non encore protégé par des policiers ». Manque de pot, des coups de feu nourris avaient été entendus vers 4h du matin dans la ville, « plongeant la capitale du diamant dans la torpeur ». LA REFERENCE PLUS ne s'étonne donc pas des « résultats catastrophiques au niveau du taux de participation ».

Du scrutin référendaire de dimanche dernier, LE PHARE tire quatre principaux enseignements. Il déplore d'abord le cafouillage et les questions logistiques qui ont pesé sur l'organisation. Ensuite, il épingle le manque de sensibilisation ainsi que l'ignorance et l'analphabétisme d'une population appelée à voter pour un texte dont elle ignore le contenu. Par exemple à Mbuji-Mayi, la parité homme femme que prône le projet de constitution est interprétée comme « la capacité pour la femme de prendre deux, trois ou quatre maris, de la même manière que les hommes ont deux ou trois femmes » ; à Goma, certains Congolais pensent que « la nouvelle constitution permettra de chasser les étrangers » ; à Matadi, « on vote " non" pour punir le gouverneur de province au lieu de se prononcer sur le texte constitutionnel ». A Kinshasa, dans la commune de Selembao, une femme qui voulait voter, a demandé à un jeune homme s'il pouvait lui montrer « la photo de Monsieur Référendum », rapporte encore LE PHARE. Tout cela prouve, affirme le journal, que « la sensibilisation est indispensable ».

Troisième enseignement, poursuit la même parution : même si le "oui" l'emporte, « il n'en demeurera pas moins que le "non" associé au boycott représente un désaveu cinglant des autorités et un discrédit du processus électoral dans son ensemble ». Enfin, quatrième enseignement, estime cette parution, si rien n'est fait pour résorber la fracture qui coupe le pays en deux, « les dirigeants élus de la IIIe République risquent de ne représenter qu'une partie du pays, c'est-à-dire ceux des Congolais ayant accepté de voter ». Ce qui présagerait que dure plus longtemps « la crise de légitimité qu'on espérait résorber ».

L'AVENIR anticipe les résultats des premières tendances et titre en manchette Oui. « Les provinces de l'Est qui connaissent mieux que les autres les conséquences de la navigation à vue dans le domaine politique ont massivement voté pour le "oui" », écrit le quotidien qui interprète cela comme le souhait des Congolais « de mettre fin à la conquête du pouvoir par les armes et par des combines politiciennes ».

Dans sa rubrique A haute voix et sous le titre Entre deux maux..., LE POTENTIEL parle des premières tendances qui donnent le "oui" favori et se demande s'il faut en rire ou en pleurer. Il voit plutôt dans ce "oui" un « vote sanction » pour mettre fin « à cette forme alambiquée, hybride de 1+4 (un président et quatre vice-présidents) pour un Etat classique ». Le quotidien appelle la classe politique à ne pas ignorer le pourcentage du "non" et des abstentions. Pour le journal, le "oui" et le "non" constituent « les deux maux » : se résoudre à accepter les contradictions et les incohérences en ayant à l'esprit que l'on s'engage « dans la voie de sortie, avec l'espoir de parfaire les imperfections », et en disant non, déjouer tous les pièges tendus avec cette détermination de présenter un texte parfait, fini. « Le peuple se trouvait en présence de deux maux. Il fallait choisir le moindre mal » et en disant "oui", et le peuple continue à « interpeller la classe politique », écrit le journal.

« Encouragé par la participation massive au référendum », Louis Michel vient donner un coup de pouce aux dirigeants de la Transition, annonce FORUM DES AS. Le Commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire est arrivé lundi soir à Kinshasa. « Avec 149 millions d'euros, la Commission européenne est le premier donateur du processus électoral », écrit pour sa part LA REFERENCE PLUS.

La presse kinoise revient sur le verdict de la Cour Internationale de Justice de la Haye dans le procès qui oppose l'Ouganda à la République Démocratique du Congo. Kampala condamné, jubile L'AVENIR. Condamné, l'Ouganda est contraint de payer des dommages et intérêts à la RDC, titre encore FORUM DES AS qui estime qu'il s'agit d'une « grande victoire ». Il cite les griefs retenus contre Kampala : « agression avérée, occupation du territoire congolais au mépris des prescrits de droit international, violation de souveraineté de la RDC, pillage et destruction ». Citant des observateurs, il émet le vœu de voir le dossier rwandais « traité avec la même rigueur pour aboutir à la condamnation de l'agression du territoire congolais pilotée par le pays de Paul Kagame ». Pour le quotidien, ces procès constituent « la voie obligée pour recréer dans les Grands Lacs les conditions d'une vraie paix, celle qui est générée par la justice ».