Revue de presse du 21 décembre 2005

24 fév 2009

Revue de presse du 21 décembre 2005

Les résultats du référendum des 18 et 19 décembre ont été rendus publics mardi dans la soirée par le Président de la Commission Electorale Indépendante (CEI). Ils constituent le principal sujet à la Une des journaux parus ce mercredi à Kinshasa.
78,47 % de "oui" et 21,03% de "non" : ces premières tendances du scrutin référendaire font la Une de LA TEMPETE DES TROPIQUES. Elles ont été publiées mardi soir par le président de la CEI, l'Abbé Apollinaire Malu-Malu. Il s'agit des résultats partiels de 33,86% des suffrages exprimés. Les provinces de l'Est de pays « ont massivement voté "oui" », précise LA REFERENCE PLUS.

« Ces premières tendances indiquent que toutes les provinces se sont prononcées pour le "oui" », écrit pour sa part L'OBSERVATEUR. Il publie les résultats selon les provinces. Ainsi, Kinshasa a dit "oui" au projet de constitution à 50,49% contre 49,35% de "non". Au Bas-Congo, 69,65% des suffrages exprimés ont approuvé ce projet. Au Katanga, 91,14% ont voté "oui". Le "oui" l'a également remporté dans la Province Orientale à 80,96%, au Kasaï Occidental à 61,88%, au Kasaï Oriental à 64,15%. C'est dans les Kivu que l'on note le plus fort taux d'approbation, souligne le journal : 96,20% au Nord-Kivu et 97, 77% au Sud-Kivu. 96% de votants ont dit "oui" au Maniema, 80,17% dans l'Equateur et 88,01% au Bandundu. Selon le Président de la CEI, « ce ne sont encore là que des premiers résultats et cela peut changer au fur et à mesure que le dépouillement continue », note encore L'OBSERVATEUR.

A en croire LA REFERENCE PLUS, ces résultats, quoique partiels, ne semblent pas convaincre les partisans du "non" et du boycott. Ils estiment que « par souci d'honnêteté et d'objectivité, le président de la CEI devrait donner avant tout le taux de participation des électeurs par province car ce taux déterminerait le crédit qu'on peut accorder aux résultats partiels ou définitifs », écrit cette parution.

LE PHARE, citant des observateurs, revient sur le taux de participation. Il est jugé « faible ». Pour ces observateurs, « ce taux est d'autant plus capital qu'il devrait permettre de déterminer à la fois la crédibilité et la légitimité du processus mais aussi le degré de confiance des Congolais dans leurs dirigeants ». Premières tendances : un "oui" mitigé, titre LE PHARE en première page. D'après le correspondant de ce journal à Tshikapa dans le Kasaï occidental, 20% seulement des électeurs s'étaient rendus aux urnes dimanche. «A l'autre bout de la RDC, dans le Nord-Kivu, notre correspondant nous signale (...) un taux de participation inférieur à 10% du corps électoral », poursuit le quotidien. « Sans verser dans une extrapolation abusive, on peu, à ce stade, estimer que si cette tendance se maintient, il s'agira incontestablement d'un désaveu à l'égard du leadership de la transition qui s'est totalement investi dans la sensibilisation et la mobilisation des électeurs », ajoute encore le journal. Ce serait d'autant plus amplifié « si l'on additionnait le "non" et le boycott dans une même attitude de rejet et de contestation », souligne LE PHARE.

Pour LA TEMPETE DES TROPIQUES, « le rejet du projet de constitution est indiscutable » car des millions de Congolais ont « carrément dit "non" ». Le journal dénonce le «semblant de suspense » entretenu autour des résultats jusque mardi soir par « les tenants actuels de l'imperium, soutenus par leurs projecteurs de l'étranger », qui auraient dû annoncer la nouvelle du triomphe du "oui" « sur tous les toits d'églises et de chapelles du pays, le lundi 19 décembre au soir plus tard ». Les résultats au Kivu maquillés, déplore le quotidien. Il évoque le rapport « en préparation » de l'Union Européenne et de l'ONU qui « parle déjà d'un succès fou récolté par le "oui" dans l'ancien Kivu (Maniema, Sud-Kivu et Nord-Kivu) ». Selon « des observateurs internationaux honnêtes », les organisations de défense des droits de l'Homme et humanitaires actives dans la région, cités par le quotidien, « ces vastes régions sont toujours dans l'insécurité totale et seules les populations des agglomérations urbaines ont pu prendre part au référendum de dimanche et lundi ». Les résultats du référendum constitutionnel publiés par la CEI « sont aux antipodes de ceux auxquels le peuple congolais s'attend pour montrer à la face du monde qu'il est déjà mur politiquement », affirme LA TEMPETE DES TROPIQUES. Donc pour honorer « ce peuple qui désire une constitution impersonnelle correspondant à ses aspirations légitimes », écrit cette parution, les partisans du "non" « demandent à la Communauté internationale de ne pas cautionner l'homologation de ces résultats et de proclamer solennellement leur rejet sans autre forme de procès ».

Justement, un partisan du "non", en l'occurrence le Pasteur Théodore Ngoy", s'adresse à William Swing, , fait savoir LE PHARE qui publie une lettre du chef du parti Congo pour la Justice (C. Just) au Représentant spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour la RDC. « Enlevé en pleine campagne référendaire, je suis détenu depuis le vendredi 16 décembre dernier, à côté des odeurs insupportables dégagées par un W.C. situé juste à côté de l'entrée où je suis obligé de passer la nuit comme un animal », écrit M. Ngoy. Au regard des questions qui lui ont été posées au cours d'un interrogatoire, il déclare être « pris en otage du fait d'avoir choisi librement et démocratiquement de voter "non" au référendum ». Le Pasteur Ngoy affirme être séquestré aux côtés du Directeur Général de la DGRAD, une entreprise fiscale congolaise, et de ses collaborateurs. Craignant pour sa vie, il appelle le chef de la MONUC à obtenir sa libération immédiate ainsi que de celle de ses compagnons d'infortune et à prendre des mesures pour sa sécurisation, une fois libéré de ces lieux.

Pour sa part, la porte-parole du Rassemblement Pour le Non (RPN) dont est membre le parti C.Just, Justine M'Poyo Kasa-Vubu, a dénoncé, lors d'un point de presse rapporté par LE PHARE, non seulement l'arrestation de M. Ngoy, mais aussi le passage à tabac de son compagnon d'infortune, Franck Diongo, blessé par balles, ainsi que « les méthodes autoritaires auxquelles a dû faire face à Likasi, Me Kikontwe, empêché de battre campagne pour le non ». Mme Kasa-Vubu a déploré « la restriction de certaines libertés par les tenants du pouvoir et leur ferme volonté de faire échec à l'option prise par le peuple face au référendum constitutionnel ».

Référendum constitutionnel en RDC : George Bush et Louis Michel « satisfaits », indique LA TEMPETE DES TROPIQUES. Dans un communiqué, rapporte le quotidien, le président américain a félicité, lundi, le peuple congolais « pour son souhait fervent d'embrasser la démocratie qui a été démontrée lors du vote du 18 et du 19 décembre portant sur une nouvelle constitution ». Pour le patron de la Maison blanche, « ce référendum constitutionnel représente une étape importante du processus démocratique en RDC ». Quant au Commissaire européen au Développement et à l'Aide humanitaire, Louis Michel, qui séjourne à Kinshasa depuis lundi, il s'est rendu hier à Lubumbashi dans le Katanga, où il a rencontré le chef de l'Etat congolais, Joseph Kabila. Lors d'une entrevue avec le Vice-président en charge de la commission Economique et Financière, Jean-Pierre Bemba, le Belge Louis Michel s'est dit « impressionné par la participation massive des Congolais à ce vote référendaire », écrit LA REFERENCE PLUS.

Pour LE PHARE, Louis Michel « qui passe pour le Commissaire européen en charge du dossier congolais » et le Comité International d'Accompagnement de la Transition (CIAT) devraient se pencher sur la question de la contestation à redouter - si rien n'est mis en œuvre pour l'apaiser – « de pans entiers de notre pays » lorsque viendront les législatives et la présidentielle. « Quitte à dégager les mécanismes les plus pertinents pour relancer le dialogue, éviter la contestation et la confrontation. Faute de quoi, une nouvelle crise de légitimité serait vite à l'ordre du jour », conclut le journal.